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web révolution et social-démocratie - méditation
Déclaration de Tim Berners-Lee, créateur du protocole http et du html à l’origine du web public, et du World Wide Web Consortium (W3C) pour l’unification internationale des codes. Le samedi 12 janvier à 12h 06, au forum semantic-web@w3.org :
Aaron is dead.
Wanderers in this crazy world,
we have lost a mentor, a wise elder.Hackers for right, we are one down,
we have lost one of our own.Nurtures, careers, listeners, feeders,
parents all,
we have lost a child.Let us all weep.
timbl
Aaron est mort.
Vagabonds de ce monde fou,
nous avons perdu un mentor, un vieux sage.Hackers pour le droit, l’un de nous est tombé,
nous avons perdu un des nôtres.À ceux qui éduquent, étudient, écoutent, nourrissent
à tous les parents,
nous avons perdu un enfant.Pleurons.
Timbl
Je viens tard... mais il faut lire beaucoup — y compris Aaron Swartz — pour comprendre le sens des réflexions autour de la mort de Aaron Swartz. Et finalement, après la présentation qui lui est dédiée, et l’hommage en quelques mots on ne peut plus clairs ni solidaires et sans réserve de Tim Berners-Lee, je reviens sur la réserve éthique exprimée par Lawrence Lessig dans ses deux premiers blogs, après la triste nouvelle, comme une crise de conscience venant alourdir le chagrin et le désespoir. Il paraît ne pas avoir pris conscience en temps voulu de l’impact du renforcement des menaces sur le jeune homme et les conséquences de son isolement éthique, matériel, et financier, parmi ceux qui auraient pu l’aider mais refusant d’assumer la défense de ses actes avaient pris une prudente distance, en un lieu où ce n’était pas la fierté de Swartz qui allait lui permettre de les appeler.
On peut même considérer que sans tapage il avait été de fait viré de la commission éthique de Harvard contre la corruption à l’initiative de Lessig, du moins le pria-t-on de s’en désolidariser, parce que dans sa note biographique sur www.aaronsw.com/, où toutes les références sont soigneusement liées, il manque étrangement deux — et seulement — liens corrélativement associés à l’action institutionnelle avec Lessig : celui qui normalement devrait se trouver sous « Fellow at the Harvard Ethics Center Lab on Institutional Corruption », et celui qui sevrait se trouver sous « Change Congress ». Pourtant ils existent :www.ethics.harvard.edu, et http://fixcongressfirst.org/, notamment sur les questions du changement climatique et l’argent.
Ce n’est pas vraiment son sentiment de culpabilité qui m’intéresse mais sa difficulté d’aimer un hacker sans pouvoir le défendre — non la question de la séduction mais celle de la contradiction pratique entre l’action parlementaire et juridique, et l’insoumission, ce que les américains appellent la désobéissance civile (qui n’est pas de l’ordre du crime mais de la liberté de penser et d’agir en conséquence, et ce qui, en principe, fait partie des fondamentaux des droits de l’homme).
Il y a la carrière, mais d’une façon plus complexe la nécessité de garder une crédibilité institutionnelle chez ceux qui ne sont pas des activistes de la désobéissance, mais comme ceux-ci revendiquent le même objectif, les libertés et l’égalité, justement ils devraient être amenés à les défendre sur le terrain légal et institutionnel. C’était le cas de la stratégie dialectique entre les personnalités du front démocratique et les militants insurrectionnels, dans les années 70 en France.
« [...] Depuis son arrestation le 11 janvier 2011 tôt le matin — deux ans jusqu’au jour où Aaron Swartz a fini sa vie, — j’en ai su davantage à propos des événements qui commencèrent cette spirale que je n’aurais voulu en savoir. Aaron m’a consulté comme un ami et un avocat. Il a partagé avec moi ce qui s’était passé et pourquoi, et j’ai travaillé avec lui pour trouver une façon de l’aider. Quand mes obligations envers Harvard ont créé un conflit rendant impossible de continuer en tant qu’avocat, j’ai continué en tant qu’ami. Pas suffisamment en bon ami, sans aucun doute, mais rien n’entraîna cette amitié vers le doute.[...] »
Larry Lessing, Prosecutor as bully, Lessig Blog, v2, 12 janvier 2013
« [...] Je déteste mon optimisme perpétuel envers notre gouvernement. Aaron a été enterré le jour du dixième anniversaire du moment où cet optimisme m’avait le plus sévèrement mordu — Eldred contre Ashcroft [6]. Mais combien d’autres exemples sont là, et pourquoi ne puis-je jamais en apprendre ? [...] »
Larry Lessing, A time for silence, Lessig Blog, v2, 18 janvier 2013
Larry Lessig lui aussi déclare implicitement une responsabilité de sa part, et fut-il un de ses amis [7], en tant qu’éminent spécialiste juridique du droit ayant rencontré Aaron Swartz au moment où celui-ci, à 15 ans, concourait aux sources de Creative Commons [8] : de ne pas avoir accepté le principe du hacking pour le droit, contrairement à Tim Berners-Lee qui poursuit de le défendre en s’en revendiquant. L’objet n’est pas de dire le bon ni le mauvais, mais de montrer à quel point les gens représentatifs du web peuvent être aujourd’hui divisés par les années de répression sécuritaire qui ont marqué le monde depuis 2001, entre ceux qui ont inventé le web public et le logiciel libre restés près des utilisateurs, et ceux qui l’ont légiféré serait-ce pour le défendre, comme Lessig a pu le faire face au copyright avec les licences Creative Commons, jusque dans l’hommage unanime rendu à un hacker [9].
