Aller directement à la traduction de l’article du Slog d’avril 2012 (suivre le lien).
Avant-propos de la seconde édition (30 août 2012) : Cela expliquerait-il ceci ?
L’investigation informée dans l’édition du jour du Canard Enchaîné, reprise dans toute la Presse française et en Suisse ainsi que de l’autre côté de la Manche, selon laquelle le groupe financier Morgan Stanley proposerait à Nicolas Sarkozy un cycle de consultant avec des conférences d’une durée de 45 minutes, comprenant une brève séance de photographie associée, pour un montant de 250 000 euros chacune (ce qui lui vaut dans le Daily Mail d’être comparé à son ami Tony Blair, également lié à un groupe financier), nous remet en mémoire le présent article traduit et publié dans la RdR pendant la dernière campagne des Présidentielles françaises.
Or ces informations données par The Slog, qui étaient totalement inédites dans la Presse française et le restèrent, et même dans la Presse alternative à l’exception de La RdR, pourraient aider à comprendre les rapports d’intérêt tenus par l’ancien Président de la République avec ce groupe d’affaires boursières, dont il a forcément aidé les projets spéculatifs les plus scélérats en Europe, et notamment comme médiateur avec le pouvoir conservateur allemand.
En Allemagne, phare du PIB européen, où dans le passé récent la Bundesbank put s’autoriser à participer à des titrisations toxiques pour des banques d’investissement de Wall Street, il ne restait plus que le pouvoir politique à convaincre, pour rendre Francfort équivalente de la dérèglementation de la place américaine, afin de généraliser l’extension, sous un même opérateur boursier, des produits dérivés européens à l’image de ceux qui ont damné Londres (détenant l’invention historique des Hedge Funds) puis Wall Street...
En réalité, depuis le premier février 2012 ce ne fut pas si simple, car la Commission financière européenne dissuada la fusion, pourtant déjà capitalisée, entre Nyse-Euronext et Deutsche Börse... d’où l’importance de l’ingérence d’intervenants directs dans une des dernières souverainetés résiduelles des États européens. S’agissant des conférences à ce jour, comme la réouverture de l’autorisation de la spéculation sur le Trésor est consommée, de quoi pourrait-il s’agir en outre, sinon de l’appropriation des services comme cela s’est passé en Grèce depuis un an, comme cela fut le cas des projets de l’après-guerre en Irak... ? À voir.
Dès 2008, Nicolas Sarkozy déclarait vouloir faire son mandat de cinq ans avec un salaire élevé pour ensuite faire de l’argent, « Quand j’vois les milliards que gagne Clinton, moi, je m’en mets plein les poches ! Je fais ça pendant cinq ans, et ensuite, je pars faire du fric comme Clinton, 150 000 euros la conférence. » rapporte alors Le Point cité ces jours-ci par Pascal Riché dans Rue89... ce qu’il répéta après son échec, au grand dam de ses partisans, en déclarant qu’il ne voulait plus faire de la politique mais de l’argent. Ensuite, on l’a vu en compagnie de son épouse, telle une Bégum coiffée d’un voile par un grand couturier, présenté dans la Presse comme un conseiller du roi du Maroc.
Le partenariat financier de Morgan Stanley informé par The Slog dès avril apparenterait davantage Nicolas Sarkosy à l’affairiste Tony Blair, lié comme consultant au groupe financier J.P. Morgan.
Tony Blair est tristement connu pour son rôle dans la guerre en Irak et d’avoir profité de ses mandats publics pour s’enrichir ; ainsi put-il agir parmi les intervenants de l’extraction du pétrole au service de BP, auprès des dictatures arabes du pourtour de la Méditerranée. Notamment il fut concerné par le pétrole dans les eaux territoriales palestiniennes, volé avec la complicité égyptienne de Mubarak aux dépens de Gaza, alors qu’il était mandaté officiellement entre autre pour faire redémarrer la Feuille de route pour la paix entre israéliens et palestiniens. Tony Blair à l’égal de José Maria Aznar est supposé avoir été payé par Morgan Stanley en remerciement d’avoir lancé leurs pays dans la guerre en 2003... Bien que Nicolas Sarkozy cite Bill Clinton, la comparaison est hasardeuse car l’argent n’égale pas l’argent ; de sa richesse conquise le second contribue à sa fondation humanitaire, avec ses généreux donateurs parmi lesquels, certes, les Saoudiens, mais on ne le connaît pas pour avoir alimenté les guerres des Bush, même si ... Plus précisément, Bill Clinton n’a plus tenu de mandat public après son mandat présidentiel, sinon qu’il fut l’émissaire de l’ONU en Haïti, auquel on n’attribue pas son enrichissement ; ce ne fut pas le cas de Tony Blair : à peine sa démission de Premier ministre du Royaume Uni consommée, il fut immédiatement nommé représentant du Quartet (Organisation des Nations unies, Union européenne, États-Unis, Russie) au Proche-Orient, où il put poursuivre l’objet des intérêts privés et finalement, il n’investit dans une fondation à buts humanitaires (non lucratifs), mais dans une société de business pour développer son affairisme.
Le cas de Nicolas Sarkozy aujourd’hui est particulier, dans la mesure où il demeure un représentant officiel de la République nationale. Il est de fait et de droit membre actif du Conseil constitutionnel, ce qui peut déclarer des conflits d’intérêt pouvant alors conforter ses accusateurs spéculatifs que lesdits intérêts fussent suivis en filigrane, entre renseignement, relation, information, initié, dossiers, depuis ses premières armes comme ministre de l’Intérieur et comme ministre des Finances, puis de nouveau comme ministre de l’Intérieur et comme Président de la République. En l’occurrence ce n’est pas ce qui nous intéresse ici, mais bien les actes de l’automne qui ont précédé sa sortie présidentielle, leur suivi à la fin de la campagne électorale, et jusqu’à ce qui en pourrait avoir astreint la succession, le protagoniste sortant se sachant automatiquement placé à un poste de censure conférant l’immunité et permettant de maintenir l’entregent politique, au Conseil constitutionnel.
