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Aubrac est mort 

mercredi 11 avril 2012, par La rédaction de La RdR

Raymond Aubrac est mort — Vive la Résistance !

« Raymond Aubrac, de son vrai nom Raymond Samuel, né le 31 juillet 1914 à Vesoul et mort le 10 avril 2012 à l’hôpital militaire du Val de Grâce à Paris, est un résistant français à l’Occupation allemande et au régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ingénieur civil des Ponts et Chaussées (promotion 1937). Il est spécialement connu pour s’être engagé avec son épouse Lucie dès 1940 dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale. Sous le pseudonyme Aubrac, aux côtés d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie, il a participé, dans la région lyonnaise, à la création du mouvement Libération-Sud, plus tard intégré dans les MUR dont le bras armé fut l’Armée secrète ; Aubrac y secondera le général Delestraint.

À la Libération, il a été commissaire de la République à Marseille, puis responsable du déminage au ministère de la Reconstruction. Compagnon de route du PCF, il a ensuite créé BERIM, un bureau d’études investi dans les échanges Est-Ouest avant de devenir conseiller technique au Maroc et fonctionnaire de la FAO.

Ami d’Hô Chi Minh depuis 1946, il a été sollicité par Henry Kissinger pour établir des contacts avec le Nord Vietnam, pendant la guerre du Viêt Nam entre 1967 et 1972. [...] » (fr.wikipedia)

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Voici, sous l’appel du 15 mai, la vidéo produite en 2004 par les vétérans du Conseil National de la Résistance, à l’occasion du 60e anniversaire de la rédaction du programme du Conseil ; elle inaugure au début du second millénaire l’ouverture d’une résistance inter-générationnelle contre le démantèlement du programme fondateur de la société française réunifiée après la seconde guerre mondiale (démantèlement en effet inauguré dès le second mandat de Jacques Chirac).

L’appel du 15 mai 2004 :

Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.

Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.

Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :

Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des " féodalités économiques " , droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau " Programme de Résistance " pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.

Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : " Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ".

Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

http://www.france.attac.org/archives/spip.php?article2583

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S’expriment : Lise London (1916-2012), Raymond Aubrac (1914-2012), Lucie Aubrac (1912-2007), Henri Bartoli (1918-2008), Philippe Dechartre (né en 1919), Stéphane Hessel (né en 1917) , Maurice Kriegel-Valrimont (1914-2006), Georges Séguy (né en 1927), Maurice Voutey (?), Jean-Pierre Vernant (1914-2007)...

Le silence médiatique qui a accompagné la mort récente de Lise London, ancienne communiste, membre des brigades internationales, résistante FTPF, le 31 mars cette année — en pleine campagne électorale, — interroge.

La recension des événements et déclarations des soixante ans du PCNR, dont le rappel de la déclaration intégrale de 1944, est présentée dans le site de l’Autre Net (la recension archivée dans l’ancien site de ATTAC étant devenue partiellement inaccessible) :
http://yonne.lautre.net/spip.php?article601&lang=fr

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À partir du 16 mai 2007 (date de l’investiture présidentielle de Nicolas Sarkozy), le démantèlement de ce programme devint l’objet principal de la politique intérieure, à l’instar de la déclaration de l’ex vice président du MEDEF Denis Kessler (actuellement PDG du groupe SCOR — réassurance, Hedge Funds), qui à la rentrée publiera en renfort, manifestant clairement les engagements d’intérêts dans la nouvelle investiture, l’éditorial du magazine Challenges daté du 4 octobre 2007, intitulé Adieu, 1945, raccrochons notre pays au Monde, déclaration de pouvoir d’une oligarchie rendant otage la nation républicaine entière :

« [...] Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! [...] » [1].