Pour information : Larry Lessig Responds – Says Swartz’s Alleged Actions Crossed Ethical Line (20 juillet 2011 — réponse de Lessig à une interpellation fraternelle à propos de Swartz, le lendemain du jour où le grand jury du tribunal fédéral appelé par la juge Ortiz rendait public l’acte d’accusation chargeant Swartz de « fraude électronique, de fraude informatique, pour obtenir illégalement des informations depuis un ordinateur protégé, en endommageant imprudemment un ordinateur protégé ».
Compte tenu de sa spécialité et de sa charge professorale à Harvard, de ses engagements propres dans les licenses libres concurrentes du copyright, et de ses engagements à l’université et devant le Congrès contre la corruption, Lawrence Lessig ne pouvait pas se permettre la moindre concession pouvant affaiblir sa propre crédibilité éthique sur le principe de la légalité et de la loi, même à un ami. Et au fond s’il insiste tant dans son premier blog après la mort de Aaron Swartz pour dire qu’il est toujours resté son ami en dépit d’avoir cessé de le défendre, et y revient dans le second blog c’est qu’il sait bien qu’en réalité il l’a lâché de son vivant, vraiment lâché, et par réserve légaliste.
Après l’avoir défendu, cesser de le faire revenait à le désavouer moralement et institutionnellement, à lui dérober — et le pire, avec son consentement et sa compréhension amicale devant les obligations institutionnelles de Lessig, — des armes psychologiques et affectives où Aaron Swartz trouvait la force de poursuivre face à la procédure qui le frappait.
Et à partir du moment où Lessig n’a pas pu dépasser de ne considérer les problèmes de Swartz qu’en termes éthiques, selon les conventions du système du bien et du mal, c’est à dire insoluble avec l’éthique du hacker, cette situation le rendant par conséquent inutile il ne pouvait que prendre sa distance. Rien de surprenant qu’il n’ait réalisé que le compte à rebours, qui étreignait son ami au dehors comme au dedans, aille mener celui-ci à la mort — à partir du moment où il refusait de plaider coupable, refusant le déshonneur, — mais en acceptant le déshonneur il tuait le hacker du droit et le développeur libre, et donc allait par une autre voie mais encore au suicide (c’est exactement ce qui arriva à Turing sous un autre chef d’inculpation, cité au mémorial de Washington pour Aaron Swartz). À lire le bog du 12 janvier de Lessig, on arrive à se demander si, en toute logique de la position de juriste de Lessig, il n’aurait pas finalement cautionné la pression de la justice sur Swartz pour le faire plaider coupable, pourvu qu’il y eut une rémission de peine à la clé (ce qui n’était même pas certain mais par contre aurait certainement fait tourner court à la légitime défense des hackers pour le droit).
D’ailleurs il est remarquable que les conclusions publiées après la mort de Swartz par un expert du staff de sa défense, loin de déclarer un acte politique ait endossé une version soft — l’irresponsabilité — de l’aveu attendu par les juges :
« [...] Si j’étais monté à la barre comme prévu et avais été interrogé par le procureur pour savoir si les actes d’Aaron étaient "mauvais", je lui aurais probablement répondu que ce qu’Aaron avait fait serait mieux décrit par le terme d’« inconsidéré ». Inconsidéré de la même manière que... nécessaire pour l’histoire du papier 101 de feuilleter tous les livres d’une bibliothèque. Il est inconsidéré de télécharger un tas de fichiers partagés en wifi... mais aucune de ces actions ne devrait mener une jeune personne à être traquée pendant des années et hantée par la possibilité d’une peine de 35 ans. [...] »
Alex Stamos, 12 janvier 2013.
Cette version propose gentiment de considérer Swartz comme un jeune homme psychiquement « dérangé ». S’il a refusé de plaider coupable on voit mal comment il aurait pu accepter ce genre de défense. En outre, entre l’hôpital psychiatrique sous la surveillance de la justice et l’administration pénitentiaire de la prison : quel est le mieux ? Une troisième voie peut-être, les neuroleptiques ? Une camisole chimique, comme il avait déjà été traité quelques années auparavant... mais si on met auparavant de côté, on revient à Turing, car les œstrogènes ce n’était rien d’autre qu’une camisole chimique à visée préventive (dans la logique de la justice).
