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Une démarche professionnelle : mon chemin. 

vendredi 3 juillet 2009, par Xavier Zimbardo

Qu’est-ce qu’une démarche professionnelle ? Les marchés distinguent de moins en moins images d’amateur et images de professionnels. Sur internet, n’importe quel sujet est désormais disponible sur les sites de partages de photographies et les agences professionnelles s’associent parfois à ces sites pour proposer un plus large choix aux commanditaires.

© Xavier Zimbardo

Une cause fréquente de malentendu est la mauvaise foi de l’un ou de plusieurs des interlocuteurs. Nous ne nous attarderons pas sur ce point : chacun a eu l’occasion de faire l’expérience de ces mauvaises rencontres.
Une cause plus sérieuse d’incompréhension entre les êtres provient de ce que l’on ne s’est parfois pas mis au départ suffisamment d’accord sur les termes eux-mêmes que nous utilisons. Ainsi, en ce qui concerne l’opposition maladroite entre amateurs et professionnels, permettez-moi de vous renvoyer à deux de mes précédentes interventions sur la photographie en tant qu’art.

Une autre cause moins évidente et cependant familière est la tendance (et pas seulement chez les photographes) à s’enfermer soi-même dans un ghetto. Quand j’étais enseignant, on nous enjoignait, plus ou moins subtilement, de réfléchir aux problèmes de l’école dans le cadre quasi exclusif d’une approche intrinsèque et spécifique à l’école. Pourtant, comment peut-on nourrir une réflexion par exemple sur la violence à l’école sans aborder les manifestations et les causes de la violence à tous les niveaux de notre société, ses racines psychologiques, culturelles, économiques et sociales ? Nous-mêmes, à bien des égards, parce que la photographie a souvent été reléguée aux marges de l’art, sinon exclue pendant trop longtemps, nous avons conçu ou accepté des musées de la photographie, parce que nos œuvres ne trouvaient pas leur place tout simplement dans les musées d’art où elles auraient dû être à côté de la sculpture, la peinture, etc. de façon à dialoguer directement avec l’ensemble des œuvres et des maîtres.

Prenons encore l’exemple des difficultés rencontrées par les laboratoires photographiques lors du passage au numérique. Il y a eu récemment la publication d’un hors-série particulièrement intéressant de Réponses Photo. On y abordait la résistance victorieuse de certains francs-tireurs et partisans comme Roland Dufau qui est parvenu à maintenir le Cibachrome. Il y est parvenu par son immense talent, par l’exigeante persévérance de certains auteurs, mais aussi et peut-être surtout parce que l’industrie qui fabriquait ce papier répondait également aux besoins des... militaires. Je cite : « De nombreux photographes pensent que le Cibachrome n’existe plus. Or Ilford n’a jamais arrêté sa fabrication. En effet, la première application de l’Ilfochrome - Cibachrome reste le microfilm, toujours très utilisé dans le domaine militaire. Et le contrat vient justement d’être renouvelé avec l’armée jusqu’en 2020... »

