La Revue des Ressources

Les chiens 

lundi 29 novembre 2004, par Roland Pradalier

Le chien est un mammifère quadrupède de la famille des canidés. Il est carnivore, mais il peut se nourrir de riz, de pâtes, de croquettes et de légumes. En Occident, on ne le mange pas, on le nourrit avec des boîtes contenant des abas et des chutes de viande impropres à la consommation des hommes. Domestiqué, il a pour habitude de courir dans l’appartement, et de dormir dans un panier, il jappe ou aboie suivant son âge. Les chiens savent nager.

Le chien est un outil de lutte contre la solitude, et il peut aider à souder des couples. Il arrive que des femmes les embrassent, posent leurs lèvres vernies sur la truffe grasse et lustrée de salive de leur animal nommé "chouchou". Les hommes semblent préférer se faire lécher seulement les mains puis passer ensuite à table. Quelques écrivains les ont aimés au point de se faire enterrer entre leur femme et eux. C’est le cas de l’aristocrate fascisant Gabriel D’Annunzio, qui fut néanmoins un brillant styliste.

Ces comportements aberrants sont multiples et assez fréquents. La société ne s’offusque pas, au contraire, elle encourage les embrassements entre humains et canins.

Le chien domestique le plus courant des villes d’Europe est le Yorkshire. Il est châtain blond, mesure environ 50 centimètres, ses yeux sont cachés par des poils lisses et son corps est recouvert d’une fourrure raide qui part en mèches. Il est de caractère docile mais jaloux.

Il paraît ridicule à ceux qui n’en possèdent pas ; les jeunes gens qui passent dans la rue ont souvent envie de le frapper pour rire, mais ils se retiennent. De même le caniche semble déclencher l’agressivité par sa seule apparence physique. Le Yorkshire paraît sentir que la nature l’a défavorisé, il tremble et il se fait aimer, et ainsi gagne une place enviable dans quelques familles. Malgré le dégoût qu’il m’inspire, il arrive que ses possesseurs soient des gens fréquentables qui possèdent une cave à vin, une collection de films d’action, une bibliothèque qui ne leur sert pas, et qu’ils connaissent des histoires drôles qui détendent les fins de repas.

Le code pénal ne concerne pas les chiens. Leurs désobéissances les font sanctionner, mais le Yorkshire vit souvent en tyran dans un foyer et malgré sa taille naine, se fait obéir par des hommes qu’il domine par des couinements, des cris rauques et d’adorables façons de s’ébrouer totalement craquantes.

Mais pour moi le chien n’est pas cet animal que je viens de décrire.

- Le chien est d’abord le nom d’une constellation dans l’ancien zodiaque mexicain. Il est l’intercesseur entre ce monde et celui à venir. Je n’ai pas la moindre idée de ce que cela signifie.
- Pour les Bantous du Kasaï, il permet d’entrer en contact avec le monde spirituel bénéfique. Avouons que cela ne manque pas de sel.
- Dans l’Islam, le chien est un animal tenu pour impur, et l’insulte chien, fils de chien est l’une des plus violentes.
- Dans le Christianisme, Paul conseille de se méfier des chiens, sans s’expliquer sur le sens de cet avertissement incompréhensible. C’est un des rares cas où Paul que Nietzsche détestait et que j’ai lu, fait une déclaration si absurde.
- Dans le langage courant existe une expression délicieuse : il ne faut pas accrocher un chien avec un collier de saucisses.
- Les Bambara comparent le chien à la verge, et le pénis est appelé chien parce qu’à la vue d’une vulve, il se met en arrêt. Essayez donc voir, ça marche presque à tous les coups.
- Rimbaud écrit dans sa fameuse lettre du Gothard qui peut être tenue pour son testament littéraire : "On voit les beaux gros chiens jaunes à l’histoire connue." L’érudition se nourrit de ce type d’anecdotes qu’elle pioche où elle peut.

Mais pour moi le chien n’est pas cet animal de mystère venu de la mythologie, des religions ou de la littérature.

Le chien est un animal débonnaire qui bave, qui aime à rester couché en tirant la langue, qui court après des bâtons et ronfle quand il rêve. Il est fidèle s’il reçoit une nourriture abondante.

Et c’est cette dernière définition puisque nous sommes en 2004, que je crois qu’il faut adopter.

P.-S.

Roland Pradoc alias Pradalier est l’auteur du roman Mœurs contemporaines, mention spéciale au Prix du premier roman Le Manuscrit 2004.

Le livre est disponible aux éditions Le Manuscrit sur leur site www.manuscrit.com.

Voir aussi l’interview.

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