C’est-à-dire que de Lessig à Stamos, des raisons du retrait à la posture du plaidant, on voit toute la défense accomplir elle-même le système judiciaire.
Malgré toute l’affection et l’attention sincères exprimées dans la déclaration de Lessig, elle arrive sans doute un peu tard, puisque le jeune homme encensé et honoré vient de mourir. Mais elle traduit que le problème de division éthique/ affect demeure, qu’il n’y a toujours pas d’éthique conciliable avec l’ami perdu. Plus tard, dans le même blog, il dira qu’Aaron était coincé de toutes parts, que sa fortune (Reddit) avait fondu en un an de procédures et de défense, et qu’il n’avait plus un sou pour se défendre, mais que personne ne pouvait l’aider sur ce plan, même pas lui Lessig, tant la procédure et la défense étaient coûteuses :
« Dans ce monde, la question à laquelle le gouvernement doit répondre c’est pourquoi il était tellement nécessaire que Aaron Swartz ait été qualifié de « criminel ». Car, dans les 18 mois de négociations, là fut ce qu’il n’était pas disposé à accepter, ce fut donc la raison pour laquelle en avril il se retrouva face à un procès d’un millions de dollars — sa richesse exsangue, tout en n’étant pas en mesure de faire appel ouvertement à nous pour l’aide financière dont il avait besoin pour financer sa défense, du moins sans risquer la colère d’un juge de la cour de district. Et putain, autant injuste pervers et salement triste que ça, je vois maintenant comment la perspective de cette bataille sans défense a joué, pour donner à ce garçon brillant mais troublé le sens d’y mettre fin.
Cinquante ans de prison, impute notre gouvernement. D’une certaine manière, il faut aller au-delà du "J’ai le droit donc j’ai le droit de vous mettre une bombe", éthique qui domine notre temps. Et cela commence par un seul mot : Honte.
Un mot, et des larmes sans fin. »
Brillant mais « troublé » — beaucoup seraient troublés à moins. Lire l’émotion d’un homme en larmes - on veut bien le croire — qui vient d’exprimer la violence de la douleur, justement la violence de la douleur ressentie par son ami Aaron acculé à l’absence d’un choix vital, — et poursuivre de le définir comme un garçon à l’ordinaire troublé, alors que la situation outrepasse la possibilité d’être retournée — trop grosse pour ne pas être fatale — dénote quand même une anomalie ou une force de refoulement (tellement il serait insupportable de ressentir la douleur qu’a pu éprouver son ami au moment de sa dernière décision) terriblement grave — en termes significatifs d’impossibilité d’aide en amont également — de la part de Lessig. Je pense que Swartz les a tous cloués, du début à la fin. Fulgurant.
Deuxième conformisme en dépit d’une grande amitié avec un non conformiste, alors que le conformiste était sensé représenter le camarade de confiance nu non conformiste, partageant les mêmes idéaux sociaux et politiques mais d’y parvenir par d’autres moyens, capable de penser la défense critique, du moins au début de l’affaire, et que clairement il n’avait pas revu Aaron Swartz depuis un moment, (donc étant incapable d’imaginer comment la situation avait pu le transformer)... Quand tout au contraire Taren Stinebrickner-Kauffman qui l’avait vu la veille au soir et le découvrit pendu l’après midi du jour même, pour vaincre la tristesse qui la dévore, cherchant à comprendre et après s’être renseignée pour confirmer sa perception et le souvenir de son ami et compagnon de travail dans les derniers mois, les derniers jours, et les dernières 24 heures, assure connaissant la fragilité antérieure de Aaron Swartz qu’il n’était pas en état de dépression [10]. Et on la croit bien volontiers, pour peu qu’on accrédite la version du suicide, parce que sinon, comme nous l’expliquions à propos des dépressions dues à des états de choc, il ne serait pas parvenu à se suicider de cette façon.
Mais qu’être parvenu au terme des ressources pût poser une question de vie ou de mort pour Aaron Swartz (certes pas celle de s’alimenter), cela ne paraît pas lui avoir effleuré l’esprit auparavant ou alors il en avait pris son parti en souhaitant simplement que Aaron trouverait lui-même sa solution — de s’accommoder de la répression en attendant que tombe du ciel une clémence gouvernementale. Ce qui est étrange, c’est que le péril dépressif annoncé par le choc, le risque de suicide, fut déjà connu par tous, puisque cela fut transmis au bureau du procureur et au juge, bien qu’en vain. Et Lessig ne l’aurait pas su ?
Alors on a soudain le sentiment — plutôt un raisonnement, on se dit logiquement — que seule une défense politique conviant les médias sur la question du hacking pour le droit, dans une démocratie qui défait les droits, aurait pu donner une chance à Aaron Swartz [11].