C’est pourquoi j’ai voulu commencer cette intervention en faisant référence à une profession qui semble de prime abord bien lointaine et bien étrangère à la nôtre. Celle de cuisinier. Une parenthèse amusante : Roland Dufau fut cuisinier avant d’être le grand tireur que nous connaissons. Nous allons voir que leurs problèmes ne sont pas si différents des nôtres.
En 2005, la réforme du contrat d’aptitude professionnel (CAP) de cuisinier, formation généralement dispensée en deux ans après la classe de troisième, avalise l’entrée de l’agroalimentaire de masse dans les enseignements. La liste des techniques évaluées lors de l’examen a été amputée d’une vingtaine de savoir-faire, sept autres ayant été ajoutés.
Détailler les poissons, préparer un gigot, ouvrir des huîtres, ébarber des moules, escaloper des fonds d’artichauts, désosser une selle d’agneau, ou encore pocher des quenelles et cuire à la vapeur viandes et poisson ne sont plus exigés à l’examen. Le ministre de l’éducation de l’époque, Gilles de Robien, défend cette amputation en disant : « La formation prend désormais en compte les produits agroalimentaires industriels et met également l’accent sur les compétences relatives à la sécurité alimentaire » (Journal Officiel du 9 août 2005). Sous la rengaine connue de « il faut s’adapter au marché », il faut être « moderne », on enlève ainsi aux cuisiniers de demain la capacité de s’affranchir de l’agroalimentaire.
Pour Fernand Mischler, ancien chef de l’auberge du Cheval Blanc à Lembach (Alsace), « cette réforme est une aberration ! Au lieu de tirer les jeunes vers le haut, on leur enlève la gestuelle de base. Bientôt, le poisson arrivera en pavés et le jeune ne saura plus du tout le détailler. Et les légumes seront pré-épluchés. Déjà, certains ne reconnaissent pas le loup d’un lieu... On nous dit régulièrement qu’il faut savoir mettre en avant le produit mais si on ne leur apprend plus ce qu’est justement le produit, où va-t-on ? » (Dernières nouvelles d’Alsace, 1er novembre 2005)
Derrière cette réforme se profile aussi la nouvelle idéologie qui a envahi nos restaurants : on ne vient plus pour manger, mais pour un concept ou une ambiance, qu’on paye plus cher que ce qu’il y a dans l’assiette. En somme le marketing a remplacé la gastronomie.
Journal « La Décroissance », page 8, numéro 60, juin 2009
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Les problèmes des photographes ou de la photographie ne découlent pas foncièrement des changements technologiques tels que la révolution numérique, entre autres, mais de la façon dont ces changements et ces progrès ont été gérés dans le cadre d’un système particulier, le capitalisme. A tous les niveaux, de la production, de la création, de la distribution, de la consommation, de la représentation, etc. [1]

Qui ne se souvient que les machines, au début de l’ère industrielle, alors qu’elles auraient dû être un progrès en permettant d’alléger la tâche de ceux qui peinent, en permettant plus de loisirs consacrés à la culture, au repos ou à la vie familiale, ont entraîné la mise au chômage et la déchéance d’armées entières de travailleurs jetés sur le pavé ? Sans cesse on nous ressert la même rengaine. Si vous n’acceptez pas que le jour nouveau soit celui de votre humiliation, si vous vous arc-boutez pour défendre les fragiles conquêtes sociales chèrement acquises par nos ancêtres, alors vous n’êtes pas « moderne », vous êtes tout juste un pauvre ringard... Il faudrait subir une prétendue « modernité » alors que toutes les avancées ont été produites par ceux qui travaillent et par ceux qui créent, et au final à leur détriment. Un final provisoire, car le combat n’est pas fini entre ceux qui s’efforcent pour le bien commun, et ceux qui nous affaiblissent pour leur compte… en banque !

Nos problèmes résultent, très directement, d’un problème de système économique et d’organisation sociale. On le voit bien à la lumière de cet exemple des problèmes rencontrés par d’autres auteurs, les cuisiniers, eux aussi attachés à la qualité de nos sensations, de nos émotions, de notre vie. Ceux-ci se préoccupent de ce qui touche au goût comme nous nous attachons à ce qui touche au regard. Au-delà de ces différences, ils rencontrent des problèmes et des adversaires très voisins des nôtres. Ce sont de gros marchands de soupe, des grossistes distribuant une nourriture pré-formatée, qui font tout pour ramasser un maximum d’oseille, quoi qu’il en coûte au reste de la société, au détriment de la qualité de la vie et de notre joie de vivre. Ils ouvrent toujours de grands yeux pour se couper la plus grosse part du gâteau et ne laisser aux autres que les miettes. Les cuisiniers se retrouvent confrontés à de grands distributeurs comme Metro et consorts. Nous devons traiter avec des financiers, des fonds de pension, des agences pratiquant le dumping social au détriment du savoir-faire, etc.
C’est la même chose qui nous touche ou qui nous frappe, plutôt, avec le développement d’entreprises piétinant le code de la propriété intellectuelle, qui détournent des règles au départ censées nous protéger comme le D. R. et flattent la vanité ou abusent de la crédulité en raflant des brassées de photos d’amateurs pour les brader à vil prix, les tristement célèbres sites de photos à un euro.

Ce n’est pas la faute de l’argent. L’argent est quelque chose de pratique pour assurer des échanges en tant qu’équivalent général. C’est la faute de la façon dont cet argent est obtenu et accumulé par certains qui s’accaparent par tous les moyens le produit du travail d’autres, qu’ils exploitent ou qu’ils grugent. Ce qui compte, pour ceux qui prétendent continuer à nous diriger, c’est de faire un maximum d’argent en un minimum de temps, au détriment de notre bonheur, et aujourd’hui au risque de notre propre disparition.

