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Vos ancêtres les Gaulois : petite anthologie de la pensée raciste en France 

jeudi 18 juin 2009, par Michel Tarrier

« Les collégiens de la classe de 4ème, en France, sont les victimes de la falsification historique. Des écrivains philosophes anti-nègres sont présentés dans leur « livre de français » comme des hommes qui combattaient l’esclavage. En réalité, il s’agit de racistes du « siècle des Lumières » comme Montesquieu, Voltaire, Diderot et de bien d’autres. La falsification, au niveau des livres scolaires, n’est pas une chose nouvelle (nous avons appris, par exemple aux Antilles, mêmes les plus noirs d’entre nous, que nos ancêtres étaient les Gaulois ; il y avait même un nègre, Henri Salvador, qui chantait une chanson : Nos ancêtres, les Gaulois...). Nous profitons de cette rentrée des classes pour attirer l’attention de nos lecteurs sur une dérive habituelle. Nul ne doute que les auteurs de ces livres ont un réel mépris des Noirs, car ils connaissent la vérité ». (René-Louis Parfait Etilé, La falsification historique : Nos enfants apprennent des insanités à l’école, www.africamaat.com, novembre 2004).

Prise de conscience

La prise de conscience de soi serait l’une des notions qui définit l’homme, lequel estime que les espèces qui lui sont psychologiquement et éthologiquement les plus proches sont celles sensibles à leur image quand elles la confrontent au miroir. Comme celle de la vie et de la mort, cette notion d’être soi est donc probablement aussi vieille que l’homme. D’autres prises de conscience qui font l’homme dans son humanité semblent par contre dater d’hier. Je veux parler du cortège de celles qui font la une de notre contemporain, comme si nous venions d’être touchés par la grâce du bon sens commun.

On n’a jamais autant relevé le défi contre la xénophobie, l’antisémitisme, la négrophobie, les racismes, le sexisme, l’homophobie, la souffrance imposée aux animaux, la Nature maltraitée, etc., que depuis les années 1970. Une opinion juste à l’égard de ces sujets ne serait donc intervenue que très récemment, alors que la pensée humaine et la quête de justice sont élaborées depuis quelques milliers d’années. Nous livrons un inexorable et légitime combat à l’encontre de tout ce qui relève de la contre-nature, véritable défi que nous relevons à l’égard de notre nature profonde et malfaisante. Nous nous surpassons ! On peut se poser cette question : et si ces prises de conscience n’étaient que des points de vue d’époque, toutes relatives et subjectives ? La guerre n’est majoritairement mal notée que depuis peu, elle était auparavant couverte d’héroïsme et de patriotisme, sentiments devenus péjoratifs. N’en déplaisent à ceux qui voudraient faire le procès du pacifisme, les mêmes qui dénigrent les « anecdotes » françaises de Mai 68 et qui parlent avec nostalgie d’identité nationale. L’esclavage et l’apartheid ont encore occupé, dans un silence complice, une bonne partie du précédent siècle, et la majorité de l’opinion publique ne s’en souciait guère. La fécondité surnuméraire était une vertu et le contrôle des naissances, encore condamné par les théocrates des grands monothéismes, a eu longtemps maille à partir. La pratique de la peine de mort n’est plus l’apanage que des états voyous. Le silence sur les violences conjugales et l’abjecte domination maritale vient seulement d’être rompu. Handicapés mentaux et moteurs n’ont que tout récemment trouvé leur place à nos côtés, pour cesser d’être réduits à la marginalité, à la mendicité, voire à l’exhibition une cloche au cou pour faire rire les foules. Tortures, atrocités, génocides, écocides d’ici et d’ailleurs n’incitent que depuis peu à des levers de boucliers internationaux. Des lois pour combattre l’homophobie, l’antisémitisme, le machisme viennent seulement de faire leur apparition. Avant la fin du XXe siècle, il n’y avait que quelques grands esprits pour dénoncer notre vile attitude à l’égard des autres animaux, pour s’interroger sur le régime carnivore et faire l’apologie du régime végétarien. Face à l’adversité des réticences conservatrices, ces combats ont toujours été complaisamment relégués dans une contre-culture de gauche. Ils étaient communs aux mêmes mouvances, qu’il s’agisse des luttes féminines contre la violence ou pour la liberté de l’avortement, contre les racismes, pour l’écologie et la cause animale. On peut, tout de même, reconnaître que la politique de droite n’a jamais aidé à ces évolutions et que la vie meilleure pour tous les groupes qui ne sont pas strictement composés d’hommes blancs hétérosexuels doit ses bouffées d’air pur aux progressistes contestataires et qu’elle ne doit rien aux conservateurs dont les relents d’air vicié sont l’apanage. On en arrive à se demander si le seul militantisme obsessionnel de droite n’est pas étroitement confiné aux causes économiques et à une croissance sans partage. D’où le scandale à renouveler sa confiance démocratique à de pareils gens.

