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Un ultimatum  : réduisons-nous avant 2100 ! 

lundi 31 octobre 2011, par Michel Tarrier

De toutes les actus qui nous sont parvenues en 2011, il y a fort à parier que la plus sensationnelle et oiseuse à la fois soit celle du cap des 7 milliards d’humains que nous venons de franchir glorieusement. La population mondiale était de 7.000.057.920 personnes le dimanche 30 octobre 2011 à 14 h 27 min et 47 s (heure du pôle nord). Il n’y a plus qu’à continuer comme si de rien n’était…

Comme par enfantement


Certes, ce n’est pas rien puisque nous n’étions que 3 milliards en 1960, c’est-à-dire "hier".
Si l’évènement sonne creux c’est qu’il ne s’agit pas intrinsèquement d’une question de chiffre mais de comportement. Les lanceurs d’alerte les plus lucides arboraient une pareille inquiétude quand nous n’étions que ces 3 milliards, tant les signes évidents d’une Terre nourricière maltraitée plaidaient déjà pour notre trop plein. Quand on se tient mal, on est toujours trop nombreux. Et comme nous n’avons rien changé à nos habitudes, tout au contraire, il est certain que 7 milliards représentent une inquiétante excroissance de la seule et unique espèce invasive qui soit : l’animal humain. Aujourd’hui, une seconde correspond à 5 naissances : une véritable overdose pour notre planète. Décompte fait de la mortalité, les 402.000 naissances quotidiennes induisent environ 232.000 habitants de plus chaque jour sur la planète.

Pendant des milliers d’années, l’homme était une espèce rare dont l’effectif augmentait très lentement. De 65.000 à 5.000 ans avant J.-C., la population mondiale est estimée avoir varié entre 6 et 8 millions d’humains. Depuis l’an 1 de l’ère chrétienne, notre monde est passé de 250 millions à 7 milliards d’habitants. Passée de 100 millions à l’âge du bronze à 200 millions d’individus au Moyen Âge, c’est surtout à partir du XIXe siècle que la démographie montre une forte incidence, notamment induite par les progrès agraires, économiques et sanitaires (auparavant seuls 2 des 6 enfants mis au monde survivaient jusqu’à l’âge de la procréation). En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950. Entre 1900 et 2000, notre effectif est passé de 1,65 à 6,06 milliards, le six milliardième Être humain ayant vu le jour à Sarajevo le 12 octobre 1999. Le rythme de croissance de la population mondiale est actuellement de 74 millions d’individus chaque année, certaines expertises proposent même le chiffre de 1.000 millions de naissances par décennie. On s’accorde aujourd’hui à avancer les chiffres semi scientifiques de 80 à 106 milliards d’humains ayant peuplé la Terre au fil de nos 4000 générations.

En guise de rapide survol des populations record, on dénombre : plus de 1,3 milliard de Chinois (avec le bénéfice de la politique volontariste de l’enfant unique appliquée depuis 1979, d’ailleurs reconduite ces jours-ci), presque 1,2 milliards d’Indiens, 230 millions d’Indonésiens, quasiment 200 millions de Brésiliens…

Au niveau des continents, celui asiatique rassemble 4,2 milliards de personnes, suivi par le continent africain qui a doublé sa population depuis seulement 1980 et a franchi le milliard d’habitants en 2009 (l’Afrique subsaharienne, hormis l’Afrique du Sud, atteint un taux de fécondité record avec 7 enfants par femme, 45 % des Africains ont moins de 15 ans et l’Afrique pourrait approcher les 3 milliards d’habitants en 2100, soit presque un Terrien sur trois). L’Amérique latine (y compris les Caraïbes) réunit 594 millions d’habitants, l’Amérique septentrionale 354 millions, l’Europe 733 millions et l’Océanie 360 millions.

Les taux de fertilité les plus bas se rencontrent en Europe où la fécondité moyenne est tombée à 1,6 enfant par femme (2008). On est bien loin des « performances » du Baby Boom (1945-1965) où l’idéologie égoïste et anthropocentrique de la reproduction se voyait stimulée par l’après-guerre. On assiste ainsi à un effondrement des naissances dans les 27 pays de l’Union européenne, lesquelles naissances restent encore mais de justesse plus nombreuses que les décès (léger excèdent de 509.000 naissances en 2009), mais le chiffre pourrait être négatif dans les années à venir. Une certitude : sans le flux migratoire, la population européenne ne pourrait pas se maintenir. Presque toute l’Europe a ainsi pris inconsciemment le chemin de la dénatalité. Avec quelques pays nordiques, la France tente de maintenir le défi de l’idéologie procréatrice avec un indice qui de 2009 à 2010 passe « victorieusement » de 2 à 2,01, c’est du moins ainsi que les médias ont annoncé la performance ! Il ne faut pas grand-chose pour être fier : un boom nataliste de 0,01 enfant ! Pathétique triomphe pour l’Hexagone qui jusqu’en 1795 comptait la troisième population au monde derrière la Chine et l’Inde ! C’est l’Espagne (1,4), l’Allemagne (1,35) et un certain nombre de pays de l’Est qui attestent la fécondité la plus modérée et écologiquement la plus solidaire.

La fertilité des couples européens est partout jugée insuffisante pour assurer le simple remplacement des générations si 2,1 enfants/femme est choisi comme référence d’une croissance zéro. On peut distinguer en Europe deux groupes de pays. Les pays à fécondité faiblement déficitaire et ceux à fécondité fortement déficitaire. Dans le premier groupe se trouvent la Scandinavie (y compris la Finlande), les Îles britanniques (Irlande et Royaume-Uni) le Benelux et la France. Le groupe fortement déficitaire comprend l’Europe centrale (y compris l’Allemagne) et orientale, ainsi que tous les pays méditerranéens de l’UE. L’ensemble de ces pays devrait connaître un crash démographique à moyen terme d’ici 2040, sauf immigration massive.

Dans le reste du monde, le Japon affiche un taux de 1,4 et la Chine à peine davantage avec 1,7. Les États-Unis ont une fertilité de 2,1 enfants par femme, chiffre boosté par le grand nombre d’immigrés (quelque 675.000 visas sont accordés chaque année). L’indice de l’Inde et de l’Égypte est de 2,8, deux pays déjà littéralement minés par la surpopullulation. En Afrique, les taux sont fort dissemblables puisqu’ils vont de 2 enfants par femme dans les pays du Maghreb jusqu’à une fourchette de 7 à 8 en Ouganda, au Mali et au Niger, en passant par une majorité de pays africains où l’indice est de 4 à 6 enfants par femme.

La Chine et l’Inde abritent un tiers de la population mondiale et sont perçus comme les futurs leaders économiques de la planète à l’horizon 2050. En dépit de ses efforts de limitation populationnelle, la Chine supporte une incommensurable dégradation environnementale. La diminution accélérée du territoire forestier et la baisse de fertilité des sols y sont gravement avancées, pertes irréversibles auxquelles s’ajoutent la dangerosité des nouvelles formes de pollutions diverses. Le développement économique du pays le plus peuplé de la planète est donc concomitant à l’effondrement de ses valeurs écosystémiques et à l’érosion de ses ressources naturelles. Par ailleurs, si le dictat de l’enfant unique a tout de même permis d’éviter le pire en matière écologique, il en résulte de fâcheuses conséquences. D’abord sur le sex-ratio puisque, les traditions chinoises privilégiant le sexe masculin, il serait né 38 millions de garçons de plus que de fille depuis 1980 jusqu’à aujourd’hui. Ensuite sur le plan socio-économique puisque la Chine est devenue vieille avant de devenir riche. Il s’agit là d’un vrai et cruel paradoxe qui touchera tous les pays faisant preuve de dénatalité et que l’on peut résumer par une formule : faut-il pérenniser notre humanité sur une planète vivante ou sauver les caisses de retraite ? Les enfants que l’on fait pour subvenir aux vieux feront d’autant plus de vieux qui nécessiteront davantage d’enfants…

Les enfants nés actuellement dans le monde peuvent espérer vivre en moyenne 65 ans, ce qui représente une amélioration de 9 ans par rapport à la fin des années 1960. Mais la disparité est grande et représentative de la fracture Nord-Sud : si dans les pays développés la longévité moyenne peut atteindre 76 ans, elle ne dépasse pas 52 ans sur le continent Africain (guerres, épidémies dont le sida). C’est en Asie que l’espérance de vie a le plus augmentée, passant de 54 (1960) à 69 ans (2007). L’espérance de vie des femmes est partout supérieure, voire nettement supérieure à celle des hommes (84 ans pour les unes et 77 pour les autres en France en 2006).