C’est à ce titre, celui du combat contre cette destruction systématique et méthodique dans tous les secteurs de la loi, du droit social et du droit consititutionnel, du pacte civique républicain en France, mais encore face aux ravages du néolibéralisme liberticide et mortifère dans le monde, que Stéphane Hessel, en porte-parole « existentialiste » des derniers vétérans survivants du mouvement de la Résistance française, et co-rédacteur des Droits de l’Homme des Nations Unies, publia en 2010 Indignez-vous ! (éditions Indigènes, Montpellier) — ouvrage simple pour tenir lieu de mot d’ordre, traduit et diffusé internationalement dans plusieurs langues, dont en anglais sous le titre « Time for Outrage », souvent cité aux USA dans le cadre du mouvement OWS.
http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Hessel

Stéphane Hessel on Occupy Wall Street : Find the Time for Outrage When Your Values Are Not Respected (Oct. 2011).

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Programme du Conseil national de la Résistance Conseil National de la Résistance 15 mars 1944

Née de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.

Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la Nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité.

Aussi les représentants des organisations de la Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R., délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s’unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération du territoire, un ordre social plus juste.

I - PLAN D’ACTION IMMÉDIATE

Les représentants des organisations de résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.

Expriment leur angoisse devant la destruction physique de la Nation que l’oppresseur hitlérien poursuit avec l’aide des hommes de Vichy, par le pillage, par la suppression de toute production utile aux Français, par la famine organisée, par le maintien dans les camps d’un million de prisonniers, par la déportation d’ouvriers au nombre de plusieurs centaines de milliers, par l’emprisonnement de 300.000 Français et par l’exécution des patriotes les plus valeureux, dont déjà plus de 50.000 sont tombés pour la France.

Ils proclament leur volonté de délivrer la patrie en collaborant étroitement aux opérations militaires que l’armée française et les armées alliées entreprendront sur le continent, mais aussi de hâter cette libération, d’abréger les souffrances de notre peuple, de sauver l’avenir de la France en intensifiant sans cesse et par tous les moyens la lutte contre l’envahisseur et ses agents, commencée dès 1940.

Ils adjurent les gouvernements anglais et américain de ne pas décevoir plus longtemps l’espoir et la confiance que la France, comme tous les peuples opprimés de l’Europe, a placés dans leur volonté d’abattre l’Allemagne nazie, par le déclenchement d’opérations militaires de grande envergure qui assureront, aussi vite que possible, la libération des territoires envahis et permettront ainsi aux Français qui sont sur notre sol de se joindre aux armées alliées pour l’épreuve décisive.

Ils insistent auprès du Comité Français de la Libération Nationale pour qu’il mette tout en œuvre afin d’obtenir les armes nécessaires et de les mettre à la disposition des patriotes. Ils constatent que les Français qui ont su organiser la résistance ne veulent pas et d’ailleurs ne peuvent pas se contenter d’une attitude passive dans l’attente d’une aide extérieure, mais qu’ils veulent faire la guerre, qu’ils veulent et qu’ils doivent développer leur résistance armée contre l’envahisseur et contre l’oppresseur.

Ils constatent, en outre, que la Résistance Française doit ou se battre ou disparaître ; qu’après avoir agi de façon défensive, elle a pris maintenant un caractère offensif et que seuls le développement et la généralisation de l’offensive des Français contre l’ennemi lui permettront de subsister et de vaincre.

Ils constatent enfin que la multiplication des grèves, l’ampleur des arrêts de travail le 11 Novembre qui, dans beaucoup de cas, ont été réalisés dans l’union des patrons et des ouvriers, l’échec infligé au plan de déportation des jeunes français en Allemagne, le magnifique combat que mènent tous les jours, avec l’appui des populations, dans les Alpes, dans le Massif Central, dans les Pyrénées et dans les Cévennes, les jeunes Français des maquis, avant garde de l’armée de la Libération, démontrent avec éclat que notre peuple est tout entier engagé dans la lutte et qu’il doit poursuivre et accroître cette lutte.

En conséquence, les représentants des organisations de résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R.

Déclarent que c’est seulement par l’organisation, l’intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées, par les masses, que pourra être réalisée l’union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la libération nationale inséparable, comme l’a dit le Général De Gaulle, de l’insurrection nationale qui, ainsi préparée, sera dirigée par le C.N.R, sous l’autorité du C.F.L.N, dès que les circonstances politiques et militaires permettront d’assurer, même au prix de lourds sacrifices, son succès.

