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Réel et métaphore : Roger Vailland et l’Italie  

jeudi 2 avril 2009, par Elizabeth Legros Chapuis

Roger Vailland, longtemps journaliste, puis écrivain ‘professionnel’, a beaucoup voyagé : en Europe, en Asie, en Afrique. Pour réaliser des reportages, pour faire des livres, pour rencontrer d’autres mondes, d’autres réalités. A travers ses déplacements, certains pays sont entrés dans sa mythologie personnelle avec une charge symbolique particulière. C’est le cas notamment de la Tchécoslovaquie, où il séjourne à l’été 1927, âgé de vingt ans à peine ; il y teste son indépendance ; il y retournera en d’autres saisons. Mais l’un de ses pays de prédilection restera l’Italie, goût renforcé par les voyages qu’il y fait et les liens d’amitié qu’il y noue après la rencontre avec sa deuxième épouse, l’Italienne Elisabeth Naldi.

L’Italie en direct

C’est justement en se rendant en Tchécoslovaquie que Vailland passe pour la première fois en Italie, où il s’arrête quelques jours à Milan et à Venise. Une lettre à sa mère, une carte postale à sa sœur portent les traces de ce passage, marquées par un enthousiasme juvénile – et faisant référence, déjà, à Stendhal. Une vingtaine d’années se passeront sans que Vailland retourne en Italie, à l’exception d’une semaine passée en Sicile, à l’été 1936 : voyage de noces avec sa première femme, Andrée. Mais c’est au printemps 1948 qu’il va découvrir véritablement le pays, où il est envoyé à titre professionnel, pour ‘couvrir’ les élections d’avril 1948, dans une Italie encore marquée par les épreuves de la guerre et par l’expérience de plus de vingt ans de fascisme. Vailland part en voiture, en compagnie de deux amis, Pierre Courtade et Claude Roy.

« Libéré du fascisme, sur le point de redevenir République socialiste, le pays cher à Stendhal ne pouvait que séduire cet amoureux des classiques depuis son plus jeune âge, souligne Yves Courrière. Le découvrir en profondeur aux côtés de deux de ses amis les plus proches et assister au triomphe du Fronte Democratico Popolare tout en mettant ses pas dans ceux de l’auteur de Promenades dans Rome le comblait. Il se plongea avec délices dans la vie artistique, intellectuelle et mondaine de la capitale où Courtade avait tous les contacts politiques et Claude Roy une foule d’amis peintres et sculpteurs. » [1]

Pour resituer ce voyage dans le contexte de l’époque, il faut se souvenir qu’émerge alors en France une génération intellectuelle italophile entretenant l’espoir « d’une reconstruction démocratique de l’Italie » [2]. A cette époque le PC italien, riche de plus de deux millions d’adhérents, « est auréolé d’un incontestable prestige » auprès des milieux intellectuels de gauche français - également attirés par la vitalité, la créativité, l’effervescence qui règnent alors dans les milieux culturels italiens, où le cinéma néo-réaliste témoigne en temps réel des conditions de vie du peuple.

« L’Italie, ces années-là, fut une de nos grandes affaires, rapporte Claude Roy [3]. Comme si Roger avait senti qu’il y avait rendez-vous avec Lisina, Elisabeth, ‘la femme de sa vie’ (…). Mais nous y avions tous des rendez-vous d’amour : avec Brutus, Spartacus et Stendhal, le passé. Et avec le communisme italien : l’avenir. » Ils vont déchanter : le PCI s’attendait à reconquérir le pouvoir grâce à l’alliance avec les socialistes de Pietro Nenni ; en fait c’est le parti de Démocratie chrétienne d’Alcide de Gasperi qui l’emporte le 18 avril.

Et le panorama n’est pas tout rose. « Peu après la fin de la guerre, rappelle Olivier Forlin [4], plusieurs textes [5] parus dans Action et Les Lettres françaises se font l’écho, pour les dénoncer en termes parfois virulents, d’abord des survivances, puis des permanences du fascisme dans l’Italie nouvelle. […] Roger Vailland, dans Action, fait un constat analogue tout en soulignant davantage encore les continuités entre l’Italie nouvelle et le fascisme. » Forlin constate également que « les aspects traditionnels de la société italienne des années 1945-1955, en effet, n’échappent pas aux intellectuels français ; en évoquant l’influence sociale de l’Eglise, les comportements religieux des Transalpins, le rôle de la famille, la place des femmes ou le problème des moeurs, ils dessinent les contours d’une société encore imprégnée de traditions séculaires et profondément marquée par la religion catholique ; une société dont la modernité demeure limitée géographiquement aux grandes villes du Nord et socialement à une élite restreinte. » [6] On retrouvera l’expression de cette problématique et de ces contradictions lorsque Vailland, dix ans plus tard, écrira La Loi.

