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16 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Deux.
Son défunt mari était un jaloux. Il avait des raisons de se méfier, Mathilde en convenait. Elle avait maintes fois remarqué le phénomène, inutile de jouer les ingénues. Ce n’était pas nouveau : les hommes se retournaient sur son passage. Pas depuis toujours évidemment, depuis que des formes avaient un jour poussé dans son corsage et arrondi ses hanches.
Pas tous évidemment, beaucoup n’osaient (...)
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7 avril 2022, par Rodolphe Christin
S’en aller avec Kerouac, et risquer l’abordage d’horizons imprévus sur une vieille terre d’Amérique bousculée dans ses repères car traversée comme jamais. Vue, vécue, elle tremble, vacille, dépasse les bornes, dérangée par le rythme des voyages intérieurs, extérieurs. L’horizon qui appelle se rapproche ensuite, prend consistance grâce au voyage, devient palpable pour l’expérience avide de le trouver tout (...)
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19 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, la nature n’a pas horreur du vide ; c’est l’homme de l’hypermodernité qui ne le supporte pas, dans le même temps qu’il se supporte plus lui-même. Plus loin il va s’oublier, plus il sème partout des signes, et moins il parvient à sortir de ses propres traces. Alors les publicitaires et la communication lui soufflent le culte de la nouveauté, des "premières", des (...)
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3 avril 2010, par Rodolphe Christin
Hector Dumenclin détaillait vainement, avec désespoir, ces montagnes livides de brouillard qui s’étendaient autour de lui. Les yeux libérés, il restait incapable d’identifier l’endroit où il se trouvait. C’était bien évidemment l’intention de ses ravisseurs, qui se garderaient bien de lui donner le détail des lieux s’il avait la naïveté de leur poser la question. Le Pic de l’Etincelle et le Refuge du Loup (...)
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17 avril 2010, par Rodolphe Christin
Comme prévu, le six juin arriva le lendemain du cinq juin. Les jours précédents avaient été suffisamment sombres pour que ce maudit anniversaire ne soit ni un jour de joie, ni un jour de gloire.
Dehors le ciel était gris, traversé de quelques nuages noirs boursouflés par les excès, venus de l’est et lourds d’une pluie qui tomberait plus tard. L’intérieur de la cabane était obscur. Les ouvertures (...)
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6 septembre 2009, par Rodolphe Christin
Tout commence par le paradoxe de l’étendue désertique qui sans toi, qui que tu sois, ne parlerait jamais à personne car le désert est par endroits la matière première de sa formulation en signes de quoi ? - en signes de vie comme la brindille poussée de travers sur le sable en dessins pentus et obliques
Un itinéraire, le pas, le verbe, l’écriture et l’empreinte, traces, on suit sur quelques mètres (...)
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3 octobre 2008, par Rodolphe Christin
Ce texte est une inspiration libre ; il ne prétend ni illustrer ni être illustré par ces 7 photographies de Marc Bonneville qui ont servi de détonateurs à mon imaginaire :
2006-068_15n 2006- 070_10n 2006-199_21n 2007-058_36n 2007-087_15n 2007-103_16n 2007-145_07
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Les gens s’étaient rassemblés en une colonne qui s’étirait pour traverser la ville. Des groupuscules isolés cherchaient l’émeute et (...)
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22 mai 2010, par Rodolphe Christin
Ils en étaient proches à présent. Il était là, dans leur collimateur. Deux-cents mètres à vol d’oiseau. Un toit de tôle sur des murs de pierre. Certains d’entre eux avaient été récemment consolidés, on voyait les joints de ciment, neufs et gris, entre les blocs.
Le Pic de l’Etincelle projetait son ombre sur le Refuge du Loup sans parvenir à l’enlever aux regards. Mathilde et Hector se tenaient à plat (...)
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29 mai 2010, par Rodolphe Christin
La flamme d’une bougie luisait depuis quelques minutes à travers la fenêtre du refuge. Grazziella et Tob’ étaient réveillés. Mathilde regarda sa montre, il était trois heures trente. Elle réveilla Hector, entortillé dans son sac de couchage. Seule émergeait une partie de son crâne, lisse comme un galet rose. Les deux lascars n’étaient finalement pas si légers que ça, estima Hector avec une certaine (...)
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16 février 2004, par Rodolphe Christin
Un écureuil
harcelé par trois pies
Deux bottes
aux semelles de terre,
un manteau de pluie
Nos abris dans les arbres
le ciel, la terre
tous les bruits de la vie
Dernières lueurs. La nuit tombante emplit la forêt de signes furtifs. Assis sur une pierre couverte de mousse, je me souviens du mystère que l’enfant éprouve à l’orée du bois. De cette légère crainte, excitante comme une liqueur, (...)