Ils ont l’espoir que les opérations de la Libération du pays, prévues par le plan de l’état major interallié, pourront ainsi être, le cas échéant, avancées grâce à l’aide apportée par les Français dans la lutte engagée contre l’ennemi commun, ainsi que l’a démontré l’exemple glorieux des patriotes corses.

Ils affirment solennellement que la France qui, malgré l’armistice, a poursuivi sans trêve la guerre, entend plus que jamais développer la lutte pour participer à la libération et à la victoire.

Pour mobiliser les ressources immenses d’énergie du peuple français, pour les diriger vers l’action salvatrice dans l’union de toutes les volontés, le C.N.R décide :

D’inviter les responsables des organisations déjà existantes à former des comités de villes et de villages, d’entreprises, par la coordination des formations qui existent actuellement, par la formation de comités là où rien n’existe encore et à enrôler les patriotes non organisés.

Tous ces comités seront placés sous la direction des comités départementaux de la libération (C.D.L). Ils seront soumis à l’autorité des C.D.L qui leur transmettront, comme directives, la plate-forme d’action et la ligne politique déterminée par le C.N.R.

Le but des ces comités sera, à l’échelon communal, local et d’entreprise, de faire participer de façon effective tous les Français à la lutte contre l’ennemi et contre ses agents de Vichy, aussi bien par la solidarité et l’assistance active à l’égard des patriotes sous l’impulsion et le soutien donnés aux revendications vitales de notre peuple. Par dessus tout, leur tâche essentielle sera de mobiliser et d’entraîner les Français qu’ils auront su grouper à l’action armée pour la Libération.

Ces comités devront, selon les circonstances et en se conformant aux instructions données par les C.D.L, appuyer et guider toutes les actions menées par les Français contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation imposées par l’ennemi, de l’extérieur et de l’intérieur.

Ces comités devront :

1) Développer la lutte contre la déportation et aider les réfractaires à se cacher, à se nourrir, à se vêtir et à se défendre, enlevant ainsi des forces à l’ennemi et augmentant le potentiel humain de la résistance ;

2) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice de DARNAND ainsi que les mouchards et les traîtres ;

3) Développer l’esprit de lutte effective en vue de la répression des nazis et des fascistes français ;

4) Développer, d’une part, la solidarité envers les emprisonnés et déportés ; d’autre part, la solidarité envers les familles de toutes les victimes de la terreur hitlérienne et vichyssoise ;

5) En accord avec les organisations syndicales résistantes, combattre pour la vie et la santé des Français pour une lutte quotidienne et incessante, par des pétitions, des manifestations et des grèves, afin d’obtenir l’augmentation des salaires et traitements, bloqués par Vichy et les Allemands, et des rations alimentaires et attributions de produits de première qualité, réduites par la réglementation de Vichy et les réquisitions de l’ennemi, de façon à rendre à la population un minimum de vital en matière d’alimentation, de chauffage et d’habillement ;

6) Défendre les conditions de vie des anciens combattants, des prisonniers, des femmes de prisonniers, en organisant la lutte pour toutes les revendications particulières ;

7) Mener la lutte contre les réquisitions de produits agricoles, de matières premières et d’installations industrielles pour le compte de l’ennemi ; saboter et paralyser la production destinée à l’ennemi et ses transports par routes, par fer et par eau ;

8) Défendre à l’intérieur de la corporation agricole les producteurs contre les prélèvements excessifs, contre les taxes insuffisantes, et lutter pour le remplacement des syndicats à la solde de Vichy et de l’Allemagne par des paysans dévoués à la cause de la paysannerie française.

