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Les folies-bergère en 1879 

Croquis Parisiens, 1880

vendredi 14 octobre 2011, par Joris-Karl Huysmans

I

Quand après avoir subi les cris de marchands de programmes et les invites de négociants s’offrant à vous cirer les bottes l’on a franchi le comptoir où, parmi des Messieurs assis, un jeune homme debout, à moustaches rousses, porteur d’une jambe de bois et d’un ruban rouge, prend les cartes, assisté d’un huissier à chaîne, la scène du théâtre vous apparaît coupée au milieu du rideau par la masse plafonnante du balcon. L’on voit le bas de la toile, ses deux yeux grillés et devant elle le fer à cheval de l’orchestre plein de têtes, un champ inégal et remuant où, sur la lueur monotone des crânes et le glacé des cheveux pommadés d’hommes, les chapeaux de femmes rayonnent avec leurs plumes et leurs fleurs partant de tous les côtés, en gerbe.

Un grand brouhaha s’élève de la foule qui se tasse. Une vapeur chaude enveloppe la salle, mélangée d’exhalaisons de toute sorte, saturée d’une âcre poussière de tapis et de sièges qu’on bat. L’odeur du cigare et de la femme s’accentue : les gaz brûlent plus lourds, répercutés par des glaces qui se les renvoient d’un bout du théâtre à l’autre ; c’est à peine si la circulation devient possible, à peine si l’on peut apercevoir au travers de la haie touffue des corps un acrobate qui se livre en cadence sur la scène à des exercices de voltige sur la barre fixe.
Un moment, dans le créneau formé par deux bouts d’épaules et par deux têtes, on l’entrevoit, courbé en deux, les pieds arc-boutés et cramponnés au bois, accélérant son mouvement de rotation ; tournant furieusement sans forme humaine, crachant des étincelles comme ces soleils d’artifice qui virevoltent, en pétillant, dans une pluie d’or : puis, peu à peu, la musique qui se roule avec lui ralentit sa volute et, peu à peu aussi, la forme du clown reparaît, le rose du maillot tranche sur l’or qui, moins vivement secoué, fulgure par places seulement, tandis que, sur ses pieds, l’homme salue des deux mains la foule.

II

À Ludovic De Francmesnil

Alors qu’on monte à la galerie supérieure de la salle, escaladant au milieu de femmes dont les traînes bruissent, en serpentant sur les marches, un escalier où la vue d’une statue de plâtre, tenant en main des becs à gaz, rappelle immédiatement l’entrée d’une maison suspecte, la musique s’engouffre à votre suite, affaiblie d’abord, puis éclatante et plus nette qu’autre part au tournant de la cage. Une bouffée d’air chaud vous saute au visage et là, sur le palier, on voit le spectacle contraire, la vision complétée du bas, le rideau tombant du haut de la scène, coupé au milieu par le rebord rouge des loges découvertes tournant en demi-lunes autour du balcon suspendu à quelques pieds sous elles.

Une ouvreuse, dont les rubans roses bouffent sur le bonnet blanc, vous offre un programme qui est une merveille d’art tout à la fois spiritualiste et positiviste : Indien qui maquille les cartes, dame qui s’intitule chiromancienne et graphologue, magnétiseur, somnambules, pythonisses au marc de café, locations d’ocarinas et de pianos et vente à forfait de musiques pleurardes, voilà pour l’âme. — Réclame de bonbons, de corsets et de bretelles, guérison radicale des affections secrètes, traitement tout spécial des maladies de la bouche, voilà pour le corps. — Une seule chose interloque : une annonce de machines à coudre. On comprend encore celle d’une salle d’armes, il y a des gens si bêtes ! Mais la Silencieuse et la Singer ne sont pas les outils dont se servent d’ordinaire les travailleuses d’ici ; à moins pourtant que cette annonce ne soit placée là comme un symbole d’honnêteté, comme une invite aux labeurs chastes. C’est peut-être, sous une autre forme, la brochure morale que les Anglais distribuent pour ramener les créatures viciées à la vertu.
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L’imagination est décidément une bien belle chose ; elle permet de prêter aux gens des idées encore plus sottes que celles qu’ils ont eues sans doute.

