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23 novembre, par Yann Leblanc
Je retrouve Kyôto – en un éclair.
Les villes que nous habitons et les villes qui nous hantent communiquent à travers un réseau infini de directions et trajectoires, ponts, passages méconnus et tunnels obscurs. Certaines cités prolongent très loin en nous leur dédale de ruelles. Leur architecture s’immisce dans l’inconscient pour y croître en secret. Les espaces traversés, sans cesse (…)
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8 octobre, par Yann Leblanc
La scène qui me vient en cet instant s’est probablement répétée à plusieurs reprises. Un début d’après-midi, après le repas. La chaleur cogne aux volets clos de la bâtisse. A l’intérieur c’est la pénombre, le souffle ample de la sieste dans les fauteuils du salon. Dehors dans le jardin, en contrebas de la grande terrasse, joue un enfant solitaire. Il se tient à côté de la source, à l’ombre du (…)
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11 juillet, par Lionel Marchetti,
Yann Leblanc
En cheminant avec La Noire à soixante une composition de musique concrète de Pierre Henry par Lionel Marchetti
Le livre est édité aux Presses du réel (2025)
La Noire à soixante
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Préface du livre par Yann Leblanc (avec l’aimable autorisation des Presses du réel)
Au fond Lionel Marchetti écrit comme il compose. Son rapport aux sons se retrouve dans son rapport aux mots, (…)
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3 juillet 2023, par Yann Leblanc
Ne me guéris jamais Un fim de David Yon ★ Tout bouge, tout passe, rien n’est acquis. Il ne subsistera de nous, tout au plus, que quelques traces en sursis. Un petit carton de souvenirs et de lettres qui aura survécu aux déménagements, aux séparations et aux voyages, quelques photos déjà jaunies... des films de famille aux images chevrotantes, restituant le présent d’instants (…)
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14 octobre 2024, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 6/7 Hier j’ai emprunté une piste en voiture. Elle semblait se diriger au pied des montagnes qui attiraient mon regard depuis des jours. Je comptais bien y trouver des départs de randonnée, des sentes à explorer. La piste serpentait, cahotante, ravinée par endroits. Il devenait de plus en plus difficile de passer. Le volant vibrait entre mes mains fermement (…)
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30 août 2024, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 5/7 J’ai pris un chemin de traverse, remonté un petit torrent sur le côté, loin du chemin balisé, et me suis retrouvé devant l’une des plus belles chutes d’eau qu’il m’ait été donné de voir. Une succession de cascades et de vasques remontant jusqu’au ciel. L’eau n’y tombe pas brusquement, elle s’écoule dans un murmure le long de la pierre, sans (…)
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15 janvier 2023, par Yann Leblanc
. . Hydratmos : le cor vaporeux d’Elena Kakaliagou ☐ Ce qui émerge du silence provient-il du dedans, ou du dehors ? Cette voix, est-elle absorbée ou expulsée par le souffle ? Inspirations ou expirations ? Les sons émis, distordus, semblent eux-mêmes triturer les plis et les replis du corps, comme si toute la tuyauterie intérieure était parcourue d’un étrange désir (…)
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23 février 2023, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 2/7 J’ai découvert une sente que je ne connaissais pas. Elle s’élevait le long d’une falaise imposante, jusqu’à se transformer en vire étroite. Verticalité démesurée de chaque côté de mes pas. D’un côté plongeon abrupt, de l’autre soulèvement massif et compact. Le trop plein qui surplombe et le vide qui sape. Je progressais sur une cassure, une diagonale (…)
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7 mai 2024, par Yann Leblanc
Il s’éloignait de l’hôpital avec sa démarche lourde et lente, son instrument sur le dos. Il faisait déjà nuit, le vent soufflait, charriant indifféremment feuilles mortes, détritus et poussière. Derrière lui le bâtiment n’était plus qu’une grande masse sombre, éclairée çà et là de l’intérieur. Devant, avec les décorations de noël déjà installées, le boulevard n’était que scintillement, (…)
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3 septembre 2021, par Yann Leblanc
SOUSTRACTIONS Elles étaient posées là, bien alignées et en parfait état. La lueur des réverbères les faisait même reluire. Là, en plein milieu du trottoir. Une paire de chaussures mais pas de pieds à l’intérieur, pas de jambes, pas de corps les surmontant. Pourtant les passants s’écartaient scrupuleusement au lieu de les enjamber, comme s’il y avait eu là, malgré tout, une présence. (…)