- 1er mai 2022, par Yann Leblanc
BUÉE Je tourne la clef de contact, le moteur démarre. Je sors de ma place et commence à rouler, machinalement, en direction du travail. Après une cinquantaine de mètres, une buée se forme sur le pare-brise. Comme un mal qui prolifère à toute allure, elle en recouvre la surface. Les contours du dehors s’estompent. Voitures, immeubles, passants se désagrègent. Je tourne à fond le bouton de (…)
- 20 mars 2022, par Yann Leblanc
La peur ne l’emporte pas
Je me suis assis tout au bord du promontoire rocheux, pieds dans le vide. Le soleil réchauffe mon visage. L’air semble si pur que chaque inspiration produit dans le corps l’effet d’une gorgée d’eau fraîche, désaltérante. En face le défilé s’évase et le regard voit loin et clair. La pensée s’est enfin arrêtée, elle n’interfère plus avec la conscience du monde tel (…)
- 12 janvier 2022, par Yann Leblanc
SANS FIN Ce matin là, Jean-Philippe Fichet sortit de chez lui avec un léger retard sur son horaire habituel. Il s’élança dans la cage d’escalier de l’immeuble à vive allure. Les marches n’en finissaient plus de descendre, tourner, descendre, tourner tant et plus, si bien qu’il eut un instant comme un vertige. Y avait-il vraiment, d’ordinaire, autant d’étages et de marches ? Les paliers (…)
- 28 octobre 2021, par Yann Leblanc
DÉNOUEMENT « Est-il joie plus délicieuse que de quitter le temps pour vivre au cœur de la pierre, en contact immédiat avec les forces du monde, et de parler avec son âme dans le silence du roc ? » François Augiéras
Le soir sera bientôt là. Quelques instants avant de céder la place à l’obscurité, la lumière déclinante se fait toujours plus vive, illuminant la roche, les feuilles des (…)
- 3 septembre 2021, par Yann Leblanc
SOUSTRACTIONS Elles étaient posées là, bien alignées et en parfait état. La lueur des réverbères les faisait même reluire. Là, en plein milieu du trottoir. Une paire de chaussures mais pas de pieds à l’intérieur, pas de jambes, pas de corps les surmontant. Pourtant les passants s’écartaient scrupuleusement au lieu de les enjamber, comme s’il y avait eu là, malgré tout, une présence. (…)
- 1er juillet 2021, par Yann Leblanc
L’APPEL I Il remarque pour la première fois qu’une branche de lierre a atteint la fenêtre de son bureau, en observe les jeunes feuilles que la lumière traverse délicatement. Sur la tige, des pucerons, des fourmis qui agitent consciencieusement leurs antennes, sondent la présence et l’absence, méticuleusement. Il y a aussi une chenille, à la fois menue et dodue, gorgée d’un vert (…)
- 22 février 2018, par Roland Pradalier
Quelle curieuse façon de vivre que de prendre chaque jour l’avion et de sillonner la planète pour faire la fête. Me suis-je dit, observant la DJ qui dansait elfique comme une algue. Depuis trente minutes, envoûté par les sons qu’elle déversait, je sentais monter la chaleur des corps qui sautillaient dans le noir, mon visage était perdu dans le flot des faces rendues anonymes par l’extase de (…)
- 1er février 2018, par Roland Pradalier
Le bel hôtel décrépit du centre de cure de Guelle, est entouré d’une parc en pente douce qui aide au recentrement, maints marcheurs y ont opérés un pas vers la guérison. Mais c’est l’épuisement qui me fit aboutir dans ce cloître qui possède une réputation secrète de bouches à oreilles, pour les naufragés. A mi-chemin entre l’institut hospitalier, le centre de remise en forme et la chambre (…)
- 20 janvier 2018, par Anne Hubert
Suite à son invite, je veux bien m’asseoir et commencer l’attente. Par la seule fenêtre je vois les feuilles jaunies des arbres. Leurs reflets dorés adoucissent la mélancolie des murs gris de l’arrière cour. L’ambiance de l’automne est là. Un silence de plomb règne dans cette antichambre de la vérité. Les seules manifestations du temps qui s’écoule sont le cliquetis des touches enfoncées par (…)
- 6 juillet 2017, par Khalid EL Morabethi
Bleu comme le néant… J’entends mes porcs dans mon crâne, ils ont le même accent
Bleu comme le néant… ‘’ A table ! Mange tes carottes, pas de viande, cannibale ‘’
Bleu comme le néant… à la fin, je serais un délicieux porc nietzschéen
Bleu comme le néant… Dans le ventre de la Bête
Bleu comme le néant… ‘’ A table ! Mange tes carottes, pas de viande, cannibale ‘’. J’ai oublié ce que ça (…)