III

À Léon Hennique

Elles sont inouïes, et elles sont splendides, lorsque dans l’hémicycle longeant la salle, elles marchent deux à deux, poudrées et fardées, l’œil noyé dans une estompe de bleu pâle, les lèvres cerclées d’un rouge fracassant, les seins projetés en avances sur des reins sanglés, soufflant des effluves d’opopanax qu’elles rabattent en s’éventant et auxquels se mêlent le puissant arome de leurs dessous de bras et le très fin parfum d’une fleur en train d’expirer à leur corsage.

On regarde, ravi, ce troupeau de filles passer en musique sur un fond de rouge sourd, coupé de glaces, dans un tournoiement ralenti de chevaux de bois courant en rond, au son d’un orgue, sur un bout de rideau écarlate orné de miroirs et de lampes ; l’on regarde les hanches remuer dans des robes bordées en bas comme d’un remous d’écume par le blanc jupon qui se roule sous la queue de l’étoffe. L’on hennit, en suivant le travail de ces dos de femmes se coulant entre les poitrines d’hommes qui, venant en sens inverse, s’ouvrent et se referment sur elles, laissant entrevoir, par les interstices des têtes, des derrières de chignons, allumés de chaque côté par le point d’or d’un bijou, par l’éclair d’une pierre.

Puis, cet inépuisable quart, sans cesse battu par les mêmes femmes, vous lasse et l’on dresse l’oreille à la rumeur qui, se levant de la salle, salue, l’entrée du chef d’orchestre, un grand maigre connu par ses polkas de barrière et par ses valses. Une salve d’applaudissements part des pourtours du haut et du bas des loges où des blancheurs suspectes de femmes s’entrevoient dans la pénombre ; le maëstro s’incline, relève son chef coiffé d’une tête de loup, ses moustaches de chinois poivre et sel, son nez chaussé d’un binocle et, le dos tourné à la scène, il conduit en habit noir et cravate blanche, remuant tranquillement de la musique, ennuyé et comme pris de sommeil, puis tout à coup, se tournant vers les cuivres, il tient son bâton ainsi qu’une ligne, pêche le coup de gueule de la reprise, extrait d’un geste sec des notes comme on arrache des dents, bat l’air en haut et en bas, pompe enfin de la mélodie comme on pompe d’une machine à bière.

IV

À Paul Daniel.

Le morceau de musique est terminé, un silence lui succède et un coup de timbre retentit. La toile se lève, la scène reste pourtant vide, mais des hommes vêtus de blouses de toile grise à parements et à collets rouges courent dans tous les coins de la salle, tirant des cordes, défaisant des crampons, arrangeant des nœuds. Le vacarme reprend, deux ou trois hommes se démènent sur la scène, tandis qu’un mieux mis les regarde. On s’apprête à tendre un immense filet, au milieu de la scène, par-dessus l’orchestre. Le filet oscille, quitte les parois du balcon où il est roulé, puis, courant sur ses anneaux de cuivre, il bruit comme une mer qui joue avec des galets.

Des bravos crépitent dans toute la salle. L’orchestre moud une valse de clowns ; une femme et un homme entrent, habillés de maillots chair, avec des hausse-cols et des caleçons d’allure japonaise, bleu indigo et bleu turquoise, lamés d’argent, à franges ; la femme, une Anglaise, fardée à outrance sous ses cheveux jaunes, un plantureux derrière saillant sur des jambes robustes, l’homme plus grêle en comparaison, la tête très peignée, les moustaches en crocs. Le fixe sourire des sydonies tournantes des coiffeurs erre sur leurs faces nettoyées d’hercules. L’homme s’élance sur une corde, se hisse jusqu’au trapèze qui pend devant la toile, au milieu de cordages et de vergues, entre des lustres, au plafond, et, assis sur la barre qui lui refoule la chair des cuisses, il exécute rapidement quelques tours de passe-passe, s’essuyant de temps à autre les mains à un mouchoir attaché à l’une des cordes.