Que pour sauver son propre statut Lessig n’ait pas poursuivi d’aider Aaron Swartz dans sa défense légale était une chose légitime et compréhensible, et même pour l’intérêt commun vus les enjeux en commun de ses engagements de défense des droits communs, mais qu’il se soit senti obligé (ou tout simplement selon une pensée du bon droit — la loi — et du mauvais droit, — la constitution appliquée sans intermédiaire légal ni juridique), d’exercer une croyance dans la légalité, plutôt qu’admettre qu’il s’agît d’un combat inégal, en est une autre : c’est-à-dire une défaillance de l’analyse institutionnelle non matérialiste (historique) de Lessig. Le problème des grands démocrates qui le restent même quand la démocratie n’en est plus une selon sa charte fondatrice, c’est-à-dire quand l’heure est venue de la combattre pour restaurer le droit, c’est qu’ils poursuivent de crédibiliser la loi, serait-elle devenue scélérate : c’est la loi. C’est la social-démocratie.
Or Swartz décidément était — à travers tout ce que j’ai pu lire de lui dans mon traducteur google pour aller au plus vite — un type génial. Car le temps passe vite et les lois contre le droit s’étendent de plus en plus en punissant physiquement et matériellement, pendant que nul ne parvient à empêcher les guerres nucléaires de pénétration au dehors. Un blocage de fait du progrès de l’appropriation et du retrait des droits civiques et individuels s’impose au dedans.
En fait Aaron avait parfaitement analysé la situation de la domination de l’exploitation et du pouvoir armé (de la loi criminelle, de la police, des services secrets) et avait compris qu’il fallait mener les deux combats à la fois (il suffit de lire tous ses textes et déclarations tactiques pour le comprendre, on les trouve partout dans ses propres sites et reproduits sur le web). Un combat légal et un combat clandestin actif, c’est à dire à l’acte même de la guérilla non violente mais ciblée [12].
Admettre la capacité de requérir les moyens démocratiques et institutionnels de Aaron Swartz sans admettre le deuxième front de désobéissance civile aux lois de la privatisation, c’est-à-dire le principe déterminé de la guérilla à l’acte même du hacking pour le droit (non le hacking punitif — enfin en tous cas pas au premier plan — mais le hacking du partage), c’était édifier la démocratie devenue criminelle ; l’inverse était édifier le combat citoyen populaire dans un processus révolutionnaire pour la reconquête des droits étendus au nouveau monde.
On suppose bien que Wikileaks et Anonymous étaient sinon des alter-identités de Aaron Swartz du moins des amis à lui, au reste, ce n’était pas cet activisme qui lui fut reproché, parce que ce n’était pas celui qui l’intéressait prioritairement à l’inverse de sa première compagne, la journaliste et activiste connue Quinn Norton. Celui qui lui a été reproché était précisément affecté au champ démocratique et à sa transparence, particulièrement de la loi qu’il avait empêchée, les lois SOPA et PIPA, dans le domaine du partage de la connaissance en accès libre et la « récupération » populaire des sources gratuitement appropriées et constituées en capital de la connaissance pour un accès sélectif et commercial.
De la part d’un démocrate ayant un statut de législateur exemplaire, ne pas admettre cette dimension de Swartz tout en se disant son ami, — car au fond dès le RSS 1 il était là-dedans, et Reddit c’était une quintessence du réseau social, — c’était l’exploiter dans sa fabuleuse énergie positive et son charisme, et son potentiel public, tout en le trahissant sur le fond de son mode d’existence et de pensée politiques (proches de Assange mais beaucoup plus franc en matière de résolution citoyenne — la réalisation citoyenne elle-même par la transmission de la connaissance — dont la communauté cognitive des hackers non livrée à une hiérarchie.
Pensée tactique pourtant pas si singulière que ça mais une vraie pensée politique chez Swartz — pas seulement une pensée critique mais un projet social qui se réalise en même temps que le combat se mène — c’est certain. Cela avait déjà été pensé dans le communisme de guerre. Mais le pas n’était pas aisé à franchir pour des pacifistes, qu’un pacifiste comme Aaron Swartz pût recourir à un activisme organique entre sa vie son champ d’activité technique et son double activisme pour rétablir la démocratie de fait comme de droit. Ce n’était pas dans la bulle du démocrate qu’est Lessig (que je respecte beaucoup, comme tout notre milieu qui apprécie et a recours à Creative Commons), qui a marqué une faiblesse idéologique grave sur le front des luttes, de ne pas s’adapter à la situation qu’elles ne soient plus plus alternatives comme à la fin du siècle dernier et au tout début de celui-ci, mais impératives. Les luttes se sont durcies depuis dix ans, parce qu’elles affrontent ce qu’il advient des social démocraties quand elles s’allient, quand elles commencent à tricher contre les droits individuels et collectifs, de finir par les trahir radicalement.