Il y a l’argent et les trahisons à ne pas confondre : même si l’idéologie légitime, contre les riches et les enrichis profitant des failles institutionnelles et commerciales aux dépens du bien public, et de la société appauvrie, a tendance à fusionner argent et trahison, pourtant la richesse ou l’enrichissement ne valent pas systématiquement pour trahison. La trahison par des représentants politiques, a fortiori abusant du bien public, fut autrefois lourdement réprimée dans les républiques européennes modernes, parfois par des assassinats permettant de déguiser les véritables justiciers de la nomenclature faisant ainsi disparaître les traces de ses propres corruptions, parfois par des répressions racistes (l’affaire Dreyfus), pour cacher des affaires d’État, mais en tout état de cause, ce n’est plus le cas en Europe depuis quelques années (on ne déclinera pas dans le détail les derniers suicides énigmatiques restés sans suite, rien qu’en France : Boulin, Bérégovoy, Grossouvre, Hallier peut-être (?), etc.)
Force est de constater qu’après ses déclarations de retraite politique non seulement Nicolas Sarkozy n’a pas démissionné de son poste de Conseiller constitutionnel (auquel son statut d’ancien Président de la République le vouait d’office), mais davantage, c’est à l’occasion de l’engagement sur la constitutionnalité du pacte européen de l’austérité — le pacte de stabilité, –– dont il avait préparé lui-même l’entrée para-constitutionnelle en jouant sur le Traité de Lisbonne et la Commission européenne, qu’il s’y installa officiellement, après son second voyage au Maroc. Sa voix put ainsi assurer la majorité réactionnaire qui n’a pas donné lieu de la modification constitutionnelle justifiant un referendum populaire (au titre d’un abandon de la souveraineté républicaine). En réalité, depuis qu’il a été élu Président, il paraît ne pas avoir cessé d’instrumenter une réciprocité de ses fonctions publiques institutionnelles, en toute cohérence de l’ingérence de ses intérêts personnels et de ses réseaux privés.
Certes, le Traité de Lisbonne place aujourd’hui l’exécution générale des décisions globales européennes au-dessus des constitutions nationales — les dépossède de fait de leur souveraineté dans les domaines majeurs, et par conséquent sans avoir à les modifier — faisant son affaire de la promulgation des lois par décrets, à la limite agréées à la majorité des Chambres sans surprise, car les parlements sont tenus par la majorité des coalitions au pouvoir. Ce qui n’était pas le cas des États européens avant qu’à Lisbonne l’accord para-constitutionnel au lieu de la constitution refusée ne fût signé. Toutefois, si les choses sont claires en matière de pactes admis en commun dans l’Union Européenne, par contre les choses ne sont pas si simples en matière financière, car l’U.E. qui résiste à l’appropriation monopolistique des produits dérivés européens, en s’opposant aux conditions de la fusion de Deutsche Boerse avec Nyse-Euronext, demeure à ménager une décision ultime des États en matière de spéculation sur leurs Trésors nationaux.
On voit bien que Nicolas Sarkosy est à la fois à la ville (les affaires politiques nationales) et aux champs (en gardant une place institutionnelle en ville il assure les engagements de lobby qu’il prend dans les champs européens et internationaux)... Si nos institutions permettent cela, n’est-ce pas clairement que notre pays soit devenu compromis, voire mafieux et en tous cas ouvert pour le devenir systématiquement, (« systémiquement », dirait l’ancien Président jargonneux, confortant le système financier en ayant l’air de le dénoncer) ? Et ceci grâce à l’impact des réformes européennes dans les constitutions nationales, car après y avoir désolidarisé la cohérence électorale représentative du pouvoir des peuples, équilibrant le pouvoir exécutif des États, ces réformes qui ont prescrit cet ordre des choses publiques n’ont à ce jour proposé aucune alternative du suffrage universel satisfaisante pour censurer les nouveaux pouvoirs supra-nationaux qui opèrent au-dessus des mandats locaux. Dans l’union néo-libérale idéale qu’est l’Europe au-dessus des pouvoirs populaires, on peut imaginer que dans la dépravation générale tout puisse s’acheter sous la pression des lobbies sur les experts, y compris les traités et les lois, comme il n’y a pas si longtemps dans les républiques « bananières ». À ce titre, l’Europe est plus librement accomplie en organisation néo-libérale que les USA eux-mêmes, où la référence constitutionnelle nationale auto-déterminée par son premier article, "Nous, le Peuple des États-Unis (...)" reste forte.
D’autre part, était-il ordinaire qu’Obama fût convié parmi les signataires du Traité de Lisbonne, quand il s’agissait de faire émerger une constitution européenne à naître autonome, (abusivement dite « court-traité » car elle est plus longue que la constitution qui fut rejetée par le scrutin référendaire), et « scellée dans un sarcophage en béton » tel un réacteur nucléaire en fusion, par l’unanimité critique introuvable ? Non. Qui a négocié cette présence non de témoin mais d’acteur des engagements sur la sécurité intérieure et internationale comme sur le Marché, pour l’éternité du temps sur terre (puisqu’il faudrait l’unanimité pour le changer, comme l’expliqua Sarkozy lui-même à propos du Pacte de stabilité, quelques jours avant de perdre son mandat national) ? Par là, le Président sortant informa peu à peu tout le système de contention mis en place pour annuler la possibilité d’un retour réformiste des socialistes en France — grâce auquel, avec les derniers jalons, il laisserait Hollande lui succéder pieds et mains liés.
