Guy Darol : À l’origine de We Are Unique ! Records, quel a été le déclic ou peut-être l’eau qui fait déborder le vase ?
Gérald Guibaud : J’ai décidé de créer ce label en 2001. Je venais de terminer mes études supérieures et, à mon école d’ingénieur (l’INSA de Toulouse), étant un grand passionné de musique indé (indie music en anglais), j’avais pris part à l’organisation de concerts et de festivals. Ce premier contact avec le milieu de la musique m’a énormément plu et cela me manquait. Parallèlement à cela, mon ami Gilles Deles (que j’avais rencontré en première année de cette école) s’était mis à composer de la musique et il venait de terminer un album que j’appréciais beaucoup. Nous partagions à l’époque les mêmes goûts pour les musiques aventureuses : post-rock, noise, electronica, folk… Gilles avait envoyé son album à plusieurs labels mais il n’avait eu aucune réponse. Je lui ai donc proposé qu’on crée notre propre structure associative et qu’on le sorte ainsi. J’ai investi mes économies faites avec mes premiers mois de salaire pour lancer l’aventure. Nous ne connaissions rien et nous avons donc appris sur le tas : la production, la fabrication, la promotion, l’autodistribution. Ensuite, son ami Lionel Maraval faisait dans son coin une electronica totalement barré que nous adorions avec Gilles : Virga fut donc naturellement notre deuxième référence. Nous avions de bons retours des disquaires locaux qui en vendaient quelques-uns et de bon retours de la presse. Ca nous a encouragé à continuer. Très vite nous avons rencontré un groupe de Montauban, très jeunes (à peine majeurs), qui faisait un post-rock d’une maturité sidérante : A Place For Parks. Nous les avons signés et avec ce catalogue de trois disques, un représentant de La Baleine nous a repéré et nous avons signé un deal de distribution à l’échelle nationale… et les choses ont continué à se développer par la suite. Pour résumer, pour ma part, l’origine du label, c’est une envie furieuse de faire partie du monde de la musique, de participer à la création d’album et d’aider de jeunes artistes français originaux à exister et se faire connaître.
Lunt aka Gilles : J’ajouterais qu’à l’époque il y avait une scène en France assez dynamique et des exemples de label qui avaient marché, comme Prohibited Records, et Lithium, ou encore Ici d’ailleurs, Amanita ; des labels qui s’étaient exportés et qui arrivaient à vivre de la musique sans rien négliger ni céder sur le contenu. C’était une autre époque en fait et nous avons été pris par la suite dans une mutation avec le gravage de CD qui débutait et puis Internet. Je me souviens que ça prenait un temps fou pour ripper un CD set que les logiciels manquaient d’ergonomie. Ces labels nous disaient implicitement : « C’est possible ».
- ANGIL AND THE HIDDENTRACKS - THE AND
Guy Darol : Quelle dépense d’énergie, quels combats au jour le jour impliquent la résistance à la dictature du goût et à son art-marchandise ?
Gérald Guibaud : L’art-marchandise, nous le dénoncions justement dans notre manifeste de départ, que Gilles avait écrit. Nous voulions être radicaux dans notre démarche, ne pas faire de concession. L’art devait primer sur tout le reste. Nous ne cherchions pas à vivre de la musique, mais à faire vivre des musiques parfois difficiles d’accès. Chercher à vivre de cette activité aurait été d’ailleurs suicidaire, puisque nous avons créé le label au début de la crise du disque ! Donc il est clair que la conjoncture ne nous a pas facilité les choses. Nous ne vendions pas beaucoup de disques, nos recettes étaient minces, et nous devions donc faire tout par nous-même pour minimiser nos frais et pouvoir sortir nos disques. La production (que Gilles a beaucoup prise en charge pour beaucoup d’artistes, avec son matériel et ses connaissances), le graphisme, l’Internet, la comptabilité, le juridique… Il nous a fallu porter plusieurs casquettes et ne pas compter les heures de travail, soirs et week-ends, en plus de nos boulots respectifs, mais nous avons appris beaucoup ! Il ne fallait aussi rien lâcher auprès de la presse et autres médias, pour qu’on parle un peu de notre musique, pour qu’on existe un peu. Ne jamais baisser les bras, même dans les moments difficiles, c’était donc notre façon de résister à la dictature du goût que nous proposait la société dans ces années 2000 que j’ai vraiment trouvées horribles musicalement.