À propos de la compréhension de Swartz, on ne va pas décrire mais on cite la fin de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht — et des spartakistes — advenue par la social démocratie allemande, face aux grèves insurrectionnelles, un des pires moments répressifs de la social démocratie plutôt que la révolution, — le pire, avant celui travesti en bienveillance de fer, mais non moins dur (puis qu’il y a guerre et xénophobie), que nous connaissons aujourd’hui et par conséquent ; le plus significatif, car il s’évalue à l’époque de la montée du syndicalisme révolutionnaire. Pourtant où l’on assassinait on pousse au suicide. Mais le suicide du combattant acculé à disparaître honoré est un appel à la révolte, justement parce qu’il s’est dérobé à l’assassinat — ou à l’incarcération. Son dernier geste a été le choix d’un homme libre, insoumis.
De toute évidence nous n’étions ici ni dans la violence contre autrui ni dans l’auto-défense du combattant — sinon par défaut du corps et peut-être même des biens compromettants, en tous cas.
La pensée de Aaron Swartz était réfléchie par rapport à l’ensemble de la communauté et de la société, et par rapport à l’histoire des guérillas de libération victorieuses, mais vraiment originale et nouvelle dans la mesure où le dispositif de Swartz est le contraire du terrorisme — puisqu’il y avait une application citoyenne immédiate (JSTOR) du passage à l’acte révolutionnaire de la réappropriation et de la redistribution des richesses virtuelles, en même temps qu’un combat légal à long terme se menait au Congrès.
Aussi parce que c’était un pacifiste dans le fond de lui-même, dans la générosité et le commun, il avait d’autre part compris qu’il était inutile de retourner aux références de la lutte armée pour la libération du Viet Nam (référence de Assange dans ses premiers blogs — que Swartz avait peut-être aidé mais ce serait bien réducteur de Swartz et ignorer le dispositif de ce qu’il a fait été écrit lui-même, que de le voir ainsi), parce que les cibles étaient sur des territoires disjoints : la défense de la démocratie sur le terrain institutionnel d’une part, la guérilla contre les vecteurs criminels du paiement de l’octroi, — la reproduction virtuelle du Moyen Äge — dans leur lieux d’appropriation communicationnelle du patrimoine public devenu un capital virtuel, d’autre part : c’est à dire un double combat simultané, cohérent (je veux dire dialectique — sans duplicité. Dialectique parce qu’on imagine très bien comment un champ pouvait évoluer selon le progrès de l’autre, entre répression et progrès).
Contrairement à ce que je pensais ce n’était pas du tout une démission volontaire pour les arranger face à ses positions et ses comportements politiques (que d’aucuns ont toujours beau jeu d’attribuer au caractère s’agissant en réalité d’une structure — celle de l’intelligence vagabonde elle-même), mais bien une prière de ficher le camp qui lui avait été notifiée par ses propres partenaires productifs et commerciaux.
Donc c’est clair : ce sont les mêmes raisons, peut-être sa singularité libertaire — rester libre de décider ce qu’il voulait faire de son temps entre activité et activisme, — pour lesquelles Lessig avait mis des réserves dans le crédit qu’il accordait à Aaron Swartz sur le versant hacker pour le droit : la question de la réalisation du droit fondamental de l’open access dans la vie et sur le net, dans un système légal qui non seulement l’interdit (sait) mais le criminalise (ait) — et qu’il aurait donc fallu admettre ? [13].
En 2010 Swartz partait à l’assaut légal contre SOPA et PIPA, et en 2011 à l’assaut illégal contre l’appropriation criminelle d’archives pour lesquelles ni les revues numérisées ni les prestataires de ces revues n’étant indemnisés forcément leurs contenus ne pouvaient qu’appartenir au domaine public et en donner le libre accès, et ce fut JSTOR. Voici des actions publiques qui n’avaient rien de secret, à partir desquelles on peut vérifier son entière cohérence méta-politique où la théorie et la pratique font partie de son activisme unitaire (je parle bien là au sens de l’urbanisme unitaire chez les situationnistes, et notamment chez Constant : je retrouve exactement une pensée interférente et situationnelle du mode de vie et du numérique chez Swartz semblable à celle de la ville et de l’urbain et du mode de vie chez Constant, avec un bond sémiotique et les langages qui procurent tout le dynamisme du modèle à la fois numérique et vivant chez Swartz).