Il faudrait maintenant une activité révolutionnaire diffuse dans les entreprises menacées et en ville, pour tout changer... mais c’est toujours l’espoir du socialisme qui rend patients les intéressés jusqu’à ce qu’il soit trop tard — quand tout est perdu, en tout état que tout ait changé irréversiblement autrement. Et pour sa sécurité le Traité de Lisbonne n’a-t-il pas prévu la possibilité d’interventions et de répressions militaires solidarisant les corps de police nationaux, passant en avant de la justice et des droits humains communs à toute démocratie qui se respecte, sous les termes prévisibles d’« ennemi de l’intérieur » (grèves insurrectionnelles — d’occupation, sous la forme de l’autogestion ? — comprises) ? Nous verrons bien.
Heureusement, l’entregent du Président sortant n’est pas absolu ni intimement universel y compris dans ses proches alliances : Carla Bruni a consommé le gâteau des groupies de la Maison Blanche, en « balançant » des confidences de Michèle Obama, dont l’opposition américaine sut faire des petits pains grâce au livre d’une journaliste du New York Times [1], en pleine ouverture de la campagne électorale américaine prenant la défense du sioniste Rahm Emanuel, dont elle attribue sa démission du poste de Secrétaire Général de la Maison Blanche à sa mésentente politique avec la Première dame. Où l’épouse de notre ex-Président est spécifiquement citée sur des broutilles, confortant aux dépens de sa propre gloire la haine contre une Présidente des États-Unis qu’elle avait mûrement courtisée, et dont elle aurait été si intime qu’elle pût recevoir une telle confiance de sa part — de lui avoir déclaré qu’elle s’ennuyait dans ses fonctions officielles...
Enfin, comme Michèle Obama dut s’en défendre médiatiquement sans nommer quiconque, gageons néanmoins que la belle amitié ait fait long feu, levant le rideau sur le vieux tableau retrouvé du glorieux époux de Carla Bruni parmi l’Amérique la plus néo-conservatrice et réactionnaire que fut celle de Bush junior. Ne resterait que le pied financier de Wall Street dans les joyaux acquis sur la gloire de la Présidence de la République française, en outre de la proximité de la CIA à travers le fils d’un des fondateurs, membre de la famille par alliance de notre vilain clown, à l’une des places n°1 dans la démocratie financière exemplaire de la magouille, de la morale religieuse associée au dollar, du néo-libéralisme dur, des coup-tordus internationaux, et de la consommation de la guerre [2].
Nous sommes loin des heures de compassion familiales qui permirent d’en finir avec le harcèlement des Italiens réfugiés en France. Ce dont contradictoirement nous pûmes nous réjouir à juste titre.
Or pourquoi mettre le traité de l’austérité dans la balance d’un scandale financier suffisamment conséquent par lui-même pour convoquer une justice républicaine — qui étrangement ne se lève pas ?... Christiane Taubira, Garde des sceaux digne du plus grand respect, en tomberait-elle malade — ou de ne pouvoir changer le cadre des procureurs liberticides qui interdisent d’activité syndicale des activistes réprimés, (alors qu’en réalité : qui d’autre que les syndicats eux-mêmes pourraient le faire dans une démocratie ?), ouvragé par le gouvernement précédent ?
Le marché en cause agrée l’attaque suivie de la Grèce, à l’issue des compromis des banques locales qui ont investi derrière les grandes banques américaines d’affaires, et notamment depuis un peu plus d’un an les banques françaises sur la place boursière de Francfort. D’où le soutien de François Hollande à ses banques contre l’intérêt du peuple grec, alors que l’assainissement des banques françaises pour séparer les activités d’investissement et les activités des comptes courants, promesse socialiste dans le feu de la communication des présidentielles, non seulement n’a pas eu lieu mais n’est plus informé.
Et il y a ce fait nouveau, qu’avoir entériné la libération des moyens d’attaquer les États endettés, en abolissant les interdictions de spéculer sur les dettes publiques qui avaient suivi la dette de 2008 — interdiction notifiée depuis 2009, — ce fut, cette fois, l’objet d’un échange implacable contre les populations, le prix d’un contrefeu public des gouvernements compensant la réouverture des paris boursiers du 1% sur le Trésor public, dans l’hypothèse d’un euro fort pour conforter les profits du capital financier plutôt que les échanges sociaux. De toutes façons les échanges sociaux ne purent que pâtir de la monnaie voulue par l’Europe financière. Imposer l’austérité qui limite crédits, services publics, et activité n ’est pas seulement anti-solidaire et contre-productif mais non prospectif.
Le pacte de stabilité aurait été exigé par l’Allemagne pour prix du marché avec un partenaire corrompu, la spéculation boursière sur leurs dettes publiques étant un argument qui ne se refuse pas, comme il conforte l’accroissement du volume des transactions de la bourse allemande, tout en étant déclaré par la finance publique allemande, aux médias, dissuasif de l’accroissement de la dette (ce qui est évidemment absurde comme elle s’accroît de toutes façons par elle-même du fait des intérêts et du fait de la spéculation, mais la manœuvre idéologique sur un principe d’économie convenu a fonctionné). En outre, sous la condition d’un verrouillage de l’accès au crédit public, on assure le verrouillage contre le changement social en le privant de ressource économique. Empêcher les conditions du retour des réformes capables de restaurer les pactes sociaux symboliques, au grand dam des nouveaux pactes financiers, est une perspective intéressante pour des néo-conservateurs. Le réaliser c’était gagner contre la population en la divisant.