Alors, avant nous, « ils » avaient donc tout faux ! Et nous aurions « tout bon » ? Quelle belle époque où il n’est pas un people qui ne soit humanitaire, chevaleresque, militant de grandes causes, dévoué aux famines, aux maladies nouvelles ou orphelines. Le dernier des combats ne serait plus que d’ouvrir notre « humanerie » à nos frères ou cousins les grands singes, d’admettre enfin que le statut synonyme de l’animal gorille et de l’animal poule pourrait être discuté, modulé, non pas pour continuer à soumettre les poules à l’enfer de nos élevages et au destin de notre assiette, mais pour se sentir en famille avec les hommes d’une autre culture tels que le sont les chimpanzés ou les orangs-outangs. Un bonobo n’est pas un anchois ! Décrié par ceux se réclamant de l’héritage despotique des obscurantistes, le parlement espagnol a récemment (juillet 2008) voté une résolution favorable au projet Grand singe visant la protection des chimpanzés, des bonobos, des gorilles et des orangs-outangs sur un modèle plus affin aux droits de l’homme qu’à celui, peu satisfaisant, habituellement réservé aux autres animaux. En Espagne, le projet fut initié par Pedro Pozas, disciple du philosophe australien Peter Singer, auteur entre-autres du livre intitulé La libération animale et dont l’œuvre bioéthicienne est fondatrice des mouvements modernes de droits des animaux. Tout porte à croire que la résolution deviendra loi et que l’Espagne sera pionnière dans la défense de « nos camarades de l’évolution » (Pedro Pozas sic) en élargissant à tous les singes supérieurs la plupart des droits légaux habituellement réservés aux humains. Le projet de loi en appelle à assurer la protection des grands singes contre « les abus, la torture et la mort  ». La loi rendra ainsi illégale toute expérience médicale « douloureuse » sur les singes, ainsi que leur utilisation dans la publicité ou les cirques. Les maintenir en état de détention dans des zoos restera cependant autorisé, mais les conditions de vie inhérentes et présentement sous humaines devront être améliorées. Il serait temps, il serait l’heure que dans la foulée, l’Europe, puis l’ONU, votent une déclaration des droits des grands singes, en accordant une personnalité juridique à tous nos cousins hominoïdes.

Le dernier des combats égalitaires serait aussi de respecter le peuple cétacé en mettant un terme à ces nouveaux cirques que sont les delphinariums, comme nous avons (quasiment) éradiqué la plupart des autres exploitations pour le plaisir d’animaux détenus, ou que du moins le combat n’est plus tourné en dérision. Vivre en respectant tout ce qui vit, en ne catégorisant que dans le bon sens, en ne discutant même plus pour chercher à savoir s’il existe de bonnes ou de mauvaises herbes, si les conditions de détention d’un gibbon ou d’un cachalot sont acceptables ou mauvaises, si le voile que doit porter cette femme est religieux ou politique, est-ce impossible ? Il n’y a que de bonnes herbes, il n’est question de détenir aucune espèce sous quelque raison que ce soit (et surtout pas scientifique ou écologique !), aucun sexe ne doit répondre à l’autre de ses agissements. Il faut lutter de toutes ses forces contre les abus de cet homme monothéiste et impérialiste, au moins pour finir en beauté !

« Je ne suis pas notaire /
C’est la faute à Voltaire /
Je suis petit oiseau /
C’est la faute à Rousseau.
 »
Victor Hugo

Alors, nous qui sommes si fiers de nos Lumières, à part peut-être Rousseau l’écolo et sa pensée du bon sauvage, il ne fallait pas compter sur nos philosophes pour contribuer à un bon éclairage de l’antiracisme. À moins que le vocable et sa notion n’aient pas encore pris, en ce temps, tout son sens. À cette époque très linnéenne, on venant de découvrir la systématique et son classement orthodoxe, et il pouvait paraître lucide d’être raciste comme on l’est en taxinomie. À l’heure scientifique d’apprécier les différences, l’étiquetage est le chemin qui mène à la ségrégation. On peut donc envisager le moindre mal de ces gens qui cherchaient à comprendre pour classer, valoriser, catégoriser. Alors, faut-il excuser le Voltaire raciste ? Il y eut peut-être un avant et un après à « SOS racisme », tout comme au mouvement de libération des femmes, aux initiatives de Brigitte Bardot, aux mouvements antivivisection ou anti-fourrure, comme il y en aura un aux Chiennes de garde et à SOS gavage, et autres mouvements de conscientisation, n’en déplaise encore et une fois de plus aux détracteurs des révolutions et des mouvements libertaires ? Les droits de l’homme sont pieds et poings liés à tous les mouvements pour le respect de toutes formes de vie. Il est illusoire de désolidariser la liberté de l’homme de celle du reste du Vivant. Voilà encore un acquis récent sur lequel des pionniers se prononcèrent depuis des siècles, au grand dédain de la galerie bien pensante et très malfaisante.

Anthologie de la pensée raciste du Pays France

Avec Voltaire, nous avons hérité de cette sublime déclaration, apocryphe qui lui est attribuée : « Je désapprouve ce que vous dites mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ». Mais comment accepter ce point de vue : « Je vois des singes, des éléphants, des nègres, qui semblent tous avoir quelque lueur d’une raison imparfaite » (Traité de Métaphysique) ? C’est peut-être la raison d’une telle conclusion de Victor-Hugo : « Mais qu’est-ce donc que Voltaire ? Voltaire, disons-le avec joie et tristesse, c’est l’esprit français ».

Voltaire, Kant ou Hegel sont-ils fréquentables ? En tout cas et pour qu’ils le soient assurément, par exemple quand il s’agit de les enseigner dans les lycées et les universités de la francophonie africaine, leurs textes sont bel et bien expurgés de leurs « parties honteuses » par les maquilleurs du passé ! Voici un florilège des dites assertions voltairiennes, à faire se dresser les cheveux des monothéistes chauves les plus conservateurs, à défriser « la laine » du crâne des Africains (sic !). L’idée centrale de Voltaire était la perversité de la religion chrétienne, particulièrement du catholicisme. L’enseignement dogmatique s’appuie d’abord sur un postulat erroné, celui que tous les hommes descendent d’Adam et Ève, que nous avons tous ces parents comme ancêtres. Selon Voltaire, les races humaines sont disparates et leurs origines sont donc différentes. En second lieu, le christianisme est néfaste car il prolonge la religion juive, qui est celle d’une nation odieuse et ennemie du genre humain. Le judéo-christianisme a ainsi hérité des tares du judaïsme. L’adhésion au christianisme définissait les limites de l’antisémitisme, et la notion d’ancêtre commun fixait les limites du racisme. Voltaire n’avait pas tort, mais il dépasse les bornes admises et, en appelant à la raison, ouvre la voie à une xénophobie débridée. C’est dans son Traité sur la tolérance qu’il fera ensuite amende honorable et, sans rien renier de son désaccord avec le catholicisme et le judaïsme, il proposera un antidote culturel. Mais le mal était fait, « c’est la faute à Voltaire » et le racisme s’épanouira dans le totalitarisme du XXe siècle.