C’était vraiment novateur, pas post quelque chose, mais une pensée originale hackée entre le situationnisme et les mouvements de libération marxistes et Gandi. Peut-être que Swartz ne savait pas l’histoire des situationnistes de Strasbourg, (le 18 janvier, lors du Memorial de Washington, Tim Berners-Lee a insisté sur le fait que Aaron Swartz avait énormément lu, qu’il lisait beaucoup), mais je donne cet exemple pour comprendre, que lorsque Khayati et Vaneigem ont publié De la misère en milieu étudiant, texte principalement de Khayati, ils l’ont fait en prenant la caisse du syndicat des étudiants pour payer le papier et l’imprimeur. C’était redonner l’argent cotisé pour sa juste cause, et non pour payer des frais bureaucratiques. Les amis de Jean Eustache et lui-même ont payé son premier film, un court métrage que vous ne verrez jamais mais dont les survivants ne nieront pas qu’il ait été tourné, avec la caisse des Cahiers du cinéma — pour payer le laboratoire ; c’était retourner à qui de droit sans un sou et sans études universitaires ce qui lui revenait du droit de faire du cinéma, l’argent de la théorie prescriptive afin de soutenir la tentative de s’arracher à une condition en faisant acte d’une autre, celle du cinéaste. Là c’était un peu d’argent détourné, des deux côtés, mais pour la bonne cause. Concernant Swartz il n’a rien volé, sinon qu’il a pris quelque chose appartenant à tout le monde et qui se trouvait enfermé dans un site clos, pour le rendre à tout le monde en le plaçant dans un site ouvert.
C’était une création en matière d’innovation de pensée révolutionnaire — pragmatique. Pourquoi a-t-on peur d’utiliser ce mot ? Oui pour une fois on n’avait pas à pleurer sur le passé des révolutions postmodernes qui n’avaient pas eu lieu sinon en termes d’instants, aux utopies non seulement défaites mais retournées, car là on avait soudain une pensée révolutionnaire nouvelle, sans projet utopique, en réalité pratique des changements dans un activisme de chaque jour.
Ce n’était pas qu’un manifeste et de la communication, Swartz avait réalisé un art tactique sur les deux plans de l’activisme révolutionnaire.
Les résistants aux fascismes dans la dernière guerre mondiale n’avaient aucun impact possible dans le domaine légal, ils n’avaient que le champ de la guérilla et le sabotage pour combattre. Aujourd’hui nous sommes dans un monde entre deux mondes où la guérilla non violente (et appliquant le principe constitutionnel au pied de la lettre — 1er et 4e amendements) est nécessaire, tandis que le combat légal pour maîtriser le processus de détournement ou de fabrication des lois scélérates doit être aussi mené sur un plan institutionnel (nécessaire mais insuffisant d’où le hacking).
C’est à dire que Lessig n’avait pas encore tout à fait compris, au moment où il écrivait à chaud ce texte exprimant tant de douleur, et de culpabilité détournée, que la société qui a tué Aaron Swartz, (où Steve Jobs avait réussi et même Bill Gates, qui chacun de leur côté commis un exploit de hacker), est une société sous occupation de son territoire virtuel par une classe internationale qui s’approprie le monde, et que cela devient peu à peu — et c’est presque entièrement réalisé mais pas tout à fait — réductible à la loi. C’est donc bien le problème de la loi en lui-même qui est la serrure à déverrouiller, celle de la prise de possession actuelle soutenue la loi qui progresse, et qui tend à clôturer radicalement plutôt qu’à ouvrir. Le problème c’est contre tout ce qu’on avait imaginé possible que la domination globale parvient à sa réalisation de fait par l’abus, et le clôture par la loi, non pas la loi pour le permettre mais la loi pour obliger.
Je pense que le Hacker Manifesto de McKenzie Wark permet de comprendre aussi cela — du moins les processus de l’innovation et de la loi par lesquels ça se construit dialectiquement. Pour le reste il faut avoir une petite curiosité sur la pensée des guérillas violentes et des guérillas non violentes. Swartz était clairement un activiste non violent, alors s’il avait franchi des frontières ce n’était sûrement pas celles du crime, c’était retourner chez soi, reprendre son droit — comme les premiers hackers au temps de l’enclosure : JSTOR par exemple. J’ai souvent eu recours aux premières pages des articles proposés sur JSTOR je n’ai jamais pu aller loin, n’étant ni une universitaire pour l’abonnement forfaitaire ni une cliente potentielle (ne disposant de la somme nécessaire pour acheter les articles à l’unité). JSTOR contient beaucoup d’articles de sciences humaines et de critiques historiques ou esthétiques à propos de la littérature internationale. Tous ces articles viennent de revues qui ne sont pas toutes des revues universitaires, mais, par exemple des revues littéraires. C’est ainsi que j’ai découvert l’existence d’un intérêt de TS Eliot pour Charles-Louis Philippe, dans des articles vieux de plus d’un demi siècle. Ensuite j’ai trouvé une édition anglophone du livre de l’auteur français avec la préface de T.S Eliot, en réalité celle qui avait été étudiée dans l’article. Encore fallait-il pouvoir l’acheter. Il aurait été si simple que j’aie un libre accès à l’article intégral détenu par JSTOR ! Voilà un exemple de l’usage qui peut être fait de la mise à disposition pour tous de ces archives en libre accès, (je veux dire pas seulement réservé à des corporations intellectuelles)...
