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Interface 

jeudi 2 juillet 2015, par Yan Kouton


  • Mutisme
    Pour l’instant c’est le matin

sa tonne de lumière et

d’agitation assassine

les immeubles aux surfaces

trouées par un soleil neuf

l’eau du fleuve presque

belle et tes larmes

qui me font si mal –

j’ai la vision de toi

isolée – mes mains se

tendent je me sens

dérisoire –

je respire mieux dans

l’odeur pleine et

chaude d’une cité

sans fin – il me suffit

de poser ma paume

contre mon nez

je reste là à chercher

de l’air – cet air que

je voudrais t’offrir

  • Streets

Je cherche comment

te fondre dans les mots

comment te dire

en trajets dans les

voies bouillonnantes

de la rue poussiéreuse

au jardin saturé – je

cherche – au-dessus des

pavés de nuit dans les

obscénités – que tu rends

belles – dans ma paume

qui te garde encore

longtemps après –

je prends le métro

ce présent m’ignore

parce je suis encore

avec toi – il n’y a

pas de vide autour

de moi – tout est

bruit et rempli –

chaque espace est

ville – et s’affiche

et s’étiole aussitôt –

ça m’obsède ce trop

plein – la montre

à mon poignet

cherche le soleil

pour fonctionner –

je connais par

cœur le chemin

qui s’affole selon

les heures – sans

perdre de vue ces

lieux ni ton sujet -

  • Intérieur

Le bruit du dehors

le soupir d’un bus

le sifflement d’un

tramway – des

survivants aux

visages déchirés

une femme pressée –

des corps greffés

au bitume des notes

échappées – de l’eau

qui coule le sol

qui s’ouvre – Paris

droit devant et si

possible mes yeux

qui ne quittent pas

les courbes de ta

présence – j’enfonce

mes mains dans

les poches de mon

cuir – je hais cette

absence – les

soubresauts du métro

m’emportent loin –

je me regarde

disparaître dans

un reflet – je regarde

apparaître tant de

silhouettes – toute

la foule sa lumière

mouvante et son

bruit du dehors

  • Atomes

Un matin évaporé

dans sa perfection,

partie du ciel.

Faire de lui un

portrait dans l’

attente, en faire un

objet précieux

que l’on placerait là,

au cœur. Faire du monde

le produit d’un

accident, quelques

atomes de toi, au

creux de ma main,

et sur mes lèvres.

Ainsi se comporter,

s’efforcer même

d’être le signe

toujours présent.

Fuir le sinistre

d’un secours,

demeurer l’

amant, toujours.

Tout cela est connu

mais se rappelle

parfois dans la

brutalité.

Jusqu’au mouvement

son retour. Là

je me consacre 

à ton langage.

  • De Ma Survie

Contre ton sein

il se peut que je

meurs – éternel

amant de ton corps

et jeunesse qui

enflamme à jamais –

l’unique essence

de ma survie

tu me conduis

vers ton sexe adoré

vers ta pensée

souvent dans les cieux –

l’écoulement de la

nuit qui recouvre

les supplices comme

les attentions – tu les

repousses ou les

accueilles – et

deviens mon

royaume transitoire

ma chair et mon sang

l’unique – un lendemain

où je te cherche encore

tu me réponds doucement 

« tu me trouveras toujours »

alors sans relâche je me jette

dans les ruines – et

reconstruis 

  • Eufemia

Tu seras la dernière

pour but de mes efforts

nous sommes des impudiques

l’un pour l’autre

déjà mûrs pour endurer

la mort précieuse

en même temps devenir

immortels

faisant des promesses

une pluie

et dévaler comme un

torrent nos années

  • L’heure Bleue

Des pensées comme des

phalènes qui tournoient

au-dessus de mes heures

encore au sol les traces

de ces glissades soumises

je pouvais m’allonger

ou entre tes cuisses

mourir – jusqu’à la

chambre jusqu’au lit

m’attacher à ta chair

le sang dans mon cœur

se teinter de cette fin

de nuit – et dénouer

la corde qui m’étrangle

il y a des personnes

on le sait qui détruisent

ce qu’elles trouvent -

pour celles-là je n’existe

pas – je n’existe plus

je reviens à ma

solitude matinale

je me débats

dans ce corps

interdit j’attends

ton retour – me

noyant dans l’oubli

alors que flotte au-dessus

de moi cette image –

son front ceint d’un

bandeau en tissu

comme une douleur

pliée – sorte de prière

rougie

  • Ce Qu’il A

Ça fait quand même

longtemps que l’on

imagine le soir d’une

vie – que l’on se

réchauffe au jour –

que l’on pare à toute

éventualité – que l’on

se pare pour pleurer –

ça fait quand même

longtemps que l’on

échange nos accueils –

que tu vois dans mes yeux

cette étrange douceur

qui ressemble à un volcan

éteint – dans les moindres

détails il semble apaisé –

il l’est - mais à ce prix

ce prix d’être tombé –

par des soupirs et

des cauchemars

passés il demeure

en éveil mais sait

recevoir ton corps

et tes déchirements

avec des explosions

intérieures à présent –

ce n’est plus rien

juste les battements

les mesures de son

être

  • Evidence

Des lignes et des ombres

remontant tout le

miroir - je ne crois pas

que cela se partage -

je pourrais tracer

je pourrais laisser

le sang couler - il

y a toujours un peu

de lumière - à l’

affût de mes doutes

soudain dociles

Le passé inutile

en gouffres immobiles

sous l’immuable ténèbre

d’un jour disparu

à la suite de cette

évidence - ces distances

incalculables si brutalement

ressenties - inaptes aux

“beaux-sembants” - aux

trépidations des voies -

les approches de la

misère - ou les transes

d’une maladie

  • Histoires

Mais en réponse

les voitures de passer

mais en réponse

toute une foule

au taquet

comme elle

désigne un sens

des couleurs

un soleil voilé

Mais en question

les stations sous

les édifices

mais en question

les veines saillantes

qui courent et relient

les quartiers

A noter les allées

et venues à l’écart

des rues - toutes

unies par un lien

mystérieux

Absorbées par

la réflexion les

silences rompus

les présences

personnelles

dans ce monde

Et qui pressent

l’allure et s’engagent

dans les époques

révolues et les

mémoires vives

Et qui pressent

l’allure et déjà

s’éclipsent vers

des sources utiles

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