Voltaire raciste

In l’Essai sur les mœurs :
« Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que des nègres et des négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un Noir et d’une Blanche, ou d’un Blanc et d’une Noire. » (Tome 1, p. 6).
« La plupart des Nègres, tous les Cafres, sont plongés dans la même stupidité, et y croupiront longtemps. » (Tome 1, p. 11).
« La même providence qui a produit l’éléphant, le rhinocéros et les Nègres, a fait naître dans un autre monde des orignaux, des condors, des animaux a qui on a cru longtemps le nombril sur le dos, et des hommes d’un caractère qui n’est pas le notre. » (Tome 1, p. 38).
« Les blancs et les nègres, et les rouges, et les Lappons, et les Samoïèdes, et les Albinos, ne viennent certainement pas du même sol. La différence entre toutes ces espèces est aussi marquée qu’entre un lévrier et un barbet. » (Tome 2, p. 49).

In Traité de Métaphysique :
« Je me suppose donc arrivé en Afrique, et entouré de nègres, de Hottentots, et d’autres animaux. »
« Enfin je vois des hommes qui me paraissent supérieurs à ces nègres, comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette espèce. »

Voltaire antisémite

In Traité de Métaphysique :
« Si nous lisions l’histoire des juifs écrite par un auteur d’une autre nation, nous aurions peine à croire qu’il y ait eu en effet un peuple fugitif d’Egypte qui soit venu par ordre exprès de Dieu immoler sept ou huit petites nations qu’il ne connaissait pas ; égorger sans miséricorde les femmes, les vieillards et les enfants à la mamelle, et ne réserver que les petites filles ; que ce peuple saint ait été puni de son Dieu quand il avait été assez criminel pour épargner un seul homme dévoué à l’anathème. Nous ne croirions pas qu’un peuple si abominable (les juifs) eut pu exister sur la terre. Mais comme cette nation elle-même nous rapporte tous ses faits dans ses livres saints, il faut la croire. » (Tome 1, p. 158).
« Toujours superstitieuse, toujours avide du bien d’autrui, toujours barbare, rampante dans le malheur, et insolente dans la prospérité, voilà ce que furent les juifs aux yeux des Grecs et des Romains qui purent lire leurs livres.  » (Tome 1, p. 186).
« Si Dieu avait exaucé toutes les prières de son peuple, il ne serait resté que des juifs sur la terre ; car ils détestaient toutes les nations, ils en étaient détestés ; et, en demandant sans cesse que Dieu exterminât tous ceux qu’ils haïssaient, ils semblaient demander la ruine de la terre entière. » (Tome 1, p. 197).
« On ne voit au contraire, dans toutes les annales du peuple hébreu, aucune action généreuse. Ils ne connaissent ni l’hospitalité, ni la libéralité, ni la clémence. Leur souverain bonheur est d’exercer l’usure avec les étrangers ; et cet esprit d’usure, principe de toute lâcheté, est tellement enraciné dans leurs cœurs, que c’est l’objet continuel des figures qu’ils emploient dans l’espèce d’éloquence qui leur est propre. Leur gloire est de mettre à feu et à sang les petits villages dont ils peuvent s’emparer. Ils égorgent les vieillards et les enfants ; ils ne réservent que les filles nubiles ; ils assassinent leurs maîtres quand ils sont esclaves ; ils ne savent jamais pardonner quand ils sont vainqueurs : ils sont ennemis du genre humain. Nulle politesse, nulle science, nul art perfectionné dans aucun temps, chez cette nation atroce. » (Tome 2, p. 83).
« Lorsque, vers la fin du quinzième siècle, on voulut rechercher la source de la misère espagnole, on trouva que les juifs avaient attiré à eux tout l’argent du pays par le commerce et par l’usure. On comptait en Espagne plus de cent cinquante mille hommes de cette nation étrangère si odieuse et si nécessaire. (...) De tout temps les juifs ont défiguré la vérité par des fables absurdes. Ils mirent en œuvre de fausses médailles, de fausses inscriptions ; cette espèce de fourberie, jointe aux autres plus essentielles qu’on leur reprochait, ne contribua pas peu à leur disgrâce. » (Tome 5, p. 74-76).

La pensée raciste et eugéniste dans les sciences, les lettres, la théologie…

Autres extraits (devenus) équivoques d’autres philosophes et scientifiques du XVIIIe au XIXe siècle :

« On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. (...) Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens. »
Montesquieu (1689-1755, L’esprit des Lois).

« Le Noir africain est guidé par la fantaisie ; l’homme européen est guidé par les coutumes. »
Carl von Linné (1707-1778, naturaliste, fondateur de la systématique moderne, Systema naturae).

« Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion... Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire mention de nos colonies, il y a des Nègres esclaves dispersés à travers l’Europe, on n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence. »
David Hume (1711-1776, économiste anglais).