Roger Vailland est notamment frappé par le caractère quasi-primitif des rites religieux observés par le peuple italien, le côté naïf et supersititieux de sa foi. Claude Roy le montre, sur le chemin de Sacro Monte à Varese, effaré « de la foule qui, une fois l’an, chantait des cantiques de chapelle en chapelle, derrière les bannières de la procession, les pèlerins montant à genoux le sentier (…). » [7] Vailland s’en irrite et suggère : « Il suffirait de développer leur esprit critique, de rendre à la poésie ce qui relève de magie et à la raison ce qui relève de l’organisation de la société. Il manque un Descartes à l’Italie. Il suffirait de dévoiler les supercheries et les mystifications. Il manque un Voltaire à l’Italie. » [8] Son anticléricalisme déclaré, conjugué à son intérêt pour les stratégies du pouvoir, le conduiront quelques années plus tard à écrire un pamphlet, Le Saint-Empire [9], projet que dans ses notes il désigne sous le titre de « l’Antipape ».

Mais il apprécie l’art de vivre milanais, « la gentillesse des Romains » et la beauté des Italiennes. Dans ses notes [10], il détaille l’emploi du temps de son séjour à Milan : apéritif au Pincio, déjeuner au Concordia, etc. « Repos puis lecture de Stendhal. [Et pour finir la journée] on gagne alors l’un ou l’autre atelier de la via Margutta ou via Gregoriana, et on boit du vin, en parlant avec les femmes, jusqu’à une heure avancée de la nuit. » Il rêve aussi de vivre à Rome, et comme toujours pour lui, cela prend une forme organisée : « Je veux maintenant des habitudes, mais de préférence des habitudes à Rome. Il suffirait de décaler un peu : consacrer quatre fois par semaine la matinée au travail. Et sous-louer, comme J. Masson, un palais où je donnerais une fête chaque semaine. » [11]

Il lui arrive, dans ses Promenades italiennes [12] au titre bien stendhalien, de s’attarder sur la splendeur des paysages, de décrire les couleurs des cités. Cela ne va pas sans un certain lyrisme : « L’Italie ensoleillée, Vénus sortant des flots, les fruits d’or dans le feuillage sombre des oliviers, les falaises de marbre comme les colonnes d’un temple. » Toutefois à l’époque, son regard sur l’Italie est surtout celui du journaliste et du militant. Et comme le rapporte Danièle Agnias, [13] « le journaliste voit surtout l’homme au travail. Il raconte ‘l’extraordinaire aventure de 400 ouvriers de Gênes’ qui ont refusé la fermeture de leur usine et esssaient d’en assurer la gestion. » Cet événement qui l’a visiblement frappé réapparaîtra plusieurs années plus tard dans son roman Beau Masque [14], magnifié par le souvenir du protagoniste.

Elisabeth et l’année de Capri

Novembre 1949, à Paris, Roger Vailland rencontre [15] l’Italienne Elisabeth Naldi, avec laquelle il entame immédiatement une liaison passionnée. « Roger me trouvait belle, écrit Elisabeth dans son autobiographie. Il était très content de mon nez aquilin, car il pensait comme Stendhal que les porteurs de nez aquilin ont des qualités très particulières : sensualité, noblesse race, etc. Et puis il aimait les filles de la Méditerranée, les brunes aux cheveux lisses. » [16] De père italien et de mère russe, ‘Lisina’ introduit le nouvel homme de sa vie auprès de sa famille ; Vailland va notamment beaucoup sympathiser avec le père d’Elisabeth, Filippo dit ‘Pippo’ [17] Naldi, antifasciste et monarchiste libéral, premier ministre du premier gouvernement italien libre. C’est pour fuir les prisons mussoliniennes qu’il avait émigré à Paris en 1925. En mai 1950, Vailland note dans son journal : « Le père d’Elisabeth, P.N., grand format comme le Peeperkorn de La Montagne Magique. » [18].

Au printemps 1950, Roger Vailland et Elisabeth Naldi partent en Italie. Ils ne vivent pas encore ensemble ; elle n’est pas divorcée de son mari, le musicien roumain Roman Vlad, et sa situation soulève bien des problèmes. C’est alors que Vailland effectue son plus long séjour en Italie : plusieurs mois à Capri, dans la maison que lui a prêtée Malaparte, tandis qu’Elisabeth fait la navette entre l’île et Rome. Vailland avait fait la connaissance de Malaparte à Paris quelques mois plus tôt. L’écrivain italien, qui devait tourner en Toscane son film Le Christ interdit, avait alors invité Roger et Elisabeth à séjourner l’été suivant en son absence dans sa villa de Capri. Vailland y sera accueilli par « les deux Maria », la sœur de Malaparte et sa servante.
La villa avait été construite pour Malaparte au début des années 1940 par l’architecte Adalberto Libera [19]. Isolée sur un promontoire, c’est une construction simple et audacieuse, dont la première vision fascine et impose. C’est là que, une douzaine d’années plus tard, Jean-Luc Godard tournera son adaptation du Mépris de Moravia. « Puis la Casa Malaparte, sang-de-bœuf, est à nos pieds, sur un éperon rocheux, au centre d’un cirque de hautes falaises », note Vailland à son arrivée le 12 juin [20]. Il va y passer quatre mois.