Tout en luttant de cette façon et grâce à l’appui de solidarité et de combativité que développe cette lutte, les comités de villes, de villages et d’entreprises devront en outre :

a) Renforcer les organisations armées des Forces Françaises de l’Intérieur par l’accroissement des groupes de patriotes : groupes francs, francs-tireurs et partisans, recrutés en particulier parmi les réfractaires ;

b) En accord avec les états majors nationaux, régionaux et départementaux des F.F.I, organiser des milices patriotiques dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l’encadrement sera facilité par des ingénieurs, techniciens, instituteurs, fonctionnaires et cadres de réserve, et qui sont destinés à défendre l’ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et la provocation, assurer et maintenir l’établissement effectif de l’autorité des Comités départementaux de la Libération sur tout ce qui aura été ou sera créé dans ce domaine pour le strict rattachement aux F.F.I dont l’autorité et la discipline doivent être respectées par tous.

Pour assurer la pleine efficacité des mesures énoncées ci-dessus, le C.N.R prescrit de l’état major national des Forces Françaises de l’Intérieur, tout en préparant minutieusement la coopération avec les Alliés en cas de débarquement, doit :

1) Donner ordre à toutes les formations des F.F.I de combattre dès maintenant l’ennemi en harcelant ses troupes, en paralysant ses transports, ses communications et ses productions de guerre, en capturant ses dépôts d’armes et de munitions afin d’en pourvoir les patriotes encore désarmés ;

2) Faire distribuer les dépôts d’armes encore inutilisés aux formations jugées par lui les plus aptes à se battre utilement dès à présent et dans l’avenir immédiat ;

3) Organiser de façon rationnelle la lutte suivant un plan établi avec les autorités compétentes à l’échelon régional, départemental ou local, pour obtenir le maximum d’efficacité ;

4) Coordonner l’action militaire avec l’action de résistance de la masse de la nation en proposant pour but aux organisations régionales paramilitaires d’appuyer et de protéger les manifestations patriotiques, les mouvements revendicatifs des femmes de prisonniers, des paysans et des ouvriers contre la police hitlérienne, d’empêcher les réquisitions de vivres et d’installations industrielles, les rafles organisées contre les réfractaires et les ouvriers en grève et défendre la vie et la liberté de tous les Français contre la barbare oppression de l’occupant provisoire.

Ainsi, par l’application des décisions du présent programme d’action commune, se fera, dans l’action, l’union étroite de tous les patriotes, sans distinction d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée, rompue au combat, dirigée par des cadres éprouvés devant le danger, une armée capable de jouer son rôle lorsque les conditions de l’insurrection nationale seront réalisées, armée qui élargira progressivement ses objectifs et son armement.

Ainsi, par l’effort et les sacrifices de tous, sera avancée l’heure de la libération du territoire national ; ainsi la vie de milliers de Français pourra être sauvée et d’immenses richesses pourront être préservées.

Ainsi dans le combat se forgera une France plus pure et plus forte capable d’entreprendre au lendemain de la libération la plus grande œuvre de reconstruction et de rénovation de la patrie.

II - MESURES À APPLIQUER DÈS LA LIBÉRATION DU TERRITOIRE

Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques groupés au sein du C.N.R proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération :

1) Afin d’établir le gouvernement provisoire de la République formé par le Général de Gaulle pour défendre l’indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ;

2) Afin de veiller au châtiment des traîtres et à l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration ;

3) Afin d’exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l’établissement d’un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d’occupation ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l’armistice par les gouvernements de l’axe et par leurs ressortissants, dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable ;

4) Afin d’assurer :

l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;

la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;

la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères ;

la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;

l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;

le respect de la personne humaine ;

l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des Etats fascistes ;

l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’Etat après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;

le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ;

le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;

le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

b) Sur le plan social :

le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;

un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique tendant à une stabilité de la monnaie ;

la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;

la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance conte les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural ;

une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;

le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste.

c) Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales.

d) La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.

Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par Vichy et qui rendra aux institutions démocratiques et populaires l’efficacité que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé la capitulation.

Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif exercé par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale.

L’union des représentants de la Résistance pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourrait freiner leur action et ne servir que l’ennemi.

En avant donc, dans l’union de tous les Français rassemblés autour du C.F.L.N et de son président le général De Gaulle !

En avant pour le combat, en avant pour la victoire afin que VIVE LA FRANCE !

LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE

P.-S.