Lunt aka Gilles : Tu parles d’art-marchandise et cette résonance presque situationniste me rappelle des souvenirs mais il ne faut pas non plus se leurrer, quand on sort des Cds et qu’on se dit qu’on a bien envie qu’ils soient vendus aux Fnac par un distributeur, on est partie prenante d’une logique capitaliste malgré tout ce qu’on pourra dire. Un jour Dana Hilliot (créateur d’Another Record) a eu une prise de conscience assez violente quand je lui ai dit : « Nous sommes en concurrence ». Ce pragmatisme-là est aussi important. Il y a une espèce de ligne rouge au-delà de laquelle on se raconte des histoires et où on peut rentrer dans une logique où vendre sera plus important que le fond musical. Voilà la frontière avec laquelle on compose en permanence.
Guy Darol : Votre catalogue, riche d’une vingtaine de signatures, se caractérise par son architecture spéciale. Ici, pas d’étanchéité. Les artistes ne font pas bande à part. Chacun pour tous. We Are Unique ! est-il un retour de la communauté ?
Gérald Guibaud : J’ai toujours envisagé notre label comme un collectif, une vrai famille. Notre ligne esthétique et sonore a toujours été dirigée par cette envie qu’il y ait des ponts, des connections entre chaque artiste et album. Ainsi, bien que chacun de nos artistes ait une identité musicale très affirmée, j’estime qu’il se dégage de notre catalogue une cohérence et une unité qui peut être parfois difficile à trouver chez d’autres labels. J’ai aussi toujours poussé nos artistes à collaborer entre eux, pour favoriser ces échanges. D’une part, parce que tous sont souvent de très bons musiciens multi-instrumentistes, ce qui permet de plus grandes possibilités pour des idées d’arrangements, mais aussi parce que ces collaborations entre les artistes débouchent souvent sur des créations originales qui sont toujours étonnantes, et qui font d’excellentes productions à sortir. Et puis, pour les artistes, cela leur permet d’ouvrir leurs univers respectifs, de se confronter à d’autres choses, de se mettre en danger… Cela se retrouve forcément par la suite dans leur musique et je pense qu’ils avancent et progressent beaucoup comme ça. Je citerai comme exemple le cas de The John Venture qui a vu la réunion d’Angil avec B R OAD WAY. Sur cette collaboration, Angil a pu vraiment aborder ce fantasme qui était de faire du hip-hop. Cet album fut libérateur et leur a prouvé qu’il pouvait lui aussi le faire. Cette nouvelle possibilité s’est par la suite trouvée complètement réabsorbée dans sa musique dans les albums suivants, que ce soit Oulipo Saliva, et les collaborations Angil Was A Cat et Jerri.
Angil aka Mickaël : We Are Unique ! n’est pas gangrené par le professionnalisme. Nous n’avons pas l’obsession des casquettes, des rôles bien définis, de la course à la subvention. Chacun donne de son temps, de son énergie, et parfois de son argent (il faut bien l’avouer !) quand il en a.
Lunt aka Gilles : Cette notion de communauté a un caractère très anglo-saxon mais après tout pourquoi pas. Nous nous sommes basés sur cette idée de collaboration entre musiciens qui n’arrêtent pas d’échanger comme ce fut une époque à Chicago ou à New York, comme David Pajo qui a toujours une place sur un album de Will Oldham. Notre force a été de ne pas partir d’un territoire ou d’une ville mais de faire coïncider des personnes qui avaient des atomes crochus. On avait l’espoir de faire ça avec des artistes étrangers (comme Tex La Homa) mais cette "communauté"-là a été beaucoup plus difficile à mettre en place. Le danger serait que tout finisse par sonner pareil mais je ne crois pas que ça soit le cas et puis nous sommes toujours à l’écoute des démos qu’on reçoit.
Guy Darol : Contre vents et marées, contre le déclin de la vente du disque, vous poursuivez coûte que coûte. Que voulez-vous affirmer ?
Gérald Guibaud : Qu’il ne faut jamais abandonner, que si vous croyez en ce que vous faites, tôt ou tard cela paye. Cela peut prendre des années, mais tant que vous êtes fiers de ce que vous réalisez, c’est le plus important. En ce contexte difficile de crise, le fait de continuer à sortir des disques physiques, des disques-objets, c’est prouver au monde que plusieurs façons d’appréhender la création musicale sont possibles, qu’il n’y a pas qu’une pensée dominante. Préserver la diversité musicale, c’est le rôle de petit "producteurs" tels que nous le sommes. Nous sommes des artisans de l’ombre qui se battent jour après jour contre l’uniformisation souvent engendrée par le système.