Le séjour à Capri aura été une période heureuse pour Vailland, un temps de grâce pour utiliser son vocabulaire. On trouve dans les Ecrits intimes de très nombreuses notes sur cette période (une centaine de pages, alors que les 800 pages du livre couvrent près de 40 ans), composées de fragments du journal intime et de lettres à Elisabeth. Il note ainsi le 15 juin : « A part quelques brûlures de soleil, mon corps n’a pas été aussi bien depuis des années. Si mon Elisabeth était là, je serais l’homme le plus heureux de la terre. » [21] Il travaille à son « Antipape », il joue à faire de la pêche sous-marine ; une photo de cette époque le montre en maillot de bain, maigre et bronzé, remontant de la crique avec son attirail de pêcheur.

Par la suite, il fera encore plusieurs voyages en Italie avec Elisabeth, de 1955 à 1960 ; à l’automne 1955, pour quelques semaines de vacances dans les Pouilles et en Emilie ;
en juin-juillet 1956, après le choc des révélations du XXe Congrès de Moscou, dans la région de Lecce qui sera la décor de La Loi [22] ; en avril 1957 à Turin, pour suivre la course automobile des Mille Miglia ; en mars 1960 à Rome, pour un projet de film. Enfin, en août 1964, il ira avec le photographe Marc Garanger assister aux funérailles de Togliatti, le leader du PC Italien, y voyant « la dernière occasion sans doute d’assister en Occident à un grand spectacle populaire et signifiant pour ceux qui se le donnent (…) Le soir du 21 août, décidé vers minuit de partir pour les obsèques de Togliatti avec Janine et Marc Garanger, et Rozir et Violette dans leur 4 CV. (…) Etonnante beauté fière de la compagne de Togliatti aux obsèques, le défi politique en même temps que la veuve, quand les sentiments et l’Histoire ne font plus qu’un. » [23]

Ce dernier voyage, marqué par l’ombre de la mort – il reste à Vailland moins d’un an à vivre – sera plutôt mélancolique, traversé de souvenirs d’autres parcours, de rencontres, de nostalgies. « Le mercredi après-midi à Orvieto, en cherchant des petites routes vers le nord, le hasard nous mène au pied du domaine de Daria, l’allée de cyprès, le domaine qui revient toujours dans ma mémoire comme celui que j’aimerais habiter en Ombrie, mais nous n’y rentrons pas, c’est trop compliqué, on ne sait même pas si Daria et Lucia sont là, on va coucher comme Casanova à Aquapendente sur la Cassia, le jeudi matin à Sienne puis à … Chianti où j’imagine avec Piera un amour qui n’aura pas lieu, mais ce serait une bonne nouvelle en mêlant les funérailles de Togliatti et le dialogue avec Elisabeth et les Garanger sur cet amour imaginaire, possible et impossible, la Toscane, etc. Le soir formidable dîner émilien à Modena, zampone, lambrusco, le merveilleux hôtel Royal Fini (…) » [24]

Les intercesseurs littéraires

Au-delà de l’intérêt généralement témoigné dans les années 50 par les intellectuels français pour l’Italie et le « laboratoire politico-idéologique » [25] qu’elle représente, l’attirance que Vailland éprouve pour ce pays a été d’abord alimentée par ses lectures les plus anciennes et les plus persistantes : en premier lieu, Casanova et le cardinal de Bernis. Sur le premier, il écrit des réflexions, insérées dans une édition parue en 1957 [26] des Mémoires de l’aventurier italien. Au second, il consacre un livre, rédigé en Italie d’ailleurs, en 1956 : Eloge du cardinal de Bernis. Les deux amis lui proposaient un idéal libertin et libertaire qui ne pouvait que le séduire : et le décor en la matière n’était pas indifférent.

De Casanova, Vailland retient et admire l’art du bonheur : « Le bonheur identifié au plaisir des sens et soixante-douze années de vie comme exemple à l’appui. Nulle œuvre n’est aussi scandaleuse. » [27] Sa curiosité des sciences : « Ce voluptueux de l’amour est aussi un voluptueux de l’érudition ». Sa bonté : « Il n’y a que les hommes heureux pour être bons. » [28] Et surtout sa « morale de la liberté. Casanova, homme libre ». [29] Quant à Bernis… François Joachim de Pierre, cardinal de Bernis, né en 1715, avait été ambassadeur à Venise, puis à Rome, et il poussa l’amour de l’Italie jusqu’à y mourir en 1794. « Dans l’Eloge du cardinal de Bernis, écrit ces dernières semaines, il n’est pas interdit de découvrir en filigrane l’attitude nouvelle de Roger Vailland à l’égard du parti communiste…, estime Roger Stéphane [30]. Non, Roger Vailland n’aime pas les hommes, il aime les individus. Il a trouvé la traduction française de l’exergue stendhalien ‘to the happy few’ : les happy few, pour Vailland, ce sont les hommes de qualité, ou pour reprendre l’expression italienne à laquelle il se réfère, les uomi di cultura… »

