sa tonne de lumière et
d’agitation assassine
les immeubles aux surfaces
trouées par un soleil neuf
l’eau du fleuve presque
belle et tes larmes
qui me font si mal –
j’ai la vision de toi
isolée – mes mains se
tendent je me sens
dérisoire –
je respire mieux dans
l’odeur pleine et
chaude d’une cité
sans fin – il me suffit
de poser ma paume
contre mon nez
je reste là à chercher
de l’air – cet air que
je voudrais t’offrir
- Streets
Je cherche comment
te fondre dans les mots
comment te dire
en trajets dans les
voies bouillonnantes
de la rue poussiéreuse
au jardin saturé – je
cherche – au-dessus des
pavés de nuit dans les
obscénités – que tu rends
belles – dans ma paume
qui te garde encore
longtemps après –
je prends le métro
ce présent m’ignore
parce je suis encore
avec toi – il n’y a
pas de vide autour
de moi – tout est
bruit et rempli –
chaque espace est
ville – et s’affiche
et s’étiole aussitôt –
ça m’obsède ce trop
plein – la montre
à mon poignet
cherche le soleil
pour fonctionner –
je connais par
cœur le chemin
qui s’affole selon
les heures – sans
perdre de vue ces
lieux ni ton sujet -
- Intérieur
Le bruit du dehors
le soupir d’un bus
le sifflement d’un
tramway – des
survivants aux
visages déchirés
une femme pressée –
des corps greffés
au bitume des notes
échappées – de l’eau
qui coule le sol
qui s’ouvre – Paris
droit devant et si
possible mes yeux
qui ne quittent pas
les courbes de ta
présence – j’enfonce
mes mains dans
les poches de mon
cuir – je hais cette
absence – les
soubresauts du métro
m’emportent loin –
je me regarde
disparaître dans
un reflet – je regarde
apparaître tant de
silhouettes – toute
la foule sa lumière
mouvante et son
bruit du dehors
- Atomes
Un matin évaporé
dans sa perfection,
partie du ciel.
Faire de lui un
portrait dans l’
attente, en faire un
objet précieux
que l’on placerait là,
au cœur. Faire du monde
le produit d’un
accident, quelques
atomes de toi, au
creux de ma main,
et sur mes lèvres.
Ainsi se comporter,
s’efforcer même
d’être le signe
toujours présent.
Fuir le sinistre
d’un secours,
demeurer l’
amant, toujours.
Tout cela est connu
mais se rappelle
parfois dans la
brutalité.
Jusqu’au mouvement
son retour. Là
je me consacre
à ton langage.
- De Ma Survie
Contre ton sein
il se peut que je
meurs – éternel
amant de ton corps
et jeunesse qui
enflamme à jamais –
l’unique essence
de ma survie
tu me conduis
vers ton sexe adoré
vers ta pensée
souvent dans les cieux –
l’écoulement de la
nuit qui recouvre
les supplices comme
les attentions – tu les
repousses ou les
accueilles – et
deviens mon
royaume transitoire
ma chair et mon sang
l’unique – un lendemain
où je te cherche encore
tu me réponds doucement
« tu me trouveras toujours »
alors sans relâche je me jette
dans les ruines – et
reconstruis
- Eufemia
Tu seras la dernière
pour but de mes efforts
nous sommes des impudiques
l’un pour l’autre
déjà mûrs pour endurer
la mort précieuse
en même temps devenir
immortels
faisant des promesses
une pluie
et dévaler comme un
torrent nos années
- L’heure Bleue
Des pensées comme des
phalènes qui tournoient
au-dessus de mes heures
encore au sol les traces
de ces glissades soumises
je pouvais m’allonger
ou entre tes cuisses
mourir – jusqu’à la
chambre jusqu’au lit
m’attacher à ta chair
le sang dans mon cœur
se teinter de cette fin
de nuit – et dénouer
la corde qui m’étrangle
il y a des personnes
on le sait qui détruisent
ce qu’elles trouvent -
pour celles-là je n’existe
pas – je n’existe plus
je reviens à ma
solitude matinale
je me débats
dans ce corps
interdit j’attends
ton retour – me
noyant dans l’oubli
alors que flotte au-dessus
de moi cette image –
son front ceint d’un
bandeau en tissu
comme une douleur
pliée – sorte de prière
rougie
- Ce Qu’il A
Ça fait quand même
longtemps que l’on
imagine le soir d’une
vie – que l’on se
réchauffe au jour –
que l’on pare à toute
éventualité – que l’on
se pare pour pleurer –
ça fait quand même
longtemps que l’on
échange nos accueils –
que tu vois dans mes yeux
cette étrange douceur
qui ressemble à un volcan
éteint – dans les moindres
détails il semble apaisé –
il l’est - mais à ce prix
ce prix d’être tombé –
par des soupirs et
des cauchemars
passés il demeure
en éveil mais sait
recevoir ton corps
et tes déchirements
avec des explosions
intérieures à présent –
ce n’est plus rien
juste les battements
les mesures de son
être
- Evidence
Des lignes et des ombres
remontant tout le
miroir - je ne crois pas
que cela se partage -
je pourrais tracer
je pourrais laisser
le sang couler - il
y a toujours un peu
de lumière - à l’
affût de mes doutes
soudain dociles
Le passé inutile
en gouffres immobiles
sous l’immuable ténèbre
d’un jour disparu
à la suite de cette
évidence - ces distances
incalculables si brutalement
ressenties - inaptes aux
“beaux-sembants” - aux
trépidations des voies -
les approches de la
misère - ou les transes
d’une maladie
- Histoires
Mais en réponse
les voitures de passer
mais en réponse
toute une foule
au taquet
comme elle
désigne un sens
des couleurs
un soleil voilé
Mais en question
les stations sous
les édifices
mais en question
les veines saillantes
qui courent et relient
les quartiers
A noter les allées
et venues à l’écart
des rues - toutes
unies par un lien
mystérieux
Absorbées par
la réflexion les
silences rompus
les présences
personnelles
dans ce monde
Et qui pressent
l’allure et s’engagent
dans les époques
révolues et les
mémoires vives
Et qui pressent
l’allure et déjà
s’éclipsent vers
des sources utiles