Ainsi pouvons-nous comprendre pourquoi il fallait d’abord que la réouverture de la spéculation sur la dette publique passe d’abord par la pratique des allemands, si l’on voulait éviter les levées de bouclier en France, où la décision devait être la plus profitable pour les investisseurs des créances... (plus la créance est lourde plus les titrisations à son propos sont lucratives en se multipliant). Quant le Président sortant ré-ouvrit l’autorisation de spéculer sur la dette nationale à la fin du printemps 2012, cette libération s’exerçait déjà sur la dette allemande depuis le début de la saison, et toutes les justifications pour convaincre des vertus de cette mesure avaient déjà été données par le gouvernement allemand pour les petits investisseurs, permettant d’épargner d’inventer une communication faussement raisonnable de la décision à l’adresse de la Presse française, et tout au contraire put servir d’arme dissuasive contre un changement de Président. Le sort de cette autorisation partagée des deux côtés du Rhin est-elle désormais irréductiblement liée (bien que contradictoirement des différences entre les deux pays concernés) ? Dans tous les cas, ce qui est certain : la ficelle aurait été trop grosse sans l’antécédent de l’Allemagne, pour ne pas dévoiler la manœuvre électorale que Nicolas Sarkozy gardait comme une bombe à retardement, alors que parvenu au terme de son pouvoir il allait l’amorcer, et dont on découvre qu’il pût s’agir de son intérêt privé respectif, en toute duplicité avec Morgan Stanley (et par conséquent en toute complicité tacite ou secrète d’Angela Merkel).
Étrangement, alors que cette libération avait été très contestée durant la campagne électorale, dans le camp du candidat challenger contre lequel c’était une bombe dissuasive, ce dernier ayant été finalement élu, on aurait pu s’attendre de sa part et sans délai à un renouvellement du coup d’arrêt contre une telle libéralisation qui menace la souveraineté économique du pays ; or il n’en fut rien, pas plus que la levée du pacte de stabilité : à croire que la spéculation sur la dette publique et l’austérité, de toute évidence, auraient été négociées indissociablement ensemble.
L’affaire paraît étouffée mais le feu toujours vif et monsieur Hollande soumis aux réalisations de son prédécesseur, caché derrière la figure de proue politique de l’Europe qu’est devenue la Chancelière allemande, représentant l’euro partout dans le monde, apparaît en allié objectif des attaques de son prédécesseur.
Non seulement il se tait mais de plus il introduit une banque privée, la banque Lazare chère au mandat de Mitterrand, liée aux premiers pas de Anne Lauvergeon dans la négociation franco-américaine du marché du nucléaire (alors qu’elle était au vert comme consultante de cette banque dans le grand pays), à la tête de la mission pour la fondation de la banque publique d’investissements, promise pour 2013.
Aujourd’hui, n’en doutons plus : le pacte d’austérité (dit de stabilité) c’était l’échange public du prix à payer pour autoriser désormais et sans entrave la spéculation financière sur les États qui se prétendaient chacun l’un politiquement l’autre économiquement les phares de l’Europe, à la fois comme un nouveau marché ordinaire et un nouveau marché extraordinaire, celui du contrôle contre-politique réalisé, sous le masque européen de l’alliance financière de la place de Francfort garantie par la bienveillance contre-raisonnable de madame Merkel.
Le clou de l’endettement grec s’enfonce au lieu de se voir concéder l’abolition de la part toxique de sa dette, c’est une rente financière inexpiable et éternelle aux escrocs qui dominent la politique et l’économie, et aux profiteurs de la disconvenue parmi lesquels trois banques françaises ; c’est aussi la livraison à bon marché des anciens services public grecs à la dérégulation du commerce privé des services au gré des investisseurs américains et sud-africains, dans le flux de la spéculation.
Comme si madame Merkel dans sa goinfrerie hégémonique avait imaginé possible d’étouffer la vie des populations avec l’accord des petits rentiers pour limiter les conséquences de la spéculation sur les dettes publiques, en accroissant la pression par cette réouverture, visant à convaincre de les réduire à 3% du PIB, pour blanchir, par un ultime contrefort économique européen l’avènement stratégique de l’euro boursier qui enorgueillit l’Allemagne de Deutsche Börse qui a réussi à investir dans Nyse-Euronext au point de projeter un rapatriement de l’opérateur où les néerlandais d’Euronext avaient capitulé, il y aura bientôt dix ans...
... En réalité les choses ne sont pas si simples [3], comme nous le laissions entendre au début de cette tentative d’analyse, d’où la question de l’accès à la titrisation de certains produits dérivés européens restant directement soumise à l’autorité des États.
Une régulation de la spéculation à 3%... 3% qui de toutes façons, à l’échéance annoncée dans les pays les plus endettés, — et en cinq ans concernant la France, — auront évidemment explosé sous l’entropie de la poursuite de la spéculation sur la dette jusqu’à ce terme, puisque l’interdire n’assortit pas le pacte de stabilité bien au contraire. Donc vaine austérité qui ne fera qu’enfoncer peu à peu le pays dans l’irréversible accroissement de la dette et de ses astreintes, contre les activités productives re-déployant le PIB, comme en Grèce.
A ce point il est temps de perdre une illusion de plus, en reconnaissant que les pays du sud les plus endettés, qui pourraient être de surcroît sujets à la spéculation sur la dette publique, se réduisent aujourd’hui à la France, à l’instar de l’aventure grecque. Car ni en Espagne ni en Italie l’interdiction de 2009 n’a été levée (du moins ce n’était pas le cas au moment des élections présidentielles françaises). Vendre la dette d’un pays rapporte gros, vendre le pays pacté qui ouvre l’octroi tenu par un autre redouble le profit d’une reconnaissance durable. La cerise sur le gâteau ne rapporte rien, mais probablement un plaisir indescriptible, d’avoir ruiné un pays pour mieux le vendre avant de le quitter, et d’avoir sapé les dernières racines de son autonomie qui auraient pu lui permettre de renaître, c’est de la haute perversion venue du survivant. On se demande bien quelles ultimes réserves du Trésor public national ont pu être dilapidées juste avant, sinon un solde d’or, pour échanger contre des euros les francs restés dans les bas de laine.