«  La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie (...) Les Noirs (...) sont si bavards qu’il faut les séparer et les disperser à coups de bâton. »
Emmanuel Kant (1724-1804, Essai sur les maladies de la tête, Observation sur le sentiment du beau et du sublime).

« L’achat des nègres aux côtes d’Afrique, pour les transférer et revendre ensuite dans les possessions de l’Amérique, est-il un commerce légitime et peut-on le faire en conscience ? ... La formulation de la question dont on vient de parler dépend d’un point de vue principal, il consiste à savoir si on peut légitimement avoir en sa possession des esclaves et les retenir en servitude, En effet, une fois bien prouvé qu’on peut légitimement en avoir et s’en servir : il demeure hors de doute, que l’on peut en acheter et en vendre ... A cette dernière question, je réponds que l’on peut licitement avoir des esclaves et s’en servir ; cette possession et ce service ne sont ni contraires à la loi naturelle, ni à la loi Divine écrite, ni même à la loi de l’Évangile. »
Bellon de Saint-Quentin (théologien, Dissertation sur la traite et le commerce des nègres, 1765).

« Tout sentiment d’honneur et d’humanité est inconnu à ces barbares... Point de raisonnement chez les nègres, point d’esprit, point d’aptitude à aucune sorte d’étude abstraite... Leur naturel est pervers...  »
Jacques-Philibert Rousselot de Surgy (Histoire générale des voyages, 1765).

« Par le métissage, le sang noir attaquerait en France jusqu’au cœur de la nation en déformant les traits et en brunissant le teint. »
Louis Narcisse Baudry Deslozières (1764-1841, avocat et écrivain, Les égarements du Négrophilisme).

« La race nègre est confinée au midi de l’Atlas, son teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne comprimé et son nez écrasé ; son museau saillant et ses grosses lèvres la rapprochent manifestement des singes : les peuplades qui la composent sont toujours restées barbares (...) la plus dégradée des races humaines, dont les formes s’approchent le plus de la brute, et dont l’intelligence ne s’est élevée nulle part au point d’arriver à un gouvernement régulier.  »
Georges Cuvier (1769-1832, zoologiste, Recherches sur les ossements fossiles).

«  Les Africains, en revanche, ne sont pas encore parvenus à cette reconnaissance de l’universel. Leur nature est le repliement en soi. Ce que nous appelons religion, état, réalité existant en soi et pour soi, valable absolument, tout cela n’existe pas encore pour eux. Les abondantes relations des missionnaires mettent ce fait hors de doute (...) Ce qui caractérise en effet les nègres, c’est précisément que leur conscience n’est pas parvenue à la contemplation d’une objectivité solide, comme par exemple Dieu, la loi, à laquelle puisse adhérer la volonté de l’homme, et par laquelle il puisse parvenir à l’intuition de sa propre essence" et de continuer en disant que l’Afrique est "un monde anhistorique non développé, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire de l’universel. »
Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831, La raison dans l’histoire).

« Le cerveau du Bochiman (…) mène à celui des Simiadae (les singes). Cela implique une liaison entre le défaut d’intelligence et l’assimilation structurelle. Chaque race d’Homme a sa place, comme les animaux inférieurs.  »
Charles Lyell (1797-1875, géologue, fondateur de la géologie scientifique).

« Le Nègre est une monstruosité intellectuelle, en prenant ici le mot dans son acception scientifique. Pour le produire, la nature a employé les mêmes moyens que lorsqu’elle enfante ces monstruosités dont nos cabinets offrent de nombreux exemples. (…) Il a suffi pour atteindre ce résultat que certaines parties de l’être s’arrêtassent à un certain degré de leur formation. De là, ces fœtus sans tête ou sans membres, ces enfants qui réalisent la fable de cyclope (…). Eh bien ! Le Nègre est un Blanc dont le corps acquiert la forme définitive de l’espèce, mais dont l’intelligence tout entière s’arrête en chemin. »
Armand de Quatrefages de Breau (1810-1892, naturaliste et anthropologue, cité par Léon Poliakov, in Le racisme)

« La plus stupide, la plus perverse, la plus sanglante des races humaines », « Aucun progrès, aucune invention, aucun désir de savoir, aucune pitié, aucun sentiment  », « La couleur noire, la couleur des ténèbres est vraiment le signe de leur dépravation. »
Alfred Michiels (1813-1892, écrivain, Le capitaine Firmin ou la vie des nègres en Afrique).

« Il me semble voir un Bambara assistant à l’exécution d’un des airs qui lui plaisent. Son visage s’enflamme, ses yeux brillent. Il rie, et sa large bouche montre, étincelante au milieu de sa face ténébreuse, ses dents blanches et aiguës. La jouissance vient ... Des sons inarticulés font effort pour sortir de sa gorge, que comprime la passion ; de grosses larmes roulent sur ses joues proéminentes ; encore un moment, il va crier : la musique cesse, il est accablé de fatigue... Le nègre possède au plus haut degré la faculté sensuelle sans laquelle il n’y a pas d’art possible ; et, d’autre part, l’absence des aptitudes intellectuelles le rend complètement impropre à la culture de l’art, même l’appréciation de ce que cette noble application de l’intelligence des humains peut produire d’élevé. Pour mettre ses facultés en valeurs, il faut qu’il s’allie avec une race différemment douée… »
Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882, diplomate et écrivain, Essai sur l’inégalité des races humaines).

« Les traits de caractères intellectuel du sauvage (…) se retrouvent chez l’enfant civilisé.  »
Herbert Spencer (1820-1903, philosophe darwiniste, cité par Jay Gould, in La mal mesure de l’homme).