En 1900, 90 % du 1,6 milliard de Terriens étaient des ruraux. Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale vit dans des villes ou des mégapoles et cette concentration urbaine sera de plus de 60 % dès 2030, avec 3 milliards de nouveaux citadins dans les 30 ans à venir. Si New York était la plus grande métropole en 1950, avec 12 millions d’habitants, la relève sera assurée par Tokyo en 2015, avec 36 millions. L’essentiel de l’humanité se verra donc parqué dans des mégalopoles asphyxiantes.

Derrière tous ces chiffres se cache un grave problème : celui du contraste social entre pays riches et pays pauvres. 1,4 milliards de gens survivent avec moins d’un dollar par jour, 900 millions sont sous-alimentés.

Tant de monde pour si peu de ressources ;
tant d’égoïsme et si peu de partage…


« La Terre peut nourrir 30 milliards d’individus s’ils devaient vivre comme les habitants du Bangladesh, et seulement 700 millions s’ils devaient tous vivre comme des Européens. » Le Quid 2001
« Une étude des Nations unies (en 1970 !) pose la question suivante : Étant donné la capacité agricole et industrielle mondiale, le développement technologique et l’exploitation des ressources, combien de personnes pourrait-on faire vivre sur Terre avec le niveau de vie actuel de l’Américain moyen ? La réponse est : 500 millions tout juste. » Arne Næss

Les riches fabriquent des pauvres et la surpopulation détruit la Terre…

Il y a crise écologique lorsque le milieu de vie d’une espèce ou d’une population évolue sur un mode défavorable à sa survie. La surpopulation est un état démographique caractérisé par une insuffisance des ressources disponibles pour durablement assurer la pérennité d’une population ou de sa descendance, sur un habitat territorial (local, régional, national, continental ou planétaire…). Appliquée à l’humanité, la notion de surpopulation est évidemment relative. En effet, comme l’ont noté Thomas Malthus, ou Karl Marx (chapitre XXV du Livre I du Capital intitulé « La loi générale de l’accumulation capitaliste »), son seuil dépend de la consommation individuelle et collective de ressources qui ne sont pas, qui sont peu, difficilement, lentement ou coûteusement renouvelables. Il dépend aussi de l’accès (plus ou moins équitablement partagé) à ces ressources. Mais selon Claude Lévi-Strauss : « La surpopulation est le problème fondamental de l’avenir de l’humanité », avis auquel se sont rangés d’innombrables auteurs concernés, comme par exemple le Commandant Cousteau : « Nous périrons sous les berceaux. Nous sommes le Cancer de la Terre ; la pullulation de l’espèce humaine est responsable d’une pollution ingérable par la nature. Cela est tellement évident qu’on se demande de quel aveuglement sont frappés nos dirigeants ».

Dans son rapport 2009 du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), l’ONU lança un appel dénataliste pour attirer l’attention internationale sur le fait que la natalité galopante des pays en développement était l’un des principaux moteurs du réchauffement climatique et l’un de ses premiers risques. À mon avis et sur la lancée, il eût été plus séant d’assimiler à de pareilles recommandations les pays occidentaux les plus pollueurs en les incitant tout autant à limiter leurs naissances, à un niveau encore plus drastique, sachant qu’un enfant nord-américain ou européen (et l’adulte qu’il sera) est quinze ou vingt fois plus pollueur qu’un enfant nigérien ou iranien.

Il faut d’urgence aider les femmes à faire moins d’enfants pour lutter contre le péril climatique, tel était le message martelé. La recommandation d’une limitation des naissances comme remède au réchauffement du climat intervenait juste avant un Sommet de Copenhague qui nous était alors présenté comme un ultimatum incontournable, mais dont le cuisant échec ne fit finalement ni chaud ni froid à personne ! Le ton de l’appel onusien n’avait surpris que les démographes les plus compromis dans le capitalisme et le socialisme industrialiste à tout crin, ceux qui pensent qu’un sempiternel développement est possible sur une planète finie, ou qu’il suffirait de le baptiser « durable » pour qu’il le soit, et que si la Terre s’alourdit chaque semaine de plus de 1,5 million d’habitants, la population mondiale va, par on ne sait quel miracle, se stabiliser en douceur à plus ou moins 9 milliards en 2050, et que la bombe démographique annoncée dans les années 1960 a déjà fait pschitt. Le mode de vie qui sert d’exemple n’est pas universaliste, c’est celui occidental. Son développement est évalué sur le PIB : plus on détruit, plus on gagne. N’oublions pas que nous sommes les inventeurs de la destruction.

Quand un démographe n’est pas seulement comptable mais qu’il est enrichi par un tant soit peu d’écosophie, ses cheveux doivent déjà se dresser sur sa tête à la lecture des chiffres 7 ou de 9 milliards, sachant que les 3 milliards des années 1960 posaient déjà problème. Une preuve en est que le Fonds des Nations unies pour la population explique que la croissance démographique dans le monde est à l’origine de 40 à 60 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1820. Et en 1820 nous n’étions guère davantage qu’un milliard de terriens, mais déjà pollueurs et embarrassants, faut-il croire. L’étude connue des carottes de glaces extraites de l’Antarctique et du Groenland attestent que l’augmentation de ces gaz à effet de serre a même commencé il y a presque deux siècles, mais qu’elle s’avère de plus en plus rapide depuis quelques décennies, suivie par un accroissement de la température terrestre moyenne. Une meilleure gouvernance mondiale de la planification familiale, des soins de santé reproductive et des relations entre les sexes pourraient donc avoir d’autant plus d’influence sur l’évolution du climat maintenant que nous sommes 7 milliards, qu’on ne va pas s’arrêter là et que notre humanité doit s’adapter à une hausse progressive du niveau des mers, à des tempêtes de plus en plus violentes et à des sécheresses de plus en plus prégnantes, ainsi qu’au dramatique déclin des ressources sur lesquels nous dormons sur nos deux oreilles, notamment à la raréfaction des énergies fossiles dont nous dépendons, agriculture comprise, à 100 %. L’ONU a insisté sur les femmes qui ont un rôle primordial à jouer, non seulement pour le contrôle des naissances, mais aussi parce qu’elles gèrent les ménages et que leur prééminence est immense dans la production alimentaire des pays en développement. « Il n’y a pas d’investissement dans le développement qui coûte si peu et qui apporte des bénéfices si immenses et de si vaste portée », plaidait Thoraya Ahmed Obaid, la directrice exécutive du FNUAP.

Le jour de la honte


La Terre : le seul organisme qui fasse crédit sans exiger la moindre garantie. Quelle bienveillante assurance-vie ! Et la Terre, c’est vraiment un « organisme ». Aveuglée par un humanisme contre-productif, source d’irrespect écologique et d’un infini gaspillage, l’humanité vit à crédit et consomme annuellement une planète et demie, soit nettement plus que ce que la Terre est en capacité de lui offrir. Selon Global Footprint Network, le jour du dépassement global, ou jour de la dette écologique (Earth Overshoot Day), avance irrévocablement chaque année. En 1987, nous vivions à crédit dès le 17 décembre, en 2007 dès le 26 octobre, en 2010 le 21 août, en 2011 le 27 septembre ! Ce jour fatidique du dépassement est la date dans l’année où, théoriquement, les ressources renouvelables de la planète pour la dite année auraient été consommées. Au-delà, l’humanité puise dans les réserves naturelles planétaires d’une façon non réversible, si bien qu’à terme la raréfaction des ressources condamnera l’humanité à un incontournable rationnement. Son calcul s’effectue comme suit : (Somme de la capacité de production biologique de la Terre / Empreinte écologique) x 365.

