La Revue des Ressources

Chœur in situ  

Manuel pratique — une série de chœurs

mardi 12 décembre 2023, par Natacha Muslera (Date de rédaction antérieure : 12 décembre 2020).

Chœur in situ

Manuel pratique

Une série de chœurs
proposés par Natacha Muslera

(1995-2021)

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Ces chœurs sont une invitation spontanée, une sorte d’irruption dans la vie quotidienne et/ou peuvent faire l’objet d’une pratique assidue. Ils se jouent avec les amies, les amoureux, les nouvelles rencontres, les sœurs, les frères, les voisin.es, les enfants, les ainés, les oiseaux, les robots, les chats. Différents signes astrologiques peuvent être mêlés. Vous pouvez fermer les yeux pour être dans un rapport plus égalitaire (cela aide à disparaître de la représentation, de prendre confiance en ses voix, et d’affiner son écoute) laisser les oreilles voir, les pores de la peau aussi (tout nu c’est mieux mais plus dangereux aujourd’hui).

Position : en tailleur, debout, à l’horizontal, perché, en cercle, dispersés.

Lieu : ville, forêt, usine, cabane, balcon, métro, périphérique, bord d’autoroute, maison, rond point, appartement, centre commercial, toit, champ, maison, école, zad, zac, plages, transport en commun.

Ambiance : en intérieur une ambiance tamisée est plus propice, elle aide à se concentrer, à se laisser aller. Fabriquez des nuances d’obscurité (pas le noir total qui peut angoisser certaines personnes) — en extérieur, munissez vous d’un cache yeux (foulard, lunettes de soleil) ça aide à détendre le corps, le mental, les paupières.

Position du soleil et de la lune : toutes.

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Au fil de mes recherches, j’ai imaginé et mis en pratique des chœurs invitant à chanter, à expérimenter, à sentir et penser autrement, que ce soit dans la manière d’être aux autres et aux mondes, aux vivants et aux morts. Le chœur est un outil puissant, magique comme expérience collective, mais il peut aussi reproduire des formes et usages, plus ou moins consciemment, réactionnaire, conservateur, colonialiste et patriarcal. Je cite ici quelques exemples : omnipotence du chef de chœur, assignation d’un registre vocal, classification des voix associées au genre, jugement esthétique occidental prédominant s’exerçant sur le répertoire, les voix, les notions de justesse et de fausseté, excluant par là les voix qui perçoivent, entendent différemment, les catégories amateurs-professionnels.
Il me semble important de spécifier qu’au sein de presque toutes les musiques de traditions orales, partant de chez nous au plus lointain, une colonisation s’est opérée, imposant une homogénéisation à travers le tempérament occidental et son accordage universel au La 440 hertz — sorte d’étalon de la justesse, de référence globalisée. D’un village à un autre, les chants, les musiques ne sonnaient pas et ne vibraient pas de la même manière, ils n’étaient ni juste ni faux à l’oreille, juste différents. Alors même si de la beauté existe dans tout ces chœurs : sacré, traditionnel, expérimental, pop, d’enfants, militant, militaire, contemporain…, tentons des expériences pour réveiller le chœur de ses automatismes et lui insuffler ses potentiels inouïs, émancipateurs.

Tous.tes nous inventons des chœurs et des nouvelles langues.

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Chœur in situ chœur sans chef

Le chœur (inspiré du chœur à l’antique, présocratique) émet des visions, des révélations, il est médium, réceptacle des voix multiples, écholaliques. Espace résonnant, dissonant des langues éclatées en réinventions. Ces voix ne s’illusionnent pas, ne se résignent pas, elles osent l’indicible, l’imprévisible, l’inaudible. Sauvages et insoumises. Sonores et spectrales simultanément, elles apparaissent et disparaissent autant qu’elles le veulent, enchanteresses. Le chœur présocratique, son arme est le souffle. Surgissent de ces souffles toutes les informités, les paillardises, les rondes insituables, ancestrales, mouvantes, glissantes, sororales. Sa puissance démultipliée fait dysfonctionner la machine conformiste du réel.

Chœur in situ aide à se donner confiance en soi, il est déjà une communauté possible qui s’invente, éphémère, sans hiérarchie entre les voix, les registres, les sons, les matériaux, les imaginaires. Ce chœur est ouvert à tous.tes : voix fausse, oreille sourde, autiste, extraterrestre, enfant chat oiseau, aveugle éléphant, muet nénuphar adolescent-escargot, pandrogyne, revenants, abikus.

Le chœur est un outil micro révolutionnaire : il libère, désassujettit, donne du courage et de la vitalité pour affronter et transformer notre société.

Le chœur a des vertus thérapeutiques, il apaise, fait circuler et relie les énergies rompues entre soi et les autres.

Le chœur, un outil de soin, où les écoutes et interactions avec le vivant se déploient, s’affinent. Il dissout l’opposition entre sujet et monde. Il régénère les vieilles cellules et ouvre la pensée aux courants d’airs. Le cerveau respire, et peut s’auto-entiler sans dépendre des produits manufacturés.

