- 4 mars 2013, par Mouloud Akkouche
Pour Rékia : ma mère.
L’avion ne devait pas tarder à atterrir. Je fermai les yeux et essayai d’imaginer mon village. Plus de dix-sept ans sans y remettre les pieds. Ce petit patelin de Kabylie où je fis mes débuts. Sur une colline couverte d’oliviers, mes premiers spectateurs n’avaient jamais quitté leurs maisons de pierres sèches. Sauf ceux massacrés par les mains sans noms…
Une (…)
- 28 février 2013, par Henri Cachau
Ouf ! pas une mince affaire, j’avais réussi à le mettre dans le train et pas n’importe lequel, ’l’Arbalète’, ayant pour destination Zurich via Bâle, tout en l’incitant à poursuivre sur Vienne puis Prague. Comme il en va avec les dépressifs, les pires sont les amoureux récemment éconduits, ça n’avait pas été simple... Enfin, il s’embarquait pour une semaine et durant ce laps de temps j’étais (…)
- 13 février 2013, par Demian Kaaïn
J’ai retrouvé ce document près de la caisse du chat. Il s’agit vraisemblablement d’un écrit auquel travaillait S. quelque temps avant sa disparition.
D. K.
Le sable de la mer, les gouttes de la pluie, les jours de l’éternité, qui peut les dénombrer ? La hauteur du ciel, l’étendue de la terre, la profondeur de l’abîme, qui peut les explorer ? Siracide
Le programme permettait d’entrer (…)
- 7 février 2013, par Raymond Penblanc
Depuis quelques jours il rentre de plus en plus tard. Hier c’était sur le coup des sept heures. Et ce soir il était plus de huit heures. Inquiète de ne pas le voir arriver, je suis allée le chercher à l’arrêt du bus, et il n’a pas pu s’empêcher de se gausser de ma jalousie de lionne, ou de tigresse puisqu’il me laisse le choix. C’est peu dire que j’apprécie mal son ironie. Est-ce de l’ironie (…)
- 11 janvier 2013, par Raymond Penblanc
Il a toujours tenu à garder le stylo, un petit Bic bleu à pointe fine, désormais rangé dans le tiroir de son bureau. Pas un talisman, certes, loin de là, mais un témoignage, témoignage cruel qu’il lui arrive aujourd’hui encore d’interroger. Non pour essayer de comprendre. Il n’y a rien à comprendre. Un stylo n’est pas un objet énigmatique, un outil compliqué, ça n’est pas non plus un poignard, (…)
- 21 décembre 2012, par Henri Cachau
Annabelle...
L’affiche était attrayante : un clown trompettiste hilare en premier plan, avec sur son pourtour des médaillons correspondant à des : trapézistes, jongleurs, dompteurs, etc., puis un qui l’attira concernant une ourse pétauriste... Si l’enfant fut subjugué par le plantigrade, son enthousiasme fut relativisé par son père lui faisant remarquer qu’il s’agissait de dressage ; (…)
- 19 décembre 2012, par Raymond Penblanc
Rarement le printemps se montre aussi en avance. D’habitude il faut le prendre par la main et l’aider à faire ses premiers pas. Mais depuis quelques jours il y a de la douceur dans l’air, un peu plus de vert dans les arbres, et depuis hier, merveille, on entend le coucou. Ce sont là des raisons suffisantes pour monter. L’après-midi promet d’être radieuse, et ce soir on dégustera le gâteau. (…)
- 26 novembre 2012, par Raymond Penblanc
Mettez-nous du Bach, avais-je répondu à la fille, tout en me faisant la remarque qu’avec ce visage pâle très allongé aux tempes saillantes, avec ces cheveux mi-longs très raides, d’un noir d’encre (noir corbeau) qui lui tombaient sur les épaules, elle représentait une parfaite allégorie de la mort. Sa voix grave avait quelque chose de rauque et de lointain qui remuait des choses dans mes (…)
- 19 novembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Quel âge a-t-il ? Impossible à dire, l’existence l’a trop abîmé. Je passe devant lui en coup de vent sans oser le dévisager. Si je le faisais, il ne s’en offusquerait pas. Son esprit semble planer à une distance stratosphérique : il ne s’embarrasse plus des codes sociaux. Je pars bosser, longe les couloirs du métro, à St Lazare, pour attraper ma correspondance. Tous les jours, il est là, sale, (…)
- 2 novembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Les phrases sont balancées compulsivement sur l’écran. Comme un besoin naturel trop longtemps retenu. Mes mots ont mis quinze ans à se trouver et mûrir. Ils jaillissent brutalement aujourd’hui, enfin. Simples mais aiguisés comme des lames. Enfantins mais guerriers. Interrogatifs, désespérés et exutoires : « Tu m’aimes ? M’as-tu jamais aimé ? Es-tu capable d’aimer quelqu’un ? » Je ne me relis (…)