« La nature a fait une race d’ouvrier, c’est la race chinoise (...) une race de travailleur de la terre, c’est le nègre (...) une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. »
Ernest Renan (1823-1892, le Discours sur la nation).

« La colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre… La conquête d’un pays de race inférieure par une race supérieure n’a rien de choquant ... »
Ernest Renan (La réforme intellectuelle et morale).

« Ces malheureux sauvages ont la taille rabougrie, le visage hideux, couvert de peinture blanche, la peau sale et graisseuse, les cheveux mêlés, la voix discordante et les gestes violents. Quand on voit ces hommes, c’est à peine si l’on peut croire que ce soient des créatures humaines … On se demande souvent quelles jouissances peut procurer la vie à quelques-uns des animaux inférieur ; on pourrait se faire la même question, et avec beaucoup plus de raison, relativement à ces sauvages. »
Charles Darwin (Voyage d’un naturaliste autour du monde, 1831 à 1836).

« Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l’Angleterre, ont saisi l’Afrique ; la France la tient par l’ouest et par le nord ; l’Angleterre la tient par l’est et le midi. Voici que l’Italie accepte sa part de ce travail colossal. L’Amérique joint ses efforts aux nôtres ; car l’unité des peuples se révèle en tout. L’Afrique importe à l’univers. Une telle suppression de mouvement et de circulation entrave la vie universelle, et la marche humaine ne peut s’accommoder plus longtemps d’un cinquième du globe paralysé. De hardis pionniers se sont risqués, et, dès leurs premiers pas, ce sol étrange est apparu réel ; ces paysages lunaires deviennent des paysages terrestres. La France est prête à y apporter une mer. Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie (...).
Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. (Applaudissements)
Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra.
Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez là. A qui ? À personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. (Applaudissements prolongés). Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez
. »
Victor Hugo (Discours sur l’Afrique, 18 mai 1879).

« En Afrique les filles foisonnent, mais elles sont toutes aussi malfaisantes et pourries que le liquide fangeux des puits sahariens. »
Guy de Maupassant (1850-1893).

«  Je vous défie de soutenir jusqu’au bout votre thèse qui repose sur l’égalité, la liberté, l’indépendance des races inférieures. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. »
Jules Ferry (Débats parlementaires du 28 juillet 1885).

« Lorsque les Nègres sont échauffés, il se dégage de leur peau une exsudation huileuse et noirâtre qui tache le linge et répand une odeur désagréable.  »
Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, au chapitre « Nègre ».

« Nous créerons parmi les races qui peuplent la Terre, une véritable aristocratie, celle des blancs, non mélangés avec les détestables éléments ethniques que l’Asie et l’Afrique introduisent parmi nous ».
« Après l’élimination des races inférieures, le premier pas dans la voie de la sélection, c’est l’élimination des anormaux ... On va me traiter de monstre parce que je préfère les enfants sains aux enfants tarés ... Ce qui fait l’homme c’est l’intelligence. Une masse de chair humaine, sans intelligence, ce n’est rien ...  »
Charles Richet (1850-1935, médecin, prix Nobel 1913 de physiologie, il considérait que la civilisation avait perverti la sélection naturelle, en donnant des avantages aux dégénérés qui ne méritaient pas de vivre).

« Notre sensibilité spécifique pour la beauté et la laideur chez nos congénères, dépend très étroitement des symptômes de dégénérescence dus à la domestication qui menace notre race. Il faudrait, pour la préservation de la race, être attentif à une élimination des êtres moralement inférieurs, encore plus sévère qu’elle ne l’est aujourd’hui ».
Francis Galton (1822-1911, physiologiste, cousin de Darwin, sa doctrine eugénique inspirera, cinquante ans plus tard, Hitler et le régime nazi).

« Au point de vue sélectionniste, je regarderais comme fâcheux le très grand développement numérique des éléments Jaunes et Noirs qui seraient d’une élimination difficile. Si toutefois la société future s’organise sur une base dualiste, avec une classe dolicho-blonde dirigeante et une classe de race inférieure confinée dans la main-d’œuvre la plus grossière, il est possible que ce dernier rôle incombe à des éléments Jaunes et Noirs. (…) Il ne faut pas oublier que l’esclavage n’a rien de plus anormal que la domestication du cheval ou du bœuf. »
Georges Vacher de Lapouge (1854-1946, entomologiste et anthropologue, père de l’aryanisme, il fut l’auteur de L’Aryen et son rôle social, éléments fondateurs de l’antisémitisme nazi).

«  Aucun gouvernement démocratique ne pourra jamais marcher en Afrique.  »
Bertrand Russell (1872-1970, mathématicien, cité par Paul Johnson, in Le grand mensonge des intellectuels).

« La principale de ces circonstances est assurément la privation de la lumière du Christ et même de tout reflet de cette lumière, qui a permis à l’Esprit mauvais de s’établir en maître, sur cette terre déshéritée de l’Afrique ... Les Noirs sont de temps immémorial livrés sans contrôle à un sensualisme abject, à la cruauté, au mensonge. (...) Les nègres aujourd’hui vivent sous l’influence corruptrice de tant de générations impures qu’il serait étonnant de les trouver aptes à une haute civilisation morale immédiate.  »
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955, jésuite et théologien, La Guinée supérieure et ses missions, Les causes de l’infériorité du nègre ; Sa doctrine est toujours enseignée dans les séminaires en Afrique…).

« Il faudrait pour la préservation de la race, être attentif à une élimination des êtres moralement inférieurs encore plus sévère qu’elle ne l’est aujourd’hui ... nous devons, et nous en avons le droit, nous fier aux meilleurs d’entre nous et les charger de faire la sélection qui déterminera la prospérité ou l’anéantissement de notre peuple.  »
Konrad Lorenz (1903-1989, biologiste et philosophe, ancien sympathisant nazi devenu militant écologiste, prix Nobel 1973 de physiologie pour ses recherches sur le comportement animal).

