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Jour anonyme 

jeudi 29 mars 2012, par Fatbardha Sulaj

Répertoire

Je ne sais pas pourquoi ton corps irréel est venu si
près de moi.
Avec un répertoire inconnu dont j’ai oublié le mot de
passe.
Je veux que le diable dorme. Il reste redoutable et
invisible ici.
Je fais tout pour l’éviter, pour ne pas le regarder.
Je ne veux pas de ton arrivée, non maintenant c’est
trop tard pour récupérer ton comportement...
C’est bizarre mais je sais son texte, je l’ai appris par
coeur car je ne veux pas y croire.
En fait c’est la vie. Oui, je ne veux pas le penser.
Laisse-moi dans mes affabulations dérisoires, je veux
regarder le soleil rouge.
Non, je ne veux pas avoir ton répertoire neuf, ni ton
plan pour explorer “Les Européens”. Ce sera ton boom
médiatique.
Je sais. Je connais le sujet, tu répètes la même phrase
dans chaque pays.
Tu veux diriger le monde vers ton rivage. Je ne veux
pas assister à ce genre de jeu de toréadors que tu joues
spontanement, ici et là.
Je te vois mais je ne te connais plus. Encore dans mes
oreilles tes mots éclatent très fort.
Chut... qui es-tu ? Toi. Des rouges, des noirs, la colonne
sonore de tous ces jours me fatigue continuellement.
Je ne suis plus moi-même, je suis toi, car je veux entrer
dans le château de Dracula pour voir le côté positif de tes
défauts.
Aie confiance, ne sois pas sceptique, une autre qualité
existe en toi, je veux la découvrir.
Au fond, les satellites ivres tournent sur leurs orbites.
Ton répertoire ?
T’inquiète pas, tu sais très bien interpréter ton rôle.
Partout il y a un théâtre.
Les spectateurs ?
Tu les auras dans le dernier acte.

Jour anonyme

Jour anonyme.
Les pensées glissent comme les doigts dans la
soie... inconsciemment.
Le transporteur passe près de nous, il sourit car son
autobus est vide.
Et aujourd’hui, il gagnera encore moins que les autres
fois.
Mais il sourit, il doit être patient avec les gens, avec sa
destinée, avec son travail.
Ensuite, il allume une cigarette, c’était la dernière du
paquet, après il n’en a plus.
En y pensant, il le jette.
Son regard est fixé sur la porte en voyant les panneaux
routiers.
Sur un panneau au sommet de l’autobus, il est écrit : “
Défense de fumer”
Ah ! C’est pour nous, pour les passagers. Le
transporteur, peut-être, ne l’a jamais lu.
La vitesse augmente. La voix de la chanteuse dans
la radio s’accorde bien avec cette vitesse et la route qui
serpente dans la campagne.
Maintenant il change la musique. Que cherche-t-il ?
Où s’arrêtera-t-il ?
Voilà un sifflement dans une autre fréquence qui
l’attire, c’est une vieille chanson de l’époque du réalisme
socialiste .
Dans ses paroles, il écoute quelque chose de triste. Je
sais, après quelques minutes, il la fermera.
Mentalement, il compte l’argent, il y en a peu, très
peu.
La tristesse couvre son visage.
Maintenant, il a fermé la radio en espérant que dans
une autre station, il trouvera des passagers et il sourit...
sourit...


Fatbardha Sulaj par Xavier Zimbardo

P.-S.

En Albanie, à Hekal une institutrice, écrivain : Fatbardha Sulaj

 
FATBARDHA SULAJ ECRIVAIN ALBANAIS..." L’OMBRE FEMININE"
par Christian Vancau, mardi 13 décembre 2011, 15:56

Elle habite HEKAL a 144 Kms au Sud-Est de TIRANA, près du site archéologique de BYLIS 
et elle est institutrice. Cette jeune femme a appris le français et j’ai tout de suite compris qu’elle voulait sortir de son ghetto et communiquer avec la culture occidentale. Nous sommes donc "entrés en courriel", en mars 2010. Je l’aidais à perfectionner son français et en échange elle m’apprenait un peu d’albanais. Je suis allé jadis en bordure de son pays à plusieurs reprises,, au Montenegro et au Kosovo. A l’époque j’avais appris le Serbo-croate car j’allais régulièrement dans l’ex-Yougoslavie, mais cette langue n’a rien à voir avec l’albanais.
 
Et voici que fin mai 2011, Fatbardha m’envoie un texte qu’elle a écrit en français et qui aurait déjà été corrigé. J’ai frémi en voyant les multiples fautes d’orthographe et de syntaxe qui avaient été laissées. Mais je me suis dit que cette femme avait tellement de courage, le courage d’écrire dans une autre langue que la sienne. j’ai trouvé cela formidable et je me suis mis au travail. Tellement épique qu’il m’a fallu deux mois, juin et juillet. J’ai failli plusieurs fois abandonner. je ne comprenais pas le sens de certaines phrases, craignais de détourner son écriture originale, posais des questions à chaque page, tout cela par le Net.
 
A l’époque j’avais le tournage de mon film "Homme de Boue". Hugo Horiot était à la maison. Je luttais contre la sécheresse, en tirant de mes étangs des tonnes de boues pour que mes poissons survivent. Je me suis accroché et voilà aujourd’hui il est là son livre en français, publié à Tirana. Je lui souhaite bien du succès. J’ai pu constater qu’une autre Belge avait écrit une préface, Josiane Hubert. Je l’apprends à l’instant en allant chercher mon courrier à la Poste de Libramont. J’intègre donc son texte dans mon article.

Christian Vancau

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