À nous les hallucinations, les états de perception modifiés, les voyages cosmiques, les transes, sans l’intervention d’un système économique !

Le chœur sans chef, une invitation artistique, écosophique. Hors sociabilité, mais lieu d’hospitalité, précaire (non fixé, non figé), il active une puissance du commun.

Quelques conseils pour que le chœur se déroule au mieux (ces conseils émanent d’une certaine expérience) : se sentir relié aux autres par l’écoute, quelle qu’elle soit. Il n’y a pas un type d’écoute, ni de bonne manière pour être relié. Essayer d’accueillir toutes les voix du chœur dans sa propre voix, son propre corps, ça demande de laisser de la place, de l’espace. Ou de ne pas en laisser du tout.

Comment partager un espace commun ?

Des silences ouverts ?

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Chœur in situ espace pour confier son cœur, de nouveaux chœurs

Le chœur, une cabane d’écho du réel.

Le chœur devient un terrain de jeux, sans bord ni limite, une aire de soin, une machine sémantique à réinventer des langues-chants, des langues-sons, où les voix se libèrent et deviennent multiples.


Le chœur c’est une vibration commune, à des rythmes différents, d’où l’on perçoit chaque voix singulière.
Le chœur peut tout accueillir, polyvoque et polysémique. Traversé par des écoutes toujours précaires, c’est pourquoi il nous invite dans sa cabane.
Grâce à l’écoute nous pouvons reproduire avec la voix des non humains au bord de la disparition, les enregistrer avec nos oreilles et nos voix, si nous arrivons à les imiter, nous pourrons les partager, les faire revivre grâce à notre mémoire orale.

Un manuel d’une quarantaine de chœur est proposé, fruit de plusieurs décennies de pratiques et expériences faites sur le terrain, notamment des terrains vagues.

Il reste un objet en processus, à essayer, à nourrir, à augmenter.

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Chœur in situ

Manuel pratique — une série de chœurs

(1995-2021)

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CHŒUR SOUFFLE VENT

inspiration et expiration par la bouche, se laisser traverser par toutes sortes de vents en faisant des a-e-i-o-u soufflés, de plus en plus étirés et ralentis, puis dans un deuxième temps injecter des s, ch, f soufflés et sifflés, avec des nuances différentes — ralentissement du rythme cardiaque — ça aide entre autres à lâcher le mental, à l’aérer. DEVENIR VENTS, toute la palette des différents vents, de la brise à la tempête ; ça part du ventre, ça traverse les poumons et le cœur, sans forcer. laisser de l’espace intérieur pour accueillir les vents, leur présence ; grand soin et attention aux autres pour créer un souffle commun. garder un son longtemps, le ressentir pour de vrai, le pénétrer et le partager. le souffle devient ruban magnétique, il crée des volutes, des vagues dans l’espace et transporte les molécules.

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CHŒUR LANGUE DE CHAT

toutes les langues, mémoire ancestrale ou augurale, d’enfance, les capturer, jouer avec comme au chat et à la souris, les relier, chevaucher ses langues multiples, les tisser dans l’espace, s’ouvrir aux langues sécrètes, inventives, aux dialectes terrestres et extra, imiter des accents, échanger les logorrhées et aphonies merveilleuses.

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CHŒUR OS VIBRATOIRE

voix osseuse, en fermant la bouche, conduction et vibration du son par les os. prendre sa respiration de manière décalée, de sorte que le son de n’arrête pas, pas de trou (continuum sonore). tenir une même fréquence puis les voix s’émancipent et prennent les hauteurs qui les attirent ; phénomène de mise en vibration des os, des organes, des muscles, des nerfs, des planètes, des molécules ou tout simplement de l’espace acoustique... position : en cercle, allongés sur le sol, têtes vers le centre de préférence — ou encore en tête-à-tête, parfois dans cette position, les vibrations en voix osseuses produisent des effets très puissants.

CHŒUR IN SITU situ en finnois : la ressource face à l’adversité, le courage et la ténacité.

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CHŒUR AMPHIBIEN

se mettre dans la peau d’une grenouille, d’un crapaud. en roulant la langue ou la luette, émettre un son vocal, monter dans la fréquence et descendre légèrement. se servir de la gorge comme d’une poche d’air où la salive fricote et bout. pour commencer, le son « rrroa » peut aider, à en chercher d’autres. entamez la polyphonie amphibienne.

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CHŒUR SIFFLE

siffloter des airs, des mélodies, des chants d’oiseaux. et laisser l’espace aux sons-bruits domestiques et/ou extérieurs traverser votre chœur. si certain.e.s ne savent pas siffler, le fait d’essayer, de s’entrainer, de rater activera ce chœur et l’enrichira.