Mais c’est surtout Stendhal que Vailland lit et relit obstinément toute sa vie. Il lit aussi Stendhal quand il est en Italie, et il le lit à ses compagnons de voyage : « Je retrouvai Pierre et Roger chez un ami sculpteur de la via del Babuino, raconte Claude Roy [31]. Quand j’entrai dans l’atelier, Roger donnait à nos amis lecture d’une page de Rome, Naples et Florence (…). » Celui qui a écrit De l’amateur ne pouvait qu’apprécier la posture du dilettante. Il fait lire Stendhal à ses personnages, Marat, Rodrigue, Milan, Francesco et Lucrezia (cette dernière déclare avoir « relu dix fois La Chartreuse » [32]). Il se réfère à lui, même s’il n’est pas forcément d’accord, pour apprécier les trésors artistiques de l’Italie : « Visite de midi à Saint-Pierre. Je ne parviens pas à comprendre l’admiration universelle et même de Stendhal. [RV trouve la nef trop haute.] L’échelle énorme par rapport à l’homme ne m’émeut pas ; les proportions la rendent moins écrasante que dans le gothique, mais c’est la même volonté d’écraser l’homme, qui reste en bas. Au Colisée, il y avait des hommes jusqu’en haut, c’était un monument pour l’homme. » [33] Deux ans plus tard : « Je ne suis même plus si sûr que Stendhal ne comprenne rien à la peinture. Quoique. Tout cela est à revoir. » [34]

La passion de Stendhal pour l’Italie, et sa manière de voir, déteignent sur lui. « Nous voulons connaître les habitudes sociales au moyen desquelles les habitants de Rome et de Naples cherchent le bonheur de tous les jours », annonce Stendhal dans les premières pages de ses Promenades dans Rome. Et quand on lit ces lignes : « Les mœurs italiennes qu’il prétend décrire, qu’il sélectionne et hiérarchise en disent souvent plus sur le caractère de l’auteur que sur les habitants de la péninsule » [35], cela s’applique à Stendhal, mais on pourrait en dire autant de Vailland. Il est attentif, chez les Italiens, aux traits de caractère qu’il valorise : la dignité, l’absence d’hypocrisie, le goût de la liberté, l’élégance naturelle. « Dimanche matin, à la sortie de la messe du Duomo (…) La plupart des filles sont élégantes, et beaucoup dignes d’admiration : sveltes, taille mince, éclat naturel du teint et du regard. » [36]

Autre intercesseur enfin, Malaparte dont l’amitié lui avait donné l’occasion de séjourner dans un site exceptionnel. « Ils étaient faits pour s’entendre, se souviendra Jacques-Francis Rolland. Aussi mythomanes et aussi élégants l’un que l’autre, cultivant le côté aristocratique de leur personnalité… Talons rouges progressistes… Personnages hors du commun, exerçant l’un sur l’autre une mutuelle fascination. La soirée fut éblouissante. Roger et Curzio se livrant à un feu d’artifice d’histoires, d’anecdotes plus fausses les unes que les autres mais passionnantes. » [37] En arrivant à Capri, en juin 1950, Vailland fait dans son journal le récit des derniers jours passés à Rome et il évoque une « (…) soirée ennuyeuse via del Babuino, chez L.… (…) puis Malaparte met tout le monde mal à l’aise par ses souvenirs cyniques du fascisme, c’est ce que j’ai préféré. » [38] Mort en 1957, Malaparte avait notamment laissé un projet de livre qui fut publié quelques années plus tard sous le titre Ces chers Italiens [39]. Livre coloré et alerte, plein d’esprit et d’humour, léger et pétillant. « La vérité, y affirme Malaparte, c’est que nous Italiens sommes faquins ou honnêtes avec tant de grâce innée, tant d’esprit, de noblesse, un tel sens de la mesure (je dirais pudeur, si nous en avions) que l’on ne distingue pas si nous sommes honnêtes ou faquins. » [40] Quant à cette appréciation du caractère des habitants de la Maremme de Viterbe, elle aurait certainement plu à Vailland : « Ce sont gens vertueux au sens où je comprends la vertu, au sens antique, c’est-à-dire le courage, la sobriété, la frugalité, la fidélité, l’absolue non-peur de la mort. » [41]

