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19 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, la nature n’a pas horreur du vide ; c’est l’homme de l’hypermodernité qui ne le supporte pas, dans le même temps qu’il se supporte plus lui-même. Plus loin il va s’oublier, plus il sème partout des signes, et moins il parvient à sortir de ses propres traces. Alors les publicitaires et la communication lui soufflent le culte de la nouveauté, des (…)
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22 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Extrait du livre paru en 2010 aux Éditions Yago.
En Mongolie, peut-être trouverais-je quelques signes d’appartenance traces fugaces que le vent de la modernité n’aurait pas encore effacées. Vite, faire vite.
Le sens de mon voyage ? Me rendre face au monde et me fondre dans ses lointains, me recréer dans ses isolements, intégrer ce point crucial où l’intérieur et l’extérieur sont en (…)
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25 mai 2006, par Rodolphe Christin
Matthieu ne peut pas passer inaperçu. De très loin on sait que c’est lui, ce ne peut être que lui. Quarante-cinq ans, français comme lui. Le crâne rasé avec seulement une touffe de cheveux verts, survivants d’une catastrophe froidement programmée. Un bouc de la même couleur couvre son menton, rond comme un galet. Les ongles peints en noir, des bagues à tous les doigts et l’une d’entre elles, (…)
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10 avril 2010, par Rodolphe Christin
Simone Dumenclin vivait à proximité de son calendrier. La première chose qu’elle faisait en se levant, c’était d’aller vérifier la date du jour. Elle l’auscultait avec nervosité, y revenait même plusieurs fois dans la journée, songeuse. La date du 13 juin figurait cerclée de rouge. Il était troublant de songer que cette date fatidique pouvait passer, aux yeux d’un étranger qui aurait aperçu la (…)
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6 septembre 2009, par Rodolphe Christin
Tout commence par le paradoxe de l’étendue désertique qui sans toi, qui que tu sois, ne parlerait jamais à personne car le désert est par endroits la matière première de sa formulation en signes de quoi ? - en signes de vie comme la brindille poussée de travers sur le sable en dessins pentus et obliques
Un itinéraire, le pas, le verbe, l’écriture et l’empreinte, traces, on suit sur (…)
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8 mai 2010, par Rodolphe Christin
En reprenant ses esprits le lendemain matin, Hector fut surpris de voir sa tête à deux doigts du derrière de bronze de Grazziella. La vue était superbe ; il est probable qu’avec quelques années de moins il eût cherché à intégrer ce paysage accueillant. Une coupe de fruits déposée en offrande, telle était l’image ridicule qu’il aurait utilisée pour décrire ses impressions s’il avait été (…)
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6 février 2010, par Rodolphe Christin
Cinq.
Dans son boudoir de la rue des amis, Clara n’était jamais en retard. Un rendez-vous est un rendez-vous. Courtoisie et professionnalisme l’obligeaient à un minimum de rigueur. C’était un principe auquel elle ne dérogeait jamais. En outre, son client Monsieur Dumenclin n’aimait guère attendre, comme tous les gens importants, ou plutôt : qui se sentaient importants. Personne n’est (…)
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27 février 2010, par Rodolphe Christin
Huit. Hector, tu vas me faire plaisir. Tu vas nous suivre sans râler, d’accord ? Sois gentil s’il te plaît.
La voix de Clara était claire, sereine, rassurante. Une voix pareille ne pouvait pas faire de mal, pensa l’homme d’affaires.
Kévin se tenait à distance, assis sur le bord de la table. Il n’avait pas quitté sa veste. Il observait la situation, très attentif. Parfaitement calme, (…)
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16 février 2004, par Rodolphe Christin
Un écureuil
harcelé par trois pies
Deux bottes
aux semelles de terre,
un manteau de pluie
Nos abris dans les arbres
le ciel, la terre
tous les bruits de la vie
Dernières lueurs. La nuit tombante emplit la forêt de signes furtifs. Assis sur une pierre couverte de mousse, je me souviens du mystère que l’enfant éprouve à l’orée du bois. De cette légère crainte, excitante (…)
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10 septembre 2012, par Guillaume J. Plisson,
Rodolphe Christin
Ce geste du bras avec au bout le chiffon blanc, le signal. « C’est bon, allons-y », souffla Égrégore. Civils, nous formions un commando uni. Les doigts d’un poing. Cette nuit, rien ne devait nous arrêter, ni les barrières ni la peur. Au loin grondaient les diesels des camions. Nos cœurs préparés battaient fort dans leurs cages. Le sang claquait le tambour de l’action. Ceux qui étaient connus (…)