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CHŒUR MOULINET

prendre une inspiration qui prend racine par le bas du ventre-bas du dos, elle se prolonge sous la cage thoracique pour se terminer dans le haut des omoplates. lors de l’expiration laisser les lèvres roulées grâce à l’air expulsé. pas de tension au niveau des lèvres. entrainez-vous à étirer votre moulinet et à le tenir jusqu’au bout de l’expiration. dans un deuxième temps, timbrer votre souffle (mettre de la voix) et essayer les glissendi ascendants et descendant (comme une sirène, vos sons sont reliés). si vraiment vous n’y arrivez pas faites-le avec votre langue (langue qui se laisse rouler par l’expiration). ou alternez les deux. une multitude de sons peuvent jaillir de ce chœur, en jouant avec les obturations de langue, et la mise en vibration aussi de la luette (voix de robot, sons de trompette ). à vous de jouer ! ce chœur est excellent pour se chauffer la voix, comme on dit dans le jargon, et étendre ses tessitures vocales.

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CHŒUR SOUFFLE SABRE

produire des souffles courts avec le diaphragme, au niveau du plexus solaire, ici le souffle est un sabre, il déchire l’espace de sa lame affinée, "fuitt, hhhat, hout, shhhi, chhhiit, fhouu…" diriger son souffle vers une cible, chaque voix commence par un souffle sabre de manière circulaire puis le cercle éclate et des circulations multiples se produisent avec des figures de combat de plus en plus complexes dans l’air. le souffle est notre arme.

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CHŒUR LONG WAVE

voix aérienne (bouche ouverte) choisir une voyelle commune, et activer un continuum sur une même fréquence (son tenu, jusqu’au bout du souffle, sans vibrato) puis les voix s’émancipent et prennent les hauteurs qui les attirent — alors se déclenchent des phénomènes d’accélération de particules dans l’air, les fantômes harmoniques se déchaînent et jouent avec nous, accélération ou étirement du temps, zone-poche d’infra-structure, l’espace temps vacille, ça ouvre des failles.

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CHŒUR SCHIZO

jaillissent toutes les voix parlées médusées chantées mises en commun prosodies fragmentées voix insecte peluche voix astrale voix trouble voix machin machine animale voix messe-pharmacie voix d’incantations & lamentos voix des morts voix radio voix plante voix guerrières voix gastrique berceuse cris voix voix aveugle voix sans voix dyslexique depuis l’enfance prendre au vol airs sons et mélodies investir manger les mémoires de l’autre jouer au ballon avec subtiliser les techniques de pickpocket plongée mémorielle cellulaire profonde vol d’airs attrape nigaud entre fiction et réalité voix d’outre tombe infirme laisse surgir de tes organes airs canonisé murmure échopapale papesse borderline ventriloque et trompe l’œil

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CHŒUR BOURDON

lorsque nous avons le cafard, le bourdon s’avère être un moyen-insecte redoutable, non pas pour parer cet état, mais au contraire le partager, et le transformer — ainsi peut-être arriverons-nous à bricoler avec une expérience troublante de vibration commune… le bourdon constitue la base de beaucoup de musiques, de chants traditionnels et sacrés, à partir duquel les voix et les instruments opèrent des mélismes, des improvisations, au dessous et en dessous d’une fondamentale (musique modale).

Aparté : il semblerait que nous ayons remplacé cette pratique de manière inconsciente : en effet, beaucoup de gens aujourd’hui disent « — je chante sous ma douche » en fait ils transposent un geste et une pratique ancestrale, le bruit constant, lié au flux de l’eau, remplace le continuum du bourdon à partir duquel les voix se placent et dansent par dessus et/ou par dessous une note fondamentale.

Alors, produire une fréquence, un son fondamental (une base) en voix osseuse (bouche fermée), plutôt dans les basses, créer un continuum (les voix ne prennent pas en même temps leur respiration, ce qui crée un continuum), une fois qu’une basse pleine, existe, les voix peuvent alterner avec la voix aérienne (bouche légèrement ouverte) avec un "i"ou autres voyelles). alterner les deux sons en les reliant. mettre le son au niveau du sacrum, puis faire monter le son dans la colonne vertébrale, comme la sève d’un arbre le souffle, en gardant la même fréquence grave. faire vibrer ses os, du bout des doigts de pied jusqu’au sommet du crâne. sentiment circulaire, disque vinyle sur une platine, jamais les micro sillons ne sont les mêmes, explorer les micro variations (en montant légèrement, ou en descendant, micro intervalles) ou par l’emploi de nuances subtiles.
lorsque le bourdon vibre pleinement, chacune des voix peut en voix aérienne, improviser des voix chantées, essayer sa voix pleine, mélodique, d’autres voix et explorer différentes techniques de chant traditionnels (inspirés de l’Orient, de l’Asie, de l’Europe, de chez nous) le bourdon soutient les tentatives, les essais, il reste à l’écoute des nuances des voix solos, et évite à tout prix les automatismes ou les systématismes. puis les voix cherchent et pratiquent cette difficile articulation et fluidité entre voix chant et voix bruit, voix son, interdépendance.

Positions : en cercle debout, en tailleur, senzaï, et/ou allongés en cercle, crâne vers le centre et rapprochés les uns des autres ou au contraire crâne vers l’extérieur.

