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28 octobre 2021, par Yann Leblanc
DÉNOUEMENT « Est-il joie plus délicieuse que de quitter le temps pour vivre au cœur de la pierre, en contact immédiat avec les forces du monde, et de parler avec son âme dans le silence du roc ? » François Augiéras
Le soir sera bientôt là. Quelques instants avant de céder la place à l’obscurité, la lumière déclinante se fait toujours plus vive, illuminant la roche, les feuilles des (…)
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5 avril 2024, par Yann Leblanc
Jusqu’aux confins de l’écoute
la musique de Sam Dunscombe ★ FACE A – Two Forests Sons de la forêt. D’abord des chants d’oiseaux, une multitude. Un espace foisonnant qui ne cesse, simultanément, de s’ouvrir et de nous envelopper. On sent la présence des arbres, le couvert végétal bruissant à travers lequel la lumière se diffracte en tâches étincelantes. Chants d’oiseaux (…)
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20 mars 2022, par Yann Leblanc
La peur ne l’emporte pas
Je me suis assis tout au bord du promontoire rocheux, pieds dans le vide. Le soleil réchauffe mon visage. L’air semble si pur que chaque inspiration produit dans le corps l’effet d’une gorgée d’eau fraîche, désaltérante. En face le défilé s’évase et le regard voit loin et clair. La pensée s’est enfin arrêtée, elle n’interfère plus avec la conscience du monde tel (…)
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23 février 2023, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 2/7 J’ai découvert une sente que je ne connaissais pas. Elle s’élevait le long d’une falaise imposante, jusqu’à se transformer en vire étroite. Verticalité démesurée de chaque côté de mes pas. D’un côté plongeon abrupt, de l’autre soulèvement massif et compact. Le trop plein qui surplombe et le vide qui sape. Je progressais sur une cassure, une diagonale (…)
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7 mai 2024, par Yann Leblanc
Il s’éloignait de l’hôpital avec sa démarche lourde et lente, son instrument sur le dos. Il faisait déjà nuit, le vent soufflait, charriant indifféremment feuilles mortes, détritus et poussière. Derrière lui le bâtiment n’était plus qu’une grande masse sombre, éclairée çà et là de l’intérieur. Devant, avec les décorations de noël déjà installées, le boulevard n’était que scintillement, (…)
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21 mars 2023, par Yann Leblanc
Le son à vif
La musique de Ni Zheng ★ Car le cri, organiquement, et le souffle qui l’accompagne ont ce pouvoir d’exhausser le corps, de l’emmener à cet état d’animation, de fulguration de ses parois internes, d’ébullition vraie de ses puissances, de ses facultés et de ses voix, qui […] exige une dépense insensée de volonté et de sensibilité. Ces cris étirés jusqu’à plus (…)
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23 décembre 2022, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors La marche du jour m’a mené sur un sentier perdu, qui finit par se perdre lui-même au milieu des pierres et des taillis. Les collines s’étendaient à perte de vue, vertes et grises puis bleutées dans le lointain. J’escaladais avec délice les imposants rochers dans lesquels l’eau a creusé mille prises. Je contemplais leurs formes, mais sans rien imaginer. Sans (…)
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12 janvier 2022, par Yann Leblanc
SANS FIN Ce matin là, Jean-Philippe Fichet sortit de chez lui avec un léger retard sur son horaire habituel. Il s’élança dans la cage d’escalier de l’immeuble à vive allure. Les marches n’en finissaient plus de descendre, tourner, descendre, tourner tant et plus, si bien qu’il eut un instant comme un vertige. Y avait-il vraiment, d’ordinaire, autant d’étages et de marches ? Les paliers (…)
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7 juin 2023, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 3/7 Le moindre frémissement d’aile y est événement. Amplifié par les parois de pierre, il résonne comme le tout premier son du monde. Ici, au creux même de son silence la roche respire, vibre au diapason des oiseaux. C’est à une amie que je dois d’avoir découvert cet endroit : « la baume aux pigeons ». Y accéder nécessite une petite escalade sans (…)
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1er juillet 2021, par Yann Leblanc
L’APPEL I Il remarque pour la première fois qu’une branche de lierre a atteint la fenêtre de son bureau, en observe les jeunes feuilles que la lumière traverse délicatement. Sur la tige, des pucerons, des fourmis qui agitent consciencieusement leurs antennes, sondent la présence et l’absence, méticuleusement. Il y a aussi une chenille, à la fois menue et dodue, gorgée d’un vert (…)