Ce n’est pas la sagesse qui gouverne, mais la loi du profit. C’est une vérité tellement évidente, tellement lumineuse, tellement éblouissante qu’elle en devient aveuglante, qu’ils sont obligés non de la nier, ce qui serait ridicule, mais de la masquer ou de détourner notre attention par mille moyens et mille ruses. Ils montrent du doigt les étrangers, les basanés, les juifs, les arabes, les jeunes, les banlieusards, ou opposent le public au privé, la ville à la campagne… Ils détestent Mai 68 et son souffle de liberté, mais quand il s’agit de nous rouler dans la farine, c’est « l’imagination au pouvoir » à plein régime… Comme des sales gosses, c’est toujours quelqu’un d’autre qu’eux qui a fait la grosse bêtise… Ils ont de beaux parleurs et des plumitifs sous le nom joli de journalistes ou d’écrivains pour nous conter des balivernes, et si ça ne suffit pas ils ont des matraqueurs assermentés pour nous faire taire quand nous n’acceptons plus.
Mais, la plupart du temps, nous acceptons. Non pas par résignation, mais par solitude, parce que nous ne savons pas comment faire ni avec qui le faire et contre qui ni pourquoi. C’est pour cela qu’il est pour eux si important que nous comprenions le moins possible et de dresser devant nous des rideaux de fumée, ou de nous dresser les uns contre les autres. Le marquis de Sade, qui s’y connaissait en termes de sadisme, l’affirmait sans ambages :

« Il ne faut jamais arracher le bandeau des yeux du peuple ; il faut qu’il croupisse dans ses préjugés, cela est essentiel. (...) Protégeons les trônes, ils protègeront l’Eglise, et le despotisme, enfant de cette union, maintiendra nos droits dans le monde. (...) L’animal féroce connu sous le nom de peuple a nécessairement besoin d’être conduit avec une verge de fer : vous êtes perdu, dès l’instant où vous lui laissez apercevoir sa force. »
Pour « arracher ce bandeau » qui nous cache la réalité de notre oppression et les causes de notre malheur, pour « apercevoir notre force », il est donc nécessaire d’étudier notre histoire. Il faut apprendre de nos ancêtres et ne pas oublier comment surviennent les grands changements sociaux. La révolte des paysans à l’été 1789, assiégeant les châteaux pour brûler les registres de droits féodaux, a généré parmi les ordres privilégiés et les possédants ce qu’on appelle encore aujourd’hui la Grande Peur. Cet effroi devant le risque de tout perdre y compris leur vie est ce qui, la fameuse nuit du 4 août, conduisit les seigneurs et le clergé à renoncer à leurs pouvoirs légaux d’oppresseurs, et pour les meilleurs d’entre eux à passer du côté du peuple, à servir l’intérêt général et non plus leur intérêt particulier. Néanmoins, n’oublions jamais qu’il fallût attendre 1793 pour que cette abolition devienne effective : à l’origine, il s’agissait pour beaucoup de Tartuffe de lâcher du lest en espérant ramener ce qu’ils appellent le « calme », cette grisaille qui prépare la réaction et les restaurations.

Ce qu’il faudrait c’est une nouvelle nuit du 4 août et l’abolition des nouveaux privilèges . Seule la détermination du peuple travailleur (et avec lui les auteurs et les créateurs dont nous sommes) à ne plus se laisser spolier et sa capacité à exercer directement le pouvoir contraindra les meilleurs des entrepreneurs capitalistes, avec leurs incontestables compétences, à abandonner leurs privilèges [2]
et à servir au lieu de se servir. Car il y a du vrai bonheur à bien agir, quand la possibilité en est ouverte. Alors pour moi, j’espère pour beaucoup d’autres, pour nous les auteurs, les créateurs, les artistes, construire une œuvre c’est aussi se soumettre, oui, mais pas devant les puissants et les hâbleurs. C’est se soumettre au service de la bonté, de la beauté, de la justice et de la vérité. Se soumettre au service de la vie. Etre à l’écoute du plus pur à l’intérieur de nous-mêmes, laisser monter ce que nous portons tous de plus précieux dans notre cœur : l’amour, la compassion, la poésie, la révolte, l’émerveillement. C’est cela qui fait la force de nos photographies, de nos peintures, de nos sculptures, de nos musiques... C’est cela notre vraie richesse, cette sublime intensité de l’être.

