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Une anthologie italo-américaine / Un’antologia italoamericana 

jeudi 26 mars 2015, par Matteo Veronesi

(Versione italiana in secondo partita di articolo)

Dans un poème latin, Joseph Tusiani ― un des plus significatifs entre les poètes italo-américains, capable d’embrasser quatre idiomes, exemple emblématique de nomadisme et de contamination ― invoque le « Spiritus omniloquens », le « divinus absconditus cantus » ― c’est-à-dire la source occulte, le substrat insondable qui alimente les voies diverses de l’expression ; et, dans un autre poème, il se demande pourquoi une « syllabe nouvelle » est devenue nécessaire pour rendre le sujet poétique, divisé entre lui-même et son double spéculaire, de nouveau semblable à soi-même.
Justement une figure extraordinaire telle que celle de Tusiani ― qui de la pluralité fait une identité, et de l’étrangement un fondement ― incarne de manière éclatante ce fécond terrain italo-américain où l’initiative culturelle d’une anthologie de poésie italienne avec traduction anglaise (Canone inverso. Anthology of Contemporary Italian Poetry, edited by Pietro Montorfani, Gradiva, New York 2014, pp. 400, $ 25.00) peut prendre fructueusement racine.
« Canon inversé » : l’idée et l’image d’une mélodie qui en reproduit exactement une autre à une distance de peu de notes, mais en créant, ainsi, de nouvelles rencontres et harmonies, de nouveaux contrepoints, reflètent merveilleusement l’essence de la traduction, notamment dans un contexte interculturel : identité dans la multiplicité, réverbérations de superpositions insolites, images qui reçoivent de nouvelles couleurs et résonances parmi le contact réciproque ― l’œil erre entre l’originel et la traduction, comme l’oreille d’une voix à l’autre, en poursuivant et en reconnaissant, variée, une même idée mélodique, transférée dans la position et dans le temps (canon inversé, aussi, comme spécularité du renversement, correspondance dans la distance, d’une extremité à l’autre de l’océan).
Les critères de choix ― appliqués avec cohérence ― sont clairement énoncés par Pietro Montorfani dans l’introduction : « images ... both powerful and recognizable » (en citant Porta) ; « insight, vision and linguistic dexterity » ; et la conscience que l’anthologie est, métaphoriquement, une collection de « fleurs de poésie » : fleurs qui sont culture et en même temps, de quelque manière, nature (cette nature autre et ultérieure, historicisée, qui est, au fond, la tradition culturelle elle-même), manifestations de l’individualité et également de la tradition, « newly born » et pourtant ancrée à un héritage séculaire (on pense à la Matelda de Dante, qui « sceglie fior da fiore », « choisit fleur par fleur », incarnation de la Mathesis, du mathos, de la connaissance ― contemplative et active, inspiration et technique ― qui véhicule la purification et le rapprochement à la lumière du vrai).
Ce substrat persistant, fait d’histoire et nature, de vie et de mémoire, où reposent, et d’où germent, les expressions individuelles, représente le message essentiel ― aussi au niveau de la méthodologie adoptée par l’éditeur, que de la substance poétique des textes ― du livre.
On rencontre, alors, l’« éternelle Renaissance » de Piersanti (« eternal / Renaissance », isolée par l’enjambement dans le blanc de la page, dans la version de Matthew F. Rusnak), qui « à l’heure du crépuscule / s’ouvre » ; l’enchantement ferme et inquiétant, d’une douceur métaphysique, chez Fontanella, des « objets / qui nous survivront », « fermes mais comme dissipés / entre les doigts » (tout comme chez Pontiggia les choses et les mots persistent, dans leur consistance ferme et obstinée, au-delà des limites étroites d’une vie, « ils étaient avant toi, et ils sont après / toi ») ; l’impossible, indicibile « histoire de l’éternité », l’« éthérée puissante continuité céleste » à laquelle fait allusion, entre le Dante paradisiaque et le dernier Luzi, Cesare Viviani ; la mort, chez De Angelis, comme « infini présent / de ce que l’on ne conjugue pas », comme gouffre qui enlève et anéantit la netteté géométrique des choses, et l’infini qui « se révèle dans le peu » ; la « vie qui se perd », chez Pontiggia, et le « vide algide » qui en reste ; la lumière éternelle, dévorante et synthétique de Van Gogh dans les vers et les rythmes « malléables » et « sinueux », comme Montorfani les définit, de Danilo Bramati, heureuse rédécouverte ― lumière qui « transcende les terres de l’origine », qui pousse constamment le regard vers l’outre, temps qui « sombre en grains de silence », cristallisation de la pensée et du vécu en image.
D’une part, donc, l’« impoétique » chanté par D’Elia, la réalité faite de « choses » et de fragments sans connexion ; de l’autre, le rêve perpétuel de la Nature retrouvée, à travers la culture, par la Parole ; et l’illusion assidue, ontologique, du chant qui surplombe et illumine toute chose, tout instant et toute vie.
En telle double unité aussi consiste le « « canon inversé » de cette anthologie précieuse.