Concernant ces articles, c’est évidemment un patrimoine public, tombé dans le domaine public et néanmoins il faut payer. Pour les autres articles, ni les revues ni les auteurs vivants n’ont jamais été rétribués pour le commerce du fruit de ces recherches — en général produites gratuitement — et de ces publications.
Ce qui nous arrive à la bibliothèque nationale est ce qui est arrivé avec JSTOR. D’ailleurs les logiciels utilisés sont les mêmes — ProQuest ou une version de ProQuest en France. Très étrangement, le harcèlement de Aaron Swartz pour avoir libéré des sources de JSTOR — peu importe que ce fut en les téléchargeant afin de pouvoir les redistribuer envers et contre leur site source (fermé), — est survenu pendant que s’élaborait en France l’appropriation commerciale du domaine public de la Bibliothèque nationale pour l’échange de sa numérisation, alors que le domaine public n’appartient pas à la Bibliothèque nationale, elle n’en est que le gardien ; ces archives appartiennent au public, on ne peut les lui substituer sans changer beaucoup de règlements légaux. Nous avons donc ici aussi notre lutte à mener, nos droits à restaurer.
Même s’il n’était pas surprenant que Aaron Swartz ait contribué secrètement ou discrètement à diverses opérations des anonymous ou à aider Wikileaks, ne serait-ce que notoirement en contribuant avec la conception du logiciel Tor2web, (toujours dans une perspective de transitivité démocratique de l’information par rapport à l’étanchéité de Tor, qu’il accompagne de cette façon contre l’appropriation corporatiste), en savoir davantage n’apporterait rien, parce que c’est pour ses actes publics qu’Aaron Swartz a été poursuivi jusqu’à en mourir. C’était cela à l’acte même — son activisme public, brillant — qu’il fallait détruire et discréditer, parce que c’était là que s’exprimait sa singularité révolutionnaire créative de nouvelles pratiques possibles pour d’autres, et surtout capables de mobiliser des masses (1.000.00 d’adhérents à Demand Progress contre les listes noires de SOPA) et d’aller débattre dans les commissions du Congrès jusqu’à convaincre.
Lors de la cérémonie commémorative au Mémorial, à Washington D.C., Alan Grayson de la Chambre des représentants a évoqué Socrate condamné à boire la cigüe (trois chefs d’accusation l’accablaient : corruption de la jeunesse, impiété, et introduction de nouvelles divinités dans la cité) — on remarque ici : Aaron : 13 chefs d’inculpation pour l’amener à décider lui-même de se tuer. Il a également évoqué Alan Turing, la mathématicien britannique qui a inventé le cryptage informatique et l’ordinateur, il a également conçu un modèle bio-mathématique de la morphogenèse animale et végétale. Le cas de Turing est aussi édifiant dans la mesure où il est plus proche de nous et évoque une singularité privée, ce qui renvoie à la singularité privée quoique différente mais exprimée en matière de psychologie et d’écriture sensibles de Aaron Swartz, et dans le cas de Alan Turing c’est l’homosexualité : en 1952 Turing fut poursuivi par la justice britannique parce qu’il était homosexuel et c’était alors illégal ; pour échapper à la prison il dut accepter la castration chimique en absorbant des œstrogènes au long d’un an et son corps se modifia intérieurement et extérieurement, au point que lui survinrent, par exemple, des seins monstrueusement gros ; il se suicida en avalant du cyanure, en 1954. De ces deux exemples Grayson définit la fabrication des sacrifiés par la loi américaine conformiste face à l’inattendu, face à l’innovation. Il a dit que les lois américaines actuelles fabriquaient des sacrifiés — pour échapper à la loi, ou bien n’y échappant pas : sacrifiés par elle en termes d’internement ou de dépossession et de dénuement, — et donc forcément suggérant l’échappée vers le suicide.
Si de telles comparaisons permettent une approche sensible de la situation décalée d’un novateur comme Aaron Swartz, dans la société réglée par des lois conformistes et réactionnaires, par contre, au point d’activisme cohérent où il était, tant public et intégré dans le réseau associatif, — à commencer par le travail sur le code qui est souvent un travail en partage à plusieurs, — son suicide ne pouvait pas être l’objet seul de sa résolution solitaire, forcément il allait signifier quelque chose pour les autres. Et là il mourrait épuisé mais invaincu, acculé mais invaincu — avant d’être saisi vivant et dépouorvu de sa liberté d’agir et même de penser (puisque la pensée d’Aaron Swartz c’était aussi celle de réfléchir en vue de se déterminer à agir). Il s’est donc déssaisi de sa vie pour l’arracher des mains de ses juges.