Alors, comme les autres, dans ce système, nous sommes contraints de nous adapter pour survivre et pour continuer à créer au risque de sombrer parfois, souvent, à la limite de l’absurde. Nous vendons des œuvres en tirage limité alors que la photographie a été créée pour permettre la reproduction à l’infini. Le seul intérêt de cette limitation est de satisfaire chez les acquéreurs des intérêts mercantiles, le plus souvent fondés sur des désirs de spéculation ou de possession exclusive qui ne relèvent pas de questions artistiques. Nous publions nos photos toutes petites sur les sites Web pour être bien sûr qu’on ne nous les vole pas. Alors qu’il faudrait pouvoir les mettre à la portée de tous, EN GRAND, parce que la photographie a été conçue pour cela. Mais dans un système où on valorise l’avoir plutôt que l’être, il y a des gens à l’affût pour nous les voler. Et nous devons nous protéger tant que nous sommes dans ce système qui nous contraint de vivre avec ses lois bizarres, parfois injustes, dangereuses, douloureuses... Nous devons nous protéger et hélas publier nos photos toutes petites sur les sites Web parce que nous voulons continuer à créer. Alors il faut vendre, et vendre de notre mieux possible, non pas pour avoir ou pour posséder davantage mais pour être meilleurs et pour forger le meilleur et pour partager le meilleur de nous-mêmes. C’est la seule chose qui nous justifie. C’est ce qui fait de nous des artistes et non des petits commerçants.

Et les gens qui bradent leur travail bradent par la même occasion le nôtre, mettant en péril notre présent et notre avenir, le présent et l’avenir de l’art, le présent et l’avenir de la vie. Parce que l’art, ce sont les œuvres oui bien sûr, mais ce sont d’abord les artistes sans lesquels les œuvres n’existeraient pas. C’est pourquoi il est tout à fait scandaleux de tolérer ces sites à un euro, ce mépris de la création et des créateurs, non pas parce que nous sommes comme eux assoiffés par de petits intérêts, mais parce que nous avons de grands rêves et que nous savons en faire des réalités.
Quel rôle joue le temps pour transformer nos rêves en réalités ? Combien de temps faut-il pour mettre au monde une œuvre ? Picasso expliquait que, si cinq minutes lui suffisaient pour un dessin, ces cinq minutes et ce dessin étaient l’aboutissement de toute une vie. Nous avons derrière nous et devant nous l’éternité, et quand nos yeux se fermeront pour la dernière fois, nous n’en aurons pas encore fini. Nous sommes des êtres de patience. Tout enfant, à l’école primaire, j’ai été très impressionné par l’histoire de cet homme, Bernard Palissy, ruiné, brûlant ses derniers meubles pour percer le secret de la composition de l’émail blanc. Les auteurs et les artistes sont les enfants de Bernard Palissy et de tous ceux qui lui ressemblent. Alors de tout cœur oui, bien sûr, je reste un amateur dans le sens où j’aime ce que je fais, de toutes mes forces. Mais je suis un professionnel de tout mon être, non pas parce que je veux faire de l’argent avec mes œuvres, mais pour mes œuvres. Pour qu’elles puissent exister, venir au monde, se dresser dans toute leur force... Parce que vraiment, je ne vois pas comment je pourrais trouver le temps de faire autre chose. Cela prend mes jours, cela prend mes nuits, cela prend ma vie. Mais cela, aussi, me donne la vie. Cela nourrit mon enthousiasme, qui est la vraie jeunesse, intarissable, immortelle, parce qu’elle se transmet d’un être à un autre être pour donner la santé et la joie. Ma profession est d’abord une profession de foi en la valeur de ce pour quoi je m’engage. Sinon, à quoi bon ?

Quelle est en conséquence ma démarche professionnelle ? Ce n’est pas seulement une démarche, c’est un chemin. Avec le temps, avec la patience, avec l’enthousiasme, nous traçons un chemin. Une voie initiatique. Le bouddha l’a parfaitement résumé : « il n’y a pas de chemin qui mène au bonheur, le bonheur est le chemin. »
Je crois profondément et je pourrais dire maintenant : « je suis aussi convaincu par l’expérience », que si notre chemin est juste, alors à la longue notre courage et notre persévérance sont récompensés, la fleur parvient à pousser malgré toutes ces mauvaises herbes qui cherchent à étouffer sa croissance. Comme le disait un connaisseur : « le sabre est toujours vaincu par l’esprit [3] ».