Lunt aka Gilles : Il y a débat à l’intérieur du label, et débat en interne de mon psychisme :-) pour savoir s’il ne serait pas mieux de ne plus faire que du net-label mais nous sommes pris entre une évolution inévitable d’un côté et une nostalgie légitime. Je voulais que Switch The Letters sorte en CD, qu’il y en ait une trace physique avec un carton palpable mais est-ce que ça aura du sens pour quelqu’un qui n’a connu que du mp3 ? Est ce que l’absence d’objet enlève quelque chose à la musique ? Je pense que ça enlève quelque chose au rapport qu’on a à la musique et à sa diffusion mais pas à l’œuvre. Cela veut peut être dire de mon point de vue que la dématérialisation de la musique a pour corollaire immédiat sa potentielle démarchandisation, sauf que Apple et tous les vendeurs potentiels en ligne sortent déjà leurs dents qui rayent le parquet pour aller chercher de l’argent. Sur ça, nous avons déjà perdu et la seule chose qu’il reste c’est de faire appel à une logique de donation ware comme dans la distribution informatique telle que Linux. Pour moi, notre liste de membres bienfaiteurs relève de cette logique de valorisation d’une démarche éthique et de fidélisation d’un public. Et un soubresaut d’honnêteté : je n’achète plus de Cds. Le dernier achat que j’ai fait était le dernier Sonic Youth parce que je suis fan. Donc je me vois mal demander à quelqu’un qui passe à la Fnac de dépenser de l’argent pour acheter un disque alors que je ne le fais pas moi-même.
- ANGIL AND THE HIDDENTRACKS - THE BAND
Guy Darol : Trois albums viennent de paraître, ceux de Raymonde Howard, Lunt, Angil & The Hiddentracks. Trois figures composant un puissant défi à la fixité des barrières du folk, du rock et du jazz. Votre entreprise n’est pas seulement orientée contre des blocs d’argent ?
Gérald Guibaud : Non, nous avons voulu toujours dynamiter les barrières entre chaque style musical. A nos débuts, nous voulions attirer des gens de la pop vers les musiques plus expérimentales, et les gens des musiques expérimentales vers la pop… Cela nous a souvent desservi. Certains puristes nous disaient : « C’est trop pop » ou « c’est trop barré ». Je considère qu’il ne doit pas y avoir de frontière imposée entre chaque style, sinon la musique ne peut pas avancer, se régénérer ou innover. Il faut être ouvert ! Je suis fier de mes artistes qui ont tous cet état d’esprit. Chacun à leur manière ne se contente pas d’un style musical aux figures imposées car ils préfèrent emprunter les chemins de traverses pour arriver à leur fin.
Angil aka Mickaël : Méfions-nous aussi des discours sur les barrières. En réalité, les groupes qui les mettent à mal ont toujours existé, à commencer par les Beatles. Les Stooges ont un devenir-rap, Coltrane a un devenir-pop, etc. Il y a toujours eu coexistence entre des artistes ultra classiques (et heureusement qu’ils sont là) et d’autres qui préfèrent le flou. Ce qui est actuel, c’est moins de faire tomber les frontières que de dire qu’on le fait !
Lunt aka Gilles : Je suis d’accord avec Angil et pour rebondir sur ce que Gérald dit, la musique d’Hitomi Recordings (subdivision expérimentale éphémère créée au sein du label en 2003) a toujours été jugée pas assez radicale par des mail-orders comme Metamkine. S’il y a un trait dans tout ce que nous faisons depuis le début c’est une forme de lyrisme : le lyrisme des enfants de la classe moyenne à l’agonie.
- RAYMONDE HOWARD - FOR ALL THE BRUISES BLACK EYES AND PEAS
Guy Darol : Raymonde Howard serait-elle la voie de l’authenticité surplombant l’industrie du jazz folk vocal si redondant aujourd’hui ?