Petit rappel du redoublement de l’infamie contre la république et la démocratie, à propos du Traité de Lisbonne signé le 13 décembre 2007 par le président Sarkozy juste élu (entré en fonction le 16 mai), au déni du vote référendaire souverain du 29 mai 2005 qui avait rejeté majoritairement la Constitution européenne (54,68 % hors bulletins blancs ou nuls), en France [2]

http://desmotscratie.net/post/2008/01/13/Adoption-du-traite-de-Lisbonne-a-Versailles-%3A-la-democratie-violee-sous-les-yeux-du-peuple

Préalable versaillais à la ratification parlementaire du Traité de Lisbonne : la démocratie violée sous les yeux du peuple

Par P.B. le dimanche 13 janvier 2008

Pour commencer :

L’article 35. de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 24 juin 1793 :
"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

"La seule chose qui permet au ’mal’ de triompher, c’est l’INACTION des êtres de ’bien’ " Edmund Burke, (1729 -1797), homme politique et philosophe irlandais (CONTESTé).

Jean Rostand : "L’humanité aura à répondre un jour, non seulement des actes des hommes malfaisants, elle aura aussi à répondre du silence des gens de bien."

Résumé :

Face à la menace du viol maquillé de la démocratie à l’occasion de la modification de la Constitution par le Parlement réuni en Congrès le 4 février à Versailles, la résistance populaire s’organise avec pour alternative le référendum ou la perspective logique, inéluctable et inexorable d’un devoir de désobéissance civile à large échelle devant la portée historique des enjeux. Sauf à (vouloir) ignorer l’importance de ce qui se trame ... L’ultralibéralisme organisé par la classe dominante qui dirige n’est pas compatible avec la démocratie !!! Preuve est faite.

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I] La démocratie violée en bande organisée (0) sous les yeux du peuple

Je ne suis rien de plus qu’un citoyen ; mais rien de moins non plus ! Chacun d’entre nous est le peuple. La Constitution affirme, en son article 2., que "le principe de la République est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple". Or avec la perspective de l’adoption par les parlementaires d’un traité européen très voisin (voir ce document d’Attac, parties 1. et 2., ou ce diaporama en ligne [ndLRdR : le lien dans le site original est vide donc nous ne le suivons pas ici]) du traité rejeté le 29 mai 2005 par une nette majorité des peuples français et néerlandais, il est manifeste que nous, le peuple, sommes témoins du viol de cette volonté majoritaire exprimée dans les urnes. Et viol avec circonstances aggravantes puisqu’il est commis en bande organisée avec la complicité du Parti Socialiste, qui à cette occasion se déjugera intégralement et hypocritement au vu de ses engagements arborés publiquement lors des deux scrutins nationaux du printemps dernier. "Il nous faut aussi une Europe politique et plus démocratique. À cette fin, il faut dépasser l’impasse politique et institutionnelle et favoriser la négociation d’un traité institutionnel plus simple, soumis à référendum, pour que l’Europe se fasse avec les citoyens." Cette citation provient du Programme du Parti Socialiste lors des élections législatives des 10 et 17 juin 2007. Et pour couronner le tout, on explique à qui veut bien croire cette fable que la victime est consentante puisque N. Sarkozy a été élu en prévenant qu’il ne soumettrait pas à référendum le futur traité qui viendrait remplacer le défunt TCE. Sauf qu’il avait alors parlé d’un mini-traité simplifié. Ce qu’il n’est pas du tout. Par ailleurs, comment se prévaloir de ce soi-disant chèque en blanc que lui auraient signé 53% des électeurs, sachant que ceux-ci ont voté pour un programme contenant plusieurs dizaines de propositions !!! (voir M.N. Lienmann ci-dessous)

