La Revue des Ressources

Zone interne // Zone inerte 

3 poèmes / 3 collages

dimanche 21 décembre 2025, par Francisco Meirino

Saletés de lettres

heureusement,
tes mains sont plus lentes que ton souffle,
ton plaisir est simple,
il se trouve dans l’impossibilité du processus.

des idées,
certainement pas,
mais,
peu importe l’absence de pureté,
la dignité de ta véritable personne fera le nécessaire.

tu as d’abord cru que c’était un craquement à l’intérieur de ton crâne,
vers l’arrière,
tu bouges la tête de la gauche vers la droite, lentement,
un petit son se fait entendre à la base de ton crâne,
probablement l’os occipital,
tu ressens une petite douleur, bien physique,
malgré son manque d’intensité.

tu penses que c’est toi,
tu peux à peine t’entendre,
même pendant cette nuit si tranquille, presque silencieuse.

c’est comme quand tu t’adaptes à ton environnement,
hurlant quand c’est bruyant,
susurrant quand c’est calme.

non,
il n’y a pas de craquement dans ton crâne,
oui,
il y a un craquement dans ton crâne, décide-toi.

si seulement tu trouvais un moyen de t’amplifier,
afin d’enfin, trouver un guide silencieux
pour t’amener vers une fin affreuse.

chut,
silence à présent
il est presque temps d’y aller.

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Zone interne // Zone inerte

tu fixes un point dans l’obscurité.
tu ne le quittes pas des yeux,
tu empêches le clignement.
longtemps.

sur le mur opposé, un point commence à bouger.
il prend vie.
il obnubile ta vue.
il est à présent, impossible de le quitter des yeux.

tu commences à pleurer, tu t’autorises un clignement.
il est dans ta mire.
immobile, pourtant en mouvement.

le point est devenu une tâche abstraite,
elle a pris de l’ampleur,
elle vrille rapidement,
elle devient une visualisation simple du bruit blanc qui t’accompagne,
ce bruit que tu entends dès que le silence s’impose.

toutes les fréquences en même temps.

tu essaies de trouver un rapport entre le point sur le mur et le bruit dans ta tête.
tu testes toutes sortes de combinaisons.

dehors il pleut, c’est bien.
tu laisses la fenêtre grande ouverte, pour nettoyer les frontières établies sur le parquet.
tu montes sur le rebord de l’ouverture.

tu regardes vers le bas et tu compresses tes nerfs auditifs,
un essai afin d’y ajouter le son d’un tremblement de terre,
un vrombissement de fréquences basses,
tu arrives à les faire passer de gauche à droite, rapidement,
doucement,
peu à peu,
tu composes la bande son idéale pour cette journée.

tu ne dois pas penser à toi, mais tu dois te mettre au bord,
faire face à la hauteur, à la chute.

de ton seul œil disponible tu forces la perspective,
tu as déjà vu des corps tomber,
et se briser.

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Traces

trois fois chaque nuit,
le même cauchemar.
encore.
encore..
encore...

cette forte lumière jaune et ce vent incroyable qui crie à l’intérieur de ton crâne.
des triangles, tous de la même taille,
un symbole,
une évidence,
une mesure des forces mystérieuses.

tout devient jaune,
l’ennuyeux monochrome lumineux.

c’est probablement l’influence d’un monde où la nuit est décidément trop vieille.
tu ne peux pas dormir dans cette nuit remplie de vieilles pensées,
de vieux chiens attaquants des jeunes qui sont déjà vieux.

tu es las, et c’est là que tu es.

ton poing s’arrête là, net dans le mur de la chambre.
le mur de la chambre s’arrête net dans ton poing.
ton poing laisse une trace rouge bien nette sur le mur.
ce mur est un tyran de la structure.

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[…]

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P.-S.

Écoutez ici-même la musique de Francisco Meirino.

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