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Peindre le Pilat en rouge 

lundi 24 octobre 2011, par Bernard Deglet

Peindre le Pilat en rouge. Une belle idée, un beau projet. Des millions de personnes peindraient en rouge chacune un morceau du Pilat, entre Condrieu et Rive de Giers, entre Givors et Saint Julien Molin Molette. Ça se verrait de loin sur le côté, ça se verrait depuis la lune, ça se verrait depuis la Corse par beau temps, plein de gens viendraient voir ça en vrai ou avec Google Earth.
La plupart sauraient ce que ça veut dire. Les autres aussi, au fond. Ça se révélerait un acte politique fort qui n’aurait nécessité nulle autre explication que l’évidence de l’acte.
Ça paraît un projet fou, irréaliste. Tu penses que ça ne marchera jamais, vous pensez que ça n’est pas possible, ils pensent que ça ne marchera jamais, nous savons que ça ne tient pas la route, et je pense aussi que ça ne marchera pas.
Mais je me dis que quelque chose peut être fait avec les boîtes aux lettres.
Si on réfléchit un peu à la boîte aux lettres on découvre plein de choses, par exemple que la boîte aux lettres dit qui vit là, qu’elle me permet de recevoir des messages mais aussi d’en transmettre, qu’elle est visitée ou vue chaque jour par pleins de gens, qu’elle est à double entrée, que c’est dans l’énorme majorité des cas un objet très laid peint en gris ou blanc cassé et la boîte aux lettre possède encore bien d’autres attributs passionnants et méconnus.
Au début on ne serait que quelques-uns, puis bien vite on serait pleins à avoir repeint en rouge notre boîte aux lettres, et à avoir écrit dessus, dans une autre couleur : « Peindre le Pilat en rouge ».
Ça se verrait et ça se propagerait au quotidien. Entre voisins entre copains on se refilerait le pinceau, le marqueur, et le reste de peinture rouge. Peu à peu la plupart des gens, qu’ils aient ou non repeint leur boîte, sauraient ce que ça veut dire, il n’y aurait pas eu besoin de donner des tonnes d’explications. Et les autres aussi, au fond, comprendraient.
Primo Levi serait content, non seulement parce qu’il aimait vendre de la peinture, mais aussi parce que l’idée vient un peu de lui et que le Pilat sans qu’on y touche aurait été peint en rouge alors que ça semblait tellement impossible.


Ce texte s’avère être l’acte fondateur d’un mouvement de poésie-action consistant à peindre le Pilat en rouge, à le faire peindre, et à le faire savoir. Il niche ici : www.peindrelepilatenrouge.blogspot.com

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