La femme monte à son tour jusqu’au filet qui plie sous elle, le traverse d’un bout à l’autre, renvoyée à chaque pas comme un tremplin, ses nattes couleur soufre lui dansant en lumière sur la nuque, et, grimpée sur une petite plate-forme pendue au-dessus du balcon, posée en face de l’homme, séparée de lui par toute la salle, elle attend. Tous les yeux sont braqués sur elle.

Les deux jets de lumière électrique dardés sur son dos du fond des Folies l’enveloppent, se brisant au tournant de ses hanches, l’éclaboussant de la nuque aux pieds, la gouachant pour ainsi dire d’un contour d’argent, passant de là séparément au travers des lustres, presque invisibles dans leur trajet, réunis et épanouis à leur arrivée sur l’homme au trapèze en une gerbe d’une lumière bleuâtre qui allume les franges de son caleçon de micas scintillants comme des points de sucre.

La valse continue plus lentement avec des ondulations ralenties de hamac, des remuements presque insensibles de berceuse, accompagnant la mesure douce du trapèze, l’ombre double de l’homme projetée par les deux rayons de lumière électrique sur le haut de la toile.
Penchée un peu en avant, la femme saisit, elle aussi, un trapèze d’une main et se retient de l’autre à une corde. L’homme dégringole pendant ce temps, reste suspendu par les pieds, à la barre de son trapèze, immobile, la tête en bas, les bras tendus.
Alors la valse s’arrête net. Un grand silence se fait, coupé tout à coup par la détonation d’une bouteille de champagne. Un frémissement court dans le public, un « all right » traverse la salle ; la femme, lancée à toute volée, file sous la lumière des lustres, tombe, lâchant le trapèze, les pieds en avant, dans les bras de l’homme qui, au coup fracassant d’une cymbale, à la reprise de la valse montant triomphale et joyeuse, la balance, une minute par les jambes, et la jette dans le filet où elle rebondit avec son maillot d’azur et d’argent comme un poisson qui roule et saute dans un épervier.

Des trépignements, des claquements de mains, des chocs de cannes contre le plancher, accompagnent, pendant leur descente, les acrobates. Une fois disparus entre des portants, des cris s’élèvent plus tumultueux, l’homme et la femme reviennent l’un, saluant très bas, l’autre, envoyant des baisers à pleines mains, puis, avec un petit saut d’enfants, ils se retirent de nouveau dans les coulisses.
Le filet qu’on ramène remplit encore la salle de ses bruits de lames qui déferlent.
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Et voilà que je songe à Anvers maintenant, au grand port où dans un roulement pareil s’entend le « all right » des marins anglais qui vont prendre le large. C’est ainsi pourtant que les lieux et les choses les plus disparates se rencontrent dans une analogie qui semble bizarre, au premier chef. On évoque dans l’endroit où l’on se trouve les plaisirs de celui où l’on ne se trouve pas. Ça fait tête-bêche, coup double. C’est la courte joie que le présent inspire, déviée à l’instant où elle lasserait et prendrait fin et renouvelée et prolongée en une autre qui, vue au travers du souvenir, devient tout à la fois plus réelle et plus douce.

V

LE ballet commence. Le décor représente un vague intérieur de sérail, plein de femmes encapuchonnées qui se dandinent comme des ourses. Un Ottoman de mardi-gras, la tête couverte d’un turban et la bouche munie d’un chibouck, fait claquer son fouet. Les capuchons tombent, montrant des almées, racolées dans le fond d’une banlieue, en train de sautiller, au son d’une musique de bastringue égayée de temps à autre par l’air de la « casquette au père Bugeaud » introduit dans la mazurke pour justifier sans doute l’arrivée d’une fournée de femmes costumées en spahis.