Seulement vendre un pays dans une Union en formation suppose des adaptations qui justifient maintenance et mises à jour : voilà qui redouble la valeur du vendeur. Pour Nicolas Sarkozy, donc, aucun objet de négociation intriquée entre exercice diplomatique et négociation secrète autodéterminée ne seraient forclos. Étouffer l’autonomie politique de la France fut une de ses premières réalisations dès le ralliement à l’OTAN, suivit Lisbonne, il ne restait qu’à réduire radicalement l’autonomie économique afin que la résorption de la voix du mouton noir de l’Europe fût totale et voici son chien de berger : madame Merkel ; mais il y a encore une suite, les choses ne sont pas tout à fait terminées, ni les profits sur la charogne, la preuve, celui qui ressemble à un fossoyeur est encore ici, à toutes fins utiles, quand monsieur Aznar commença par fuir aux USA et monsieur Blair par se faire protéger sous un mandat occidental.
On nous prend vraiment pour des imbéciles, seulement nous voyons bien aujourd’hui pourquoi les accords entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pour convenir au marché financier, selon les négociations du Président préparant sa sortie lucrative comme intermédiaire commercial des groupes scélérats, en contrevenant à la possibilité du réformisme politique qui aurait pu empêcher la réalisation de tels projets, ce fut probablement l’échange du pacte d’austérité, comme prix à payer contre l’émergence d’un nouveau pacte social républicain, et comme paravent de la nudité publique sous l’effet de l’accroissement systémique de la dette en cas d’échec du pacte de stabilité, comme en Grèce à plusieurs reprises. L’excès d’accroissement de la dette par ses intérêts, de toutes façons restant inchangés, a fortiori quand la spéculation se poursuit annoncent les lendemains étranges qui attendent le pays. Ce qui signifie autant les soumissions que les complicités européennes du nouveau gouvernement français.
Mais si l’adage court toujours, rien ne se passant en France comme ailleurs, on est curieux de connaître la suite.
(L. D.)
Avant-propos de la première édition
(16 avril 2012)
« [...] Le nouveau contrat à terme dénoncé permet d’acheter ou de vendre des obligations souveraines françaises à un prix fixé à l’avance pour un règlement effectif à une date ultérieure. Pour de nombreux investisseurs, loin d’être une occasion de plus de spéculer, l’outil permet de se protéger contre les variations d’un actif financier.
C’est d’ailleurs l’axe de défense adopté par Eurex, qui a réagi par un communiqué, assurant que ce produit n’avait « rien à voir » avec l’échéance présidentielle : il répondrait en fait « à une forte demande des acteurs de marché français et autres acteurs européens, à la recherche d’un outil de protection adapté ».
Pas d’autorisation préalable requise
Mais Jean-Pierre Jouyet, président de l’AMF, avait lui-même reconnu jeudi que l’annonce du lancement de ce nouveau produit financier n’était pas un bon signal dans le contexte actuel, et qu’il risquait d’être considéré comme spéculatif, a fortiori en période électorale. [...] »
Les Échos, 13 avril 2012.
À travers l’exemple de cette citation, on va pouvoir montrer simplement à lire Le Slog de quoi est faite la Presse française.... Comment le Medef et les grands investisseurs jouent à leurrer leurs propre camp en désinformant les petits investisseurs pour les rameuter dans le piège anti-civique.
Outil pour spéculer accroissant le poids de la dette et/ou entraves posées sur la gauche ? Eurex est une firme de la Bundesbank [4] spécialisée dans les marchés dérivés et filiale de Deutsche Börse, l’opérateur de la bourse de Francfort qui a fusionné avec Nyse Euronext. Cette firme lance une opération spéculative avec des contrats à terme, à découvert, sur la dette souveraine française, à partir du lundi 16 avril 2012. Juste une semaine avant le premier tour des élections Présidentielles. Il faut savoir qu’à ce jour le principal accablement pour le pays ce n’est pas la dette mais les intérêts... En février, Sarkozy via l’Autorité des Marchés financiers (AMF) a fait lever l’interdiction des VAD (Ventes À Découvert) [5] qu’il avait posée en même temps que la Commission européenne l’avait également imposée plus généralement à la Bourse de Francfort, l’an passé, au terme de l’évaluation de la catastrophe financière des valeurs toxiques qui avaient parié sur la ruine de l’Europe du sud. Levée ici et là au début du mois de février cette année, sans laquelle l’attaque annoncée contre la France n’aurait pu être lancée.
Seulement l’affaire est plus importante que la Presse ne l’ait laissé entendre, parce que celle-ci a la mémoire courte, d’abord de la recapitalisation de Nyse Euronext avec l’entrée majoritaire de Deutsche Börse il y a deux ans, qui valut l’ouverture de la Bourse de cotation internationale en Allemagne l’an passé, après que DSK fut débarqué du FMI, mais à bien observer... c’est Morgan Stanley le trader de ces titres qui se cache derrière l’Allemagne financière et la Bundesbank contre la France, grâce à la levée de la loi qui pour éviter le retour de la situation grecque et italienne avait empêché la titrisation toxique sur les OAT à Francfort [6]. Et voici pourquoi et comment ce qui est peut-être une des plus hautes trahisons nationales contre la république depuis la dernière guerre mondiale pourrait s’éclairer...