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CHŒUR DRONE

hommage à Eliane Radigue (musicienne, compositrice). faire tourner un beau bourdon (voir à chœur bourdon) en voix osseuse (bouche fermée) continuum assez grave, puis ouvrir les résonateurs (sous les yeux, les sinus, derrière les oreilles), la voix quitte le nez. elle se dirige vers les hauteurs qui l’attirent, toutefois lors de l’expiration elle garde à peu près le même son, micro modulation (intervalle minuscule entre une note et une autre note, moins que des demis ou quarts de tons) tout en faisant disparaître le timbre de la voix, les voix deviennent spectrales, voix de l’éther. elles cherchent les infimes rapprochements, entre un son et un autre, elles ondulent légèrement en micro intervalles et se tissent, dentelle, indiscernables les unes dans les autre, sorte de micro glissendi (son tenu) ascendants et descendants. positions : toutes.

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CHŒUR INUIT

le son vocal peut se produire à l’inspire et à l’expire, avec différentes tessitures (grave, medium, aigu) et toutes les voyelles, en voix osseuse et aérienne (bouche fermée, bouche ouverte). il s’agit de faire vibrer ses cordes vocales et de produire du son aussi à l’inspiration, chose à laquelle en Occident nous ne sommes pas préparés. cela demande pas mal de pratique et de patience afin d’y arriver.
cette technique est utilisée par une communauté autochtone, les Inuits vivant dans les régions arctiques de l’Amérique du nord, elle est une véritable technique pour stimuler la machine respiratoire et un moyen de survie vitale, de soin (hyper ventilation du cerveau, réchauffement de la température corporelle). elle aide à lâcher toutes formes de rigidité mentale et physique, elle ouvre au fou rire, à la maîtrise de sa machine pulmonaire et diaphragmatique — elle purge les poumons, fortifie l’ensemble du corps et de la pensée, ouvre à la transe.
ces joutes vocales se pratiquent de manière traditionnelle à deux ou quatre, elles font l’objet de concours. nous transposons ces pratiques-techniques en chœur. pour cela un des possibles : partir d’une phrase rythmique et l’accélérer en chœur, puis la ralentir à nouveau pour revenir au point de départ, en prenant soin de ne pas en laisser sur le bord de la route.

Processus : le ventre se remplit et se vide rapidement en inspiration et expiration nasale — produire un son soufflé (pas de timbre) autant à l’inspire qu’à l’expire — trouver une pulsation et jouer à l’accélérer et à la ralentir, variations des vitesses d’expulsion de l’air et de remplissage, alterner entre bouche ouverte et bouche fermée (souffle nasale et souffle aérien) — lors de la deuxième phase, inspirer et expirer par la bouche, en faisant des voyelles soufflées a-e-i-o-u - le troisième temps consiste à commencer par timbrer votre inspiration et expiration, c’est-à-dire mettre de la voix dans l’inspiration autant que dans l’expiration, détendre bien la gorge, rester attentif au fait que le souffle parte bien du ventre et fasse comme un soufflet d’accordéon qui se déplie et se plie.

Petit conseil : pratiquer avec modération, une minute les premières fois, en faisant des pauses. histoire de ne pas tomber dans les pommes.

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CHŒUR INCANTATOIRE

autour d’un feu réel ou imaginaire, insuffler des sons vocaux les plus graves, les plus bas, les faire résonner au niveau du sacrum et du chakra racine (entre l’anus et les organes génitaux, périnée), scander avec vos pieds, ça peut aider à faire ces sons. Lorsque le pied frappe sur le sol, émettre un son, comme un râle ; vos monstres sortent, vos voix cachées, paléolithiques, émergent sans jugement esthétique. partir sur un rythme en le scandant à la voix et au pied, puis moduler. Inventons nos propres incantations, litanies païennes et sacrifiées.

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CHŒUR GRAPPE COSMIQUE EN MOUVEMENT

spatialisation acoustique, multiphonie des voix. une voix prend au hasard une voyelle (« ou » est possible), les autres voix prennent presque instantanément la même voyelle, mais à des hauteurs différentes. chaque son tenu (faire tenir un peu le son, même s’il ne s’agit pas là d’un continuum, d’un bourdon). les corps se déplacent dans l’espace, lorsque les voix émettent, elles demeurent statiques mais modulent les directions d’émissions en s’aidant avec les mains (son dirigé vers le mur, le sol,le plafond, dans un coin etc.). les corps se déplacent comme des loups, sans bruit, ils activent les voix multidirectionnelles. un ou plusieurs corps récepteurs écoutent la multiphonie dans l’instant, sur des chaises, sans émettre de son. les places sont tournantes, lorsque l’expérience a été ressentie laisser sa place .

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CHŒUR GRAPPE COSMIQUE STATIQUE

chaque voix émet une voyelle en produisant un son droit, sans vibrato, son pur (en se rapprochant le plus possible de la même voyelle) comme un trait éjecté dans l’espace ; essayer de ne pas faire couler la queue du son. faire varier les espaces de silence, les intervalles entre l’émission de chaque voix. les voix finissent par créer des grappes, des accords rapprochés, consonants et dissonants, des clusters aux résonances cosmiques. l’espace acoustique entre en vibration, il se matérialise en même temps qu’il s’abstrait. position : en cercle, debout de préférence, pour projeter et faire rayonner les voix dans l’espace avec plus d’ampleur.