Ce reniement de l’engagement électoral oblige à une pirouette lamentable : "Nous sommes pour le référendum mais puisque l’actuelle majorité n’en veut pas et bien nous nous abstiendrons de participer aux débats du Parlement le 4 février à Versailles. C’est ainsi que nous marquerons notre désapprobation." Le comble de l’hypocrisie et de la trahison puisque en adoptant cette position le PS espère masquer aux yeux de l’opinion son calamiteux forfait. Il faut en effet que la proposition de modification de la Constitution recueille les 3/5e des suffrages exprimés à cette occasion pour être adoptée (1). Or pour cela, compte tenu des 15 élus de la droite souverainiste qui ne voteront probablement pas tous cette proposition, le contingent des 255 élus de gauche au grand complet est indispensable pour contrer ce fait du prince : le président Sarkozy veut imposer par la voie parlementaire un traité au contenu à peu près identique à celui que les citoyens français ont eux-mêmes rejeté sans ambiguïté près de trois ans auparavant !!

Marie-Noëlle LIENEMANN, députée Européenne, ancien ministre, membre du Bureau National du PS, co-signataire de l’Appel du CNR avec plus d’une centaine d’élus nationaux et européens (2), est pour le moins perplexe : "Comment comprendre que certains socialistes puissent reprendre l’argumentaire de Nicolas Sarkozy, prétendant que l’élection du président vaudrait approbation pour toutes ses propositions de campagne ? Etrange conception de notre démocratie qui prétendrait qu’avec un seul bulletin, on voterait pour des centaines de sujets à la fois et qui consacrerait l’une des pires dérives de la 5ème République : l’hyper-présidentialisation." (retour)

Et l’élue socialiste de poursuivre avec bon sens : "Etrange conception de l’action politique ! On promet avant l’élection, on change d’avis ensuite. Et il paraît qu’il s’agissait de faire de la politique autrement. Il paraît que notre démocratie devait devenir participative ! Mais sur un sujet essentiel, tout est fait pour contourner le suffrage universel. La gauche ne saurait être complice de ce déni démocratique, en s’abstenant sur ce vote préalable qui concerne la modification de notre constitution et ne bloque en rien la ratification. Simplement, le vote contre exige l’adhésion de notre peuple."

[ Mise à jour du 20/01/2008 ] Sentant le vent du boulet approcher, le PS a corrigé ses premières intentions : "après avoir multiplié dans la matinée les réunions à l’Assemblée pour tenter de démêler les fils, ils ont finalement décidé de se rendre au Congrès du Parlement à Versailles… pour s’abstenir.

"J’ai bien vu que ma proposition de boycott n’était pas majoritaire et consensuelle", a reconnu Jean-Marc Ayrault, patron des députés socialistes, à l’issue d’une réunion de groupe.

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II] L’Europe pour les peuples sans les peuples

Face à pareil déni de démocratie, qui d’autre que nous, le peuple, se mobilisera afin d’empêcher ce forfait aux implications considérables pour le devenir de nos libertés et de notre capacité effective à ne pas subir le joug d’une élite qui a prêté allégeance aux forces qui dominent la mondialisation financière ultra-libérale et néo-conservatrice ? Car tout est lié : ce traité s’imbrique dans un dessein planétaire où les peuples sont entraînés malgré eux à signer des chèques en blanc alors que "le mensonge est partout et que les gens honnêtes n’osent pas y croire." comme le fait remarquer Etienne Chouard.

Avec à la clé un "projet de civilisation" (la jolie expression !) qui :

- instaure l’accroissement outrageux des inégalités
- se nourrit du pillage irresponsable des ressources de la planète
- supprime les solidarités publiques en marchandisant tout y compris santé, éducation, culture, énergie, au profit d’une minorité organisée en compagnies transnationales
- enserre nos libertés individuelles dans les mailles de plus en plus étroites d’un filet tissé à base de répression et de contrôle accrus. Le pouvoir législatif recourt de plus en plus aux technologies modernes (biotechnologie, électronique) pour surveiller les populations (fichage ADN, croisement d’informations personnelles dans des bases de données, caméras omniprésentes subventionnées par l’Etat à hauteur de 60%, téléphones portables qui peuvent servir à la géolocalisation, puces rfid, détecteur de mensonges à l’essai en Grande-Bretagne sur les allocataires de l’aide sociale et les chômeurs !!!).

