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6 mai 2023, par Elisabeth Poulet,
Thierry Galibert
« Si l’on admet – ce que pense Artaud – que les Occidentaux sont tous aliénés, et les intellectuels au moins autant sinon plus que le commun des mortels, alors, non seulement Artaud n’avait aucune raison d’être exclu de la société, mais il aurait dû servir de modèle à tous ceux qui s’expriment par la pensée. Sa situation est donc suicidaire, et si elle l’est c’est surtout à cause du diagnostic (…)
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14 septembre 2006, par Elisabeth Poulet
J’ai connu la dame aux sangliers lorsque j’étais enfant et j’eus même (fait très exceptionnel !) la permission maternelle de séjourner chez elle. Pendant le court laps de temps qui me fut laissé, j’observais à loisir cette femme surprenante qui marqua fortement mon imagination enfantine.
Je devais avoir sept ou huit ans lors de cette aventure. La présence de deux garçons de mon âge n’était (…)
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12 septembre 2008, par Elisabeth Poulet
Tamara ne parle pas. Elle n’a jamais parlé. Aujourd’hui, devant l’œil du photographe, elle défie. A nous de tendre l’oreille de toutes nos forces pour l’entendre. Elle se tient debout sur le bidet, grandie, conquérante. Rasée, comme tous les enfants maltraités qui arrivent ici. Il faut neutraliser les maladies et donc les bestioles qui les transportent. A côté de Tamara, une jeune fille pleure (…)
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19 janvier 2006, par Elisabeth Poulet
Il m’a dit de l’appeler Igor, pour ne pas attirer l’attention. Blond aux yeux clairs, il pouvait avoir l’air d’un Russe. Il m’a fait monter dans une Volga noire, toute neuve, et il m’a conduite dans un village de la banlieue de Moscou. Nous sommes arrivés dans une petite maison délabrée. Un couloir étroit, une cuisine, les toilettes dans la cour. Dans le couloir, à gauche, il y avait la (…)
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18 juillet 2011, par Elisabeth Poulet
Les Islandais disent qu’ils n’ont pas de bâtiments imposants, de cathédrales somptueuses, de châteaux envoûtants, ni d’autres grands témoignages de leur passé, mais que cela ne fait rien car ils ont leurs histoires. Leurs fameuses sagas, bien sûr, dont l’étymologie traduit bien la fonction première puisque « saga » vient du verbe « segja » qui signifie « dire, raconter ». Régis Boyer définit (…)
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9 octobre 2008, par Elisabeth Poulet
L’existence individuelle ne se déroule pas en ligne droite, elle avance au contraire par écarts et discontinuités. Au cours de sa vie, chacun expérimente diverses versions de soi-même et ressemble à un palimpseste continuellement recouvert de nouvelles strates. Se connaître et se comprendre soi-même, pour autant que ce soit possible, veut dire disloquer et partager le poids du passé en le (…)
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28 juillet 2011, par Elisabeth Poulet
Bouleversé par la mort de sa mère et par une paternité récente, inattendue et peu assumée, le jeune Arnljotur va quitter l’Islande, son frère autiste et son père octogénaire pour une destination qui restera inconnue du lecteur, à la recherche d’une roseraie mythique.
Nouveau Candide, il laisse derrière lui les paysages de laves et part restaurer cette ancienne roseraie avec, dans ses (…)
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16 août 2010, par Elisabeth Poulet
Parler, aujourd’hui, d’écriture féminine, est toujours problématique et sujet à polémique. L’écriture féminine est marginale et marginalisée. Elle a été et reste le lieu d’un conflit entre le profond désir d’écrire de la femme et une société qui manifeste à l’égard de ce désir soit un refus marqué, parfois même une franche hostilité, soit cette forme que l’on dira atténuée, et qui pourtant est (…)
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7 octobre 2009, par Elisabeth Poulet
C’est visiblement avec une délectation toute particulière que Vittorio Frigerio installe son personnage dans la bonne ville d’Halifax, tout entière plongée dans une atmosphère brumeuse et surannée. Gaspard, le héros, va enfin édifier l’œuvre de sa vie : un centre commercial défiant toute tradition architecturale au bord de l’Atlantique. L’œuvre d’un génie ou d’un fou. Mais lorsque l’architecte (…)
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19 novembre 2007, par Elisabeth Poulet
La Traversée des Alpes est un roman baroque qui plonge le lecteur ravi (les deux acceptions du terme conviennent !) dans un univers fantastique et foisonnant. Denitza Bantcheva songe moins à toucher le cœur qu’à exciter l’esprit de ses lecteurs par la vivacité de ses jugements, le comique et parfois le burlesque des situations. Ce roman, tout à fait original et inactuel n’est pas sans rappeler (…)