Selon l’OPT (Optimum Population Trust), donnée souvent reprise par le député écologiste français Yves Cochet, les couples qui ont 3 enfants, au lieu de 2, augmentent leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’une quantité équivalente à celle émise par 620 vols aller-retour entre l’Europe et l’Amérique. La Terre pourrait supporter les 9 milliards d’habitants que nous devrions être en 2050, mais à la stricte condition qu’il ne s’agisse que de paysans ne demandant que leur nourriture. La planète ne pourra offrir à 9 milliards d’humains les possibilités de pouvoir prendre l’avion, de manger des fraises en hiver ou des mangues en Scandinavie, d’entretenir piscines et terrains de golf, et encore moins de rouler dans des voitures, surtout électriques ! « S’il y a déjà des hommes de trop sur cette Terre, ces hommes de trop sont ceux qui se montrent exigeants, autrement dit ce sont des gens de l’Occident », avait déclaré le généticien et humaniste Albert Jacquard.

Le nombril du monde


Si la procréation peut être bien ressentie vue de l’intérieur d’une famille, ses effets excessifs constituent à n’en point douter l’une des principales menaces qui accable l’humanité. Pour les plus démunis, elle est synonyme d’un surplus de misère, tant matérielle que psychologique ; pour les mieux nantis, d’un surcroît de pollution comme de renchérissement de l’espace disponible ; pour la collectivité, d’une encombrante promiscuité et d’une compétition accrue, ici pour survivre coûte que coûte, là pour gravir les privilèges de la pyramide sociale. La reproduction est un phénomène naturel à toutes les espèces, et notamment chez celles opportunistes qui doivent dominer leur habitat. Cela existe chez les rats, les cafards, les mouches ou les papillons. L’homme, dont l’instinct est fondu à la conscience, primate calculateur par excellence, a conceptualisé cette tendance naturelle afin d’en tirer la meilleure stratégie pour un avenir tribal, familial, nombriliste, longévif, celle qui consiste à assurer sa descendance, et par là même la sécurité de ses vieux jours. Avant les progrès du XXe siècle en matière d’hygiène et de prophylaxie des maladies infectieuses, la mortalité infantile justifiait une surfécondation, par ailleurs toujours soutenue par les pouvoirs séculiers inspirés des religions dogmatiques dont le Livre assure que le destin des progénitures sera placé sous les auspices de Dieu. Puis les pandémies, les famines ou les massacres belliqueux étaient là pour écrémer l’excédent populationnel. Et chaque fois, de nouvelles velléités procréatrices portaient les gens à refaire des petits à la louche. Et puis, il fallait des soldats pour défendre les valeurs subjectives des uns contre les autres, des autres contre les uns. Dorénavant, si nous ne sommes pas encore délivrés de nos emprises religieuses, de nos tabous, devoirs imposés et autres vieux démons, nous savons néanmoins contrôler nos naissances. Les hauts risques d’une multitude de la fourmilière humaine peuvent ainsi cautionner l’éventuel dommage d’ « assassiner Mozart » (ou Hitler !) pour reprendre un déjà vieux slogan tout aussi déplaisant que réactionnaire qui militait contre l’interruption volontaire de grossesse. Les cinq ou six dernières décennies ont vu le triplement de la population humaine, ainsi répartie : de 1,4 à 4,2 milliards pour celui asiatique, de 220 millions en 1950 à plus d’un milliard actuellement pour le continent africain, de 330 à 950 millions pour le continent américain et de 400 à 733 millions enfin pour l’Europe. Les chiffres sont partout délirants, sauf pour l’Europe qui n’a enflé que d’à peine 50%.

Si vous estimez que nous n’avons aucune responsabilité, ni vis-à-vis des 11 millions d’enfants qui meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, ni à l’endroit des espèces végétales et animales dont nous usurpons les niches écologiques et qui disparaissent à la vitesse grand V, que notre reproduction n’est pas excessive ou en tout cas acquittée de telles accusations, alors oui, faites encore et encore des enfants. Mais faites vite !

Pour quelques milliards de plus...


2050, 2100, 2300 : sauf décroissance à un taux inespéré, voire implosion utopique résultant d’un hiver démographique et d’un soudain gel des naissances, 9, 17, 36 milliards sont les chiffres effarants annoncés. Le scénario le moins favorable et le plus plausible annonce une humanité qui reste fortement diversifiée dans ses comportements, avec des clivages économiques et culturels très forts induisant des disparités davantage prononcées. Jusqu’où saurons-nous aller trop loin, générer la cohorte jusqu’à l’asphyxie ? Quel serait le point de non-retour de cette hallucinante fabrique de vies ratées, malheureuses, inutiles ?
La population humaine continue de croître mais à un rythme plus tempéré. Cette incidence en baisse n’est rien compte tenu de l’excroissance populationnelle acquise. Un retour à une charge compatible semble quasiment impossible sans une politique mondiale volontariste. La modération observée est le fait des pays riches industrialisés où le renouvellement générationnel n’est plus assuré, exception faite des États-Unis où les populations immigrées se chargent d’entretenir une incidence démographique en hausse. L’ONU prévoit une telle baisse démographique en Allemagne, en Italie, au Japon, en Russie et dans la plupart des États issus de l’éclatement de l’ancienne Union soviétique. Mortalité basse et fécondité extrêmement basse, dans ces conditions, la population de ce groupe de pays, d’actuellement 1,2 milliard de personnes, ne devrait pas augmenter d’ici à 2050. Une démotivation aux valeurs de la fécondité, une famille éclatée de plus en plus réduite au couple quand ce n’est pas à un seul parent, une infertilité masculine croissante et une planification des naissances majoritairement adoptée sont quelques-uns des facteurs limitants. Une autre cause de cette accalmie mondiale est la propagation du sida, pandémie qui réduit le taux de longévité dans des proportions considérables, comme en Afrique australe où l’espérance de vie a chuté de 62 ans dans les années 1995 à seulement 48 ans pour la période 2000-2005.

Ironie du sort ou instinct de survie contreproductif, la densité humaine sera beaucoup plus élevée dans les pays pauvres qui éprouvent déjà les pires difficultés à assurer la sécurité alimentaire de leurs ressortissants. Dans ces contrées, le contrôle de la natalité est pratiquement inexistant et les familles de cinq à huit enfants sont la norme. Au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Burundi et en République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau, au Timor Oriental, au Liberia, en Ouganda, au Mali, au Niger et au Tchad, tout comme en Afghanistan, les populations vont tripler avant le terme de ce demi-siècle.
La courbe générale est peut-être à un ralentissement de la croissance démographique et à une lente stabilisation de la population globale, en comparaison aux vives progressions des 50 dernières années. En dépit de ce répit, 2050 verra tout de même un effectif minimum de 9 milliards de terriens, notamment fourni par la Chine et l’Inde. À la même période, cette dernière nation surpassera la Chine et sera en tête de liste des pays les plus peuplés. La moitié des humains habiteront alors l’Inde et la Chine.

L’an 2300 : quand nous serons 36 milliards, ou
ne serons plus


Un rapport de démographie fiction récemment produit par l’ONU s’intitule éloquemment : La population mondiale entre explosion et implosion. Cette projection de la démographie mondiale pour 2300 sert d’outil pédagogique permettant aux terriens d’entrevoir vers quel type de mur ils se dirigent et de prendre conscience, dès maintenant, de la responsabilité de fertiliser ou non. La population globale continuerait à amplifier modestement jusqu’en 2075, avant de se stabiliser, ou bien d’exploser ou d’imploser, selon que la fécondité se maintient supérieure au niveau de remplacement des générations ou reste durablement inférieure. L’explosion (à 36,4 milliards d’habitants en 2300) ou l’implosion (à 2,3 milliards) apparaissent comme des scénarios catastrophes.