Gérald Guibaud : Au milieu des années 2000, avec Gilles nous répondions à une interview et on nous demandait ce qu’on pensait qu’il allait se passer musicalement dans les années à venir. Le folk commençait à être bien tendance et Gilles avait dit que le jazz prendrait plus de place dans la musique grand public… Il ne s’est pas trompé ! Je dirais que désormais, après des années 2000 assez superficielles, je pense que le grand public recherche de l’authenticité. Ceci explique d’après moi pourquoi on voit en ce moment de plus en plus d’artistes faisant de la soul comme au bon vieux temps. Et je pense que le blues va encore prendre plus d’importance, forcément en ces temps de crise économique ! Une artiste comme Raymonde Howard fait du blues antique, sa musique vous touche au plus profond de votre être. Elle ne fait pas du folk comme certains journalistes ont pu l’écrire. C’est ça qui nous a plu dans sa musique lorsque nous avons écouté son album et décidé sur le champ de le sortir.
Angil aka Mickaël : C’est rigolo oui, cette confusion autour de la notion de folk. Aujourd’hui, je ne vois rien de plus folklorique que le punk. Il y a des costumes, des danses, des poses particulières, des codes ultra-sévères à respecter… Raymonde, elle emmène le blues sur un territoire très particulier, sa musique est forte de sa géographie multiple.
- LUNT - SWITCH THE LETTERS
Guy Darol : Lunt est en quelque sorte l’ombilic de We Are Unique ! Switch The Letters, deuxième album, est-il une nouvelle page du folk qui ne finit pas de se réécrire ou l’aventure par excellence ?
Gérald Guibaud : Tout à fait, Lunt (premier album éponyme sorti en 2001) est la première référence du label, et malgré les années (et le fait que Gilles ait un peu de mal avec les années avec son premier effort), je considère toujours cet album comme notre manifeste sonore : un carrefour d’influence s’y retrouvent, de la pop à l’expérimental en passant par le folk, l’electronica, le post-rock, le noise… Bref une bonne partie des courants sonores explorés par la suite au travers de nos sorties. Il ne manquait que le jazz et le hip-hop, et ça nous le devons en grande partie à Angil qui nous a dirigé vers ces deux styles ! Pour revenir à ce nouvel album de Lunt, je le trouve très aventureux dans sa façon de faire du folk. Arriver à synthétiser des influences aussi diverses que R.E.M. , le Beta Band et Mark Hollis et en faire un disque cohérent, aussi personnel, et bien moi je dis, chapeau bas. On est loin du classicisme folk que l’on retrouve dans la plupart des sorties actuelles, même si beaucoup d’artistes au profil plus classique s’en sortent souvent avec plus que les honneurs. Pour moi, je trouve que Gilles a réalisé un disque que l’on redécouvre à chaque écoute, qui ne se dévoile pas d’entrée, et ça c’est la marque des grands albums. Je suis fier de lui !
Lunt aka Gilles : Du folk qui n’arrête pas de se réécrire oui c’est ça ! Et je me souhaite comme itinéraire d’avoir fait un album qui vieillira aussi bien que Pink Moon de Nick Drake, les albums de Bridget St Jones. Plus on tend vers une épure et moins on prend le risque de surdéterminer l’époque à laquelle on appartient.
Guy Darol : Angil & The Hiddentracks est une histoire collective. Ce troisième album est un entrecroisement de lignes vocales, instrumentales. Comment le fil tendu, très cohérent, de ce projet a pu tenir en convoquant tant d’artistes ?
Angil aka Mickaël : Merci ! Ça doit tenir au fait que les chansons existaient depuis longtemps pour la plupart. Nous en avions éprouvé beaucoup en concert, notamment. Elles avaient donc une vie existante dans laquelle les invités vocaux pouvaient se glisser facilement. C’est un peu comme si ces invités étaient devenus, pour l’occasion, des "Hiddentracks".
Gérald Guibaud : Il faut aussi ajouter que tous les invités sont des amis, même les plus connus comme Laetitia Sadier, Jim Putnam ou Françoiz Breut. Tu as partagé la scène avec eux, nous n’avons pas acheté ou commandé leur featuring sur le disque pour en faire un coup promotionnel ! Je pense que si on avait fait ça, cela aurait été à l’encontre du concept de l’album, basé justement sur le ET, le lien entre deux artistes, non ? Qu’est-ce que tu en penses ?
Angil aka Mickaël : Oui, tout à fait !
