★
1.
Adrienne Rich :
« Terre écornée, Lune pourrie.
Une pâle hachure croisée d’argent
repose comme un treillis sur les eaux
noires. Tous ces phénomènes
sont temporaires.
J’aurais aimé vivre dans un monde
de femmes et d’hommes gaiement
de mèche avec les feuilles vertes, les tiges,
érigeant des villes minérales, des dômes transparents,
de petites huttes d’herbes tissées
chacune avec son propre motif -
une conspiration pour coexister
avec la Nébuleuse du Crabe, l’univers
en explosion, l’Esprit - »
La phenomenologie de la colère (fragment) - 1972, in Plonger dans l’épave, Le Noroît, 2024, Trad. Chantal Ringuet
★
2.
Thierry Metz :
« Toute l’obscurité est dans le jour. Où tant bien que mal il faut s’orienter, tâtonner, balbutier ce qu’on a à dire. Mais l’infime est plus sûr que le reste. Un détail, une inadvertance. C’est ici le seul point de passage. »
in L’homme qui penche, éditions Unes, 2017
&
★
3.
Nanao Sakaki :
« Comment vivre sur la planète terre
Demeurez dans le voisinage
Des étoiles & des arcs-en-ciel.
Avec des oreilles d’âne
Écoutez le vent qui murmure.
Avec des membres de singe
Accrochez-vous aux montagnes & aux rivières.
Soyez riches dans la vie sauvage.
Ne gaspillez pas, n’ayez pas de désir dans la vie humaine.
Ne travaillez pas sans transpirer abondamment.
Du lointain
Ah, l’un de mes amis arrive.
Partageons une assiette de daïkon,
Du saké fait maison & des chants.
Ombres de l’ombre -
Supermarché, hôpital & banque -
Quelle vue parfaite.
Sous l’horizon du vide
Les autorités se posent.
Le soleil & la lune
Vers qui lever les yeux pour toujours. »
in Aller léger, Héros-Limite 2024, trad. Jérôme Dumont