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CHŒUR MUTANT

avec la queue d’un mot puis la tête d’un autre, fabriquer des mots nouveaux. à combiner et compiler différemment : voyelle, consonne, phonème, syllabes, bricoler de l’hybridation.

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CHŒUR MANIFESTE

ce chœur s’active avant le démarrage d’une manifestation sauvage, ou dans les moments plus vague, hésitant, c’est une manière de rassembler les énergies, de retrouver une puissance, de se réapproprier le terrestre en commun. seul.e ou à plusieurs proposer à un groupe de personnes de lancer ce chœur (dans ces moments, nous sommes tous.tes des allié.e.s : activer une basse bouche fermée, une basse continue, homogène et menaçante. cette basse fait vibrer nos squelettes, et trembler les os de la terre. corps et terre s’unissent. cette basse peut se répandre et contaminer une bonne partie de la manif, raz-de-marée sonore, ça donne de la force et ça relie. puis sur cette basse continue certain.e.s vont dire et compiler les slogans, les revendications, les propositions et désirs (en alternant le parler, le chuchoter, le crier) pendant que d’autres vont continuer cette basse. avec cette base, des chants, des airs peuvent émerger. une succession de vagues de rumeurs, de bribes de mots sont perçus, pendant que la terre tremble. ce chœur s’annonce vital, il peut réparer, souder, renverser, transformer les choses.

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CHŒUR IDIORYTHMIQUE

déjouer les silences, entendre des voix dans sa tête, des mélodies, des mots, des scories lettres, et par moment, de manière aléatoire, les émettre comme par effraction, de manière imprévisible, arythmique, asynchrone. presque rien émerge de l’iceberg. en mouvement ou statique, en marche dans l’espace, allongé, presque en dormant, somnambule ou zombi. position/milieu : tous et toutes.

ps : ce chœur est intéressant à expérimenter tout une nuit, afin d’épuiser nos bavardages, et qu’une sorte de télépathie effective puisse s’opérer, frappée de surdité.

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CHŒUR SAMOURAÏ

expulser le son par le QI ou le KI au niveau du bas-ventre (à peu près, trois doigts sous le nombril, vous allez sentir un petit creux-trou) et avec le diaphragme, ce son doit être puissant et relié à l’énergie vitale, la gorge bien ouverte, chacun émet ce son avec un a au départ puis un é, chacun son tour, puis les tours de rôles s’accélèrent, décélèrent. il commence à pleuvoir des samouraïs. ce chœur peut être expérimenté dans différentes positions : en tailleur, en poirier, accroupi, suspendu, debout, en dansant, arc rentré-arc ouvert, à quatre pattes, etc.

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CHŒUR GRUNT

chant guttural, utilisé dans le death ou black métal, faire vibrer ses plis vocaux dans les graves, descendre/rentrer doucement l’anneau cricoïdien ou pomme d’Adam (avant, bien se chauffer la voix avec, le chœur moulinet par exemple), en cercle scander avec ses pieds le sol puis faire des galipettes.

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CHŒUR MULTIPHONIQUE EN MOUVEMENT

danse acousmatique. spatialisation des voix multiples dans l’espace. une partie des corps assis sur des chaises, dispersés dans l’espace, les yeux fermés : ils sont les récepteurs. l’autre partie, deviennent des émetteurs, ils tendent des fils vocaux dans l’espace en mouvement, les corps se déplacent comme des félins, sans bruit. les corps émetteurs produisent des sons, des bruits, des voix chantées, parlées, des langues polyglottes, des trous magnétiques ⠷⠣⠏ à différentes magnitudes et amplitudes, du sotto voce, presque imperceptible à la saturation de l’espace. ✭ les corps émetteurs expérimentent à distance variable des corps récepteurs, du plan très rapproché, micro distance (le souffle sur la peau, un micro bruit au creux de l’oreille, au creux du genoux, des voix osseuses vibratoires le long de la colonne vertébrale) au hors champ du corps et de l’espace. ✭ ✭ les corps récepteurs représentent des surfaces entières sensibles, les capteurs-oreilles sont partout, ils demandent à être ouverts, stimulés, caressés. ici, les émetteurs cultivent leur double écoute, celle de l’expérience de toucher vocal sur la surface des corps statiques, en même temps que l’écoute des autres voix spatialisées en mouvement, afin d’élaborer une pièce vocale dans l’instant.