William Shockley (1919-1989, physicien, prix Nobel 1956 de Physique, co-inventeur du transistor) demanda à l’Académie des Sciences américaines : «  que des recherches soient entreprises pour déterminer l’influence de la forte natalité des Noirs sur la qualité de la population américaine et propose de stériliser ceux qui ont un QI inférieur à 100 », et fut l’auteur d’une proposition de loi destinée à octroyer une prime financière à toutes les femmes noires qui accepteraient de se faire stériliser.

« L’Européen ne saura jamais à quel point est effroyable la vie de ces malheureux qui passent leur temps dans la crainte des sortilèges dirigés contre eux. Seuls, ceux qui ont vu cette misère de près comprennent que c’est un devoir d’humanité d’enseigner aux peuples primitifs une autre conception du monde et de la vie, pour les délivrer de ces croyances funestes (…) Quant à l’effort intellectuel que représentent les conquêtes techniques, l’indigène n’est pas capable de l’évaluer. Mais quand il a affaire à un Blanc, il sent avec une intuition infaillible si celui-ci est une personnalité, une personnalité morale (…) le primitif ne connaît que des jugements de valeurs élémentaires (…) quand il rencontre la bonté unie à la justice et à la véracité, la dignité intérieure derrière la dignité extérieure, il s’incline et reconnaît son maître. »
Albert Schweitzer (1875-1965, théologien, philosophe, musicien et médecin missionnaire au Gabon, prix Nobel 1952 de la Paix, in À l’orée de la forêt vierge).

La pensée raciste de ceux qui ne le sont pas

Et pour ceux qui voudraient les occulter, voici les véhémentes déclarations « contre-nature » de quelques responsables politiques, lesquels n’ont pas, cette fois, l’excuse du précepte « Autres temps, autres mœurs » ! Une preuve que la prise du pouvoir n’induit pas une prise de conscience universelle, loin s’en faut.

« L’émotion est nègre et la raison hellène. »
Léopold Sédar Senghor (1906-2001, écrivain et président du Sénégal).

« C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne (…) Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront peut-être vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
Charles de Gaulle, 1959.

« Sur le plan ethnique, il convient de limiter l’afflux des Méditerranéens et des Orientaux, qui ont depuis un demi-siècle profondément modifié les compositions de la population française. Sans aller jusqu’à utiliser, comme aux Etats-Unis, le système rigide des quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Suisses, Hollandais, Danois, Anglais, Allemands, etc.) »
Charles de Gaulle, 1945.

« Qu’est-ce que les Arabes ? Les Arabes sont un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n’ont jamais réussi à constituer un État... Avez-vous vu une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n’existe pas. Les Arabes disent qu’ils ont inventé l’algèbre et construit d’énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l’œuvre des esclaves chrétiens qu’ils avaient capturés... Ce ne furent pas les Arabes eux-mêmes... Ils ne peuvent rien faire seuls. »
Charles de Gaulle (cité par Cyrus Sulzberger, in Les derniers des géants).

« Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très intelligents. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après demain 40 ? »
Charles de Gaulle, 1959 (cité par Alain Peyrefitte, in C’était de Gaulle),

« Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. (…) Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt. »
Charles de Gaulle, 1968 (Mémoires, tome 2, Journal de l’Élysée : entretiens avec Jacques Foccart).

En février 1935, un étudiant nommé François Mitterrand participa activement à une manifestation de l’Action française contre les médecins étrangers autorisés à exercer sur le sol français, scandant « Mort aux métèques ! » et « La France aux Français ! ». Plus tard, devenu socialiste et élu président, il déclarait à propos du drame rwandais : « Dans ces pays-là, un génocide, c’est pas trop important », confidence faite à l’un de ses proches et rapportée par Patrick de Saint-Exupéry dans Le Figaro du 12 janvier 1998.

« Pour le moment, tout ça n’est pas bien grave. Il y a un type, Le Pen, que je ne connais pas et qui n’est probablement pas si méchant qu’on le dit. Il répète certaines choses que nous pensons, un peu plus fort et un peu mieux que nous, en termes plus populaires. »
Jacques Chirac (extrait d’un entretien avec Franz-Olivier Giesbert, le 22 juin 1985).

« Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs (…) Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler... si vous ajoutez le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela... »
Jacques Chirac (extrait d’un discours du 19 juin 1991).

« Nous avons un devoir moral envers ces peuples..., c’est nous qui leur avons apporté la civilisation… »
Édouard Balladur (1994, commentant le début des massacres au Rwanda, lors d’une émission télévisée).

15 Messages

  • Je constate qu’il n’y a pas un seul penseur catholique dans cette liste, mais beaucoup de philosophes des lumières et de scientistes.

    Voir en ligne : Du scientisme au racisme

  • Le racisme est présent dans toutes les cultures et sous toutes les formes. Ne nous focalisons pas sur un seul élément de l’histoire du Monde, sinon nous passerons à coté de toutes les autres formes de racismes.

  • Il est très utile et même salutaire de rappeler toutes ces phrases écrites où prononcées par des personnes qui semblent au dessus de tout soupçon. Rappelons tout de même que bien peu d’hommes et de femmes échappent totalement aux préjugés de leur époque. C’est pour ça que les mentalités progressent lentement et régressent par moments.

  • Permettez-moi de préciser que la citation suivante de Montesquieu :

    « On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. (...) Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens. »

    ... est basée sur une figure de style très connue : l’ironie. En tout cas, il me semble bien.
    Et cela rajoute à sa force.