« Au sens antique », et l’on connaît le goût de Vailland pour certains auteurs de l’Antiquité, notamment Plutarque qu’il mentionne fréquemment, et Suétone auquel il consacrera un livre. Nul doute qu’il ait été également sensible en Italie à tout l’arrière-plan de l’héritage historique du pays, à travers par exemple la figure de Brutus qui est évoquée dans Drôle de Jeu, ou celle d’Antoine qui exerce sur lui une véritable fascination. « Dès le fameux texte sur Staline [Vailland] mentionne, se référant à Shakespeare et à Plutarque, le personnage d’Antoine, dont il dira plus tard qu’il est son ‘personnage historique favori’ [42]. (…) Antoine après Actium, c’est Bernis après Rossbach ; l’homme de qualité prouve celle-ci dans la ‘disgrâce’. Nous voici loin de ce ‘bonheur de César’ qu’enviait Milan ! Aussi bien César, homme de l’action et de la victoire, n’est-il plus considéré désormais que comme tyran, c’est-à-dire homme de qualité détruisant sa qualité par l’exercice du pouvoir (…) », écrit Michel Picard. [43] Vailland admire encore en Italie les traces des efforts populaires pour conquérir la liberté : « Sienne, ville illustre du Xe au XIIIe siècle par la défense de sa liberté et de ses libertés populaires. » [44] Préoccupation qui rejoint celle du Vailland journaliste observant l’organisation sociale du pays et les luttes ouvrières en cours.

L’Italie romanesque, de Beau Masque à La Loi

La familiarité croissante de Vailland avec l’Italie, à travers ses voyages et ses proches, finit par contaminer son écriture de fiction. L’Italie fait irruption dans son univers romanesque avec le personnage de Beau Masque, rôle-titre du livre et catalyseur de l’histoire qui s’y déroule. « C’est un Italien, un Piémontais, qui s’appelle de son vrai nom Belmaschio, ce qui signifie Beau Mâle. » [45] On sait que le livre a pour thème la situation d’une petite usine de textile dans le Jura et les luttes syndicales des années 1950. Ouvrier spécialisé en Italie, Beau Masque vit en France de « petits boulots » comme la collecte du lait chez les paysans de la région. Il va occuper une place importante dans le roman en devenant à la fois l’amant de Pierrrette, la jeune syndicaliste de choc, et l’ami de Philippe Letourneau, le fils décadent des propriétaires de l’usine ; et, accessoirement, celui du narrateur.

Si la figure centrale du livre reste Pierrette, Beau Masque y présente une double image en rapport avec sa qualité d’Italien. C’est d’abord quelqu’un qui a, ou qui aurait pu avoir, l’étoffe d’un leader ouvrier. A peine arrivé en France, il a animé une action de revendication sur le chantier d’électrification du chemin de fer où il travaille. Quand il bavarde avec le narrateur, celui-ci évoque « les chantiers navals de l’Ansaldo de Gênes, un des grands centres mondiaux de la construction maritime. Beau Masque me dit, avec soudain la voix dont il use avec les femmes, qu’il avait été pendant des années riveteur à l’Ansaldo. J’avais visité l’Ansaldo, conduit par des dirigeants syndicaux, lors d’une grève avec occupation. J’avais écrit des articles sur cette grève, vingt mille ouvriers enfermés dans les chantiers navals comme dans une forteresse. » [46] Vailland érige le site de l’Ansaldo en véritable archétype des luttes ouvrières, ce qui ne va pas chez lui sans une certaine dose d’auto-dérision, comme en témoigne le commentaire ironique de Philippe (dans une lettre à sa demi-sœur Nathalie) : « Ce serait un ensemble de chantiers navals, l’un des plus grands du monde. (…) Il n’existe d’ateliers dignes de ce nom qu’à l’Ansaldo. Bref, il paraît que le travail à l’Ansaldo est si fascinant que lorsque les ouvriers font grève, ils travaillent quand même ; c’est ce qu’on appelle une grève à l’italienne. » [47]

Parallèlement, Beau Masque est aussi – comme son nom italien l’indique – un spécimen de macho comme en montraient, à l’époque du livre, les films néoréalistes italiens. Il séduit toutes les femmes, mais ne tombe pas dans le piège des sentiments.
« Beau Masque avait l’habitude que les femmes s’attardent dans ses bras, le retiennent quand il esquissait de se dégager. Il les cajolait volontiers (…) mais lui, dès qu’il était apaisé, pensait à autre chose (…) Il trouvait aussitôt des idées, des arguments, des images, exactement comme après avoir bu un café doppio espresso. » [48] Il a des idées précises sur ce que les femmes doivent ou ne doivent pas faire, ainsi chez Ernestine : « Il alluma une Sultane. - Tu ne m’offres pas de cigarette ? demanda-t-elle. - Chez moi, dit-il, les femmes ne fument pas. » [49] C’est d’ailleurs l’indépendance de Pierrette, habituée à vivre seule et entraînée à diriger les luttes syndicales, qui amènera la jalousie de Beau Masque et la dissension dans leur couple.

