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Le Jour d’avant le vote sur le statut de la Palestine à l’ONU 

mercredi 28 novembre 2012, par Aliette G. Certhoux

À Nelson Mandela

— Un jour avant le vote sur le statut palestinien d’État non-membre observateur de l’ONU, la France soutient [1] la Belgique et la Fédération de Russie aussi, les Britanniques s’inclinent (plutôt en s’abstenant, comme l’Allemagne) et le parti majoritaire australien demande à la Première Ministre l’abstention. Donc les États-Unis n’opposent pas leur veto. Les États-Unis négociaient encore hier pour le retrait de la revendication palestinienne de victime des crimes de guerre par les actes d’Israël, mais apparemment les négociateurs palestiniens auraient tenu bon. Une réponse d’Abbas mal interprétée par un journaliste du Jerusalem Post et par Shimon Peres il y a trois semaines laisserait encore, malgré une réplique d’Abbas précisant qu’il ne s’agissait que de lui-même, une ambiguïté sur le droit de retour. Et le cessez-le-feu n’étant pas contraignant, à Gaza, on se prendrait à craindre que la fin du violent apartheid israélien des palestiniens ne soit pas encore réglé. Car Israël pourrait tenir les conditions finales de la réponse matérielle sur fonds de mur et de territoires dévorés par la colonisation, de restriction du droit au travail des arabes dans les colonies israéliennes, d’argent détourné de sa destination palestinienne (TVA, commerce, etc.), au titre de l’embargo d’Israël profitant de son autorité administrative sous les accords d’Oslo, et étant devenu ainsi juge et partie, tandis que le nationalisme belliqueux du parti Likoud pourrait se renforcer lors des prochaines élections pour la Knesset.
Comment ne pas se souvenir des pièges de la feuille de route issue d’Oslo, des assassinats qui éliminèrent l’un après l’autre in situ ses deux partenaires exécutifs fondateurs ? Mais comment ne pas espérer le plus d’autonomie possible par rapport aux contraintes de ce traité infernal qui n’a mené qu’à la ségrégation et à l’apartheid ethnocide, aux punitions collectives, aux réactions suicidaires, à sa propre prescription ?

Comment ne pas espérer le maximum des premiers pas d’un changement qui pourrait être découvert demain ?

Qu’en sera-t-il de l’embargo échangé contre la guerre d’Iran différée, en 2013 ?

Qu’en sera-t-il du devenir de la seconde révolution égyptienne contre la nouvelle autocratie du Premier Ministre Morsi après le passage d’Hilary Clnton pour obtenir des garanties sécuritaires en vue du cessez-le-feu ?

Qu’en sera-t-il de la Syrie, où le plus grand camp de réfugiés palestiniens de tout le Moyen Orient s’est transformé en quartier urbain avec ses équipements (hospitaliers, scolaires, etc.), ses zones résidentielles et son mode de vie contemporain, dit le camp Yarmouk, à Damas ? Il comprend aujourd’hui près de 500 000 personnes interconfessionnelles (la première centaine de milliers au début des années 2000 organisée par le FPLP), sans droit de retour ; ils vivaient en paix avec le régime syrien et subissent actuellement la guerre civile entre les différentes factions des communautés monothéistes que l’activisme divise, entre les pro-rebelles, les pro-Assad, et l’armée, qui les prennent pour partie en les opposant, (tandis que des bombardements sporadiques causant des victimes accablent maintenant ces quartiers).

Mais déjà, si demain hier était un autre jour, après-demain le sera davantage.

Concentrons-nous en souhaitant que nous puissions commencer à nous réjouir demain soir. (A. G. C.)



« Un jour avant le vote de L’ONU sur le statut de l’État palestinien

La devise d’Israël sur l’offre palestinienne de L’ONU : Parlez fort, mais avec un bâton petit.
Avec la reconnaissance pour la Palestine presque assurée, Israël se découvre lui-même contraint par la réélection de Président Obama, par les retombées de son opération de Gaza et par la nouvelle et belliciste liste du Likud pour la Knesset. [...] »

Chemi Shalev, West of Eden, Haaretz, Wednesday, November 28, 2012


Le jour d’après (La RdR)


P.-S.