C’est, à un moment, sous les jets de lumière électrique qui inondent la scène, un tourbillon de tulle blanc, éclaboussé de feux bleus avec du nu de chair sautant au centre ; puis, la première danseuse, reconnaissable surtout à son maillot de soie, apparaît, fait quelques pointes sur les talons, remue ses faux sequins qui l’enveloppent comme d’une ronde de points d’or, bondit et s’affaisse dans ses jupes, simulant la fleur tombée, les pétales en bas et la tige en l’air.
Mais tout cet oriental de mi-carême éclatant dans un fracas d’apothéose n’a pu faire oublie, aux connaisseurs que, parmi ces grandes bringues secouant en cadence leurs puces, une seule fut intéressante, celle costumée en officier de spahis, avec un large pantalon bleu flottant, de mignonnes bottes rouges, le spencer à soutaches d’or, le petit gilet écarlate collant, moulant le sein, dessinant la pointe tenue droite. Elle dansait comme une chèvre, mais elle était adorable et ignoble, avec son képi galonné, sa taille de guêpe, son gros derrière, son bout de nez retroussé, sa mine gentiment canaille et luronne. Telle quelle, cette fille évoquait des barricades et des rues dépavées, exhalait un fumet de trois-six et de poudre, dégageait un épique de populace et une emphase de guerre civile, mitigée par des noces crapuleuses, en armes.
Invinciblement, on a songé devant elle à ces époques surexcitées, à ces soulèvements où la Marianne de Belleville lâchée se rue pour délivrer une patrie ou défoncer une tonne.

VI

UN cimetière au fond ; à droite, une tombe avec cette inscription : ci-gît... tué en duel. — La nuit ; un peu de musique en sourdine ; personne.
Soudain, par les portants de droite et de gauche, s’avancent lentement, suivis de leurs témoins, deux pierrots en habits noirs : l’un, grand, maigre, rappelant le type créé par Deburau, une longue tête de cheval, enfarinée, des yeux clignotants sous des paupières blanches, l’autre plus ramassé, plus boulot, le nez court, goguenard, la bouche crevant d’un trou rouge le masque blême.

L’impression produite par l’entrée de ces hommes est glaciale et grande. Le comique tiré de l’opposition de ces corps noirs et de ces visages de plâtre disparaît ; la sordide chimère du théâtre n’est plus. La vie seule se dresse devant nous, pantelante et superbe.
Les pierrots lisent l’inscription de la tombe et reculent d’un pas ; ils détournent en tremblant la tête et voient un médecin en train de dérouler des bandes de toile et de préparer tranquillement sa trousse.

L’angoisse d’un visage qui se décompose passe sur leurs faces blafardes ; cette maladie nerveuse terrible, la peur, les cloue, vacillants, sur place.
Campés vis-à-vis l’un de l’autre, les voilà qui, à la vue des épées qu’on tire des serges, s’effarent davantage encore. Le tremblement de leurs mains s’accentue, les jambes flageolent, le cou suffoque, la bouche remue, la langue bat sans salive et cherche haleine, les doigts errent et se crispent sur la cravate qu’ils doivent défaire.

Puis, la terreur grandit encore et devient si impérieuse et si atroce, que les nerfs déjà rebellés se détraquent d’un coup et s’emportent sans qu’on puisse les tenir. Une idée fixe surgit dans le cerveau bouleversé de ces hommes, prendre la fuite, et ils se précipitent, culbutant tout, poursuivis et ramenés par les témoins qui les remettent face à face, et l’épée au poing.
Alors, après une dernière révolte de la chair qui s’insurge contre le carnage qu’on attend d’elle, une énergie de bêtes acculées leur vient et ils se jettent, affolés, l’un sur l’autre, tapant et piquant au hasard, soulevés par d’incroyables bonds, inconscients, aveuglés et assourdis par l’éclat et le cliquetis du fer, tombant brusquement, à bout de force, comme des mannequins dont le ressort casse.