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CHŒUR DIGITAL

Pour chœur acoustique sans direction visuelle

espaces : partout où les lieux peuvent être occupés la forêt semble être aussi propice les soirs de pleine lune. depuis la pénombre, fermer les yeux, en cercle, renverser sa paume de la main gauche pour accueillir la paume de la main droite du voisin de gauche, inverser de l’autre côté, côté gauche. le code digital peut s’activer et continuer de s’inventer au fur et à mesure. un des membres oriente le chœur 5 minutes puis cela change de manière aléatoire ✭ transconduction, les mains l’une sur l’autre, paume sur paume, sans les crocheter — paume de la main = surface épidermique où émettre les pressions (côté gauche émettre des pressions — côté droit émission) d’autres pressions correspondant à différents matériaux chaque pression la reproduire le plus rapidement possible. chaque code équivaut à un glissement vers, et non action-réaction — trouver les passages, les manières de tisser les voix à chaque fois de manière différente. adapter le code morse à une matériau vocal, un chœur spécifique dans le manuel, ci dessous quelques exemples :

. (équivaut à une pression brève) : chœur souffle sabre — (une pression longue) : chœur drone

.. (deux pressions brèves) : chœur souffle vent

ou encore un autre code gestuel inventé : doigt trait vers le bas : silence

doigt trait vers le haut (au centre de la paume) : bourdon grave tenu, continuum

doigt trait vers le côté droit, extérieur paume : chœur cigale (ch-ch-ch ou hi hi hi en micro déphasages, langue derrière les incisives du haut, poche d’air avec les joues, sans pression, moduler les I).

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BRUIT de cœur

tendre vers l’objet concret, bruit mécanique, organique, analogique, numérique et génétiquement modifié : synthétique — écouter votre cœur, en vous bouchant les oreilles, puis ré-ouvrir les oreilles et écouter les bruits liés à votre environnement domestique, les reproduire, les détourner, les accidenter. par exemple : cd qui bug, ventilations climatisations de toutes sortes, battement du cœur, intestin en mouvement, gaz-pets, bande magnétique lisant à l’envers, cafetière italienne, bouilloire électrique, disque dur amplifié, disque tendre à éjecter, crissement des rails du métro, poulie rouillée, porte symphonique, etc.

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CHŒUR PLASTIQUE

choisir, prélever un matériau sonore-vocal à entretenir (partir d’un son), et à sculpter pendant au moins 30 minutes. échafauder une sorte de géologie de la voix : granulométrie de la voix, avec différentes strates et couches terrestres malaxées, argile, boue, glaise… suivant la forme, et l’épaisseur désirées, rajouter plus ou moins de grain afin que les voix chamottées se structurent et se déstructurent par elles-mêmes. puis prendre en compte, en main, les matériaux sculptés des autres artistes (résonance en creux, glacis, écho, canon, épaisseur, opacité, densité, accident, nervures, tension, expansion). l’exposition collective, vivante, éphémère, se crée, bon vernissage !

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CHŒUR CONCRET

au départ, de manière circulaire, une première voix combine deux sons prélevés, par exemple deux phonèmes : une consonne une voyelle, les ajuster ensemble, puis faire plusieurs fois le tour du cercle en combinant à chaque fois deux nouveaux sons précis, puis combiner trois et quatre sons. cela se stratifie et devient conglomérat-mille feuille-mille patte, continuer jusqu’à ce que vous arriviez à un objet sonore complexe, digne de ce nom !

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CHŒUR CUT UP

glaner des registres de mots différents « étrangers » les uns aux autres (registre érotique-botanique ou encore registre des constellations, des catastrophes naturelles, calendrier des prénoms donnés aux cataclysmes, aux tempêtes) : les mixer, les jouer, les inter-échanger, les dire à l’envers, à l’endroit, dans leur rapport sonore, machine rythmique etc. ils peuvent raconter des récits à travers, à l’envers.

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CHŒUR LANGUE DES BOIS

l’impossibilité de ne dire qu’avec le langage dominant et signifiant. alors s’ouvrent d’autres langues possibles, émanant d’une réalité immédiate et d’un réel plus ancestral : langue des bruits, des muets, des écosystèmes, des biotopes, des chants improvisés et des lambeaux de mots… langue des soins, des cris, des souffles, des ventriloquies, langue en désœuvrement, essentiellement vibratoire.

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CHŒUR GLITCH

dérapages phonétiques, accidents et troubles du langage, aphonies, scories, faire entrer la langue des sourds muets. que les langues infirmes s’éprouvent, s’expérimentent sonore, charnelle et concrète.

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CHŒUR LIMINAIRE

un chœur qui travaille depuis la nuit, à l’écoute des bruits, des sons minus : cellulaire, intraveineux, sous marin et cosmique. depuis les silences, ce chœur laisse émaner les trajectoires poussière, les traces fumerolles, l’invisible s’indicible, presque. même si au bout du compte un son induit plusieurs rapports au bruit et au silence, une hypothèse : un son ayant une juste énergie, neutre, (c’est l’espace qui le charge) il transporte une part de silence en lui, parfois imperceptible. les silences ne pèsent plus, poids plume, inquantifiable, ne produisant plus d’effet de silence. ils deviennent l’ouvert, dansant.

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CHŒUR CARTE POSTALE (préparée)

en prenant le temps, fermer les yeux et écouter l’environnement, le biotope. tenter d’enregistrer, de photographier un instant T, et de « raconter, traduire » avec les voix l’image acoustique : l’ambiance, l’atmosphère, l’espace, l’odeur… dans un deuxième temps détourner le paysage, inventer une fiction — temps composites. différents gestes et processus, sont à votre disposition : bifurquer, soustraire, évider, additionner, accumuler, effacer etc.

