-
4 mars 2011, par Christine Bergougnous,
Roland Pradalier
Je ne suis pas certain d’être un renard. On n’échappe pas si facilement au vraisemblable. Même l’hiver quand j’erre immobile au bord des champs d’Auvergne. Mû par l’instinct, enveloppé par l’air et posté en vigie, je suis un animal sage entre deux bonds. Qui pose de biais, l’étroit museau pointu au-dessus des collines. Regardez cette dernière photo de moi, elle date du 12 février au matin, c’est le dernier (...)
-
2 août 2009, par Roland Pradalier
Cette fiction pour les amis, de tout temps, mes soutiens.
Il y a des personnes qui achètent tout exprès de jeunes esclaves bien impertinents (et dont on stimule encore l’impudence par une éducation spéciale) pour leur faire débiter des inventions étudiées, et nous ne traitons pas ces grossièretés d’offenses, mais bel et bien de gentillesses.
Sénèque.
Une nuit de juillet par temps clair, appuyé à (...)
-
26 avril 2010, par Roland Pradalier
Kristina Voger devint instantanément célèbre à l’âge de dix-huit ans, après l’avoir intensément désiré. D’une manière qu’elle n’aurait su prévoir et sans pouvoir en jouir.
Kristina ! Que l’on surnomma la poule aux yeux d’or, en référence à l’argent qu’elle fit gagner et à l’abandon qui suivit.
Il était devenu difficile de se faire remarquer par les médias, depuis l’apparition des stars du petit écran et (...)
-
29 novembre 2004, par Roland Pradalier
Le chien est un mammifère quadrupède de la famille des canidés. Il est carnivore, mais il peut se nourrir de riz, de pâtes, de croquettes et de légumes. En Occident, on ne le mange pas, on le nourrit avec des boîtes contenant des abas et des chutes de viande impropres à la consommation des hommes. Domestiqué, il a pour habitude de courir dans l’appartement, et de dormir dans un panier, il jappe ou (...)
-
25 avril 2005, par Roland Pradalier
Le concert d’El Maximo Grandioso, célèbre artiste à lunettes roses surnommé par les télévisions le maestro, qualifié dans les journaux de flamand dodu ou d’étendard du kitch, que je nomme personnellement l’abomination de la désolation, eut lieu le quinze avril 2001 dans la grande salle du palais où s’étaient données quelques jours plus tôt des œuvres de Beethoven et de Domenico Scarlatti.
Il entra par une (...)
-
6 décembre 2004, par Roland Pradalier
Je suis paresseux comme un paysage, comme une vue calme qui montre un pont, une rivière, des bâtiments anciens, et une bande de ciel peinte à la main. L’eau coule, les nuages passent, les saisons changent et le cadre est immobile. Si je commence cette narration par une image poétique, c’est qu’elle en contiendra peu et je baille déjà sous l’effort que m’a demandé cette trouvaille. Je compte sur votre (...)
-
4 octobre 2011, par Roland Pradalier
L’éditeur à l’auteur :
Cher monsieur, Paris le 24/06/2007
Ayant pris connaissance du manuscrit que vous m’avez envoyé, et de la préface que vous lui avez adjoint, je me permets aujourd’hui de vous écrire pour vous demander la suite du texte, puisqu’il s’interrompt au troisième chapitre et que les 120 pages qui terminent le manuscrit ne contiennent que le mot « merde » répété ad libitum. J’ai beaucoup (...)
-
1er août 2010, par Roland Pradalier
Admettons que n’ayant rien à dire, j’écrive comme on a soif, par besoin autant que par envie, pour étancher une très ancienne incontinence, ma passion. Admettons et buvons cette littérature au robinet. Sous pression, froide et légèrement toxique.
Je n’ai pas dès le commencement été amateur de bière, je veux dire à 16 ans quand je me suis efforcé d’en boire et que son amertume me faisait grimacer ou faire (...)
-
19 avril 2007, par Roland Pradalier
J’ouvre les guillemets, place une parenthèse. Les présentations sont finies, le tour de chauffe achevé, tout va désormais s’écrire en lettres capitales. A l’aventure et en avant ! Vers notre chute verte choux. Entamons le déclin, commençons à parler. Commettons l’erreur d’être en vie.
X téléphona un samedi. Il m’invitait à une exposition d’art moderne dans un pays du nord, il avait acheté les billets.
Il (...)
-
20 septembre 2010, par Roland Pradalier
J’en étais venu à croire au bonheur et j’appelai printemps de ma vie, les mois qui venaient de s’écouler. Mon ego planté dans la bonne terre d’une carrière qui décollait enfin, avait désormais la taille d’une montgolfière. Il pleuvait sur moi et en abondance, des bienfaits. J’étais arrosé de satisfactions. Ma santé était parfaite, aux dires du docteur Sheba, mon compte en banque arrivait à la limite de (...)