Guy Darol : Avec Angil & The Hiddentracks, la pop mielleuse peut mettre le nez dans ses chaussettes. C’est le retour du jazz ardent et de l’inventivité quasi psychédélique ? Et pour moi, l’évidence que Moondog aveugle voyait loin.
Angil aka Mickaël : Lament de Moondog, c’est extraordinaire. C’est vrai que ses enregistrements sont prégnants, qu’il s’y passe quelque chose d’antique, et donc sans âge. Jazz ardent, oui, celui de Tindersticks, notamment… Leur deuxième album était une référence certaine pour The And, et quand j’entends tout le génie du dernier sorti, je me dis que c’est un sacré modèle à suivre.
Gérald Guibaud : Nous nous sommes toujours refusés de sortir des disques de pop trop évident, trop mielleux comme tu dis ! Nous avons parfois été démarché par de tels groupes qui ont eu parfois par la suite un énorme succès grand public ! Nous ne recherchons vraiment pas un succès commercial à tout prix, même si cela aiderait grandement le label financièrement parlant ! Nous voulons du danger, être émerveillé par les disques que nous produisons, plutôt que de nous dire : « Ce disque va se vendre grave ». L’aspect commercial ne sera jamais une finalité pour notre action.
Lunt aka Gilles : Il y a une acidité oblique, proche de In A Bar Under The Sea de Deus dans cet album-là mais qui reste de la pop pour autant.
Guy Darol : Peut-on recommander CD1D (http://cd1d.com) ? Mais, au fond, que peut-on recommander de nos jours ?
Gérald Guibaud : Bien sûr que nous recommandons CD1D ! C’est une plateforme de vente en ligne qui a été créée par les labels indépendants et qui leur appartient vu que c’est une fédération. Les prix y sont très compétitifs, il y a du contenu sur le site (du son, de la vidéo, des infos…) et une plus grande partie de l’argent revient au label et donc à l’artiste. Lorsque les disques auront disparu des étalages des grands magasins (comme le rêve la Fnac et consorts, plus de stock à gérer !), où les gens attachés à l’objet disque pourront en acheter ? Et bien sur CD1D ! Que recommander de plus de nos jours : de supporter les labels indépendants ! Nous avons besoin plus que jamais du soutien du public, si nous ne voulons pas disparaître. Il en va du maintien de la diversité culturelle de notre pays. C’est pour cela que nous avons lancé par exemple sur notre label une offre pour devenir membre bienfaiteur. Pour 40 euros par an, vous devenez membre et on vous envoie toutes les productions que nous sortirons cette année chez vous directement, plus d’autres bonus (reportages, mp3 ou albums inédits…) ainsi que deux places de concert pour un concert de l’artiste du label de votre choix… Cette offre nous permet de fidéliser notre public en leur apportant une vraie plus-value dans la relation fan/artiste, et d’avoir des ressources financières en amont pour nos projets. Donc je dirais, soutenez les labels indés français : Monopsone, Another Record, Travelling Music, Autres directions In Music, Herzfeld, Vicious Circle, Talitres, Jarring Effect …
Lunt aka Gilles : CD1D (impulsé par Eric Petrotto, membre de B R OAD WAY et The John Venture) part d’un constat simple : un distributeur est un grossiste ni plus ni moins, mais un grossiste qui a eu pendant longtemps trop d’importance (nous avons eu une relation satisfaisante avec La Baleine car ils ne nous ont pas massacrés de retours et sont dans une optique réaliste). Donc le but est de faire une AMAP pour éviter que la grande distribution ne s’engraisse sur le dos des labels, sauf que cet artisanat est représenté par ceux qui sont directement en prise avec la création et pas comme dans certaines AMAPs par des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans une ferme. Donc CD1D est plus que recommandable, il fallait une voix et une voie pour l’indépendance et il y a là un mérite incontestable. En fait, CD1D a impulsé une forme de mutualisme a un niveau national. Un bémol cependant : il risque d’être victime de son succès s’il devient la pierre de touche d’une forme de lobbying politique qui peut être bienvenu et nécessaire mais qui, comme toute forme de lobbying, a pour travers d’être aussi vite récupéré par des logiques qui le dépassent. Les syndicats ont connu ce problème en tombant dans le piège de l’institutionnalisation.
LIEN VIDEO :
ANGIL AND THE HIDDENTRACKS - "Jackson Jr. Redding"