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Balkans 

12 poèmes…

lundi 9 avril 2018, par Michel Doneda

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BALKANS

12 poèmes

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In-fatigué
des ratios de grignotages

Gorgée de lumière solide
creusée au fond de l’ombre

Ce juste frisson
tertre plissé

Les dieux du vent en exil
soumis à brasser l’air

Lubjana, le 16/11/2009

L’avancée du train liquide engourdit inexorablement ce qui fut.
Plaines colonisées sans heurt
vides d’oiseaux gris.

Une brisure aspirée se découpe en bosquet prétexte.
Une ligne ténue percute l’assourdissante vacuité distordue.

Des pas dans un hall de gare débordent de leurs simples terriers.

La marche rassure,
salue de loin les ombres ternes qui s’abattront en griffures de clous
à l’arrêt, sûrement.

Le mont de paille s’échappe entre les cordes d’un vent fragile.

Sur le damier, les phares blancs cherchent et
oublient le contenu de la mer.
La promesse tourne dans le rond de ses ailes,
donne illusion à toutes danses de matière.

Et puis, soudain
la chose est là
rapide, complexe d’accidents et de tout le reste,
drape nos visages d’écorces granuleuses, de gouttes de verre.

Bus entre Lubjana et Sarajevo, le 18/11/2009

Des craquements silencieux
se découvre une lumière inconnue
qui vient faire connaissance

La pression fond
en cette heure assoupie

Les murmures légers délaissent les tables vides

On mâche l’air alors qu’il nous parle

Je m’allonge
en retrait
je m’entends

Sarajevo, le 20/11/2009

Le seuil de l’ailleurs
est dans la géométrie du silence

Interrompre donne l’accès

Tension entre attendre et
recevoir
retirer le geste

Son ombre se déploie
en contours rigoureux

Potentiel nu des cercles d’ondes

Au terme du faire
arrêter

Saisir le rien qui est en place
en lieu
dans ici

Contraindre le supposé
(valeur gluante)

Certitudes dévastatrices
points sans distances reconnues

Une permanente restauration

Sarajevo, le 21/11/2009

Il y a un plateau en moi
sans menace
l’ombre lourde d’un nuage
murmure de l’espace

Mes yeux roulent dans l’herbe rase,
ramènent des brindilles
la lumière pâle.

L’épiderme est une meule arrimée
à un bâton sec.

L’absence de poids se fera
soudaine
jardin tendre aux paupières closes

Un repos loin des souillures
des squames qui exaspèrent les courants frais.

La danse a déserté le cercle du printemps.

Le carnaval abruti se piège par ses propres mines,
se retire dans des fêlures borgnes.

Bus entre Sarajevo et Belgrade, 23/11/2009

Les cris affamés n’entament jamais l’apparence gentille des façades.
La ville
une étoile de mer sèche
éblouie de lumières détachées.
Le matin seul a dévoré le plein, laissant un halo de fluides rétrogrades.

Des milliers de doigts glissent sur les cordes
suivant l’empreinte
oubliant son contact même.

L’eau pourrait guider un courant mais seuls les ponts font l’histoire.

Un murmure s’arrache
son sort
est
incommode

Les cordes
soudains visibles
décevantes pour les yeux fatigués

Le flot câblé
rebouche
ainsi reviennent les doigts béats de la servitude.

Belgrade, le 24/11/2009

Croyances
arrogance des immortels
dissoutes
aux bas fonds de vallées brumeuses

Ligne tendue du regard sur un horizon massif

Langues traîtres

Formes grises
nuages des siècles

But
renoncer aux fluides
miroirs dépolis des aubes vides

Entrelacs extatiques
que suscitent un chœur d’appels

Roi semeur accélère le manège
flicker express d’un bleu rouge saturé

Train Belgrade-Skopje, le 26/11/2009

Sans réelle audace les sens entraînés
une ville liquide fait du corps
une torche

Un autre corps, aspirateur d’énergies

dans l’interstice
c’est fréquence
cela est

Un mur contre lequel bute le vide
sans heurt
parfois le but projette son propre vide
emplit l’espace de ses vides
souligne, s’efface

Dans le bois la lumière semble solitaire

En s’échappant du présent on devient fantôme
passerelle abandonnée

Détourner l’ardeur des causes logiques

Inventer l’air

Le goût de l’air

Skopje, le 25/11/2009

Parfois la terre pâle et sans soupir envie notre voyage.

Pentes rêches de broussailles
plis d’argile verte
tranches de sable amer
abandon intermittent
commencement déçu.

Captifs de toiles d’épines
au centre desquelles flottent leurs cœurs rouges.

Les bûches sont là, bien posées
dans les coins, sur le gris.
Énergies des quelques jours à venir
hôtel du temps qui se consume.

Un gardien de poussière, de châteaux vides
de langues affaissées
champs féconds en gestes lents

À l’ordonnance ancienne de logiques infâmes
répondent la fuite et un apparat de lézardes creuses.

Bus entre Skopje et Sofia, le 27/11/2009

À l’orée d’un tour certain, des pas retirés au-delà de cet autre mur.
Le temps compte en touffes d’herbes grises
le regard tourné vers le rêve réel
encore en palissades
si lourd
toujours
même si plus jamais.

Un jardin s’arrache du goudron
signe d’un passage, d’un tendre abandon.
Le compte, sévère arpenteur mesure ce que cache tout ce vide
cercle dévoré par le cercle.

Les montagnes ont défait l’idée même de l’horizon, l’œil le poursuivra au dedans.

Une force liquide arpente la matière dont la présence s’effondre.
Invariablement
elle trouvera refuge
malgré elle se traversera,
bâtira ses voraces verticales statufiées
figeant leurs regards vers le ciel
gardien des lueurs.

Sofia, le 28/11/2009

Ne peut se dire
du brun
du sale

l’œil crevé
d’une tête borgne

totems déchus
d’une mort sans chair
pétrifié par
la poisse

Un jour
non, plus de jour
à jamais
vrillé à l’ île amère

Bus de Sofia à Skopje, le 29/11/2009

&

Territoire
repli

l’œil encerclé
envoutement

chants tissant leurs barbelés

voix anonymes d’hommes sans corps
qui s’approprient l’éther
lui interdisant notre vacuité

l’autre, son frère qu’ils possèdent
se traîne
se déchire aux barrières
s’étouffe dans les bannières

territoires
sans plis

suivre la trame aisée du soleil

se plier aux signes du vent

nager dans l’ eau
sans nom

Istanbul, le 3/12/2009

- - -

P.-S.

© — Michel Doneda / 2018

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