Le propre de la construction européenne telle qu’elle a lieu est de déposséder les citoyens des différents Etats du pouvoir de peser sur leur devenir. En effet un nombre croissant de décisions sont prises par la Commission qui siège à Bruxelles avant d’être transposées dans les droits nationaux. Environ sept sur dix des lois françaises suivent ce processus.

Un peu plus de deux mois avant la signature des traités de Rome, le 18 janvier 1957, Pierre Mendès France fit une intervention particulièrement prémonitoire à l’Assemblée Nationale :
"Le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, est basé sur le libéralisme classique du XXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes : soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme "providentiel" ; soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ".

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III] Le peuple français a Rendez-vous avec son Histoire et avec l’Histoire

Nous y sommes. L’heure est particulièrement grave puisque nous assistons désormais à une tentative évidente de passage en forcze de la part des chefs d’Etat det de gouvernement. Je ne pense pas dramatiser exagérément la situation en affirmant que le peuple français a Rendez-vous avec son Histoire, voire avec l’Histoire. Il apparaît de plus en plus nettement que nous arrivons à un tournant décisif, un moment déterminant, une opportunité rare de peser sur le cours de l’histoire pour infléchir celui-ci dans un sens qui préserve la possibilité pour la démocratie de fonctionner. C’est-à-dire le pouvoir pour le peuple de participer activement à la détermination des grandes orientations qui dessinent les contours de l’avenir de la société des humains.

"Si ce traité était ratifié [sans référendum], les pouvoirs législatif et exécutif de la France seraient ainsi caducs, et le pays n’aurait plus qu’un parlement, un gouvernement et un président de fait, auxquels nul citoyen ne devrait plus allégeance, jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel républicain", constate Christian Darlot.

"Sans insurrection ni destitution, nous n’aurons alors plus qu’à pleurer sur notre servitude volontaire en réalisant que nos élus représentent bien ce que nous sommes nous-mêmes devenus : des godillots" avertit pour sa part Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public.

Souvenons-nous que l’article 2. de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, fait de la résistance à l’oppression un droit naturel et imprescriptible de l’homme. Or ce texte de référence figure dans le préambule de notre actuelle Constitution et le Conseil Constitutionnel a eu l’occasion à trois reprises de confirmer qu’il s’agit bien d’un "texte normatif de la plus haute valeur" et pas seulement "d’une simple déclaration d’intention" servant de "guide moral et philosophique facultatif pour l’État".

Or la preuve est faite que Sarkozy, sa majorité et le PS ont pris le parti de contourner la volonté populaire exprimée dans les urnes. Et il ne s’agit pas "seulement" de la sauvegarde des fromages au lait cru mais de la continuité d’un projet européen qui pour faire aboutir ses visées conformément à la volonté des élites se doit de bafouer subrepticement la démocratie en son premier et ultime principe : le verdict des urnes !!

Autrement dit nous savons désormais que ce que prédisait Pierre Mendès-France était juste : le projet européen censé servir les peuples se fait sans les peuples voire contre leur volonté et au détriment de leurs intérêts !!!

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IV] Quand le peuple s’éveillera...

Que va faire le peuple ? L’enjeu est de parvenir à montrer à ce peuple l’étendue de la manoeuvre en dépit de la tactique de dissimulation, d’étouffement du débat adoptée par les promoteurs de ce traité, le président de la République française en tête. Ils en parlent le moins possible, et le présentent comme une formalité indispensable au fonctionnement de l’Union européenne quand ils ne peuvent éviter d’en parler. Et ainsi d’occulter tout risque de nouveau débat sur les implications politiques (considérables) du projet européen tel qu’il est conduit par les élites.

C’est afin de briser ce mur du silence que je joins ma voix à celles qui s’expriment depuis plusieurs semaines. Il faut faire circuler de cette information complémentaire nécessaire à la mise en évidence de la portée historique de l’événement en préparation : les citoyens désireux de préserver la société et la démocratie d’une funeste dérive ont un rendez-vous hautement symbolique avec l’histoire lundi 4 février 2008 à Versailles ...