Selon les démographes, la situation est grave… mais pas désespérée ! Pourtant, la survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. La Terre – qui était plate – n’est ni extensible, ni rechargeable. Combien nous faudra-t-il de planètes si nous continuons ainsi à nous reproduire ?

« Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste ». Kenneth Boulding
« Celui qui croit qu’une démographie exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un démographe ». Michel Tarrier

Stop, ou encore ?


Innombrables sont les indicateurs qui nous alarment d’une surchauffe de la planète, d’un épuisement gravissime d’une Terre suroccupée et surexploitée : bouleversement global du climat, mort biologique des sols suite aux abus d’usages productivistes et courtermistes, pollutions sans cesses plus irréversibles, recul effarant des autres espèces dont nous occupons indûment les niches, déclin d’une biodiversité pourtant salutaire à l’humanité, déforestation sur tous les continents, épuisement des mers et des océans, tarissement de toutes les ressources dont la grande majorité n’est pas renouvelable…, la liste procure le vertige, la nausée. Ce sont les signes avant-coureurs d’un effondrement que l’establishment ne peut avouer sous peine d’un chaos économique et boursier. Nous sommes entrés dans la sixième phase d’extinction massive d’espèces, la première pour cause anthropique. Un seul chiffre, lequel concerne un cousin, voire un frère : il reste 5000 orangs-outans pour 7 milliards d’Homo sapiens. En effaçant les Grands singes, nous effaçons notre passé.

Reculer pour mieux sauter, la méthode est vieille comme le monde et pouvait prévaloir quand le monde était jeune. Nous avons tant l’habitude de jouer avec le feu que cette politique de la terre brûlée est un symptôme chronique, presque familier. Stratégiquement, cette tactique de la terre brûlée est une solution de la dernière chance qui consiste à avancer en détruisant tout derrière soi, afin de ne donner aucune chance de ravitaillement à l’ennemi. Comble du crétinisme, notre ennemi n’est que nous-mêmes et outre un écocide déjà perpétré, nous signerons un autogénocide avant la fin de ce siècle. Qu’on le veuille ou non, nous sommes entrés dans un millénaire qui n’aura qu’un siècle.
La vie devant soi est devenue un gros souci.

Sommes-nous si ingrats que nous faisons des enfants alors que notre monde est en mauvais état et que l’avenir pose problème ? Il est dorénavant moins préjudiciable pour la planète d’avoir un chat ou un chien qu’un enfant !

Réduisons-nous de toute urgence !


7 Messages

  • Un ultimatum  : réduisons-nous avant 2100 ! 31 octobre 2011 09:11, par Michel Tarrier

    À chacun sa planète
    Deux planètes pour deux points de vue : les certitudes du démographe, et celle de l’écologue.
    Pour le démographe, il y aurait encore de la place pour les humains et du soleil pour tout le monde, même si un milliard de personnes sont aujourd’hui en état de sous-nutrition. Pour l’écologue, la planète est devenue petite, il n’y aurait plus assez de place pour la Nature, et l’homme a besoin de cette Nature et des ressources pour vivre.
    Les vertueux prétendent qu’il serait honteusement malthusien et malvenu de nous réduire, que l’idée même frôle l’eugénisme, qu’il y a de la place et des ressources pour tous. Bien que très hasardeux, un tel postulat demanderait néanmoins que l’on balance par-dessus bord les autres espèces. En occupant chaque jour plus de territoire, nous avons déjà colonisé l’essentiel des habitats naturels, déconstruit presque tous les écosystèmes et contribué au recul et à l’extinction d’un nombre faramineux d’espèces végétales et animales. À tel point que nous avons fondé des institutions chargées d’une comptabilité de plus en plus pingre de plantes et d’animaux que nous avons poussés au bout du rouleau. Ce Vivant à l’état de peau de chagrin ne va pas, non plus, dans le sens de notre survie sur Terre, laquelle ne pourra se faire envers et contre la biodiversité, les sols, les forêts, les mers… Un humanisme suprématiste et focalisé sur l’acceptation d’une surpopulation humaine envahissante et destructrice va à l’encontre de la vraie thèse d’un minimum de considération écologique dont le crédo est qu’aucun végétal, qu’aucun animal ne doit disparaître de la surface du globe par la faute de l’homme. Nous sommes pourtant entrés dans la sixième phase d’extinction massive d’espèces, la première pour cause anthropique.
    Le rythme de croissance de la population mondiale est actuellement de presque un milliard de nouveaux individus par décennie. 350 millions de femmes n’ont pas encore obtenu accès à un éventail de moyens contraceptifs efficaces et sans danger, ce qui fait que chaque année 175 millions de grossesses ne sont pas désirées ou interviennent à un moment inopportun. Près de 40 millions d’avortements sont annuellement pratiqués, souvent dans des conditions très aléatoires. 227 femmes en meurent quotidiennement. Environ 4,5 milliards de personnes, soit près de 3 Terriens sur 4, habitent dans les pays en développement, et un milliard d’entre eux subsistent dans des conditions infrahumaines.
    Les démographes prétendent qu’après un long ralentissement, la population mondiale devrait se stabiliser autour de 11 milliards en 2200. C’est beaucoup trop, non pas compte tenu de la planète originelle, mais de l’état d’usure du milieu de vie et du tarissement déjà avéré des ressources, Alors dans un ou deux siècle, cette Terre sera notre fosse commune.
    La reproduction est un phénomène naturel à toutes les espèces, et notamment chez celles opportunistes qui doivent dominer leur habitat. Cela existe chez les rats, les cafards, les mouches ou les papillons. L’homme, dont l’instinct est fondu à la conscience, primate calculateur par excellence, a conceptualisé cette tendance naturelle afin d’en tirer une stratégie d’avenir tribal, familial, nombriliste, longévive : celle d’assurer sa descendance, et par là même la sécurité de ses vieux jours.
    La Terre n’est ni extensible, ni rechargeable. L’avenir ne nous commande plus l’expansion, mais la récession sous forme de décroissance natale et économique. Moins nous serons nombreux, plus nous serons prospères, voire heureux. Quelques générations vouées à seulement un enfant par femme, voire assurer un avantage fiscal aux couples qui n’enfanteraient pas, correspondraient à une mentalité nettement plus écoconsciente et respectueuse que celle d’allocations familiales comme gratification sociale.
    Si en Chine et au Vietnam le caractère coercitif du contrôle des naissances, ou en Inde la politique de stérilisation plus ou moins volontaire, ne se font guère ressentir dans la moyenne planétaire, c’est évidemment en raison du nombre effarant d’individus. Mais qu’en serait-il si, à l’instar des habitants des favelas sud-américaines ou des beaux quartiers des capitales européennes, on y faisait cinq ou six enfants par couple ?
    Les discours procréateurs sont toujours acclamés, notamment par ceux qui n’y perçoivent pas l’irréalisme, voire le cynisme, bien que la mise en pratique de ces discours soit la cause de leur misère quotidienne. Si elles acceptent de régresser, les sociétés obèses détiennent la clé budgétaire pour assister celles faméliques. L’Occident aura alors moins à redouter des ventres pleins que de ceux vides, et les gens qui sont à l’aise chez eux n’ont aucune envie d’aller chercher des eldorados. Ce n’est pas le cas des Haïtiens, des Cariocas, des Cairotes ou des Bangladais, des Thaïs et des Malais, qui, l’estomac resserré, ne se découragent pas de reproduire pour envoyer leurs enfants chercher des pépites d’or dans les immondices ou proposer leur corps à la transgression morale du tourisme sexuel.

