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3 mai 2011, par Mariana Naydova,
Vincent Boisot
Tiens-le bien, mon garçon. Oui, ce sera le manche. Il est beau, je sais ! Est-ce qu’on ne dirait pas la proue d’un navire ? Mais où aurais-tu pu voir la proue d’un navire ? Ah ! oui ! Dans ce film qui montre Ulysse attaché au mât du bateau. Tu te demandes pourquoi Ulysse était attaché de cette façon ? Est-ce que tu ne l’as pas compris ? C’était à cause du chant des sirènes. Leurs voix sont (…)
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10 novembre 2011, par Mariana Naydova
Chien était heureux. Les dîners désespérés, Anne dans sa chambre, les enfants sur l’ordinateur, et Fernand dans la cuisine devant sa bouteille de bière tiède, tout cela embêtait même le chien. Une femme est apparue, montée sur sur son vélo, et le chien a couru après elle. La femme s’est arrêtée.
— Excusez le chien ! Désolé, mais il est devenu un peu sauvage en ville. Vous vivez au paradis, (…)
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15 décembre 2011, par Mariana Naydova
Quelque part, dans mon repaire virtuel est apparu un jeune Richard. Il me disait qu’il était Richard d’Angleterre, dit Cœur de Lion. Il avait à peine quarante ans, et aimait les Lilith comme moi. Richard avait une théorie irréfutable. Les Lilith mûres comprenaient bien mieux les hommes, la vie. Elles s’habillaient mieux, faisaient mieux l’amour, et avaient eu plus d’expériences. Certaines (…)
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22 mars 2011, par Gaëlle Girbes,
Mariana Naydova
Quelle chance de te croiser, ma petite ! Comme tu me rappelles Anca ! Je vais t’appeler comme ça ! Je connaissais une femme qui s’appelait Anca. Il n’y a pas d’autres comme toi. Maman te dit cela chaque jour, non ? Si maman le dit, cela doit être vrai. Penche-toi un peu ! C’est bien ! Et plus de sourires ! Maman, dis- tu, elle n’est pas à la maison ? Elle est avec le bébé à l’hôpital. Et papa (…)
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1er décembre 2011, par Mariana Naydova
— J’aime beaucoup mes enfants, Marie. Le jour de Toussaint je les ai emmenés avec ma voiture à Toulouse chez leurs cousins et pour qu’ils voient leur grand-mère.
Il n’y a pas de vent. L’air est fin, pur et tranchant. Fernand se détend sur sa chaise et allume une cigarette. Marie fume avec lui. Elle apporte une bouteille de vin rouge, et la chaleur du vin réchauffe l’estomac. Les yeux de (…)
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22 décembre 2011, par Mariana Naydova
La conversation s’éteint. Fernand se délasse dans sa chaise. Marie caresse avec son doigt le bord du verre. Le verre est grand, on peut le tenir avec les deux mains. Dans le crépuscule le vin ressemble à du sang.
— J’avais trente ans, quand j’ai perdu mon bébé. Tu sais, Marc, Pierre ne voulait pas d’enfants, c’est comme si le bébé l’avait appris, puis il est sorti de moi. Depuis, je suis (…)
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17 novembre 2011, par Mariana Naydova
Ma boîte de réception est pleine à ras bord d’horoscopes d’amour, de synastries pour deux, de longs transits, et de transits courts, de carrés et conjonctions. Voici encore Fernand au cœur déchiré. Il habite près de mon Mars. Nous nous écrivons à propos de champignons et de comment sa femme, Anne, serait redevenue raisonnable, qu’elle vit une période de crise, que les enfants ont vidé sa (…)
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22 mai 2012, par Mariana Naydova
— Yana-a-a !
C’est mon père qui me cherche. Le dîner est prêt. De la grange des voisins, où je me cache, je fixe la fenêtre de la cuisine, éclairée comme un œil jaune. Maman met la table. Je la vois qui va qui vient, sans fin, nerveusement, ses gestes l’effacent. La chambre paraît vide, nue. Etrangère. Pauvre aussi… Que de mots qui sonnent creux encore ! Je veux leur donner mon propre sens, (…)
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30 septembre 2011, par Mariana Naydova
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PERSONNAGES :
TAMARE
UNE JOURNALISTE
L’HOMME
Une grande salle de séjour. Nombreux livres, un bureau, un ordinateur, un canapé. Une couverture en tricot jetée sur le canapé. Sur la table, devant le canapé, une bouteille de vin, un grand beau verre, à moitié vide. A côté de la fenêtre, une table en bois massif, avec des chaises en paille. Sur les murs, des tableaux. Appartement (…)
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16 février 2011, par Mariana Naydova,
Sanja Knezevic
Regarde-moi, maman ! Je danse ! Ne sois pas méchante ! Le travail n’est pas un lièvre. Je vais, je vais aller ! Là-bas, devant l’hôpital, les gens arrêtent de me voir et me donnent de l’argent. Je pense que ce n’est pas comme la mendicité dans les grands magasins. Mendier dans l’hôpital me plaît. Voilà ce que j’aime. Sinon, les gens ne me regardent pas dans les yeux, en me jetant une pièce de (…)