Oui, les bonnes photographies continueront de trouver un chemin vers ceux qui aiment regarder et jouir d’elles, de leur souverain mystère. Un chemin qui sera difficile sans doute, comme est difficile aujourd’hui le chemin de beaucoup d’êtres de bonté et de forgerons de la beauté, parce que l’égoïsme semble plus rentable que la générosité. Mais nous ne cherchons pas ce qui est rentable, nous cherchons ce qui est fertile et fécond. Et comme c’est le chemin même de la vie, d’être fertile et féconde, alors nous allons trouver ce que nous méritons. L’enfer et le paradis ne sont pas pour un autre monde, ils sont d’ici.

La paix est un combat. La liberté est un combat. La créativité et la sérénité sont des combats. Nous sommes aussi là pour transmettre et enseigner, tout en continuant à apprendre. Parce que si toutes ces images de peu d’exigence peuvent circuler et si tant de médiocrité trouve preneur, c’est parce que nous demeurons encore trop ignorants et trop barbares. Camille Pillias citait récemment avec pertinence Moholy-Nagy dans Réponses Photo : « L’analphabète de demain ne sera pas celui qui ignore l’écriture, mais celui qui ignore la photographie ». Exigeons, imposons une vraie culture des images dans les écoles mais aussi dans tous les domaines de la vie.
La beauté, la grandeur d’âme sont des combats, d’abord avec et parfois contre nous-mêmes. Et le combat, cela s’apprend. C’est tout un art… Mais il ne faudrait pas croire que, parce que nous sommes attelés en première instance à cette tâche intime, nous serions en conséquence incapables d’affronter ceux qui nous prennent pour des agneaux que l’on pourrait tondre sans craindre notre riposte ni sans coup férir. Lorsque l’on met en péril nos bébés, notre capacité d’enfanter, alors nous devenons des loups. Et nous avons raison de le faire, et d’en parler de façon à agir ensemble, avec une conscience claire des enjeux, de la tactique et de la stratégie à mettre en œuvre pour faire cesser l’opprobre.

Si les yeux sont bien la fenêtre de l’âme, alors notre regard est prêt à devenir sombre, de la couleur d’orage de notre colère. Par les aubes solaires et les crépuscules miroitants, au grand jour et dans la nuit profonde, nous sommes et nous resterons des moissonneurs d’étoiles, des chevaliers de l’infini, des amants.

© Xavier Zimbardo

P.-S.

Congrès Gens d’Images : Qu’est-ce qu’une démarche professionnelle ?

Les marchés distinguent de moins en moins images d’amateur et images de professionnels. Sur internet, n’importe quel sujet est désormais disponible sur les sites de partages de photographies et les agences professionnelles s’associent parfois à ces sites pour proposer un plus large choix aux commanditaires.

Dans ce contexte, les Gens d’Images, après avoir exploré dans les congrès des années passées les transformations économiques des marchés de la photographie, se proposent de réfléchir dans les années à venir aux évolutions des métiers de la photographie provoquées par ces bouleversements.

Le Congrès de Vendôme a pour objectif d’amorcer ce nouveau cycle en posant la question de ce qu’est une démarche professionnelle en photographie. Congrès exploratoire, il s’organisera autour de deux tables rondes.
La première réunira des utilisateurs d’images qui débattront de ce qu’est pour eux une démarche professionnelle. Peut-on isoler, dans le flux des images, celles qui relèvent d’une vraie démarche professionnelle ? Avoir l’œil, qu’est-ce que cela veut dire ? Peut-on juger d’une image sans connaître la place qu’elle occupe dans le travail d’un photographe ? Quelles responsabilités ont ces utilisateurs d’images vis-à-vis de la profession des photographes ? Finalement, comment la révolution numérique affecte t-elle les parcours professionnels ?

Animation : Nathalie Bocher Lenoir, iconographe, présidente des Gens d’Images
Intervenants pressentis :
Odile Andrieu iconographe
Laetitia Guillemin, iconographe, commissaire d’exposition au sein de l’association FêTart dont un des objectifs est de promouvoir de jeunes artistes,
Evelyne Audureau, directrice artistique.