    La surpopulation est un crime contre l’humanité
    Suggérer de modérer la démographie d’un monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie, tant le thème appartient à la langue de bois. Où sont les suggestions dénatalistes dans les pactes et les sermons écologiques ? Une telle frilosité en dit long sur le charlatanisme des auteurs, peu enclins à perdre de l’audience et dont le souci premier est de plaire, quitte à renoncer à l’audace d’une vraie vérité dérangeante et pourtant intrinsèque à tout sauvetage planétaire. Nous feignons d’ignorer la finitude d’un monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche, nous ne devrions pas avoir le désir d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes. N’en déplaise à l’ignoble propagande religieuse, il n’y a qu’une raison légitime et écomalthusienne de ne pas avoir d’enfant, c’est de ne pas surpeupler davantage la seule planète dont nous disposons. Si on aime les enfants, il ne faut donc pas en faire, ou prendre le risque de n’en faire qu’un seul, un dernier, et bien aimé.
    Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une planète viable. Posséder une famille nombreuse n’est-il pas un délit environnemental, une grave atteinte à la planète et à l’avenir commun ? Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles. Nous occupons indûment les niches de toutes les autres grandes espèces que nous avons expulsées et cela se poursuit au quotidien, chaque fois que l’abattage d’un arbre de la forêt pluviale fait reculer un discret orang-outan. Imaginons un peu une Terre surpeuplée de 7 milliards d’orangs-outangs ou de rhinocéros. La liberté écologique de notre espèce humaine devrait s’arrêter là où commence celle des autres espèces.
    La bourse ou la vie ? Les retraites ou la planète ? Mieux vaux sauver la planète que les retraites ! Le souci des pensions ne se pose pas pour les pays pauvres mais occupe indûment notre conscience de nantis. En ce qui concerne la protection des anciens, il faut tout simplement construire la retraite avec des prélèvements sur les bénéfices, et non sur la masse salariale. C’est aussi plus juste et logique car une entreprise qui fait du gros bénéfice avec une petite masse salariale ne fait que profiter de tous les avantages de la société sans échange.
    Il n’est peut-être jamais trop tard et que vienne alors le grand coïtus interruptus planétaire qui permettrait à la Terre de souffler un peu ! Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants, au grand dam des suprématistes blancs et fanatiques, hélas toujours bien en place aux commandes du destin planétaire.
    La survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. L’impossible, c’est une meilleure gestion et répartition des ressources. On a tout essayé depuis des lustres et même la morale égalitaire, notamment professée par le grand livre n’a pas donné les résultats escomptés, peu s’en faut ! Refuser d’aborder le sujet, c’est accepter une certaine bestialité de l’homme, estimant que la procréation est naturelle, indiscutable et se désintéressant de sa destinée. Continuer à ne rien faire, c’est provoquer la haine l’emportera encore comme les États et leurs polices armées la promeuvent depuis des siècles, avec l’enfantement comme combustible. Le possible pour cultiver les futurs, c’est d’encourager une mondialisation de la dénatalité. Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.

  • Un ultimatum  : réduisons-nous avant 2100 ! 31 octobre 2011 09:15, par Michel Tarrier

    L’instinct de reproduction dans la déraison écologique

    Envie de gestation, envie de duplication, vraiment ?

    …La reproduction est lente. La femelle donne naissance à un seul petit, très rarement deux, et seulement chaque dix ans, tous les sept à onze ans pour être précis. La gestation dure huit mois. Le sevrage intervient vers trois ou quatre mois. L’enfant reste agrippé au ventre maternel jusqu’à l’âge d’un an. L’éducation est très longue et les jeunes restent près de huit ans auprès de leur mère. L’adulte peut vivre jusqu’à 60 ans, son cerveau est gros : jusqu’à 450 cm3…

    Il s’agit de l’orang-outang, un cousin humanoïde s’étant écarté de nous il y a une douzaine de millions d’années et avec lequel on partage 98,5 % d’ADN commun. Il semble impensable d’imaginer les données du disque dur humain s’inspirant de celui du singe, si proche soit-il, pour modérer sa conduite et ne jamais faire plus d’un petit chaque décennie. L’orang-outang, qui signifie « homme de la forêt », fut pourtant longtemps considéré comme un homme par les tribus locales de Bornéo et Sumatra. Pas plus que l’homme ne prendra de leçon d’un anthropoïde, c’est à peine si l’allochtone colonisateur, de sa hautaine culture classique, puisse prêter attention aux considérations d’un Dayak animiste et coupeur de têtes, d’un Mamak ou d’un Orang Darat, cueilleur-chasseur naïf qui fait d’un niamouk (un moustique) un esprit vénéré dans lequel il fait bon se réincarner. Donc, l’orang-outang n’est qu’un animal à encager dans les zoos, comme la forêt n’est bonne qu’à devenir contre-plaqué. Certains vils aspects du siècle des Lumières se paient encore très cher. À constater sa proximité génétique, sa physionomie expressive, sa sensibilité et sa grande intelligence, on se demande d’ailleurs pourquoi l’orang-outang ne partage pas notre genre Homo, pourquoi nous l’avons relégué, tout comme les autres Grands singes, au rang animal au même titre que la sardine et l’escargot. S’il avait eu voix au chapitre, l’orang-outang nous aurait aidés à préserver le coin de Planète qu’il habite. Certaines tribus pensaient que ces hommes avaient été changés en animaux à la suite d’un sacrilège. Selon une légende javanaise, l’orang-outang qui est doué de parole aurait eu la sagesse de ne jamais parler pour ne pas devoir travailler. Mais l’émouvant singe est désormais victime – à cause de nous – de son faible taux de fécondité. Pour lutter contre la prolifération humaine, il lui aurait fallu faire un petit chaque année et inventer la poudre. D’un effectif évalué à 315 000 à Bornéo au début du XXe siècle, il n’en restait pas 10 % à la fin du même siècle. À Sumatra, le contingent résiduel est de 6 000 sujets. Les forêts humides qu’il habite sont abattues à une cadence effarante et d’autant plus galopante que l’huile de palme sert maintenant à l’élaboration du satané biodiesel, produit écologiquement plus destructeur que n’importe quel autre. À Sumatra et Bornéo, ce sont 4 millions d’hectares forestiers qui ont été convertis en fermes de palme. 6 millions d’hectares supplémentaires sont programmés (16,5 millions pour toute l’Indonésie). Sur l’autel de nos bagnoles, l’orang-outang sauvage est irrévocablement offert à l’extinction. Pardon, nous nous éloignons du sujet…

    Comme nous, les autres Grand singes n’ont pas de saison pour se reproduire, ils font même l’amour toute l’année. Et pourtant, même du temps où on leur foutait la paix, ils ne proliféraient pas, et ce n’était pas qu’une question de taux de mortalité ou de maladies. Nous autres n’avons pas davantage de saisons, mais encore moins de raisons pour nous reproduire. C’est donc sans attendre que les petits oiseaux chantent sur les arbres en bourgeons qu’on s’invente de fausses raisons de procréer pour envahir de nos progénitures les pouponnières, les écoles maternelles et les universités, jusqu’à devenir un fléau planétaire. Homo sapiens est la pire espèce invasive.

    Quand il sait ce qu’il sait, à quoi peut bien correspondre le geste géniteur de l’humain ? Les Grands singes seraient-ils plus sages que nous ? Pourquoi d’autres grands animaux ne sont jamais aussi prolifiques ? La parentalité nous attendrit à ce point qu’elle nous faire prendre le risque d’un naufrage ? Se reproduisait-on sur le pont du Titanic lorsqu’il prenait l’eau ? Ou alors, c’est par pur existentialisme irresponsable, gratuit, désinvolte, avec œillères, comme ça et pour le fun, se foutant de l’enfant comme de notre première Planète, ou de la Planète comme de notre premier enfant, c’est du pareil au même. La joie d’être papa-maman est sans commune mesure ! Il ne faut pas faire confiance à un humain, il n’appartient pas à une espèce sérieuse. Souvent, très souvent, trop souvent, on râle pour savoir qui emmènera le rejeton à l’école ou qui le prendra pour les vacances, une fois « déjà » divorcés et avant de remettre le couvert en misant sur un nouveau couple. Chaque femme, chaque homme veut son comptant d’amour sous forme d’embryon. « T’en a bien fait un avec l’autre ! »