Étant devenu d’abord un activiste combattant pour les droits, partenaire d’autres activistes, son acte sur les archives de JSTOR, fut-il réalisé en solitaire, était en réalité une cible désignée entre amis, comme l’a évoqué Brewster Kahle d’archive.org dans une note qu’il avait publiée dans ce site, où il déclarait se sentir en partie responsable d’en avoir trop parlé ensemble, tellement l’abus commercial de JSTOR était provoquant au point d’être devenu un sujet de discussion obsessionnelle. Et cela avait pu constituer une sorte de pression involontaire — mais en tous cas se constituer en passage à l’acte (déloger ces archives de leur forteresse)... Mais la chose étant faite, il n’y avait rien à regretter, le problème était posé (et il deviendra difficile pour JSTOR de ne pas redonner davantage d’accès libre à ces archives numérisées de longue date, à l’avenir) [14].
Suicide non pas du type qui capitule, ni suicide gratuit, ni suicide dépressif, mais suicide d’un type épuisé qui se sert de la dernière arme qui lui reste pour combattre, en envoyant un message fort à ses camarades — ceux qui partagent les mêmes idées sur et dans le web. Avec son suicide il dit qu’un seul ne suffit pas pour agir — JSTOR. Il dit : je ne peux plus agir autrement pour les autres qu’en les appelant à combattre à ma place. .Je retire mon corps de là où on allait le prendre. Je vais frustrer politiquement ceux qui allaient le prendre en leur soustrayant mon corps radicalement.
Suicide dans ce cas non pas l’impuissance mais au contraire le geste irréversible de l’insoumission radicale de celui qui a été acculé à ne plus vivre ni agir à l’air libre.
En conclusion la seule grande personnalité du web qui ait fait un message solidaire adapté, profondément juste et pertinent, et aussi un hommage, pour ce qui reste à faire maintenant exactement dans le sens de la vie de Aaron Swartz, après lui : à part les hackers anonymes, ce n’est sûrement pas Lessig qui n’est pas un codeur, c’est Tim Berners-Lee, l’inventeur du protocole http et du code html à l’origine du web public, la personnalité internationale la plus représentative du web :
http://www.w3.org/People/Berners-Lee/
La version résumée de son envoi sur twitter est encore plus claire :
Aaron dead. World wanderers, we have lost a wise elder. Hackers for right, we are one down. Parents all, we have lost a child. Let us weep.
Aaron est mort. Vagabonds du monde, nous avons perdu un vieux sage. Hackers pour le droit, l’un des nôtres est tombé. À tous les parents, nous avons perdu un enfant. Pleurons.
— Tim Berners-Lee (@timberners_lee) January 12, 2013
Lawrence Lessig paraît enfin ouvrir les yeux sur une réalité qu’il n’avait pas encore totalement admise, que seule la perte douloureuse d’un ami pouvait lui dévoiler, celle de l’impossibilité du seul combat légal dans une démocratie qui a rendu légale l’illégalité constitutionnelle. Où Aaron Swartz avait agi sur deux plans à la fois, le plan légal et le plan hacker, c’était là que se nouait le fond du combat pour vaincre le monde qui allait provoquer ça.
http://www.huffingtonpost.com/lawrence-lessig/aaron-swartz-suicide_b_2467079.html.
Louise
À savoir :
« [...] Je crois que la mort d’Aaron a été causée par l’épuisement, par la peur et l’incertitude. Je crois que la mort d’Aaron a été causée par une persécution et les poursuites qui l’avaient blessé au long de deux ans (qu’est-il advenu de notre droit à un procès rapide ?) et qui avaient déjà épuisé la totalité de ses ressources financières. Je crois que la mort d’Aaron a été causée par un système de justice pénale qui donne la priorité au pouvoir sur la miséricorde, à la vengeance sur la justice, à un système qui punit des innocents qui au lieu d’accepter les bons plans de plaidoyers qui les caractériseraient comme des criminels à perpétuité ont tenté de prouver leur innocence, par un système où les incitations et les structures du pouvoir amènent des procureurs à détruire la vie d’un novateur comme Aaron dans la poursuite de leurs propres ambitions.
[...]
Demandez-vous ce qui suit : si le 10 janvier, Steve Heymann et Carmen Ortiz, au bureau du procureur américain du Massachusetts, avaient appelé l’avocat d’Aaron pour lui dire qu’ils allaient admettre leur erreur et apurer tous les frais — et d’ailleurs même pour dire qu’ils étaient prêts à proposer un accord de plaidoyer raisonnable qui ne marque pas Aaron comme un criminel pour le reste de sa vie — Aaron se serait-il tué le 11 Janvier ?
La réponse est incontestablement : non. »
Taren Stinebrickner-Kauffman,
Why Aaron died, TarenSK "The Revolution Will Be A/B Tested", 4 février 2013).
À moins que ?
Hardest view by Stephen Lendman in Freedom’s Phoenix
Source :
Moti Nissani,
Sunday, January 13th, 2013 | Posted by Moti Nissani
Who Killed Aaron Swartz ?. in VT, January 13, 2013 ?
Le site memorial de Aaron Swartz rememberaaronsw.com.
Son site personnel avec ses textes Raw Thought.