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CHŒUR MOUCHE BOURDON

avec les consonnes b (occlusive) & v (fricative sonore) ou ZZZZ — les alterner finement dans les graves vibrations, petit mouvement de la mâchoire inférieure, laisser passer un peu d’air, aller dans les aigus pour faire mouche ; dans les graves pour faire bourdon ; les mouches demeurent quantiques elles apparaissent et disparaissent on ne sait où ?

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CHŒUR CANOPÉE

avec la voyelle "i" aller vers un son aigu et tenter de le prolonger à l’inspiration, essayer de les relier pour produire un continuum vocal, les i transpercent l’espace et flottent au-dessus de nos têtes. position : essayer en cercle debout, en tailleur, ou encore éclatés dans l’espace.

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CHŒUR MEUTE DE LOUP & THÉRÉMINE

créer le trouble avec ces deux matériaux — MEUTE DE LOUP avec le son « ou » langue retroussée sur le palier entre palais dur et palais mou, ouvrir plus ou moins les lèvres, agrandir rétrécir le trou, avec palais mou comme agrandisseur, amplificateur, chambre d’écho, avec et sans vibrato, passer de la voix de poitrine à la voix de tête — THÉRÉMINE mettre ses lèvres en cul de poule ou canard, comme une fleur : ouvrir et resserrer les lèvres, en même temps moduler, arrondir avec le palais mou.

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CHŒUR FÉLINS

(inspiration et expiration soufflée) avec la luette qui s’active, ronronner.

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CHŒUR ÉOLIENNE

wouaou — wouaou (inspiration et expiration soufflée) — fou fou (appui sur deuxième syllabe) hou hou — à faire avec presque toutes les voix — à différentes vitesses, micro déphasage au fur et à mesure — varier les accents du souffle, les temps forts et faibles.

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CHŒUR CIGALE

activer le son « ch » plus mat, le son « hihi » ouverture palais ça sonne plus brillant — faire des micro mouvements de lèvre associés à la langue, ce qui est intéressant à faire en chœur, ce sont les micro déphasages rythmiques — partir tous ensemble puis se décaler très légèrement — cymbaliser, la garrigue, en Provence atmosphère fin de journée, douceur et aplat de l’été.

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CHŒUR OISEAUX

écouter les oiseaux, s’amuser à dialoguer avec eux s’avère être quotidien dans ma pratique, notamment avec les espèces au bord de l’effacement. j’essaie de les imiter au plus proche (et cela passe par des phases d’essais, de boucles et répétitions assez cocasses) et de mémoriser leur chant, pour les partager auprès des plus jeunes générations, qui n’entendront plus certains chants. martinets, corbeaux, chouette, chardonneret, perruche, pie, alouette. sifflements — micro sifflement — pointe langue micro mouvement derrière les incisives du haut — de la dentelle. les oiseaux comme les étourneaux fabriquent leur langage en permanence, il reste ouvert et en processus, « open ended language » ces oiseaux imitent les sons d’autres oiseaux, ainsi que les sons de leur environnement (machine, autres oiseaux et animaux), ainsi ils créent une langue active, vivante, mutante.

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CHŒUR ÉTOURNEAUX

petites pressions de l’index sur la bouche en cul de poule, produire du son comme si vous faisiez un bisou, en inspirant, pressions et tensions différente de l’index sur les lèvres resserrées en modulant avec, mouvements ultra rapides comme si on scratchait un vinyle — au bout du compte éviter les sons de bisous, ils irritent.

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CHŒUR DRIPPING

glissendi ascendant et descendant au ralentit, étirement et expansion du matériau et du temps, impression de bande magnétique à l’envers — mêler les voix-ondes par micro intervalle — voix détunnée avec les voyelles : é-i-u– ou, garder la même voyelle, l’étirer le temps de la respiration (micro sirène) : tissages aérien des voix-ondes, toile serpentine, chevelure magnétique.

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CHŒUR MÉLISMATIQUE

une voix propose un air, ce qui va naturellement impliquer un mode, une humeur, puis toutes les voix se mêlent, improvisent de manière modale, pas grave si ça sonne faux, au contraire prendre le risque d’ouvrir des sonorités presque disparues, destituons-nous du tempérament globalisant la sensibilité. inventons les mélismes aux couleurs et ambiances multiples : païennes sacrées-savantes-profanes multi-ethniques.

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CHŒUR BUCALPHABÊTE

à partir d’une consonne-voyelle (bé-pé-èn-qu..) mais aussi d’une consonne courte, son bref (b-v-k-p) prendre une pulsation, un rythme avec. partir d’un membre du chœur puis de manière circulaire d’autres cellules rythmiques se fabriquent, se juxtaposent et s’imbriquent, d’autres plus anciennes s’enlèvent. la pulsation et le rapport rythmique peuvent être changés, échapper à la pulsation qui ferme et détermine trop un rythme. Se lancer dans l’inconnu.