- Le logo, l’icône palestinienne d’une citation de Nelson Mandela, est extraite du Facebook de Haidar Eid, maître de conférences en littérature anglophone comparée à l’Université Al Aqsa, à Gaza, co-fondateur du One Democratic State Group (ODSG), et membre de la Campagne palestinienne pour le boycott culturel et académique d’Israël (PACBI).

- Le MySpace du groupe de Johannesbourg, The Mavrix, auteur de la chanson The New Black, en solidarité avec Gaza.

- Rapport sur la quatrième et dernière session en date du Tribunal Russel Pour la Palestine (TRP) qui a achevé ses travaux à New York, le 7 octobre dernier ; par Suraya Dadoo, chercheure pour Media Review Network, Johannesbourg. Traduction de son article publié dans The Star du 18 octobre 2012 (ZA), mise en ligne par France Irak.

Notes

[1Ce n’est pas un changement d’attitude car dès l’été dernier le gouvernement français récemment élu était consulté par les officiels palestiniens représentatifs de ce projet et avait fait savoir qu’il approuverait la proposition d’Abbas à l’ONU. Ce qui au contraire apparut comme un revirement, lors de la visite du Premier Ministre israélien à Paris, ce fut l’appel de celui-ci au nationalisme israélien — et à l’émigration — en présence du Président Hollande (qui dut ensuite faire un point de Presse pour dire qu’il désapprouvait cet appel aux juifs français pour les enjoindre de quitter la France), lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat antisémite de Toulouse, et d’autre part l’accord pour l’achat des drones à Israël. Cette contradiction gouvernementale ne parut plus en être une lors de l’approbation de l’opération Pilier de défense sur Gaza, au titre des provocations donnant droit à l’auto-défense d’État (toujours le même protocole pour justifier les punitions collectives et la violence ethnocide de la guerre contre la population native non juive de la Palestine — toutes confessions religieuses ou convictions laïques confondues y compris à Gaza, — et contre ses ressources), alors que la différence de puissance militaire et des armes utilisées entre les deux protagonistes, cadrée par l’enfermement de la partie gazoui dans un territoire rendu invivable, inclineraient plutôt à considérer que l’auto-défense fût du côté des internés. Finalement le Président avait fini non par se rétracter mais par nuancer sa seconde attitude à l’égide de sa première, en mettant en garde Israël et ses soutiens nationaux, lors de sa seconde intervention d’ailleurs plus informée par la menace de déstabilisation générale au Moyen Orient, eu égard aux solidarités déclarées par la Turquie, par l’Égypte, et par la mise en garde de la Jordanie, — si l’on observe le calendrier de cette déclaration et qu’elle ne se départît pas de la répétition du slogan de la réplique légitime aux provocations, — que par le sort des gazaouis, toujours attribués par le slogan d’être le peuple honni du Hamas, et par conséquent peu crédibles, indignes de compassion. Alors que cette population était déjà largement affectée corps et biens dès les premières bombes, quand elle souffrait encore durablement des conséquence de l’attaque Plomb durci, comptant en plus des pertes en vies humaines : celle radicale des conditions de l’agriculture, la pollution de l’environnement des sols et des nappes phréatiques, et la destruction des équipements, a fortiori sous l’emprise de l’embargo financier sur les palestiniens imposé par Israël, et la restriction des budgets d’aides due aux politiques d’austérité dans les pays européens solidaires. Mais il faut rendre à ce gouvernement ce qui lui revient diplomatiquement (contrairement à l’imprudence sur l’évaluation des conditions géo-politiques de la guerre en Syrie), dès la première consultation palestinienne sur l’opportunité de la reconnaissance d’État non membre de l’ONU, et finalement d’y revenir. Laurent Fabius reconnut tout de même les hésitations, quoique défendant le choix définitif sur le vote en termes de cohérence des gouvernements socialistes, lors des questions posées au gouvernement durant la séance du 27 novembre à l’assemblée nationale (voir le blog Le Monde de Gilles Paris, le même jour). Ce fut la répétition du veto américain par deux fois, et non les voix favorables majoritaires — en comptant les abstentions, — qui purent manquer à cette résolution avant la situation dans laquelle elle se présente aujourd’hui.

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