Autre signe, Vailland s’autorise à intégrer dans son texte des mots italiens. Beau Masque avec Pierrette :« C’est dans sa langue maternelle qu’il retrouva tout naturellement de lui parler : - Che cos’ai piccolina ? Qu’est-ce qu’il t’arrive, toute petite ? » [50] D’autres occurrences y figurent, notamment des insultes, des jurons.
Le séjour de Vailland chez Malaparte, le bel été 1950, inspire le passage où Nathalie va séjourner à Capri, y fait de la pêche sous-marine. Et lorsqu’elle fait des avances à Beau Masque, Vailland note : « De telles aventures lui étaient déjà arrivées dans son pays. Il est relativement fréquent en Italie que les étrangères fassent sans honte la cour à de beaux garçons. A Capri, à la Piccola Marina, le quai aux barques pour les promenades autour de l’ile est un marché aux mâles ; l’affaire s’achève dans les criques rocheuses des environs. » [51] Mais cette fois, l’Italien repousse la séductrice ; son orgueil de mâle reprend le dessus, et il existe aussi entre eux une barrière sociale ; apparentée à la famille Letourneau qui possède l’usine, Nathalie est pour lui une ennemie de classe.

Le roman écrit par Vailland l’année suivante, 325 000 francs, appartient également à sa phase de romans « militants » ; il s’agit de montrer a contrario que l’ouvrier ne peut pas s’en sortir tout seul et que la meilleure issue reste la lutte collective. Le livre est également situé dans le Jura. L’Italie y figure toutefois en la personne de Cordelia, la femme du narrateur, calquée sur Elisabeth Naldi dont elle a la « pétulance » et le volontarisme. C’est un personnage secondaire, mais qui sert aussi par contraste à faire ressortir le caractère rigide de Marie-Jeanne, la jeune femme que courtise Busard.

Enfin vient La Loi, seul roman de Vailland entièrement situé hors des frontières de la France. Le succès de ce livre (récompensé par le Prix Goncourt 1957), appuyé par celui du film qui en fut tiré l’année suivante, a alimenté l’animosité de certains critiques à l’égard de Vailland. Ils lui reprochaient ses livres engagés : ils lui reprochèrent que celui-là ne le fût point. Examinant la réception de La Loi en Italie, Silvia Disegni trace un parallèle avec Le Guépard paru la même année ; malgré les différences entre les deux auteurs, « il n’en reste pas moins vrai que, sous leur regard, défile une image du Sud assez semblable : dans un cas comme dans l’autre, le lecteur assiste à une crise historique marquée par le passage d’une société à une autre sans que toutefois l’on puisse parler de véritable transformation mais plutôt de la reproduction d’anciens rapports de force sous des formes nouvelles. » [52]

Un recueil d’articles sur La Loi est paru en Italie en 1958 [53], comprenant quatre articles ainsi que la traduction de la table ronde publiée en novembre 1957 par France Observateur sous le titre « L’ Italie du Sud est-elle bien celle de La Loi ? » « Il s’agit d’un véritable pamphlet, souligne Silvia Disegni : l’image des Pouilles vilipendée par Vailland y est défendue avec virulence. On aurait tort pourtant de n’y voir qu’une défense régionaliste. Le nom des participants nous montre qu’il s’agit ici de la prise de position d’intellectuels engagés dans les batailles civiles du Sud » et leur jugement semble « fondé le plus souvent sur des critères idéologiques plutôt que strictement littéraires ». Seul le romancier Ignazio Silone y défend la liberté de l’auteur et le fait qu’ « on ne peut pas lire un texte de fiction comme s’il s’agissait d’un documentaire ».

Les critiques adressées à Vailland portent sur une représentation du Mezzogiorno « partiale et atemporelle », ainsi Maria Brandon-Albini - qui toutefois loue les qualités littéraires du texte - reproche à Vailland sa conception d’une Italie « fausse et anachronique ». On lui reproche l’invraisemblance des situations, des personnages, des mentalités, l’abondance des stéréotypes : « Sud exotique conçu comme lieu d’évasion-vacances ; Italie créée selon des schémas chers à tous les Français d’extrême-droite (« Italie féodale, barbare et violente, sensuelle et phallique, cruelle et païenne »). Globalement plus indulgent, James Dauphiné convient que de fait, la description de Porto Manacore par Vailland est « sommaire » et sa peinture des mœurs « superficielle ». « Le roman véhicule, en ce domaine, beaucoup de topoï, foisonne de clichés dont l’auteur, de manière ambiguë, se méfie lui-même puisqu’il va jusqu’à les ridiculiser. » [54]

Comme en atteste la question posée par France Observateur, tout se passe comme si l’apparence de réalisme de ce roman était une garantie de conformité au réel [55], et l’exactitude de certaines descriptions quasi ethnographiques, telles que la séquence du trabucco, dessert plus l’auteur qu’elle ne le défend. Ce problème a fini par occuper excessivement l’espace alors que, à mon sens, l’intérêt principal de La Loi réside dans le personnage de Don Cesare, qui certes reste en retrait par rapport à l’intrigue développée, mais constitue la figure la plus originale du livre. Reprenant le parallèle avec Le Guépard, Elena Zamagni écrit : « Don Cesare et Don Fabrice se font observateurs d’un temps auquel ils choisissent de ne plus appartenir. (…) [Ce sont] deux figures de déserteurs : personnages solitaires, sans frères ni patrie, caractérisés par un mouvement de désolidarisation par rapport aux coordonnées de l’espace historique du temps présent. » [56]