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CHŒUR TROUBLE

invite à une expérience, celle d’un ralentit, ralentir le temps, l’étirer, l’explorer, s’en ré-emparer. pénétrer le côté obscur des mélodies, revenantes, elles avancent comme des zombis, très lentement. détuner les voix comme un disque, une bande magnétique qui ne tourne pas à la bonne vitesse, les mélodies se dissolvent à nos oreilles, à peine reconnaissables, informes, eaux troubles, airs marécageux. Résurgence d’une boue commune, épaisse, sorte de ruines mélodiques, païenne, sacrée, ancestrale, vibrations troubles aucune voix ne sort du magma (neutralité) ou très rarement, voix presque ruines.

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CHŒUR MICRO ORGANIQUE

micro sons avec ses éléments : bouche, langue, joue, luette, glotte, palais dur et mou, mise en friction de la salive, la cuisiner de différentes manières (bouillir, mijoter) fabriquer des poches d’air. bruits presque inaudibles, imperceptibles, se déplaçant très vite dans l’espace acoustique, laisser des vides, des silences vivants exister et faire partie du chœur. Presque disparaître et/ou rentrer dans des dimensions méconnues : infra.

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CHŒUR DE BERGER.E.S (des Pyrénées aux Alpes, des forêts d’Afrique centrale à celle d’Amazonie)

imaginez, vous êtes dans une vallée ou dans une forêt et votre voix doit arriver jusqu’à la prochaine vallée ou jusqu’à l’autre bout de la forêt. imaginez encore, vous êtes sur votre balcon, et en temps de confinement vous voulez communiquer d’un balcon à un autre. cette technique vocale qu’utilisent les berger.e.s est un bel outil propice que l’on retrouve dans le Yoddle comme dans le chant des Pygmées Aka, celle-ci consiste à prendre une voix pleine et à passer-glisser du registre medium au registre aigu en faisant des volutes, comme un appel. et en utilisant des voyelles, une différente pour chaque glissement de registre. cela vous aide à propulser votre voix — voix projetée affectant un paysage, vaste — cette technique vocale joue sur la souplesse du larynx, pratiquer la montée et la descente de l’anneau cricoïde (toucher votre cou, et lorsque vous passez de votre voix medium (voix de poitrine) à votre voix aigüe (voix de tête, un anneau monte et descend, activer ce passage, et ça se fera avec de plus en plus de légèreté, de subtilité). ainsi vous pourrez activer des communications en temps normal très éloignées, dépasser le mur du son, envoyer des messages aux E.T, pourquoi pas ? en chœur, des polyrythmies, polyphonies dessinant de nouvelles cartographies s’expérimentent.

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CHŒUR BABIL

en cercle, allongé de tout son poids sur le sol, les organes relâchés, la mâchoire détendue, se mettre dans un état bébé, chaque petit bruit émis part de la découverte, de l’expérimentation et de sa capacité à fabriquer des sons et de jouer avec. ressentir d’où part un son et d’où il rebondit, de quel organe, partie du palais, de la bouche, de la langue, des pieds. les bébés nous invitent à retrouver notre puissance vocale, et la multitude de sons et de bruits que nous avons effacés, refoulés lors de l’apprentissage de notre langue maternelle. partir de cette expérience pour improviser librement avec toutes les voix que nous abritons et qui se réfugient dans des recoins oubliés ; ouvrons notre interface (monde des esprits, fantômes, revenant.e.s, habitant.e.s) faite d’enregistrements sonores et musicaux hétérogènes, dont les cellules, molécules transportent la mémoire. re-convoquons nos sons exilés.

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CHŒUR SOUS PRESSION

l’environnement en est rempli, tendre l’oreille et imiter les sons d’aérosols en tout genre, bombe lacrymogène, gaz carbonique, arrosages de jardin domestique, flux d’airs compressés, expiration, pets des transports publics : jouer avec les lèvres et l’air que l’on met sous des légères pressions, à des vitesses différentes : pff-tfuit-tfuit-touf-ffffff-ft-tss-tffft.

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CHŒUR BRUIT BLANC ET ROSE

mettre un « ch » continuum organique, pas de trou d’air — disparaître dans une même matière — matière commune et micro variations subtiles avec langue et lèvres — air et eau se mélangent dans le « ch » et toutes les fréquences apparaissent dedans.

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CHŒUR SIFFLEMENT CONTINU

vider les poumons, inspirer en commençant par gonfler la première sphère (bas ventre et bas du dos) à l’expiration siffler en gardant la même fréquence (celle de votre choix), à l’inspiration continuer le sifflement avec la même fréquence (oui c’est possible !) là se crée un continuum sonore (sifflement continu). puis activer des minuscules modulation sifflées. les sifflements mis en communs produisent des phénomènes acoustiques particuliers, que l’on peut nommer fantômes harmoniques. ces rencontres avec les invisibles nous plongent dans un curieux état. ça peut ouvrir à d’étranges perceptions. position : tailleur et / ou senzaï — grande concentration, verticalité .

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Natacha Muslera / (1995-2021)

Chœur tact-til

P.-S.

…bien entendu plusieurs chœurs proposés ici peuvent se compiler et se mêler, de nouvelles partitions aériennes se créer. En explorant d’autres sons et voix improvisées, de nouveaux modes de jeux, contextes d’écoutes, tissages d’ambiances, esquisses de paysage multiple, se concrétisent et se contaminent pour inviter à une communauté élargie…

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