- 16 mai 2012, par Henri Cachau
Ressentant l’approche de sa mort professionnelle, l’inspecteur Labarthe fut in extremis sorti du placard dans lequel il végétait. Cette mise au rancart lui était d’autant plus difficile à supporter que durant ce temps où il se morfondait, de plus jeunes limiers, impatients de démontrer leur savoir-faire, se concurrençaient afin de récupérer les meilleures enquêtes. Cette sensation de mise (…)
- 3 mai 2012, par Mouloud Akkouche
— Tu veux vraiment le faire ?
Elle se retourna et esquissa un sourire.
Oui.
C’est de la folie.
Je ne changerai pas d’avis.
Elle secoua la tête et ajouta :
Même seule, je le ferai.
Elle reprit sa position. Plusieurs semaines qu’elle restait immobile, recroquevillée, l’œil scrutant l’horizon. Mais ce jour-là, elle était beaucoup moins tendue. Sans doute grâce au départ (…)
- 2 mai 2012, par Bernard Pasobrola
Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas croisé sa gueule dans un miroir. Même celui que lui tendait l’infirmière ne lui renvoyait pas son image, mais seulement la tranchée humide de ses yeux qui perçait l’enveloppe pâle des bandages et ressemblait à une petite flaque de boue noire. La femme renouvela sa bouteille de sérum et lui demanda s’il souhaitait qu’elle change ses pansements. Il fit non (…)
- 13 avril 2012, par Henri Cachau
Comment avait-il pu, Papa, dénicher mes esquisses, brouillonnes copies d’académies annotées aux fins d’une meilleure compréhension pour mes rustauds camarades, de non équivoques termes, découvrir mes luxurieuses ébauches pourtant dissimulées dans les bas fonds de mon armoire ? Drapé dans ma dignité de futur artiste je lui avais répondu que : « quiconque n’ayant pas tâté du nu artistique ne (…)
- 30 mars 2012, par Henri Cachau
Partir, c’est mourir un peu, et bien qu’à priori l’accident n’intéresse que nos voisins de palier, il est recommandé de se méfier d’un possible dérapage du destin. Pourtant, c’est dans une totale insouciance que nous effectuons les préparatifs inhérents à ces villégiatures lointaines, vécus ces moments-là dans une irrépressible hâte, jusqu’à cette heure tant attendue du départ vers une (…)
- 27 mars 2012, par Nicolas Boldych
En bas
Venu d’une province où on vit à l’air libre, Antoine n’était jamais descendu en bas, mis à part à la cave, pour le vin. Il connaissait, vraiment, l’odeur du laurier et du thym ainsi que celle plus rustique du fumier ; il avait même entendu dans sa lointaine enfance le cri du cochon assassiné à l’automne. Mais il n’avait jamais rencontré le moteur qui habite sous la terre, qui va (…)
- 12 mars 2012, par Bernard Deglet
Je n’ai pas pu entrer en Suisse. Un œil de douanier a sélectionné mon véhicule dans le flux, son bras m’a fait signe d’aller me garer un peu plus loin, à l’écart. Il avait un uniforme sombre, noir, aux extrémités blanches, le douanier suisse. Si bien qu’il était impossible de ne pas voir ses gestes, ses déplacements, ses bras qui me montraient l’endroit, ses pieds blancs au bout de ses jambes (…)
- 9 mars 2012, par Carole Zalberg
C’était l’heure du départ. Tous les jours, au moment où les Parisiens regagnaient par grappes et la panse remplie leurs bureaux confinés, Jeff, lui, allait voir ailleurs s’il y était.
Où se rendrait-il aujourd’hui ? Le dos calé à la grille du square Télégraphe, il laissa un instant son regard se perdre dans les miroitements d’une flaque à quelques pas de lui. Un frémissement à la surface de (…)
- 5 mars 2012, par Demian Kaaïn
« Je suis le Premier et le Dernier, le Vivant ; je fus mort, et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès. »
Apocalypse
Nous avons été enfermés lundi 17 novembre 99, un peu avant huit heures du matin, à la suite d’une panne de métro. Voilà tout ce que nous pouvions et pouvons encore dire avec exactitude sur l’origine de l’affaire.
Ce (…)
- 20 février 2012, par Henri Cachau
Est-il possible Jean, que l’homme s’envisage au travers de sensations d’où elle apparaît cruelle, perverse, Satane, du genre 3615 par sa récurrente, lancinante façon de se rappeler à notre inconsistante mémoire ? Volatile au demeurant, puisque nous ne conservons aucune réminiscence se rapportant aux tortures qu’elle nous inflige, sinon, retournerions-nous guillerets chez notre dentiste ou (…)