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16 octobre 2011, par Jack London
Lon Mac Fane, ce jour-là, était de méchante humeur. Je le suppose du moins, car il avait perdu, chemin faisant, sa blague à tabac. Sans quoi, il m’eût certainement avisé de l’existence de la cabane du lac Surprise.
Toute la journée, nous nous étions relayés à l’avant du traîneau, afin de frayer une piste aux chiens, avec nos raquettes. Besogne difficile, je le reconnais, et qui n’incite guère au (...)
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8 avril 2013, par Jack London
Je vais vous raconter une histoire vraie ; elle s’est passée à Quito, dans l’arène, pendant une course de taureaux. J’étais assis dans une loge en compagnie de John Harned, de Maria Valenzuela et de Luis Cervallos. Ce drame s’est déroulé sous mes yeux ; j’y ai assisté du commencement jusqu’à la fin. J’étais venu sur le vapeur Ecuadore faisant le service de Panama à Guayaquil. Maria Valenzuela est ma cousine, (...)
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14 novembre 2011, par Jack London
Le vieux Barbe-en-Long fit une pause dans son récit, lécha ses doigts pleins de graisse et les essuya sur ses flancs laissés à découvert par le fragment usé de peau d’ours qui constituait son unique vêtement. Accroupis sur leurs jarrets l’entouraient trois jeunes gens, ses petits-fils, Courre-Daim, Poil-de-Carotte et Froussard-de-Nuit. Ils se ressemblaient beaucoup, chichement vêtus de peaux de bêtes, (...)
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2 octobre 2011, par Jack London
L’aube, ce jour-là, était froide et grise, très grise et très froide, lorsque l’homme quittant le large tracé que dessinait le Yukon[1] gelé, gravit le haut coteau qui s’élevait sur une des rives du fleuve et où se dessinait confusément une piste étroite, qui s’en allait vers l’est, à travers l’épaisseur des sapins.
Le coteau était à pic. Une fois arrivé au sommet, l’homme fit une pause, pour reprendre (...)
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25 septembre 2011, par Jack London
Le Seattle N° 4, ayant largué ses amarres, se mettait en marche et lentement commençait à s’éloigner du rivage. De la proue à la poupe, le pont était encombré de ballots et de bagages, et on y voyait un grouillement hétéroclite d’Indiens, de chiens et de conducteurs de chiens, de prospecteurs d’or et de mercantis variés, qui s’en retournaient chez eux.
Toute la foule de ceux qui demeuraient à Dawson[1] (...)
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18 septembre 2011, par Jack London
Maintenant c’était la fin.
Subienkow, le Polonais, après avoir, depuis Varsovie et la Sibérie, suivi une longue piste d’amertume et d’horreur, et comme le ramier qui tend à tire-d’aile vers son colombier, avoir sans cesse, du regard, fixé dans sa course les capitales salvatrices de l’Europe civilisée, s’était écrasé sur le sol, plus loin que jamais de son but, dans ce coin perdu du monde polaire. Ici, (...)
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15 février 2018, par Jack London
trad. Louis Positif
Pleine-Lune (Moon-Face & Others Stories) est un recueil de nouvelles de Jack London paru en 1906.
John Claverhouse répondait à ce surnom. Vous savez ce qu’il évoque : des pommettes largement écartées, le front et le menton se fondant dans les joues pour parfaire un rond et le nez, aplati et mou, planté à égale distance de tous les points de cette circonférence, étalé au (...)
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15 mai 2013, par Jack London
Le vieux Koskoosh écoutait avidement. Il avait depuis longtemps perdu la vue, mais son oreille, restée subtile, transmettait les moindres sons à l’intelligence qui vacillait encore derrière le front fané, bien qu’elle ne s’alimentât plus au spectacle du monde. Ah ! cette voix perçante ! C’était Sit-keum-lou-ha qui harnachait les chiens à grand renfort de malédictions et de coups de trique. (...)
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10 janvier 2014, par Jack London
Alors qu’ils descendaient le long de la berge en boitant douloureusement, l’homme qui marchait le premier chancela soudain parmi les rochers. Tous deux étaient fatigués et faibles ; leurs visages contractés avaient cette expression de patience que donnent les privations longtemps endurées. Ils étaient lourdement chargés de couvertures roulées et retenues par des courroies à leurs épaules : d’autres (...)
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30 octobre 2011, par Jack London
El-Sou, la Peau-Rouge, avait été élevée à la Mission de la Sainte-Croix. Sa mère était morte, tandis qu’elle était encore enfant, et Sœur Alberta, comme un tison que l’on tire brusquement du feu, avait enlevé El-Sou à sa tribu, pour l’emmener avec elle et la consacrer au Seigneur.
El-Sou était de pur sang indien et, pourtant, par son aptitude à profiter des leçons qu’elle recevait et à s’ajuster à la (...)