Un’antologia italoamericana

In un carme latino, Joseph Tusiani — fra i più significativi poeti italoamericani, capace di spaziare fra quattro idiomi, esempio emblematico di nomadismo e contaminazione — invoca lo « Spiritus omniloquens », il « divinus absconditus cantus » — insomma l’occulta sorgente, l’insondabile sostrato che alimenta le diverse vie dell’espressione ; e, in un altro, si chiede perché si sia resa necessaria una « sillaba nova » per rendere l’io poetico, diviso fra sé e il suo doppio speculare, nuovamente simile a se stesso.
Proprio una straordinaria figura come quella di Tusiani — che fa della pluralità un’identità, e dello straniamento un fondamento — incarna emblematicamente quel fertile terreno italoamericano in cui l’iniziativa culturale di un’antologia di poesia italiana con traduzione inglese (Canone inverso. Anthology of Contemporary Italian Poetry, edited by Pietro Montorfani, Gradiva, New York 2014, pp. 400, $ 25.00) può fecondamente attecchire.
« Canone inverso » : l’idea e l’immagine di una melodia che ne riproduce esattamente un’altra a poche note di distanza, ma creando in ciò nuovi incontri, armonie, contrappunti, riflettono splendidamente l’essenza della traduzione, specie in un contesto interculturale : identità nel molteplice, riverberi di inusitate sovrapposizioni, immagini che ricevono nuove tinte e nuove risonanze dal reciproco contatto — l’occhio vaga dall’originale alla traduzione, come l’orecchio da una voce all’altra, rincorrendo e riconoscendo, variata, una stessa idea melodica, traslata nella posizione e nel tempo (canone inverso, anche, come specularità del rovesciamento, rispondenza nella distanza, da un estremo all’altro dell’oceano).
I criteri della scelta — coerentemente seguìti — sono chiaramente enunciati da Pietro Montorfani nell’introduzione : « images ... both powerful and recognizable » (citando Porta) ; « insight, vision and linguistic dexterity » ; e la consapevolezza che l’antologia è, metaforicamente, collezione di « fiori di poesia » : fiori che sono cultura e insieme, in certo modo, natura (quella natura altra e ulteriore, storicizzata, che finisce per essere la stessa tradizione culturale), manifestazioni dell’individualità e insieme della tradizione, « newly born » eppure ancorata ad un retaggio secolare (si pensa alla Matelda dantesca, che sceglie fior da fiore, incarnazione della Mathesis, del mathos, della conoscenza — contemplativa e attiva, ispirazione e tecnica — che media la purificazione e l’appressamento alla luce del vero).
Questo persistente sostrato, fatto di storia e natura, di vissuto e memoria, su cui poggiano, e da cui germinano, le espressioni individuali, costituisce il messaggio essenziale — sia a livello di metodologia adottata dal curatore che di essenza poetica dei testi — del libro.
Ecco, allora, l’« eterno Rinascimento » di Piersanti (« eternal / Renaissance », isolata dall’enjambement nel bianco della pagina, nella versione di Matthew F. Rusnak), che « all’ora del crepuscolo / sboccia » ; l’incanto fermo ed inquietante, sommessamente metafisico, in Fontanella, degli « oggetti / che ci sopravvivranno », « fermi ma come dissipati / fra le dita » (così come in Pontiggia cose e parole perdurano, nella loro ferma ostinata consistenza, oltre i limiti angusti di una vita, « erano prima, e sono dopo / di te ») ; l’impossibile, inenarrabile « storia dell’eternità », la « eterea travolgente continuità celeste » a cui allude, fra il Dante paradisiaco e l’ultimo Luzi, Cesare Viviani ; la morte, in De Angelis, come « infinito presente / di ciò che non si coniuga », come voragine che rapisce e annienta la geometrica nettezza delle cose, e l’infinito che « appare nel poco » ; la « vita che si perde », in Pontiggia, e l’« algido vuoto » che ne resta ; la luce eterna, divorante e sintetica di Van Gogh nei versi e nei ritmi « malleabili » e « sinuosi », come li definisce Montorfani, di Danilo Bramati, lieta riscoperta — luce che « trascende le terre dell’origine », che sollecita costantemente lo sguardo verso l’oltre, tempo che « affonda in grani di silenzio », cristallizzazione del pensiero e del vissuto in immagine.
Da un lato, insomma, l’« impoetico » cantato da D’Elia, la realtà fatta di « cose » e frammenti irrelati ; dall’altro, il sogno perenne della Natura ritrovata, attraverso la cultura, dalla Parola ; e l’illusione perpetua, ontologica, del canto che sovrasta e illumina ogni cosa, ogni istante e ogni vita.
Anche in tale duplice unità consiste il « canone inverso » di questa preziosa antologia.

Matteo Veronesi

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