- 15 septembre 2008, par Li Jinjia
1.
Tandis que le code routier sur toutes les rues du monde
poursuit les sirènes nues, êtres effrontés aux seins luisants,
sereinement fait sa sieste une Volkswagen de sixième main,
ronflant légèrement, dans l’ombre fraîche du café Fishaoui.
La bâche bleue berce son rêve comme la mer berce une tortue.
Femme heureuse : elle baigne dans la civilisation.
2.
Modernité ! Le (…)
- 15 septembre 2008, par Andrée Bergeron
Cours, camarade. Le vieux monde...
Comme dans un tableau d’Escher, les perspectives se tordent. Avancer vers hier. Passage suspendu dans le vide. Ordures polymères et béton désarmé. Futur troué.
Seul. Tu marches, tu descends, seul. Tu cours. Au bord d’un pont vers rien, entre des ruines, tête baissée en haut d’un escalier à tous vents.
Tu cours. Cours, camarade...
Tu es noir, au (…)
- 12 septembre 2008, par Elisabeth Poulet
Tamara ne parle pas. Elle n’a jamais parlé. Aujourd’hui, devant l’œil du photographe, elle défie. A nous de tendre l’oreille de toutes nos forces pour l’entendre. Elle se tient debout sur le bidet, grandie, conquérante. Rasée, comme tous les enfants maltraités qui arrivent ici. Il faut neutraliser les maladies et donc les bestioles qui les transportent. A côté de Tamara, une jeune fille pleure (…)
- 10 septembre 2008, par Olivier Favier
Un jour mon père
m’emmena au cinéma
nous ne faisions pas grand chose ensemble
il ne donnait que
lui-même
on ne lui avait rien donné
il n’avait rien à rendre
je parle à l’imparfait du père de mon enfance
il me dit
je voudrais que tu voies ce film
je boitais
il m’aida à traverser la place
je boitais mais j’étais fier
mon père si grand
cette place si (…)
- 8 septembre 2008, par Pierre Edouard Bour
Je me souviens encore du crépuscule flamboyant, survenu il y a trente ans, de ce qu’on appelait parfois l’aristocratie ouvrière, du combat à mort de ces travailleurs de l’acier sortis de leurs châteaux couleur de rouille assiégés, chiffon rouge comme oriflamme, acclamés par toute une ville. Il ne m’est apparu que plus tard que la véritable défaite n’avait pas été la fin de la dernière (…)
- 3 septembre 2008, par Béatrice Commengé
Cette fois, il a décidé de s’y prendre autrement. De ne plus laisser filer la vie. Laisser filer le temps. Est-ce la même chose ? Cette fois, il ne veut plus se contenter de voler des instants vécus en pressant sur le déclencheur de son appareil photo numérique haute définition. Ces photos-là n’arrêtent pas le temps : elles le datent. Non, lui, il veut jouer à Dieu, à l’artiste. Recomposer la (…)
- 3 septembre 2008, par Xavier Zimbardo
Il faut souffler sur quelques lueurs pour faire de la bonne lumière. Beaux yeux brûlés parachèvent le don. (René Char, Œuvres complètes, La Pléiade, p. 331)
Bébé PHOTSOC a deux ans. Il avait fait ses premiers pas au printemps, il revient avec ses premières dents à la fin de l’été, et déjà il pose plein de questions. A la même période, en Nouvelle-Angleterre, l’automne fait la fête dans la (…)
- 28 mai 2003, par Robin Hunzinger
Calvaires, maisons de bois, terres lourdes, villages sans passants, volets fermés. J’ai vu tout à coup certains d’entre eux comme des décors sans vie, vides à l’intérieur. Morts.
En regardant un livre composé de cartes postales et de photos du début du siècle, montrant les mêmes paysages mais avec une vie aujourd’hui disparue, je pense aux Vosges. La différence : ici dans la champagne (…)