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3 octobre 2008, par Rodolphe Christin
Ce texte est une inspiration libre ; il ne prétend ni illustrer ni être illustré par ces 7 photographies de Marc Bonneville qui ont servi de détonateurs à mon imaginaire :
2006-068_15n 2006- 070_10n 2006-199_21n 2007-058_36n 2007-087_15n 2007-103_16n 2007-145_07
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Les gens s’étaient rassemblés en une colonne qui s’étirait pour traverser la ville. Des groupuscules isolés cherchaient (…)
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7 avril 2022, par Rodolphe Christin
S’en aller avec Kerouac, et risquer l’abordage d’horizons imprévus sur une vieille terre d’Amérique bousculée dans ses repères car traversée comme jamais. Vue, vécue, elle tremble, vacille, dépasse les bornes, dérangée par le rythme des voyages intérieurs, extérieurs. L’horizon qui appelle se rapproche ensuite, prend consistance grâce au voyage, devient palpable pour l’expérience avide de le (…)
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21 janvier 2011, par Rodolphe Christin
FORET 0
Le feu craquait, nourri de résines gluantes. Ses doigts en portaient la trace indélébile depuis qu’il vivait dehors.
Elle se tenait accroupie près du brasier, elle aussi. Elle venait d’ajuster une perche, appuyée sur un galet emprunté à la berge, son extrémité glissée sous une autre roche servait de contrepoids. A l’autre extrémité, une bouilloire noire de suie, le cul dans les (…)
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25 mai 2006, par Rodolphe Christin
Matthieu ne peut pas passer inaperçu. De très loin on sait que c’est lui, ce ne peut être que lui. Quarante-cinq ans, français comme lui. Le crâne rasé avec seulement une touffe de cheveux verts, survivants d’une catastrophe froidement programmée. Un bouc de la même couleur couvre son menton, rond comme un galet. Les ongles peints en noir, des bagues à tous les doigts et l’une d’entre elles, (…)
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13 février 2010, par Rodolphe Christin
Six.
Hector Dumenclin sortait tout juste de son plaisir. Il se sentait étrillé comme un cheval de course. Mais il n’était pas du genre à rester sur cette impression lascive, son affaire à lui c’était le travail. Pas le travail pour le plaisir, non : to earn money. Faire du fric, voilà l’important !
Comme il sortait de son plaisir, et que ce plaisir se transformait petit à petit en (…)
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10 septembre 2012, par Guillaume J. Plisson,
Rodolphe Christin
Ce geste du bras avec au bout le chiffon blanc, le signal. « C’est bon, allons-y », souffla Égrégore. Civils, nous formions un commando uni. Les doigts d’un poing. Cette nuit, rien ne devait nous arrêter, ni les barrières ni la peur. Au loin grondaient les diesels des camions. Nos cœurs préparés battaient fort dans leurs cages. Le sang claquait le tambour de l’action. Ceux qui étaient connus (…)
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10 avril 2010, par Rodolphe Christin
Simone Dumenclin vivait à proximité de son calendrier. La première chose qu’elle faisait en se levant, c’était d’aller vérifier la date du jour. Elle l’auscultait avec nervosité, y revenait même plusieurs fois dans la journée, songeuse. La date du 13 juin figurait cerclée de rouge. Il était troublant de songer que cette date fatidique pouvait passer, aux yeux d’un étranger qui aurait aperçu la (…)
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19 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Contrairement à ce qu’affirme le dicton, la nature n’a pas horreur du vide ; c’est l’homme de l’hypermodernité qui ne le supporte pas, dans le même temps qu’il se supporte plus lui-même. Plus loin il va s’oublier, plus il sème partout des signes, et moins il parvient à sortir de ses propres traces. Alors les publicitaires et la communication lui soufflent le culte de la nouveauté, des (…)
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6 septembre 2009, par Rodolphe Christin
Tout commence par le paradoxe de l’étendue désertique qui sans toi, qui que tu sois, ne parlerait jamais à personne car le désert est par endroits la matière première de sa formulation en signes de quoi ? - en signes de vie comme la brindille poussée de travers sur le sable en dessins pentus et obliques
Un itinéraire, le pas, le verbe, l’écriture et l’empreinte, traces, on suit sur (…)
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3 avril 2010, par Rodolphe Christin
Hector Dumenclin détaillait vainement, avec désespoir, ces montagnes livides de brouillard qui s’étendaient autour de lui. Les yeux libérés, il restait incapable d’identifier l’endroit où il se trouvait. C’était bien évidemment l’intention de ses ravisseurs, qui se garderaient bien de lui donner le détail des lieux s’il avait la naïveté de leur poser la question. Le Pic de l’Etincelle et le (…)