Romancier et poète français engagé, d’origine sociale pauvre, fils de sabotier, né Louis Philippe le 4 août 1874 à Cérilly (Allier), mort à Paris d’une complication méningée de la typhoïde, le 21 décembre 1909, alors qu’il était un auteur déjà reconnu dans le milieu littéraire avant-gardiste en France et en Angleterre — où son ami Valéry Larbaud, écrivain également traducteur, tenait une vue conséquente.
Il s’extrait de la misère grâce à un parcours de réussite scolaire à l’école publique et comme boursier jusqu’aux classes préparatoires pour les Grandes Écoles. Finalement arrivé à Paris pour écrire, il parvient à subvenir à son existence avec un emploi administratif dans le cadre départemental qui lui laissera toute sa liberté d’écriture, qu’il obtient avec l’aide de Maurice Barrès, auquel il ne fera pas de concession sur le nationalisme ni sur l’interprétation des classes sociales pour autant (d’ailleurs Barrès le respecte et n’attend pas de servilité en retour). Considéré comme un écrivain anarchiste, il travaille sur la perte et la précarité sociale, peignant les petites gens de la société moderne dont il a fait partie et auxquelles il reste attentif depuis son enfance et pour lesquelles il éprouvera toujours empathie et solidarité. Novateur du documentaire de création en littérature pourrait-on dire, notamment à travers la fondation d’un genre réaliste, l’autofiction et la biofiction romanesques, il rencontre de son vivant l’intérêt des grands de la littérature parisienne, comme Rémy de Gourmont qui lui ouvre les portes de la revue franco-européenne Mercure de France, ou André Gide, celles de la NRF (Gallimard sera son principal éditeur posthume), ou encore Octave Mirbeau qui le défendra par deux fois devant l’académie Goncourt, notamment à l’occasion du premier prix de la fondation en 1901, puis en 1906. T.S. Eliot préfacera en 1932 la première édition anglophone de Bubu de Montparnasse, auquel on doit peut-être l’intérêt attentif et suivi des amateurs anglophones de littérature française pour toute l’oeuvre de Philippe, l’Association des amis de Charles-Louis Philippe tenant encore son siège au Royaume Uni depuis le siècle dernier. Cependant en France, il est décrié après sa mort, autant par la critique communiste léniniste que par la critique bourgeoise : voir la critique d’opinion de J.J. Demorest, Le primitivisme de Charles-Louis Philippe à propos de l’édition posthume de Charles Blanchard préfacée par Léon-Paul Fargue aux éditions NRF Gallimard en 1924, quand Philippe n’est plus présent depuis plus de quinze ans pour répondre ; ce qui infirme l’hypothèse du critique sur la disparition de l’intérêt posthume de l’oeuvre décriée (sinon ce critique ne chercherait pas à la faire prescrire). N’ayant jamais cessé de connaître un cercle d’amateurs des avant-gardes littéraires de ces années, il est régulièrement réédité en France et à l’étranger. De son vivant il a publié plus d’une dizaine de romans, nouvelles, contes, et écrit une correspondance d’idées avec ses pairs, ses mais, et de grands contemporains.
Il est à l’origine du mouvement littéraire radical dit groupe de Carnetin (de 1904 à 1907), notamment avec Francis Jourdain, Marguerite Audoux, Léon Werth et Léon-Paul Fargue, et d’autres, et de la création de la Nouvelle revue française en 1908 puis dans la version qui sera à l’origine de l’association de la NRF à l’initiative d’André Gide, en 1909.
Quelques citations de l’auteur extraites de ses oeuvres mais qui pourraient aussi bien composer des aphorismes philosophiques.
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