- 22 janvier, par Régis Poulet
« Il est difficile de vivre et de mourir en beauté, mais il est tout aussi difficile tant de vivre que de mourir de façon profondément horrible. C’est là l’humaine condition », constate Mishima Yukio dans son commentaire du Hagakure (1967). Cette association de la mort, de la beauté et de l’horreur, trois ans avant son seppuku, n’est pas rare dans son œuvre. Dès ses quatre ans, rappelle-t-il dans Kamen (...)
- 21 avril 2023, par Anna Sprengel
Que les choses naissent, vivent, et meurent, en silence, dans notre plus entière indifférence. Aussi bien n’en faisons-nous cas que lorsqu’il est trop tard, lorsque, cassées, ou simplement laissées tomber, nous cherchons à les ranimer, ou à raviver leurs robes. Le règne des choses nous est si peu connu ; elles sont endormies le plus souvent mais non pas mortes, ni muettes, car pleines d’une parole qui (...)
- 16 novembre 2022, par Régis Poulet
L’image d’un René Char ancrant sa parole en Provence et, par extension, en Grèce, donc en Allemagne – puisqu’elle se considéra comme son héritière philosophique – eut la vie dure. La même liste à peu près invariable de philosophes, de poètes ou de peintres associés à cette aire géographique et culturelle revient avec l’évidence que l’œuvre de Char leur confère. Cependant, si Char n’est pas Michaux, son (...)
- 18 octobre 2022, par Muriel Détrie
Nicolas Bouvier a entrepris dès sa jeunesse de longs et nombreux voyages à travers le monde, mais de tous ces voyages, ce sont ceux qui l’ont conduit en Asie qui ont donné lieu aux récits les plus importants : la longue équipée qu’il a entreprise avec son ami Thierry Vernet de juin 1953 à décembre 1954 de la Yougoslavie en Afghanistan, puis poursuivie seul à travers l’Inde jusqu’à Ceylan où il est (...)
- 23 août 2022, par Victor Segalen
25.
MOI-MÊME ET L’AUTRE nous sommes rencontrés ici, au plus reculé du voyage. Ceci, au pied des derniers contreforts des plateaux étalés horriblement à six mille mètres de hauteur, plus désertiques et plus âpres que les pics les plus déchirés de l’autre Europe, ceci m’arrive, après cette étape, la dernière de celles qui prolongeaient la route ; la plus extrême, celle qui touche aux confins, celle que j’ai (...)
- 18 août 2022, par Victor Segalen
13.
DANS LE GROS TORRENT, LE BAIN est toute une aventure non prévue ; un sport vif et frais de toute la peau, qui n’a pas appris à se sentir, certes, dans toutes les représentations esthétiques du nu. La littérature et la musique sont peu instructives à cet égard, et ne sont pas en cause ici. Les peintres seuls ont abusé du bain, et se servent couramment du nu avec une candeur ridicule. On ne peut (...)
- 13 août 2022, par Victor Segalen
5.
LES PAS SUR LA ROUTE sont bons et élastiques. À peine hors du gîte, la route d’elle-même — absorbée au loin par l’horizon contourné — semble se mettre en marche, et me tire. La distance n’existe pas encore. Il ne suffit pas de marcher, on veut courir, ni de courir, on sauterait à droite et à gauche, volontiers. Au bout d’un certain nombre d’heures semblables, l’allure change : on s’avoue qu’il est (...)
- 10 août 2022, par Régis Poulet,
Victor Segalen
Préface
De Victor Segalen à Claude Lévi-Strauss et Paul Virilio, un bon siècle de cassandres ont dénoncé avec raison le danger de l’uniformisation planétaire. Claude Lévi-Strauss, dans Tristes tropiques (1955), déplorait les ravages de l’idéologie politico-économique du Même, et concluait à l’inanité des voyages. Paul Virilio mit en garde contre la réduplication du monde.
Nous savons où nous en sommes. (...)
- 7 août 2022, par Victor Segalen
Au dompteur éternel des cimes de l’esprit : Frédéric Nietzsche
TÖ-BOD
I
Des ailes... Non. Le vol plumeux n’a que faire aux sommets des cimes
Où jeux d’ouragans ne portent pas.
Ce n’est plus d’un frisson léger que se dompte ici cette rime.
Mais saccadant le roc sous mon pas,
A droit de vie à gré de mort, méprisant la plaine marine,
D’un pied dur j’aborde ta colline,
Bod, o Tö-bod, o (...)
- 8 décembre 2014, par Henri Copin
L’Exotisme littéraire, lié à la découverte d’un Autre inconnu dans un Ailleurs nouveau, naît du désir de partager l’émotion née de ces rencontres par le moyen de l’art. Forme de rêverie émue dans un espace lointain, réalisée dans une écriture, l’exotisme a à voir avec le voyage, il irrigue l’imaginaire, se nourrit d’images, et peut déboucher sur une connaissance, au-delà des clichés plus ou moins convenus. Tel (...)