    En amont de toute réflexion à propos de la conception d’un enfant, se situent habituellement des prérogatives nombrilistes et budgétaires, du type « Attendons d’avoir un bon travail, un plus grand appartement » ou « Profitons d’abord de la jeunesse de notre couple, sortons, faisons la fête ». C’est d’une redoutable maturité d’esprit ! Faut pas faire parents quand on n’a pas le sou ! Avant de devenir parents, les gens feraient mieux de s’initier à d’autres alternatives susceptibles de combler autrement le besoin de procréation. Plutôt que de produire un nouveau « nombril du monde » numéro 6.859.542.120 (chiffre du compteur de l’INED à la minute du jour de relecture de ce texte : 19 octobre 2010, à 14 h 01), s’occuper d’un autre enfant déjà sur Terre mais défavorisé est une belle alternative. Adopter, parrainer, être famille d’accueil, garder les enfants d’autrui sont des positions susceptibles de se substituer en toute légitimité au rôle génétique de mère et de père. Faisons un effort sur nous-mêmes, ne restons pas au ras des pâquerettes ! Pour ceux qui préfèrent la Nature à l’humain (ce n’est pas dissocié !), la préservation du biopatrimoine, le militantisme à la cause animale, la défense des paysages, la reforestation, etc. sont de louables activités aptes à compenser l’instinct de reproduction, légitimant haut la main et justifiant socialement le fait de ne pas avoir enfanté.

    À bien y réfléchir, en évaluant le nombre incommensurable de pulsions sexuelles ressenties par un humain au cours de sa vie et en le comparant au bout du compte au nombre dérisoire (mais démographiquement énorme) des naissances qui en résultent, il semblerait que la sexualité serve d’abord à une fonction de lien plutôt qu’à une fonction strictement procréatrice. De là l’erreur considérable des églises et la frustration transmise aux fidèles. Statistiquement, l’O.M.S. rapporte que 100 millions de couples s’engagent dans des relations sexuelles lors d’un jour moyen, soit seulement quelque 3 % de la population planétaire. Ce score pitoyablement bas d’actes sexuels induit un million de grossesses grâce aux bienfaits de la contraception et de la stérilité. Pour diverses raisons, 55 % des zygotes ne dépassent pas le stade fœtal et ne parviennent pas à terme et 359 000 y parviennent chaque jour. Moins de 0,4% seulement des unions hétérosexuelles amènent donc à la création de nouveaux humains. La relation de cause à effet est donc proche du zéro. Et pourtant !

    • Un ultimatum  : réduisons-nous avant 2100 ! 2 novembre 2011 01:39, par Aliette

      LA QUESTION DE LA DÉMOGRAPHIE

      C’était la grande alarme de Claude Lévi-Strauss, dont en partie relevant d’une angoisse de vieux monsieur qui a vu les énormes changements du monde, mais ne peut concevoir que le monde changera encore au-delà de ce qu’il a vu et peut imaginer, et probablement d’une façon qui le restructurera autrement qu’il ne l’a connu ( lorsque ce monde pouvait sembler, " biogéographiquement " parlant, à quelques exceptions près, en équilibre). Le problème de votre point de vue est qu’il est tautologique.

      La démographie est une chose — mais vous savez nous ne sommes pas dans le pénis et les ovaires des gens des cultures pour lesquelles faire des enfants est une richesse ou une arme, ni dans ceux des couples pour lesquels la vie conjugale amoureuse passe par la fusion de la reproduction ou la représentation de la capacité de se reproduire, c’est-à-dire l’idée d’"éternisation" de l’amour à travers la filiation, qui est en réalité une idée autant partagée par les plus riches (pour le maintien du capital) que par les plus pauvres (pour le maintien du sens de vivre quand ils n’ont pas encore décidé de se suicider), ni encore moins dans l’absence de pénis et d’ovaire de l’insémination artificielle pour ceux qui désirent — pour les même raisons — des enfants, que leur problème soit celui de la stérilité, ou de l’homsexualité, ou du transgenre.

      Sur les méthodes radicales de l’eugénisme : vous ne pouvez pas obliger les hommes à se faire vasectomiser, mais d’un autre côté vous ne pouvez pas obliger les femmes à se faire hystérectomiser pour épargner les hommes, ni de nourrir systématiquement les nombreuses causes de cancer en les aggravant en elle avec l’intervention sur le métabolisme hormonal — et les substances réputées cancérigènes des pilules anti-conceptionnelles, serait-ce la pilule à moindre risque.

      Ni par conséquent, réciproquement, vous ne pouvez pas forcer les hommes à consommer une chimie qui accroisse leur propres risques de cancer et pour lesquels il ne resterait donc que le préservatif (ce qui n’est pas rien, cela sauve et a toujours sauvé des vies — pas seulement empêché d’en rajouter).

      L’argent colossal des laboratoires est concentré dans la pilule, c’est une industrie qui a l’avantage de se reproduire sans fin et même plus il y a de monde sur la planète c’est autant qui peut l’utiliser à leurs yeux. Il y a également toute une chaîne médico-dépendante qui en découle.

      Vous me direz qu’il y en a d’autres, très bien, les ovules spermicides qui non seulement ne présentent pas de risque de cancer (pour les plus simples et donc les meilleurs d’entre eux), mais de plus, en tant qu’antiseptiques, évitent de fréquenter couramment le gynécoloque, et enfin ils présente l’avantage de ne coûter presque rien (je ne pousse pas la propagande jusqu’à citer une marque :) Ce fut le grand moyen de contrôle des naissances en URSS à la grande époque de la plus noble médecine populaire, dans ce pays, quand il n’était pas encore assez riche pour entrer dans la combine du marché. Donc les stats de ce genre de recours pour la contraception, on les a et elles sont excellentes. On a utilisé ce moyen en France au début de l’autorisation du contrôle des naissances, avec la première pilule qui était associée à compliquer les problèmes circulatoires chez certains sujets, en favorisant par exemple des phlébites ; pour éviter dans ces cas de prescrire la pilule, on prescrivait ces ovules.

      Quant à l’avortement s’il est souvent secourable (vie sociale, santé, etc.) et même indispensable dans les cas limites où la conception n’ayant pas été contrôlée une naissance n’est pas pour autant concevable, pour une raison majeure ou pour une autre, par contre, en aucun cas il ne peut être attribué de solution globale à l’avortement pour contrôler les naissances.

      Rassurez-vous, il y a aujourd’hui sur terre, globalement, un nombre immense de morts par accident, guerres, et cataclysmes, dans une démesure telle que sans égal auparavant sur terre — même si l’on peut considérer qu’il y ait eu depuis un accroissement démographique, ce facteur est insuffisant pour justifier à lui seul l’écart avec le passé — (comptés les épidémies, les tremblements de guerre, et les guerres éthnocides, etc.),, au point que ce fut le principal facteur d’équilibre de la surnatalité dans l’Asie pacifique et l’Asie du sud-est, du moins cité comme facteur d’équilibre prospectif de la sécurité mondiale par Condoleezza Rice, lors de son premier discours de Secrétaire d’État des USA en Asie, après qu’elle fut Conseiller de la sécurité nationale des Etats-Unis et fatalement le premier poste sur la sécurité a marqué le second (les affaires étrangères).

      * * * * * *

      ÉCOLO-DÉMOGRAPHIE / SÉCURITÉ

      Dans sa première conférence en Asie, de secrétaire d’Etat, cohérente avec ses conférences au Moyen Orient et au Caire, elle associa les problèmes démographiques aux problèmes de sécurité nationaux et internationaux. Elle attribuait à la menace du terrorisme l’accroissement démographique dans ces régions de l’Asie et de l’Asie Pacifique, mais fort malheureusement, et tout autant effectivement, les catastrophes climatiques et géologiques y résoudraient "naturellement" le problème de la surnatalité. Par contre elle ne situait pas les catastrophes climatiques comme un facteur suffisant pour résoudre les problèmes d’accroissement démographique et de sécurité au Moyen Orient ! (ça ne s’invente pas). Les solutions envisagées dans ces endroits étaient : la militarisation de la mer Caspienne d’une part et de l’autre la refondation géo-politique du Moyen Orient (où bien sûr la disposition de l’Iran, passage au carrefour des trois plus grandes régions stratégiques continentales du monde, posait un gros problème)... Au point que le projet HARP capable de modifier les conditions climatiques — et peut-être aussi les conditions des catastrophes naturelles (pourquoi pas ? dans la logique de telles problématiques : pourquoi pas) — situé et construit en Alaska, fasse partie de la recherche fondée par ces projets associés du CIA et du Pentagone pour l’avenir du monde. Au début personne ne s’en est inquiété, comme s’il s’agissait d’un dispositif technique pour rétablir les déséquilibres climatiques, en fait il s’agit en même temps d’une nouvelle arme stratégique.

