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A propos de la ’question noire’ 

Message des Black Panthers

jeudi 6 novembre 2008, par Robert George Seale

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Le parti des Panthères noires n’est pas une organisation raciste noire, il n’est pas du tout une organisation raciste. Nous connaissons bien les origines du racisme. Notre ministre de la Défense, Huey P. Newton, nous a appris à comprendre qu’il nous fallait nous opposer au racisme sous toutes ses formes. Le parti a conscience du fait que le racisme est ancré dans une grande partie de l’Amérique blanche, mais il sait aussi que les sectes dérisoires qui prolifèrent à l’heure actuelle dans la communauté noire sont, à la base, de philosophie raciste.

Le parti des Panthères noires ne se place pas au niveau vil et bas des adeptes du Ku Klux Klan, des "chauvins blancs" ou des organisations de citoyens blancs, prétendument patriotiques, qui haïssent les Noirs pour la couleur de leur peau. Ce même si certaines de ces organisations proclament : "Oh, nous ne haïssons pas les Noirs, simplement, il n’est pas question de les laisser faire ceci ou cela !" Ce n’est en fait que de la vile démagogie, masquant le vieux racisme qui fait un tabou de tout, et en particulier du corps. L’esprit des Noirs a été étouffé par leur environnement social, cet environnement social décadent qu’ils ont subi quand ils étaient esclaves et qu’ils subissent encore depuis la soi-disant Proclamation d’émancipation. Les Noirs, les Sang-Mêlés, les Chinois et les Viêtnamiens font l’objet de surnoms péjoratifs tels que crasseux, nègres, et bien d’autres encore.

Ce que le parti des Panthères noires a fait au fond, c’est appeler à l’alliance et à la coalition tous les gens et toutes les organisations qui veulent combattre le pouvoir. C’est le pouvoir qui, par ses porcs et ses pourceaux, vole le peuple ; l’élite avare et démagogue de la classe dirigeante qui agite les flics au-dessus de nos têtes, et qui les dirige de manière a maintenir son exploitation.

En un temps d’impérialisme capitaliste mondial, impérialisme qui se manifeste aussi contre toutes sortes de gens ici même, en Amérique, nous pensons qu’il est nécessaire, en tant qu’êtres humains, de lutter contre les idées fausses en vogue telles que l’intégration.

Si les gens veulent s’intégrer - et je suppose qu’ils y arriveront d’ici cinquante ou cent ans - c’est leur affaire. Mais pour l’instant, notre problème, c’est ce système de classe dirigeante qui perpétue le racisme et s’en sert pour maintenir son exploitation capitaliste. Elle utilise les Noirs, et en particulier ceux qui sortent de l’Université et sont issus de ce système d’élite, parce que ces derniers ont tendance à tomber dans le racisme noir qui n’est pas différent de celui que pratiquent des groupes de Blancs et le Ku Klux Klan.

Il est évident que combattre le feu par le feu aura pour résultat un grand embrasement. Le meilleur moyen de combattre le feu, c’est l’eau parce qu’elle l’éteint. L’eau, c’est en l’occurrence la solidarité du peuple exerçant son droit à se défendre contre un monstre brutal. Ce qui est bon pour l’homme est bon pour nous. Ce qui est bon pour le système de la classe dirigeante et capitaliste ne peut pas être bon pour la masse.
Nous, le parti des Panthères noires, nous voyons les Noirs comme une nation à l’intérieur d’une nation, mais pas pour des raisons racistes. Nous estimons cela nécessaire pour progresser en tant qu’êtres humains et vivre sur cette terre en accord avec d’autres peuples.

Nous ne combattons pas le racisme par le racisme. Nous combattons le racisme par la solidarité. Nous ne combattons pas le capitalisme exploiteur par le capitalisme noir. Nous combattons le capitalisme par le socialisme. Nous ne combattons pas l’impérialisme par un impérialisme plus grand. Nous combattons l’impérialisme par l’internationalisme prolétarien. Ces principes sont essentiels dans le parti. Ils sont concrets, humains et nécessaires. Ils devraient être adoptés par les masses.

Nous n’utilisons pas et n’avons jamais utilisé nos armes pour faire irruption dans la communauté blanche et pour tirer sur des Blancs. Tout ce que nous faisons, c’est de nous défendre contre quiconque - qu’il soit noir, bleu, vert ou rouge - nous attaque sans raison et essaie de nous tuer lorsqu’on met en pratique notre programme. Tout bien considéré, je pense qu’à la lumière de nos actions passées tout le monde peut voir que notre organisation n’est pas une organisation raciste mais un parti progressiste révolutionnaire.

Ceux qui veulent semer la confusion dans la lutte en parlant de différences ethniques sont ceux qui maintiennent et facilitent l’exploitation des masses des pauvres Blancs, des pauvres Noirs, des Sang-Mêlés, des Indiens rouges, des pauvres Chinois et Japonais et des travailleurs en général.

Le racisme et les différences ethniques permettent au pouvoir d’exploiter la masse des travailleurs de ce pays parce que c’est par là qu’il maintient son contrôle. Diviser le peuple pour régner sur lui, c’est l’objectif du pouvoir ; la classe dirigeante, une infime minorité constituée de quelques pourceaux et de rats avares et démagogues, contrôle et pourrit le gouvernement. La classe dirigeante avec ses chiens, ses laquais, ses lèche-bottes, ses "Toms", ses Noirs racistes et ses nationalistes culturels, - sont tous les chiens de garde de la classe dirigeante. Ce sont eux qui aident au maintien du pouvoir en perpétuant leurs attitudes racistes et en utilisant le racisme comme moyen de diviser le peuple. Mais seule la petite minorité qui constitue la classe dirigeante domine, exploite et opprime les travailleurs.

Nous faisons tous partie de la classe ouvrière, que nous travaillions ou non et notre unité doit se constituer sur la base des nécessités concrètes de la vie, la liberté et la recherche du bonheur, si ça signifie encore quelque chose pour quelqu’un. Afin de résoudre ces problèmes, l’unité doit se faire sur des choses concrètes comme la survie des gens et leur droit à l’autodétermination. Pour être tout à fait net, il ne s’agit donc pas d’une lutte raciale. Nous allons oeuvrer pour que les gens le comprennent. Pour nous, il s’agit d’une lutte de classe entre la classe ouvrière prolétarienne qui regroupe la masse, et la minuscule minorité qu’est la classe dirigeante. Les membres de la classe ouvrière, quelle que soit leur couleur, doivent s’unir contre la classe dirigeante qui les opprime et les exploite. Et laissez-moi encore insister : nous croyons que notre combat est une lutte de classe et non une lutte raciale.

Extrait traduit de Seize The Time : The Story of the Black Panther Party (1968)
. Le texte intégral du livre est accessible (en anglais) ici.

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