- 19 mai 2005, par D. James Eldon
Ce mois de septembre-là était plus que pluvieux. Je me rappelle qu’elle me disait :
- Ray, je n’en peux plus de cette pluie.
Quand j’étais môme, j’adorais la pluie, mais au fur et à mesure des années j’ai fini par la détester. Elle, elle n’avait jamais aimé la pluie.
Elle disait :
- Et si on vendait tout, sauf nos fringues, et qu’on parte pour la Californie ?
- Ouais, il ne pleut jamais (...)
- 2 mai 2005, par Aliette G. Certhoux
Ce jour encore il parle au présent. Qu’est le passé dans la nuit du chaos ?
L’avenir dans l’épuisement ? il ne sait plus. Un mètre carré autour de lui dans la brume ensoleillée de Hyde Park représente tout ce qu’il peut appréhender : voir.... Entendre au loin il peut. Mais restant immobile. Toucher il ne peut sauf lui-même : l’idée que son corps ne pourrait supporter un déplacement au-delà de ses bras, (...)
- 25 avril 2005, par Sébastien Doubinsky
Tu l’as appelé ?
- Non, je vais le faire.
Je finis de débarrasser la table et pose les assiettes sur le rebord de l’évier. Anne en prend une sans me regarder et la fait glisser sous le jet du robinet.
- C’est peut-être un peu tôt... dis-je, sans grand espoir.
- Il faut qu’il le sache maintenant. Il risque de t’en vouloir, plus tard.
Je hoche la tête. Elle a raison. Ce n’est pas toujours le (...)
- 21 mars 2005, par Sébastien Doubinsky
Les rues froides de Tours m’enveloppèrent de leur pénombre glaciale dès que je sortis du hall de l’immeuble où habitait ma mère. J’avais oublié à quel point la riante Touraine pouvait parfois se comparer sans honte à la Sibérie. Dans mes souvenirs, il faisait toujours doux, au Jardin de la France. Il était amusant de penser qu’au bout de deux ans - deux ans seulement ! - la mémoire jouait pleinement son (...)
- 10 septembre 2004, par Judith Lesur
Ça lui fait un peu peur cette façon qu’elle a de s’accrocher à elle pour ne pas sombrer trop vite. Élisa est tellement forte, même pas dix ans et elle remonte à la surface d’un seul coup de talon. Les grosses vagues, elle les voit venir de loin et elle plonge juste dessous pour ne pas se laisser prendre par les remous. À chaque fois ça lui fiche un sacré coup, à Hélène, mais très vite elle voit la (...)
- 24 mars 2004, par Catherine Lévy-Hirsch
L’art est mort, vous l’avez tué. Caché, occulté le soleil. Roméo et Juliette sont défunts, la comédie musicale ne les a pas ressuscités, le veau d’or est toujours debout. Le monde est une immense galerie marchande ; la clarté est nébuleuse. Où sont l’Amour, la Poésie et la Sagesse ? Edgar Morin, vous ne connaissez pas ! Les Français ne savent pas la chance qu’ils ont de l’avoir. Pourquoi prendriez-vous le (...)
- 26 février 2004, par Anna Sprengel
…et même la rue, sombre rue salie par la nuit, la rue embourbée de papiers gras et de mégots écrasés l’avait répudiée, refoulée jusqu’à sa porte, elle, l’étrangère, que plus rien ne concernait. La foule ne voulait plus de son corps contrit ; les conversations s’achevaient, les talons claquaient et sonnaient le glas, et les voitures sommaient qu’elle s’en aille : chaque fois elle s’éloignait des néons, qui (...)
- 6 février 2004, par Jean-Patrice Dupin
Hésitant, mal assuré, il se dirigea sans bruit vers la table qui jouxtait la nôtre, l’air presque de s’excuser d’avoir à s’installer si près, mais où aller autrement ? La salle était comble, et seule restait libre cette petite place vers laquelle il se faufila, murmurant alors qu’il nous frôlait un pardon à peine audible. Puis il lui fallut déplacer sa chaise, et mille précautions ne lui parurent pas (...)
- 14 janvier 2004, par Catherine Lévy-Hirsch
Quelles que soient les cités, l’argent facile sert aussi à nourrir la famille. Entre nous, on appelle ça le NRFC, les nouveaux revenus des familles au chômage.
Dans notre pays en crise les chercheurs d’emploi se heurtent aux barricades de la production. Travail et emploi y sont confondus. Le deux pour le prix d’un avec le troisième gratuit est le nouvel étalon des mesures qualitatives.
Avant de (...)
- 12 janvier 2004, par Jean-Patrice Dupin
Comme on a pas de carte, on sait pas si c’est à gauche qu’il faut prendre, ou bien si c’est pas plutôt à droite. Aucune indication. Il y a bien la passagère à l’avant qui donne son avis : c’est à droite, là, j’en suis sûre, c’est à droite, mais son sens de l’orientation est pas des plus fiables, elle l’a prouvé en d’autres occasions, voilà pourquoi sans doute son voisin pour sa part a plutôt envie de prendre (...)