« Don Cesare est désintéressé, comme les chômeurs sont désoccupés. Ce n’est pas de leur faute, ce n’est pas de la sienne. Il ne se sent pas tellement différent des désoccupés qui attendent toute la journée, debout, le long des murs de la Grande Place de Porto Manacore ; mais lui, il n’a même pas l’espoir que survienne un événement qui le réoccupe. De l’espoir aussi, il s’est désintéressé. » [57]. Il est aisé de voir comment Vailland projette sur Don Cesare – homme certes d’un autre âge, mais ayant avec lui bien des points communs – l’état d’esprit qui est le sien quand, à la fin de l’année 1956, il écrit La Loi, après l’immense déception qui le conduira finalement à quitter le PC. Les passages sont nombreux où il décrit l’attitude de Don Cesare, qui ne porte plus guère attention qu’à sa collection d’objets antiques. « Or la tentative de Don Cesare d’arracher aux sables de la baie de Porto Manacore les vestiges d’un temps ancien, définitivement révolu, semble avoir la même portée symbolique que l’intérêt pour l’astronomie du prince Salina, note Elena Zamagni. Le regard que Don Cesare porte sur les objets de sa collection embrasse l’espace démesuré d’une Histoire qui dépasse infiniment les contours d’une vie singulière et qui, en même temps, l’absorbe et la confond dans cette éternité. » [58] S’il s’en occupe encore, c’est aussi parce que « on ne peut pas se désintéresser absolument, sauf dans la mort qui est précisément déliement total, désintéressement absolu » [59] ; il se trouve néanmoins « sans amour, sans haine, sans plus aucun désir d’aimer ou de haïr, aussi dépourvu de toute sorte de désir que la défunte cité d’Uria ». La seule chose qui peut encore arriver à Don Cesare, la seule qui peut encore le concerner, c’est justement de mourir, et c’est ce qu’il va faire en effet, après avoir fait à Mariette le récit de sa vie : les pages magnifiques de la fin du livre.

A travers cet exemple, il est clair que la description du Mezzogiorno que l’on trouve dans La Loi ne constitue pas pour Vailland une fin en soi, mais un outil pour faire passer ce qui est le sujet de chacun de ses livres : le constat de son rapport au monde à un moment donné, comme il le suggère quelques années plus tard dans La Fête [60]. L’Italie en est la métaphore, et plus Vailland se montre précis, mieux il arrive à rendre compte de ce rapport, à en « faire le poids ». Tout peut alors servir son propos, que ce soit le souvenir de la Rome antique, les « beaux yeux ombriens » [61] de Daria, une Italienne d’Orvieto ou le Pô, fleuve « sauvage, insoumis » [62]

*

« Il me semble désormais que Roger est en Italie… » J’emprunte cette phrase au titre d’un petit livre que Frédéric Vitoux a consacré à un ami disparu [63], un autre Roger, dont l’Italie fut la grande passion, contractée sur le tard. J’aurais envie d’en dire autant de Vailland. Les amis morts, et les écrivains aimés en font partie, ne sauraient être mieux à leur place que dans ce pays si plein de vie.


Bibliographie

Œuvres de Vailland

325 000 francs, éditions Rencontre, 1960
Beau Masque, éditions Rencontre, 1960
Ecrits intimes, Gallimard, 1968
Eloge du cardinal de Bernis, Cahiers Rouges, Grasset, 1988
La Loi, Gallimard, 1957
Le Saint-Empire, éditions de la Différence, 1978

Ouvrages critiques

Cahiers Roger Vailland, édités par Les Amis de Roger Vailland, éditions Le Temps des Cerises, 1995-2008
Agnias, Danièle : Roger Vailland journaliste : les articles dans les Lettres françaises, Action et la Tribune des Nations. Thèse de doctorat, Univ. Lyon II, 1987
Clavaron, Yves : Le génie de l’Italie – Géographie littéraire de l’Italie à partir des littératures américaine, britannique et française (1890-1940) Ed. Connaissance et Savoir, 2006
Collectif sous dir. Giovanni Botoli : Le voyage français en Italie, Schena Editore & éd. Lanore, 2007
Collectif sous dir. B. Bijon, Y. Clavaron, B. Dieterle : Le Mezzogiorno des écrivains européens (Actes du colloque CELEC d’octobre 2005) Publ. Univ. St Etienne, 2006
Crouzet, Michel : Stendhal et l’italianité. Ed. José Corti, 1982
Dauphiné, James : « Le Sud dans La Loi ». Revue Europe n° 712-713, août 1988
Donzel, Catherine : Voyages en Italie. Ed. du Chêne, 2004
Forlin, Olivier : Les intellectuels français et l’Italie, 1945-1955. Ed. de L’Harmattan, 2006
Malaparte, Curzio  : Ces chers Italiens, éd. Stock, 1962
Martinet, Marie-Madeleine : Le voyage d’Italie dans les littératures européennes, PUF, 1996
McDonough, Michael : La maison Malaparte, éd. Plume, 1999
Schifano, Jean-Noël : Désir d’Italie, Gallimard, 1996
Talamona, Marida : La maison de Malaparte, éd. Carré, 1995

P.-S.