      Alors dans ce cas il faut oublier le problème de la démographie et voir beaucoup plus près des menaces et des dangers vitaux sur ce qui d’ores et déjà se construit et s’institue sur terre contre la vie des masses, pour ne sauver que les groupes dont la supériorité dominante est acquise, et quelques alliés ou vassaux. En tous cas on peut prolonger le point de vue jusqu’à l’aménagement de zones géographiques où les populations dignes d’être sauvées, du moins les classes sociales élitaires de ces populations, puissent se rassembler pour vivre tranquillement, — c’est déjà le cas dans une partie de l’Argentine, après a crise de 2000, etc. Ce n’est déjà plus le cas en France par exemple, où les conditions de l’environnement sont déjà trop détruites et nocives. Ces gens là savent très bien se reproduire modérément — sauf les grandes familles catholiques mais ils finiront par s’y résoudre.

      On connaît tout cela c’est une émergence contemporaine qui renvoie aux millénarismes.

      Côté pauvre : on voit mal les peuples tels celui d’un ghetto sous alimenté assigné à résidence, auto-gérant sa pénurie sous les ordres des flics supranationaux, accepter de mourir pour qu’il y ait moins de monde sur la planète (afin que ceux dignes d’être sauvés puissent poursuivre d’y vivre) !!

      Là je vous renvoie au combat des communistes contre les anarchistes aux siècles derniers : pour renforcer la lutte des classes le prolétariat doit accroître son nombre... Bon d’accord, les anarchistes avaient de bons arguments matérialistes contre — et j’y adhère en partie — mais leur position était évidemment plus individualiste en matière de tactique des luttes :) Je ne suis ni pour ni contre ce que je vous dis là, je le rappelle, et en tous cas ce fut la principale raison, dans les rangs athéistes matérialistes, de combattre le malthusianisme.

      Plutôt qu’envisager la disparition des peuples les plus pauvres épars dans des régions désertifiées, ou oubliées sauf par les sociétés minières, ces populations qui n’arrêtent pas de se reproduire pour vaincre la pauvreté et la précarité de la vie, ont à reconquérir leur territoire de vie ; or pour la conquête ou la reconquête des droits, les statistiques démographiques ne comptent pas seulement à l’ONU, à la FAO, ou à la Banque Mondiale, elle comptent aussi pour les droits nationaux (ou ethno-géographiques). Un exemple évident : voyez comment en diminuant le nombre de la population non israélienne en Palestine, — absence du droit de retour, etc. — Israël tout en favorisant au contraire l’accroissement de son nombre par l’immigration, finit par justifier son extension territoriale coloniale, aux dépens d’un territoire palestinien viable, et de surcroît en provoquant une désertification des régions qui leur restent, par la pollution due aux armes (à Gaza) et par la surexploitation de biens communs tel le Jourdain ; avec ses déviations et ses barrages, ils est surexploité pour subvenir aux besoins de la population israélienne agrandie, tandis que les territoires agricoles palestiniens deviennent insalubres ou desséchés.

      Même si les démographes économistes attribuent au grand nombre sur la planète la nécessité de la surproduction industrielle et de sa distribution, pour faire vivre tout ce monde et le nourrir, c’est faux. Cela ne fait que détériorer la planète et transforme la communauté humaine en horde. Car le meilleur éco-système, le moins coûteux et le moins dommageable sur terre est le micro-système autonome, et son échange avec d’autres, ou auto-suffisant. La diversité des micro-systèmes empêche les catastrophes macro-systémiques. Vous savez très bien que le problème de l’agro-alimentaire est celui d’industries qui ne relèvent pas de la nécessité vitale, mais de la domination du monde et de l’argent — dominer les peuples dépendants par la nourriture et extraire l’argent des aides mondiales ou du marché pour le situer ailleurs (dans la bulle financière).

      DONC D’ACCORD PUR LE CONTRÔLE DE LA DÉMOGRAPHIE — ET DES NAISSANCES — MAIS PAS N’IMPORTE COMMENT

      * * * * * *

      L’ÉCOLOGIE (LA DÉMOGRAPHIE N’EST PAS OBLIGATOIREMENT LE COROLLAIRE DE L’ÉCOLOGIE)

      J’en viens au problème qui d’après moi est beaucoup plus crucial que la démographie elle-même. Du moins s’agit d’il d’une question qui devrait être dialectique alors qu’elle est devenue conflictuelle, voir bipolaire (comme toute chose y compris de la pensée d’ailleurs, aujourd’hui) : évidemment par l’opposition que plus la démographie s’accroît plus les territoires vivables et les conditions bio-chimiques de l’environnement, vitales, diminuent sur terre, et ceci n’est pas un mouvement lié mais deux mouvements séparés.

      Donc dans ce mouvement asynchrone mais exponentiel à chaque terme de son opposition, le principal problème à considérer sans délai, à mes yeux, (même s’il ne faut pas perdre vue qu’il soit également non pas urgent mais important de traiter, aussi, le problème démographique, mais pas aux dépens des populations les plus pauvres là-bas comme ici), dès à présent c’est la considérable réduction accélérée des territoires vivables sur la planète : la géo-écologie, et la loco-géologie (je ne dis même pas macro et micro car cela supposerait une autre dimension, de considérer en deça et au-delà de la surface de la sphère, et bien sûr ce pourrait être pertinent, mais nous ne sommes pas ici pour approfondir les réponses jusque là). L’écologie entendue dans ce sens, n’est pas une question de confort, mais une question de vie — vitale.

      Du moins cela me paraît-il beaucoup plus crucial que la démographie, dans le sens qu’il ne peut y avoir une politique anti-démographique équitable qui ne s’adosse pas à la mise en œuvre de la réparation des conditions écologiques vitales sur la planète (qualité et territoire). S’il s’agit de partager, alors commençons par recouvrer les zones sinistrées pour les rendre salubres et vitales (même en France : algues vertes, radio-activité, pollution industrielle, déqualification de la glèbe, etc. — il y a aussi une question collatérale sur la suppression des dessertes ferroviaires et des voies régionales et cantonales, qui provoquent l’émigration de la population ou l’accroissement du nombre des véhicules polluants, et là je parle des propriétés de l’air qui comptent également, comme on le sait, dans la diminution des territoires habitables).

      Dans l’ordre des urgences, l’alarme écologique est largement plus importante que l’accroissement démographique, car à terme et sur un plan planétaire, l’entropie accélérée de la catastrophe écologique quelle soit due aux humains ou aux dérèglements de la nature, ou à leur accélération par les humains, aura raison de l’existence sur terre (maladies, et mortification).

      Ce qui me parait majeur : la raréfaction des territoires et des ressources naturelles (notamment la composition de la glèbe et l’eau) vivables, après l’industrialisation sans limite de certaines régions du monde notamment dans le territoire de l’ancienne URSS, où ils ont même réussi à supprimer des mers, et après les guerres avec les armes modernes, de la loco et de la géo écologie, mais encore en France où il faudrait d’ores et déjà plusieurs décennies pour reconstituer les propriétés de la glèbe où l’exploitation intensive du maïs est passée, etc.).

      Et la disparition de la forêt amazonienne, pour ne pas parler des grands travaux, et de l’exploitation, n’est pas liée à la démographie de nos jours, mais avec l’avènement du libéralisme et de la déréglementation capitaliste, uniquement à à l’argent.