La deuxième table ronde accueillera des photographes qui nous diront comment eux considèrent ce que doit être une démarche professionnelle, en tout cas ce qu’a été leur propre démarche. Que signifie pour eux construire une œuvre ? Quel rôle joue le temps dans cette aventure ? Y-a t-il une logique dans les différentes étapes qui ont jalonné leur parcours ? Comment concilient-ils la nécessité de gagner leur vie avec les exigences de la création ? Est-il nécessaire de développer deux œuvres parallèles, l’une « non-marchande » par essence et intransigeante par rapport aux dures lois du marché et l’autre, plus mercantile, dépendante des attentes des acheteurs ? Ne doivent-ils pas adopter une démarche d’entrepreneurs pour trouver leurs sujets et convaincre des commanditaires de l’intérêt de les financer ? Comment ont-ils vécu la révolution numérique ? Qu’est-ce qui, finalement, les différentient des amateurs ?
Animation : Marc Combier, photographe, éditeur, auteur, Secrétaire général des Gens d’Images.
Intervenants pressentis :
Jorge Alvarez, photographe, Secrétaire de l’UPC pour les questions juridiques.
Xavier Zimbardo, photographe
Jean-Claude Pattacini, photographe, co-fondateur et directeur de l’agence Urba images, professeur à l’ENSAD
Jean-François Mazuer, photographe

Synthèse et conclusion : Dominique Sagot-Duvauroux, Economiste, membre du comité directeur de Gens d’images .

Notes

[1http://www.confluences.net/avril/FinalStiegler/index.htm « Photographie, un pas de plus vers la grande distribution ? » :.
Aujourd’hui, le marché de la photographie de presse est bouleversé par la situation de quasi monopole des grosses agences et une concentration industrielle sans précédent. Cette situation tend à transformer la photographie et l’information en un produit de consommation.
Au coeur de la problématique : la question de la diffusion des photographies. L’absence d’alternative à ces réseaux de diffusion provoque un phénomène d’exclusion et un sentiment de malaise chez les photographes, collectifs, agences et iconographes.
Précarisation d’une profession, perte de contrôle de l’image, uniformisation de l’information et de la pensée pour le public. Des réponses toujours à trouver.
Bernard Stiegler : avant propos [diaporama de 10’15’’

[2La nuit du 4 août 1789 est un événement fondamental de la Révolution française, puisque, au cours de la séance qui se tenait alors, l’Assemblée constituante a mis fin au système féodal. Depuis la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, s’est développée en France, notamment dans les campagnes, une vague de révoltes appelée la Grande Peur. Dans certaines régions, des paysans s’en prennent aux seigneurs, à leurs biens et à leurs archives, en particulier les terriers qui servent à établir les droits seigneuriaux. La nuit du 4 août est une réponse à cette insurrection. Le 3 août 1789, le duc d’Aiguillon lance au Club breton l’idée d’une abolition des droits seigneuriaux. Le lendemain, en fin de soirée, le vicomte de Noailles propose à l’Assemblée nationale de supprimer les privilèges pour ramener le calme dans les provinces. Le Duc d’Aiguillon propose l’égalité de tous devant l’impôt et le rachat des droits féodaux. Tour à tour, dans une ambiance indescriptible, Le Guen de Kerangal, le vicomte de Beauharnais, Lubersac, l’évêque de La Fare vont surenchérir en supprimant les banalités, les pensions sans titre, les juridictions seigneuriales, le droit de chasse, l’abolition des privilèges ecclésiastiques.
Le duc du Châtelet propose alors le rachat de la dîme.
« Tout semblait fini. Une scène non moins grande commençait. Après les privilèges des classes, vinrent ceux des provinces. (…) Puis ce fut le tour des villes. »
— Jules Michelet, Histoire de Révolution française, Flammarion, 1897-1898
En une nuit, les fondements du système par ordres s’effondrèrent. Les jours suivants, le clergé tente de revenir sur la suppression de la dîme, mais le président de l’Assemblée, Isaac Le Chapelier, n’ayant accepté que des discussions sur la forme, les décrets du 4 août sont définitivement rédigés le 11. Pour lire la suite : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_août

[3Napoléon Bonaparte

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