  • Dans "Le tour de France par deux enfants", on peut voir une illustration sur les races humaines dont la légende commence ainsi :
    "La race blanche, la plus parfaite des races humaines, habite surtout l’Europe etc...".
    Plus loin, on apprend que les gens de race noire "ont les bras très longs" (comme les singes sans doute !)

  • Pour Montesquieu, la citation est totalement à contre-sens du texte, qui commence par : " Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais..."
    Ce texte est l’un des plus beaux exemples des textes antiracistes et anti-esclavage de l’époque des Lumières, il consiste en l’énonciation d’arguments racistes pour en montrer l’absurdité intrinsèque.

    Si notre histoire, y compris celle des Lumières, comporte son lot de tares racistes et colonialistes (j’ai toujours haï le poème du riche de Voltaire), elle comprend aussi ses éclairs d’humanismes, DONT MONTESQUIEU !

    Et il ne fut pas le seul : Montaigne par exemple s’est horrifié de l’esclavage un siècle plus tôt !

    Prière donc d’amender le texte concernant Montesquieu, à défaut de le rendre plus équilibré en opposant aux racistes de chaque époque les humanistes d’alors !

    Merci !

  • Dommage que cette anthologie salutaire commence par un propos absolument et sans ambiguité antiesclavagiste de Montesquieu, qui, comme le souligne Courfeyrac heureux est au contraire un modèle d’ironie antiraciste. Il faudrait arrêter de mettre Montesquieu dans le même sac que Voltaire. Pour Philippe Edmond : la seconde et dernière phrase citée montre que, pour Montesquieu, le christianisme bien pratiqué est opposé à l’esclavage.

  • Je trouve aussi plutôt navrant que l’on confonde dans une même "anthologie", dont on se demande quelle peut bien être son utilité réelle, si ce n’est de justement entretenir la confusion, Kant avec Gobineau, Darwin avec Spencer, Senghor avec Balladur, et d’y insérer, en un contresens qui ferait rougir un lycéen moyen, le très célèbre extrait de L’Esprit des Lois qui condamne l’esclavage en le présentant comme un exemple de "pensée eugéniste et raciste".

    L’honnêteté intellectuelle du procédé, qui consiste à détacher de son contexte un court extrait destiné à appuyer une thèse est de toute façon douteuse. Mais quand un auteur est capable d’évoquer "Rousseau l’écolo et sa pensée du bon sauvage", il ne faut s’étonner de rien de ce qui pourra ensuite sortir de sa plume.

    • @ Christophe : prenez un peu de recul par rapport au texte et vous ne devriez pas manquer d’apercevoir que l’auteur propose une approche de la question raciste hors des cadres de l’humanisme dans lequel vous voudriez non seulement l’enfermer mais au sein desquels il serait selon vous logique de faire des listes de bons et de mauvais auteurs : la peur de la confusion qui vous interpelle n’a peut-être d’autre origine qu’une forte réticence à sortir de cadres scolaires ou académiques. J’en veux pour preuve votre condescendance à tancer Michel Tarrier comme un modeste lycéen en apprentissage et, si prompt à moquer sa soi-disant incapacité à discerner l’ironie des propos de Montesquieu (j’y reviens plus bas), vous ne mesurez pas vous-même le second degré dont ’Rousseau l’écolo et sa pensée du bon sauvage’ est affublé dans son texte.

      @ Courfeyrac et @ Corbac entre autres :
      Pour ce qui concerne la célèbre citation de Montesquieu, dont plusieurs lecteurs se sont inquiétés, non seulement l’auteur ne souhaite pas mettre en avant l’humanisme puisque son approche est plutôt anthropologique et non-spéciste, mais je constate aussi pour ma part que l’auteur a pris soin, peut-être pas de façon assez marquée pour éviter une ambiguïté, d’écrire que les propos des philosophes et scientifiques des XVIIIe et XIXe siècles étaient parfois "devenus équivoques". Comment l’intelligent Gobineau aurait-il sinon ’oublié’ les propos de Montesquieu si l’atmosphère de son temps n’avait été propice à cela ?

      Enfin, si l’on préfère des analyses de gens au moins aussi doctes que Christophe, on sera contraint de constater, dans le volume intitulé L’Afrique du siècle des Lumières : savoirs et représentations (Voltaire Foundation, Oxford, 2009), que Montesquieu a bien pu être lu de travers par beaucoup lorsqu’il écrivit :

      "Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des nations policées, est d’une si grande conséquence" (De l’Esprit des lois, livre 15, ch. 5). Au dix-huitième siècle, l’Afrique échappe effectivement au ’sens commun’ faute d’être un objet de discours public." (Thomas Hallier : Présence africaine dans le discours public français du XVIIIe siècle, p. 52)"

      D’autre part, tout admirable que soit Montesquieu, et sauf à l’idolâtrer, il faut bien constater qu’il n’est pas exempt d’équivoque non plus relativement aux

      "détails d’un visage qui semblent fournir les topoi descriptifs de la race noire. Il en est ainsi pour le ’nègre de Guinée’ dans l’article ’Beau’ du Dictionnaire philosophique de Voltaire (’le beau est pour lui une peau noire, huileuse, des yeux enfoncés, un nez épaté’), et il en est de même pour les esclaves dont parle Montesquieu dans L’Esprit des lois (’Ceux (les esclaves) dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre’), tout ironiques que soient ces passages. C’est, en effet, de la confrontation entre les corps - à laquelle même la culture contemporaine est bien loin d’avoir renoncé - que part l’évaluation des qualités et des défauts des deux races." (Francesco Paolo Alexandre Madonia, La laideur des Africains chez les métaphysiciens du Beau, pp. 159-160)

      Aussi, sauf à mésentendre ce que Michel Tarrier veut dire, à savoir que le racisme est analogue au spécisme consistant à juger de la beauté, de la valeur éthique, etc., à catégoriser les êtres vivants selon le point de vue de celui qui catégorise — c’est un faux procès qu’on lui fait relativement à Montesquieu et à ce texte. C’est pourquoi les attaques ne sont parfois pas loin d’être ad hominem, ou, à défaut, de remettre en cause un élément anecdotique plutôt que d’argumenter contre sa thèse. Attention à ce que l’écrasement de tout esprit de fronde ne pousse pas certains à s’ériger en vigies de la pensée correcte.