      Ma conclusion est que le problème est politique. Le fait qu’il prenne une tournure technique qui s’accroît, et une disciplinarité qui tende à sa globalité, et nous déborde sur le plan planétaire comme la preuve de l’impossibilité de maîtriser le monde technique (y compris le contrôle des naissances, puisque c’est une façon de prolonger la nature au-delà d’elle-même, même si ce n’est pas dans ce cas un accroissement matériel du corps humain), puis le monde techno-industriel,est justement qu’il n’ait pas été posé politiquement depuis cinquante ans. Sauf les naissances contrôlées mais vous voyez bien que poser le problème de cette façon là atteste que c’est insuffisant sauf éradication générale de la vitalité (ou de la vie).

      La démographie et l’écologie, c’est ce qui prend la première place quand le politique est mort.

      Vous ne pouvez pas stigmatiser la jouissance et le désir comme vous le faites.

      Mais surtout, pour ma part, je n’ai jamais compris l’intérêt pour faire passer une idée, d’en renforcer la communication en en faisant une idéologie. Car il ne s’agit pas d’une guerre. Ou alors ce serait une guerre contre une partie de l’humanité. Au contraire la globalisation d’une idée l’affaiblit, cela fait passer aux yeux de son lecteur les affirmations sur le plan du soupçon.

      Par contre si vous êtes gnostique, alors je comprends mieux... d’ailleurs, vous parlez avec la force et la détermination d’un parfait cathare :)

      • Message d’absence 3 novembre 2011 14:09, par Arne Naess

        Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes élucubrations démographiques. Petit problème, depuis l’histoire des 7 milliards, j’ai des centaines de commentaires du genre du votre et les journées du naturaliste vaurien (un peu de ressenti ne fait pas de mal…) sont courtes. 15 heures sur un clavier dans un clapier après 40 ans de terrain dans les écosystèmes, ça fait un choc.
        Je n’argumenterai pas.
        Première réponse désinvolte : d’accord !
        Seconde réponse peu argumentée mais explicite :
        Je suis d’une autre planète que la vôtre, d’une autre solitude…
        La mienne se veut Vivante, peu humaniste pour éviter l’anthropocentrisme contre-productif, la pensée est donc un peu nietzschéenne.
        Je suis infiniment triste de constater que les autres espèces reculent au fur et à mesure que nous avançons.
        Écocentriste (ça c’est radical…) exécrant la suprématie de l’animal humain, je n’entends RIEN au discours des démographes hors-sol. Ce qui est hors-sol est hors-raison.
        Je crois que c’est suffisant pour comprendre pourquoi vous ne me comprenez pas, pourquoi peu de gens scotchés au PIB me comprennent.
        Pendant que Bruckner vend 10.000 livres, j’en vends 1. Bruckner ne répond pas aux questions des passants. On me demande à chaque billet d’écrire à nouveau mes livres.
        L’ombre d’un espoir : France-Soir m’a publié, France-Inter et RFI m’ont interviewé. Serait-ce un premier signe de ralliement des concierges « natives » à mon hurlement de réduction de la charge humaine sur le dos de Gaïa, où les médias ont-ils toujours besoin d’un fou du roi ?
        Je vous quitte pour aller glaner.
        L’idéologue.
        http://www.dailymotion.com/video/xam529_chic-chick-chicken
        http://utime.unblog.fr/tag/auteur/nietzsche/

        Voir en ligne : http://fr-fr.facebook.com/micheltarrier

        • Message d’absence 3 novembre 2011 20:28, par Arne Naess

          Désolé, le dernier lien que je souhaitais joindre n’était pas le bon. Le voici : http://www.dailymotion.com/video/x9xdh9_nietzsche-la-souffrance-et-la-vie

        • Message d’absence 3 novembre 2011 21:03, par Aliette

          Cher monsieur, personnellement je trouve formidable que la richesse et le radicalisme de votre long article soit venu nourrir le débat ici, sinon il n’y en aurait point.

          Comme vous aviez commencé vous-même par l’assortir de longs commentaires, avant même d’avoir été contredit ou encouragé par quiconque, et vos commentaires pouvant paraître violents, agressifs même contre ceux qui se nourrissent du bonheur de faire et d’élever leurs enfants (j’imagine que votre radicalisme contre la procréation ne vous oppose pas au fait d’en adopter), il me semblait nécessaire de répondre en termes de vision différenciée, quoique également écologique, à vos commentaires et à votre article, sous un autre angle qu’affectif et par conséquent sous un angle argumenté, d’où la longueur.

          Il convient de rappeler que l’option de refuser de procréer fut largement partagée parmi la gauche radicale existentialiste après la Libération, et notamment à l’instar d’une militante féministe comme Simone de Beauvoir, qui apprit à faire admettre qu’il convenait de distinguer entre l’amour sexuel — ou même sentimental, voyons Aragon et Elsa — et la reproduction de l’espèce, de la famille, de la classe, du couple, ou même de l’individu via le couple, qui de toutes façons connaît une connotation bourgeoise du maintien de la lignée. Si l’amour libre existe c’est aussi qu’il doit pouvoir exister sans procréation. Et ce n’est pas qu’une question de jouissance sexuelle.

          Il reste que les problèmes que j’ai soulevés, pour relativiser votre vision du désastre, par d’autres visions du désastre, visaient à donner quelques éléments de discernement dans le débat pour pouvoir discuter avec vous, au lieu d’acquiescer ou de contredire affectivement.

          Maintenant vous paraissez mal le prendre, du moins la référence cathare n’est pas pour moi une infamie, si l’on sait qu’ils furent le défi de l’occident. Vous citez Nietzsche, sans doute sur la position de la clairvoyance solitaire, mais là encore je ne vois pas d’infamie.

          Si c’est le mot idéologue qui vous gène, si d’aventure vous l’aviez pris pour une insulte, si je peux trouver dans le Robert "Doctrinaire dépourvu de réalisme" (fin XVIIIe) — une critique et pas une insulte, — j’y trouve aussi "Personne qui croit à la puissance des idées" (à propos de Hegel). Donc je ne vois pas pourquoi après nous avoir asséné une grande leçon, suivie de plusieurs petites leçons somme toutes pas si brèves que ça, vous refusiez toute contestation développée et de discuter.

          Ou alors il ne fallait pas répondre (dans le cas de l’attitude nietzschéenne). Donc je ne pense pas que vous soyez hors de lignée honorable lorsque vous défendez votre point de vue passionnel. Mais alors de là à m’insulter en quelque sorte tout au long de votre réponse, dès que vous ne parlez plus de vous, et d’annoncer votre départ, alors j’avoue que dans ce cas il n’est que de recevoir vos leçons ou devoir ne pas s’intéresser à vous lire.

          Pour a part je n’ai aucun doute sur vos références et vos qualités, et je crois pouvoir dire que je connais un peu votre travail ; seulement je ne méprise pas pour autant mes propres idées, et les expériences qui s’y réfléchissent, seraient-elles peu de chose.

          Bien cordialement.

  • L’alarme lancée par Michel Tarrier concernant le danger que l’excès de population humaine fait peser sur notre survie et celle des autres espèces est partagée par Hubert Reeves.

    Les démographes qui affirment qu’on peut nourrir quelques milliards d’humains supplémentaires oublient de dire que dans leurs "prévisions" il faudrait recourir massivement aux OGM, aux pesticides, aux instrants et détruire les niches écologiques des autres espèces, sans lesquelles l’humanité ne peut survivre : CQFD !

    D’autre part, des démoagrpahes affirment que l’explosion démographique n’aura pas lieu (comme si elle n’avait pas déjà eu lieu). Un démographe, dans le Monde diplomatique de ce mois, l’affirme : il commence son article, très sûr de lui, pour finir par avouer, avec une certaine confusion, qu’une partie de la population échappe même aux statitiques... C’est certain que ça donne confiance en son analyse !

    Les démographes et les économistes qui tournent à vide ont bien des points en commun...

    Voir en ligne : Hubert Reeves sur le danger démographique-écologique

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