Signe d’adieu au territoire de l’imposture sur le rideau qui se lève enfin, terre brûlée avant clôture, ou au contraire, tentative de retour forcé ?
Le Slog voit plus loin et plus près à la fois, parce qu’il sait aussi regarder en arrière...
Louise Desrenards
Production Arte TV. Diffusion : 4, 19, 27 septembre 2012.
Blankfein… sombre présence au Palais de l’Elysée.
**Le Slog souligne la menace réelle de la France par les échanges obligataires souverains à terme...
Lloyd Blankfein, Morgan Stanley, la dette française et Nicolas Sarkozy : quels que soient les motifs, il y a ici tous les éléments essentiels d’un énorme scandale.
Le Slog soutient dans les termes ci-dessous le malaise croissant dans les cercles politiques français majeurs à propos de « L’affaire des FOAT ». Il montre que l’animateur de marché de contrats à termes Morgan Stanley a clairement un intérêt acquis dans l’utilisation du nouveau secteur — qui sera lancé le 16 avril — aux dépens graves de la France. Et il examine certains des faits les plus étonnants qui reposent sous les soupçons de la gauche française, à propos d’une implication de Sarkozy dans le lancement du nouveau marché des FOAT, pour ce pays.
Hier, Le Slog a posté un en-tête spécial « bêtisier » citant le Président français Nicolas Sarkozy, qui disait à l’électorat français que la seule alternative à sa re-élection serait « un désastre financier ». Je m’amusais de l’hypothèse sous-jacente derrière les prétentions de Sarko, à savoir que la France ne soit pas déjà « dans le caca ». Mais un Slogger gaulois attira mon attention sur la surprenante rumeur selon laquelle les adversaires de Sarkozy étaient véritablement inquiets.
Il existe un mot en français, « attentat ». Difficile de le traduire exactement, mais en général cela signifie « une attaque ignoble » — le plus souvent par rapport à un « coup violent », bombe ou assassinat. Quoi qu’il en soit, comme les élections françaises approchent — et Nicolas Sarkozy face à une défaite annoncée — un nombre croissant d’observateurs en France commencent à ressentir l’arrivée de ce qu’ils considèrent comme un « attentat financier ».
La seule chose dont nous devons nous préoccuper ici (comme toujours dans le monde d’aujourd’hui) est : que se passe-t-il ? Est-ce juste un peu plus de cupidité et de folie de trader ? Ou est-ce une attaque ignoble par la politique de la terre brûlée contre la prochaine présidence de François Hollande... du fait de Sarko et ses alliés dans l’élite mondialiste ?
Je ne prétends pas être un expert dans cette histoire, mais le bon côté est au moins que vous soyez en mesure de comprendre ce que j’écris — par opposition à la lecture des paragraphes bondés de sottises jargonneuses qui essayent de cacher l’insanité fondamentale en cause. Prose, par exemple, comme ce genre de chose de Ciaran O’Flynn, co-responsable du négoce sur les Fonds d’État européens, chez Morgan Stanley — qui agira en tant qu’animateur du marché du nouveau secteur des contrats... à terme sur les obligations françaises :
« Il y a une demande dans tous les marchés pour des instruments multiples de commerce car cela crée des opportunités d’arbitrage, qui peuvent améliorer la liquidité dans toutes les versions du marché. »
Toujours se méfier de toute idée qui ne dit pas simplement ce qu’elle est... tout le contraire de ce que je vais faire maintenant : les contrats à terme sont simplement un autre botté de dégagement pour les maniaques de la traction des machines à sous [9]. Ou plutôt, dans ce cas, pour tirer leur coup [10] : les paris faits avec des contrats à terme d’une durée de 8 à 12 ans, sur les Obligations Assimilables du Trésor Français (OAT F).
OK jusque là ? Bon. Le seul problème pour ceux d’entre nous qui sommes informés en la matière, c’est que ces produits ont tendance à apparaître juste avant que quelque chose de mauvais n’arrive. Parce que, dans la zone euro, les prix des obligations et des rendements diffèrent massivement selon que vous soyez en Allemagne ou en Grèce — c’est-à-dire solvable ou en faillite. Les étapes entre les deux sont appelées Italie, Portugal, ou Espagne.
En quelque sorte c’est l’histoire de l’œuf et de la poule : lequel arrive en premier ? Mais fondamentalement, si vos finances nationales ont l’air de partir en vrille, il y a toujours un abruti quelque part pour y voir un moyen de faire de l’argent en pariant dessus. Il y a ou il y a eu des secteurs florissants de contrats à terme souverains dans tous les PIGS [11]. En toute logique, il relève du bon sens de constater que, s’il y a assez de gens pour avoir intérêt à vanter les dangers et les rendements, concernant une dette d’État, c’est qu’alors une prophétie auto-réalisatrice est en cours : tous ces profiteurs abjects que sont les firmes de Fonds Vautour vont investir dans l’évolution du marché à la vitesse de la lumière pour rendre leurs paris profitables [12]... avec l’effet secondaire malheureux de faire d’un problème de finance nationale précaire un cas désespéré de cul-de-jatte amputé des bras [13].
Ce syndrome précis a été le plus gros problème auquel Mario Monti fut confronté, lorsqu’en implant in situ de Goldman Sachs il reprit l’Italie. Or étant un vétéran de GS, Monti savait ce qu’il traitait, et il déversa devant lui un torrent éblouissant de données fausses et de bonnes nouvelles telles que, pendant une semaine ou deux, il réussit à persuader quelques commentateurs que l’Italie allait survivre et prospérer. Seulement maintenant les marchés sont totalement avertis que rien n’a changé là-bas, si ce n’est que les choses aient empiré.
