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Jorge Semprún

Jorge Semprun est né en 1923 à Madrid dans une famille de la haute bourgeoisie castillane aux valeurs républicaines profondément ancrées. La famille quitte précipitamment l’Espagne avec ses sept enfants en 1936, quand éclate la guerre civile. D’abord pour les Pays-Bas, puis pour la France en 1939.

A Paris, Jorge Semprun, brillant étudiant, embrasse l’idéal communiste d’abord. En mars 1939, la chute de Madrid tombée aux mains des franquistes lui insuffle la conviction d’être à tout jamais "rouge espagnol".

"Amnésie délibérée"

Avec la Seconde guerre mondiale, il s’engage dans un réseau de résistance dépendant de Londres. Mais en septembre 1943, à l’âge de 19 ans, il est arrêté par la Gestapo et déporté à Buchenwald.

A la libération du camp, en avril 1945, il choisit "l’amnésie délibérée pour survivre". Il rompra ce silence en 1963 avec son premier récit, Le grand voyage, et reviendra notamment sur cette expérience douloureuse en 1994 dans L’écriture ou la vie.

Après quelques années comme traducteur à l’UNESCO, il repart pour l’Espagne où il coordonne l’action clandestine du Parti communiste espagnol, sous le pseudonyme de Federico Sanchez. En 1964, le chef du PCE Santiago Carillo l’exclut du parti pour "déviationnisme".

"Entrer en littérature"

Contraint une nouvelle fois à l’exil, coupé de l’activisme politique qu’il considère comme "la création la plus pure", Jorge Semprun choisit alors d’"entrer en littérature". Ses oeuvres sont une réflexion sur sa vie "remplie par le bruit et la fureur du siècle", comme Le grand voyage, en 1963, récit d’une déportation, ou La deuxième mort de Ramon Mercader, prix Femina en 1969.

Semprun se fait aussi connaître comme scénariste et dialoguiste de films comme La guerre est finie (1966) ou Stavisky (1974) d’Alain Resnais. Il est surtout le complice d’Yves Montand et du réalisateur Costa Gavras, qui donne un nouveau souffle au cinéma politique avec Z (1968), sur la dictature des colonels grecs, ou L’aveu (1970), sur les procès staliniens.

Membre du jury Goncourt à partir de 1996, Jorge Semprun est l’auteur d’Autobiographie de Federico Sanchez (1978), sur son parcours de militant déçu, Netchaiev est de retour (1987) ou Vingt ans et un jour (2004).

En 1988, le chef du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez lui offre le ministère de la Culture, mais l’ancien militant joue les trouble-fêtes, critique certains membres du gouvernement et quitte ses fonctions en 1991. Dans Adieu, vive clarté, en 1998, dressant un bilan de sa vie, il jugeait que "toute cette folie, cette exaltation, ce rêve obstiné" lui avaient donné "une sombre et rutilante cohérence".

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