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23 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Tout cet espace autour. Le regard court sur le plateau, caresse les pins cembro tordus par le climat puis devine l’au-delà du rebord. Le vide est beau. Seul le vide mérite qu’on lui prête attention, qu’on s’y disperse avec philosophie. Pourquoi sommes-nous attachés à nos corps, pourquoi les peaufinons-nous avec autant d’ardeur ? C’est autour que demeure l’important. Dans l’espace se déploie l’ouverture (...)
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27 mars 2010, par Rodolphe Christin
Kévin admirait le paysage, debout devant la porte de la cabane. Ils étaient arrivés hier, après des heures de mauvaise piste. Depuis qu’il séjournait en altitude, à une journée de marche du Refuge du Loup, Kévin se sentait plus loquace. Euphorique presque, était-ce un effet de l’altitude ? Il croyait plutôt à l’influence des magnifiques paysages qui les entouraient (la mer lui procurait des sentiments (...)
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24 avril 2010, par Rodolphe Christin
Seize.
Un peu de temps s’écoula, nécessaire à la méditation de cette vie bousculée. Leur réclusion d’altitude les laissait seuls avec eux-mêmes. Ils ne pouvaient s’échapper.
Fait positif si l’on peut dire : avec le suicide de Kévin, leurs parts respectives avaient pris du poids, de l’ampleur, du gain : cinquante/cinquante. Mathilde et Hector n’avaient pas eu besoin de discuter longtemps pour se mettre (...)
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31 octobre 2010, par Rodolphe Christin
S’en aller avec Kerouac, et risquer l’abordage d’horizons imprévus sur une vieille terre d’Amérique bousculée dans ses repères car traversée comme jamais. Vue, vécue, elle tremble, vacille, dépasse les bornes, dérangée par le rythme des voyages intérieurs, extérieurs. L’horizon qui appelle se rapproche ensuite, prend consistance grâce au voyage, devient palpable pour l’expérience avide de le trouver tout (...)
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19 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, la nature n’a pas horreur du vide ; c’est l’homme de l’hypermodernité qui ne le supporte pas, dans le même temps qu’il se supporte plus lui-même. Plus loin il va s’oublier, plus il sème partout des signes, et moins il parvient à sortir de ses propres traces. Alors les publicitaires et la communication lui soufflent le culte de la nouveauté, des "premières", des (...)
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25 mai 2006, par Rodolphe Christin
Matthieu ne peut pas passer inaperçu. De très loin on sait que c’est lui, ce ne peut être que lui. Quarante-cinq ans, français comme lui. Le crâne rasé avec seulement une touffe de cheveux verts, survivants d’une catastrophe froidement programmée. Un bouc de la même couleur couvre son menton, rond comme un galet. Les ongles peints en noir, des bagues à tous les doigts et l’une d’entre elles, articulée, (...)
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6 juillet 2009, par Rodolphe Christin
VOYAGER VRAIMENT. En ses tréfonds, le voyage ne serait pas une pratique anodine mais un mouvement qui engage l’être dans son intégralité. L’horizon du voyage n’est pas d’une solidité objective, il prend une consistance essentiellement symbolique, nourrie d’un rapport au réel revisité qui sollicite l’imaginaire. D’où l’étroitesse de la relation que le voyage entretient avec l’expérience et qui demeure la (...)
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18 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Rodolphe Christin raconte la genèse de son livre qui est paru le 17 janvier 2011. Premier livre des Éditions de la revue des ressources ERR.
Mon contact m’avait donné rendez-vous dans un appartement de Saint-Étienne. Un appartement marqué par un joyeux désordre d’enfants, que je surprenais juste après le déjeuner — ce devait être 14h00 ou quelque chose comme ça.
J’avais alors le projet de descendre (...)
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15 mai 2010, par Rodolphe Christin
Et après ? Que feraient-ils une fois l’argent empoché ? Aucun des deux n’avait la force de parler tant la pente réclamait tout leur souffle, mais chacun cherchait à évaluer ce futur qui tournait, incertain, dans leur tête. Il était de bonne heure le matin, le soleil n’avait pas encore franchi l’épaule ouest du Pic de l’Etincelle. Une légère buée sortait de leurs bouches, ouverte par l’effort. Hector fut (...)
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20 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Extrait du livre paru chez Homnisphères en 2005.
Voyager. Se dégager pour s’approcher, se défaire de soi-même pour essayer de comprendre, et connaître enfin. En quête d’univers, celui qui voyage pour sentir son rapport au monde se modifier, au contact de la grandeur de la terre et de la diversité des hommes. D’emblée l’imaginaire s’emballe tant l’affaire peut se montrer passionnante. Mais que peut-il (...)