      • Montesquieu et le faux procès fait à M. Tarrier 21 juin 2009 21:01, par christophe

        Merci pour ces précisions, ainsi que pour le conseil précieux que vous me donnez de "prendre du recul" par rapport à ce texte, assurément plus équivoque que son titre, qui annonce une "anthologie" établie en grande partie ailleurs (elle a été primitivement publiée sur le site Africamaat, sous le titre de "La haine contre les nègres" - dans une perspective assurément anti-spéciste.)

        Je ne sais pas si certaines de ces citations sont "devenues équivoques", mais je constate, au risque de m’ériger en "vigie de la pensée correcte", que c’est bien l’auteur de l’article qui entend, sinon créer, du moins entretenir certaines de ces "équivoques", en mélangeant Montesquieu et, par exemple, Gobineau. Il ne s’agit pas de distinguer, comme vous m’en prêtez l’intention, les "bons" et les "mauvais" auteurs, mais de pointer le fait que les uns et les autres ne sauraient être regroupés sous une même étiquette de penseurs racistes, comme si leurs écrits étaient intervertibles.

        La petite pique qui annonce la citation de passages de "gens au moins aussi doctes que moi" ne rend pas plus probant la passage du texte de Thomas Hallier, dont je ne vois pas en quoi sa lecture du passage cité infirmerait celle qui est généralement faite. Mais là encore, c’est peut-être un problème de délimitation du passage cité.

  • Rappel intéressant d’une évidence peut-être trop souvent oubliée.

    Mais écrire que les mentalités des siècles précédents, (XX compris) intégraient la race dans leur grille de lecture, de compréhension du monde reste quand même une porte ouverte. Pas besoin de véhémence.

    Difficile aussi d’essayer de gommer cette "race" car toujours présente dans le monde anglo saxon, que des journalistes (paresseux ?) reprennent trop souvent.

    Bref, ce n’est pas gagné. "Déracialiser" les têtes et le langue n’est qu’un lointain horizon malheureusement...

  • Petit complément au texte de Michel Tarrier à propos de la fable de l’antiracisme militant de Montesquieu. Il est toujours politiquement incorrect, semble-t-il, de s’interroger sur les ambiguïtés de celui-ci. Pourtant la condamnation de principe de l’esclavage dans l’Esprit des lois n’est pas universelle puisqu’il est des "pays où la chaleur énerve le corps et affaiblit si fort le courage que les hommes ne sont portés à un devoir pénible que par la crainte du châtiment : l’esclavage y choque donc moins la raison" (Livre XV, chap.7). L’esclavage est inutile en Europe, "il faut donc borner la servitude naturelle à de certains pays de la terre" (L.XV,8). Quant à la fameuse ironie (rare dans l’Esprit des lois) à propos de l’esclavage des nègres (L.XV,5), dont il est toujours de bon ton de s’émerveiller dans les lectures scolaires du texte, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une astuce rhétorique pour s’éviter de condamner formellement la traite négrière. Montesquieu, en outre, n’envisage pas l’abolition, multiplie, sans la moindre ironie, les conseils aux maîtres d’esclaves pour le maintien de l’ordre public (L.XV, 13 et 16) et recommande la plus grande prudence dans l’affranchissement des esclaves (L.XV, 18 et 19). Comment ne pas s’étonner enfin qu’il ne dise pas un mot du Code Noir élaboré par Colbert en 1685. On a pu dire que Montesquieu avait manqué de fermeté et de courage face à l’esclavage colonial.
    Il y a une autre raison. Tout le Livre XIV repose sur l’affligeante théorie des "climats", une sorte d’anthropologie où les peuples des "climats chauds" sont constamment décrits comme paresseux, lâches, immoraux et voués à la servitude. Citations : "Vous trouverez dans les climats du nord des peuples qui ont peu de vices, assez de vertus, beaucoup de sincérité et de franchise. Approchez les peuples du midi, vous croirez vous éloigner de la morale même : des passions plus vives multiplieront les crimes" (L.XIV,2) ; "il ne faut donc pas être étonné que la lâcheté des peuples des climats chauds les ait presque toujours rendus esclaves et que le courage des peuples des climats froids les ait maintenus libres)(L.XVII,2) ; "les peuples guerriers, braves et actifs touchent immédiatement des peuples efféminés, paresseux et timides : il faut donc que l’un soit conquis et l’autre conquérant" L.XVII,3). Peut-être serait-il anachronique de parler de racisme au sens contemporain du terme mais comment ne pas voir ici une matrice de cet ethnocentrisme dont les peuples des "climats chauds" sont les victimes depuis quatre siècles ?

  • Une question bête : que font Lorenz, Spencer, Hegel ou encore Kant dans une "anthologie de la pensée raciste en France" ?
    Vous manquiez d’exemples ?
    On cherche également une citation de Diderot, pourtant incriminé dans le texte de présentation.

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