Le roi et sa cour parviendront-ils à se jouer de leur peuple ? Ou bien l’heure du peuple a-t-elle sonné ? La réponse nous appartient. Il ne dépend que de nous que vive la démocratie dont nous avons hérité et que nous avons pour mission de transmettre aux futures générations. Notre requête : pouvoir nous prononcer sur ce traité en votant au terme d’un débat contradictoire nourri. Rien de plus, rien de moins.

Et si le traité de Lisbonne est aussi inoffensif, simple et indolore qu’on veut nous le faire croire, qu’ont à redouter ses partisans de l’organisation d’une campagne référendaire ponctuée d’un vote ? Au lieu de cela, 26 chefs d’Etat ou de gouvernements des pays de l’Union ont opté pour la voie législative. Seul l’exécutif de l’Irlande, contraint par sa constitution, organisera une consultation des électeurs.

Ainsi, face au viol de la démocratie la résistance populaire s’organise avec pour alternative le référendum ou la perspective logique, inéluctable et inexorable d’un devoir de désobéissance civile à large échelle devant l’importance historique des enjeux.

Citoyen Pascal Busnot, Héloup 61

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Notes :

(0) "Le choix de la procédure parlementaire n’est pas un choix de simplification. Ce n’est pas un choix d’opportunité. C’est un choix de défiance à l’égard du peuple. Pis, un choix de défiance négocié, puisque le Président de la République a clairement indiqué que l’absence d’un nouveau référendum et la ratification par la voie parlementaire étaient des conditions préalables posées par nos partenaires à la signature du traité de Lisbonne." ==> http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1589

(1) LA MINORITE DE BLOCAGE.
Dans l’hypothèse où tout les parlementaires prendraient part au vote, la majorité des 3/5 est égale à 545 voix. La minorité de blocage des 2/5 est de 363 voix.
La totalité des parlementaires de gauche, socialistes, communistes, MDC, Verts est de 355 voix. La minorité des 2/5ème est de 363 voix.
* 204 députés socialistes et apparentés
* + 24 députés communistes et apparentés
* + 96 sénateurs du groupe des socialistes et apparentés
* + 23 sénateurs communistes et apparentés
* + 8 sénateurs radicaux de gauche et apparentés
Il nous manque donc huit voix. Encore il manque 8 voix si tous les parlementaires de droite sont présents et votent et si tous les (15) souverainistes, tous les non inscrits et tous les centristes (de toutes les chapelles) votent avec l’UMP.

(2) 109 parlementaires ont signé l’appel du Comité National pour un Référendum au 8 janvier 2008 :
- 66 députés
- 37 sénateurs
- 6 députés européens

Voir les liens proposés ensuite :
http://desmotscratie.net/post/2008/01/13/Adoption-du-traite-de-Lisbonne-a-Versailles-%3A-la-democratie-violee-sous-les-yeux-du-peuple


Le logo est extrait de l’article nécrologique paru dans le journal Ouest France.
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Le-grand-resistant-Raymond-Aubrac-est-mort_39382-2065169_actu.Htm

La photographie de la célébration anniversaire au plateau des Glières, le 15 mars 2009, où l’on reconnaît notamment Raymond Aubrac (à droite) et Stéphane Hessel (au centre) est extraite du site :
Haber.sol.org

Notes

[1Article Denis Kessler, fr.wikipedia.

[2D’autres peuples consultés ne ratifièrent pas la constitution : Pays-Bas (52% contre, juin 2005), Irlande (53,4% contre, juin 2008). Quant aux gouvernements des pays où il avait également été envisagé de faire ratifier le traité par référendum : craignant un refus populaire au vu des résultats français, néerlandais, puis irlandais, ils le différèrent sine die et finalement en abandonnèrent l’idée, comme entre temps eux ou leurs successeurs signèrent les accords européens sans mandat particulier pour le faire, ou même anticonstitutionnellement — sous l’égide des gouvernements des pays du refus qui allaient bafouer leur propre droit constitutionnel, — ce qui prescrivit l’objet de la consultation électorale.

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