Le 16 avril — juste avant le premier tour de l’Élection Présidentielle française, — la France deviendra un membre de ce club malheureux avec un marché de contrats à terme obligataires. D’où que beaucoup de gens à Paris se demandent si Sarko parlait au sens propre en évoquant un « désastre financier ».
Bien sûr, cela pourrait simplement être une théorie du complot gauchiste essayant de présenter le Nabot comme si, incroyablement méchant, placer la survie de ses copains de l’élite mondiale devant celle de la France le rendait pleinement heureux. Mais d’autre part, ce faisant la Gauche est au bon guichet [14], parce que mes propres recherches dans le milieu culturel de Sarkozy (suivre le lien) suggèrent que de telles observations à son sujet soient entièrement exactes. Par de nombreux aspects, Sarko est une sorte de financier américain qui se cache.
Mais puisqu’on parle de Goldman Sachs, voici un détail intéressant : la petite main personnelle de Dieu [15], Lloyd Blankfein, a été reçue à l’Elysée en novembre 2011, où elle eut une longue réunion en tête à tête avec Nicolas Sarkozy. Il n’y a eu que le Figaro pour relayer l’information, mais sans s’étendre sur ce que Lloyd faisait là — je veux dire : la raison pour laquelle Sarko accorda autant de son précieux temps à un banquier de Wall Street.
J’ai blogué intensivement le mois dernier sur le bras long de Geithner [16], et d’Obama (suivre le lien) en relation avec la proposition d’amputer la Grèce... C’est ça l’anomalie de ce qui s’est produit, mais ensuite chacun a dit « Regardez plutôt par là ! » Et tout à coup ce ne fut plus une anomalie désormais. Ceci n’est pas une paranoïa de la conspiration, c’est une réalité géopolitique. N’ayez aucun doute là-dessus : si l’Europe part en morceaux l’Amérique sera sur le cul. De la même façon que l’an passé ils bombardèrent la monnaie iranienne pour obtenir qu’Ahmadinnejhad revienne à la table des négociations, partout en Europe les arrangements américains sont conçus pour assurer la survie des « bons » leaders... disons, les leaders qui feront ce qu’il faudra pour protéger les banques américaines, et construire les pare-feu dont elles croient pouvoir protéger les États-Unis des effroyables obligations de leur propre dette.
Tout cela nous renvoie parfaitement aux banques américaines et à leur calendrier — parce que Wall Street a toujours un plan. Cette visite de Lloyd Blankfein à Nico arriva à la suite de nouvelles très mauvaises pour plusieurs sociétés bancaires de Wall Street. Principalement, après les pertes faites sur le renflouement de Dexia (très coûteux en effet, tant pour la France que pour Goldman), les marchés sont devenus nerveux à propos de l’exposition à risque de Wall Street sur la dette de la zone Euro. Le 1er novembre, l’année dernière, Bloomberg (suivre le lien) enregistrait que :
« ... cinq sociétés avaient une exposition à risque pour un total net de 45 milliards de $ sur la dette de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande, de l’Espagne et de l’Italie, selon des révélations faites par les sociétés à la fin du troisième trimestre... Ce sont JPMorgan, Morgan Stanley, Goldman Sachs, Bank of America Corp. (BAC) et Citigroup Inc. »
Ah... Oui, Goldman et Morgan Stanley sont là-dedans. Peu de temps après, le patron d’une de ces firmes rend visite à Nicolas Sarkozy. Et après tout ça, la direction des contrats à terme d’euro-obligations de Morgan Stanley annonce le lancement de « Vous Savez Quoi ».
Morgan Stanley est le choix évident, car il a le plus à perdre si la France passe en-dessous. Notez cet extrait de CNNMoney, le 3 octobre 2011 (suivre le lien), où l’on demande si MS sera « le prochain Lehman » — c’est moi qui souligne :
« Les investisseurs sont inquiets de savoir quelle exposition à risque Morgan Stanley peut avoir sur la dette souveraine de la Grèce et d’autres des nations soi-disant périphériques de l’Europe. Plus particulièrement, il y a des craintes que Morgan Stanley puisse subir d’importants dommages collatéraux en raison de son exposition à risque sur les banques françaises qui ont de gros liens avec la Grèce et le reste des PIIGS . »
En décembre l’année dernière, les initiés de Street [17] parlaient des investisseurs et des actionnaires qui se « tracassaient pour son exposition à risque sur la dette toxique européenne souveraine ». Morgan Stanley savait qu’il avait un problème ; c’est pourquoi, bientôt, la société annonça que durant janvier 2012 elle avait coupé 40 % de son exposition à risque [18] — et 40 % semble un pourcentage important.
Cependant, regardez les chiffres, et vous verrez ce que fit l’entreprise, soit sortir 40% de l’horrible exposition à risque pour arriver à un risque hautement dangereux : ajouter son exposition à risque de $3.3 milliards sur les banques françaises à celle sur la dette du Club Med [19], ce qui nous donne un grand total entre 6.1 et 6.3 milliards de dollars, somme toute. C’est aussi le moment de devenir qualitatif ici : presque tout est de la dette toxique. Elle ne va jamais pouvoir être payée.
Ce que Morgan Stanley espère créer après le 16 avril est la garantie parfaite pour son entreprise : des masses d’argent pariant sur l’effondrement français, en jouant des masses similaires exposées à cet effondrement. Donc ces politiciens français publiquement soucieux du danger en France ont raison sur le fond : c’est du double jeu [20] classique de Wall Street à son maximum… le genre de conflit d’intérêts qui a rendu tristement célèbre Goldman Sachs.