Terminée en une pantalonnade excessive, en une charge désordonnée, cette cruelle étude de la machine humaine aux prises avec la peur a fait se tordre et pouffer la salle. De l’examen attentif de ces rires, il est résulté pour moi que le public ne voyait dans cette admirable pantomime qu’une parade de funambules, destinée à rendre plus complet sans doute l’aspect de foire que prennent les Folies-Bergères, dans ces coins où elles arborent des tourniquets et des jeux de boules, des femmes à barbe et des tirs.
Pour les esprits plus réfléchis et plus actifs, la question est autre. Toute l’esthétique de l’école caricaturale anglaise est de nouveau mise en jeu par les scénarios de ces désopilants et funèbres acrobates, les Hanlon-lees ! Leur pantomime si vraie dans sa froide folie, si férocement comique dans son outrance, n’est qu’une incarnation nouvelle et charmante de la farce lugubre, de la bouffonerie sinistre, spéciales au pays du spleen et déjà exprimées et condensées par ces merveilleux et puissants artistes : Hogarth et Rowlandson, Gillray et Cruikshank.

VII

IL existe pour les Folies deux séries de valses nécessaires et charmantes : l’une pirouettante et joyeuse, rendant le balancé des trapèzes, les culbutes prestigieuses des clowns, le rythme du corps qui se hausse et se baisse à la force des bras, dodeline, retenu seulement par les jambes, remonte, la tête longeant l’estomac et le ventre, les bras reprenant la place des pieds qui rebattent l’air de leurs souliers frottés de craie ; l’autre maladivement voluptueuse, montrant l’œil injecté et les mains tremblantes des polisonneries interrompues, les élans arrêtés par la présence d’un tiers, la paillardise avortant en plein trafic faute de souffle, les corps crispés et attendant, aboutissant enfin par le fracas triomphal des cymbales et des cuivres, au cri de douleur et de joie de la chose venue.
C’est un non-sens par exemple de jouer dans cette salle du Robert le Diable. Ça détonne comme une tête de père noble dans une partie fine. Il faut ici de la musique pourrie, canaille, quelque chose qui enveloppe de caresses populacières, de baisers de la rue, de gaudrioles à vingt francs la pièce, le lancé des gens qui ont copieusement et chèrement dîné, des gens las d’avoir brassé des affaires troubles, traînant dans ce pourtour l’ennui de saletés qui peuvent tourner mal, inquiétés par leurs courtages louches de valeurs et de filles, égayés par des joies de forbans qui ont réussi leurs coups et se grisent avec des femmes peintes, au son d’une musique d’arsouilles.

VIII

CE qui est vraiment admirable, vraiment unique, c’est le cachet boulevardier de ce théâtre.
C’est laid et c’est superbe, c’est d’un goût outrageant et exquis ; c’est incomplet comme une chose qui serait vraiment belle. Le jardin avec ses galeries du haut, ses arcades découpées en de grossières guipures de bois, avec ses losanges pleins, ses trèfles évidés, teints d’ocre rouge et d’or, son plafond d’étoffe à pompons et à glands, rayé de grenat et de bis, ses fausses fontaines Louvois, avec trois femmes adossées entre deux énormes soucoupes de simili-bronze plantées au milieu de touffes vertes, ses allées tapissées de tables, de divans de jonc, de chaises et de comptoirs tenus par des femmes amplement grimées, ressemble tout à la fois au bouillon de la rue Montesquieu et à un bazar algérien ou turc.
Alhambra-Poret, Duval-Moresque, avec une vague senteur en plus de ces estaminets-salons ouverts dans l’ancienne banlieue et ornés d’orientales colonnades et de glaces, ce théâtre, avec sa salle de spectacle dont le rouge flétri et l’or crassé jurent auprès du luxe tout battant neuf du faux jardin, est le seul endroit à Paris qui pue aussi délicieusement le maquillage des tendresses payées et les abois des corruptions qui se lassent.

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