Illustration : Roger Vailland et Lisina Naldi à Capri chez Curzio Malaparte, en 1950.

Notes

[1Yves Courrière : Roger Vailland, un libertin au regard froid, Plon 1991, pp 406-407

[2Olivier Forlin : Les intellectuels français et l’Italie, 1945-55 (L’Harmattan, 2006), p 140

[3Claude Roy : Nous, Gallimard, 1972, p. 242

[4Forlin, op. cit. p 160

[5Exemples cités par Forlin : Georges Adam, Paul Bodin

[6Forlin, op. cit. p 304

[7Claude Roy, op. cit. p 202

[8« La procession de Varese » dans Action n°185, 14-20 avril 1948.

[9Publié en 1978 (Editions de la Différence) grâce à René Ballet.

[10Vailland, Ecrits intimes, p 137

[11ibid.

[12Publiées dans la Tribune des Nations, n°320, décembre 1951

[13D. Agnias : Roger Vailland journaliste : les articles dans les Lettres françaises, Action et la Tribune des Nations, thèse de doctorat, Université de Lyon II, 1987. Ce passage cite l’article de Vailland dans Action n° 326, 1-7 mai 1951.

[14Voir infra.

[15Par l’intermédiaire de Gala Barbizan, qui lui fera également connaître Malaparte.

[16Elisabeth Vailland : Drôle de Vie, Jean-Claude Lattès, 1984, p 105

[17Vailland reprendra le nom de Pippo dans La Loi et la figure de Filippo Naldi pour en faire Alexandre, père de Léone dans La Fête.

[18Ecrits intimes, p. 223

[19Sur la “maison Malaparte”, voir notamment les livres de Maria Talamona et de Michael McDonough (cf. bibliographie)

[20Ecrits intimes, p 230

[21Ibid.

[22Cf infra

[23Ecrits intimes, p 780-81

[24ibid. p 782

[25Le terme est d’Olivier Forlin, op. cit.

[26Mémoires de Jacques Casanova de Steingalt, accompagnés de Réflexions sur Casanova par Roger Vailland, publiés par Jacques Haumont pour le Club du livre du mois, 1957.

[27ibid. p. II

[28ibid. p XI

[29ibid. p XIII

[30Cité par Y. Courrière, op. cit. p 687 (sans référence précise)

[31Cl. Roy, op. cit. p 244

[32La Loi, p 139

[33Ecrits intimes, p 213

[34ibid., p. 139

[35Communication de Bernard Urbani dans Le Mezzogiorno des écrivains européens, p. 64

[36Ecrits intimes, p 530

[37Courrière, op. cit. p 451-452

[38Ecrits intimes, p 230

[39Edition italienne en 1961, traduction française chez Stock, 1962

[40Malaparte, Ces chers Italiens, p 14

[41ibid. p 155

[42En réponse au « questionnaire de Proust » – Écrits intimes, pp 610-613

[43Michel Picard, Libertinage et tragique dans l’œuvre de Roger Vailland, Hachette, 1972, p 428

[44Ecrits intimes, p 525

[45Beau Masque, p 19

[46ibid. p 21-22

[47ibid. p 267

[48ibid. p 174-175

[49ibid. p 198

[50ibid. p 213

[51ibid. p 229

[52Silvia Disegni : « La réception de La Loi en Italie », Cahiers Roger Vailland n° 10, p 169

[53Publié à Foggia par Organizzazione Leone sous la direction de Mario Simone

[54James Dauphiné : « Le Sud dans La Loi », revue Europe n°712-713, août 1988, p 107

[55« On ne demande pas à la Chartreuse de Parme ou aux Chroniques italiennes d’être conformes à la réalité italienne du début du XIXe siècle ; mais il faut bien juger de La Loi en fonction du problème du Sud italien tel qu’il se pose au milieu du XXe siècle. », écrit André Gisselbrecht dans La Nouvelle Critique (mars 1958). On peut se demander plutôt pourquoi il y aurait deux poids, deux mesures…

[56Elena Zamagni : Don Cesare dans La Loi et Don Fabrizio dans Le Guépard : Figures de l’exil volontaire de l’histoire – Communication au colloque de l’ENS Lyon, mai 2007 – Cahiers Roger Vailland N°28 p 57-69

[57La Loi, Gallimard 1957, p 88-89

[58Zamagni, article précité

[59La Loi, p. 90

[60« Mon poids dans le moment où je l’écris, le poids d’un homme à la recherche de sa souveraineté. » Roger Vailland, La Fête, éditions Rencontre, 1968, p 29

[61Ecrits intimes, p 527

[62ibid. p 532

[63Le critique de cinéma Roger Tailleur. Ouvrage paru chez Actes Sud, 1986.

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