Cela résonne en moi comme la motivation la plus importante et la mieux démontrée que j’aie vu jusqu’ici dans cette affaire. Or souvenez-vous : aujourd’hui tout est une arme avec laquelle effectuer l’attentat. Imaginez le scénario :
Hollande gagne les élections... ce qui demeure encore le résultat le plus probable, malgré l’exécution d’un islamiste toulousain chorégraphiée par Sarko, il y a deux semaines. Il commence immédiatement le « détricotage » de l’union fiscale de Merkel (FiscalUnion), ralentissant sa progression, et dénonçant comme manifestement erronée la stratégie d’austérité de la Troïka Club Med.
C’est un désastre potentiel pour la dette américaine, pour les entreprises américaines, et pour la « certitude » de la réélection de Barack Obama. Donc on n’est pas dépourvu de mobile ici : « nous ne pouvons pas laisser la garde de la couronne à Hollande ».
Mais supposons, à la seconde où François le terrible est élu, le nouveau groupe des marchés à terme du FOAT prenant mal la nouvelle... avec l’aide de la FED (la banque fédérale américaine) ; et là, pariant à fond sur le fait que Hollande mette tout en l’air et mène davantage l’Europe dans le chaos. Bon boulot pour Morgan Stanley, et mauvaise nouvelle pour le Parti Socialiste.
Les ondulations extérieures de la vague s’étendent à deux ou trois banques françaises devenant désespérées. Triple rendement des marchés obligataires français. La France vire au Club Med... Zut alors, quelle horreur et Dieu du ciel ! C’est une catastrophe. Sauve qui peut ! Que peut-on faire ? [21]
Bon... Pourquoi ne pas mettre Christine Lagarde comme Ministre de l’Économie et des Finances : le visage acceptable de la France du FMI ? D’accord, elle est dans la poche des Américains — mais le bon point est qu’elle n’ait jamais travaillé chez Goldman Sachs. Quel soulagement : il s’agit d’un gouvernement d’unité nationale — tout comme en Grèce. On est sauvés. C’est un miracle.
Ça vous paraît exagéré ? Peut-être. Mais nous allons appliquer quelques techniques d’investigation classiques, à la Maigret :
La Troïka incriminée a une forme : l’implant grec de Goldman à Athènes, référendum abandonné, élections retardées ; l’implant italien de Goldman à Rome ; l’implant de Goldman dans la BCE ; en Pologne, Geithner bave et débite à propos des bazookas ; l’attaque sur le rial iranien ouvertement admise.
La Troïka — en réalité les États-Unis et l’Allemagne — a un motif : la contamination critique de l’eurosecteur bancaire coulerait les USA, et la dernière chose que veulent les Américains est un mangeur de grenouilles communiste [22], faisant tourner court toutes ces fantaisies d’analyses du parcours critique attribué d’excellence par le FMI.
Sarkozy a une forme et une motivation : les énigmes qui demeurent dans la destruction de DSK en tant qu’adversaire (suivre le lien), le rôle avec la Réserve Fédérale (américaine — la FED) pour obtenir que Lagarde ait le job du remplaçant, les antécédents du type prétendument monétariste soutenant la prééminence mondialiste : tout ceci suggère que Nico puisse bien être en quelque sorte une connerie — dans les deux sens du mot « con » en anglais et en français.
Les données de l’observation : les problèmes auxquels Morgan Stanley a été confronté après septembre 2011, une visite de Blankfein à l’Élysée en novembre, l’annonce des FOAT en mars, leur lancement au moment où on entre dans les élections, la création d’une carte verte de sortie de prison pour MS.
De loin, des choses beaucoup plus folles que celles-ci se sont avérées finalement vraies. Pour le moment, l’élément géopolitique reste dans le domaine de la spéculation informée... quoique l’on en vienne aux questions — sont-ils capables de le faire et en ont-ils les moyens ? — et la réponse est un retentissant : « Oui ».
Cependant, la position de Morgan Stanley a tout, je crois, pour inquiéter à juste titre l’élite française — je veux dire la France réelle, pas des versions bidonnées comme Sarkozy et Lagarde. Le comportement, la motivation et les gains apparents, pour l’entreprise en question, sont tellement évidents qu’au moins dignes d’une investigation sérieuse par les régulateurs français... même si j’imagine qu’il soit déjà trop tard pour maintenant.
Peut-être que l’argument bancaire solide de l’« Affaire des FOAT » présenté ici, dans Le Slog, convoquera une préoccupation encore plus largement diffusée que l’évocation dans le site populaire Rue 89 (suivre le lien), hier, après que les candidats aux Présidentielles Jean-Luc Mélenchon et Jacques Cheminade aient parlé avec intensité d’« un nouveau coup des financiers contre la France », et d’« une offensive mondialiste préparée contre la France ».
Tout ça peut résonner comme des paroles de dingue, mais pour répondre à la question de savoir si la géopolitique est en cause ici ou pas — et si non, pourquoi la rencontre entre Sarkozy et Blankfein à ce moment-clé ? — les Français sont vraiment fous d’introduire juste maintenant un secteur de contrats à terme, lequel de façon réaliste ne peut servir qu’à les aider à descendre, sur la pente glissante vers l’œil du cyclone de la dette.
Ainsi, peut-être que la partie est jouée pour monsieur le Président : « Et alors, Sarko — pourquoi avez-vous permis ce coup de folie [23] ? » [24]
John Ward aka © The Slog
13 avril 2012
Avec l’autorisation de l’auteur.
Liens Liés : L’Affaire DSK – the complete history (suivre le lien).
Source :
http://hat4uk.wordpress.com/2012/04/13/sarkozy-accused-of-poison-pill-complicity-faces-foat-election-bombshell/
Remerciements à Elli Medeiros et à Thomas Schmidt pour leur première lecture critique et patiente de la traduction, et pour leurs suggestions — intégrées aux corrections.
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