Rédactrice en chef de la rubrique "Création littéraire", responsable des dossiers "Littérature et folie", "Journaux personnels", "Le pôle noir", "Marguerite Duras" et "Scènes islandaises".
1969 Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Ken Kesey
1980 Désert, de Jean-Marie Gustave Le Clézio
1980 Ode maritime, d’Alvaro de Campos
1982 Le bouc émissaire, de René Girard
1983 La Maladie de la mort, de Marguerite Duras
1984 L’Amant, de Marguerite Duras
1984 La communauté inavouable, de Maurice Blanchot
1985 Le mur invisible (Die Wand), de Marlen Haushofer
1996 Les (…)
« Je m’appelle Laura. J’ai neuf doigts. Depuis toujours.
Avant je pensais que mon auriculaire droit était au ciel, près du bon Dieu, puis j’ai compris que Dieu n’existait pas et mon auriculaire droit pas davantage. Je ne suis pas comme les autres, voilà tout. »
Les parents de Laura et de sa sœur Moira, eux non plus, ne sont pas comme les autres. Ce sont des Catalans militants communistes (…)
Murdo Munro vit et travaille dans les forêts de son île natale sur la côte ouest de l’Ecosse. Il s’est en apparence résigné depuis longtemps à sa solitude et à la froideur de sa femme. Vingt-cinq années que son mariage n’est qu’hostilité et humiliations. Une vie solitaire et difficile avec pour seul baume le whisky que Murdo partage avec quelques compagnons d’infortune. Le jour du mariage de (…)
Le passé hante l’œuvre d’Arnaldur Indridason. La plupart des enquêtes policières qu’il met en scène remontent le fil du temps pour se concentrer vingt, trente voire quarante ans en arrière pour creuser encore là où on ne devrait plus chercher, avec une détermination obstinée et irrépressible. Ses romans traitent de disparitions, mais pas principalement de la personne qui a disparu, plutôt de (…)
« Duras survit sans difficulté. Elle n’a guère connu de purgatoire – puisque c’est ainsi qu’on désigne la période d’inattention, parfois même d’oubli complet qui suit la mort des écrivains et précède, dans le meilleur des cas, leur transformation en classiques. » C’est ainsi que Dominique Noguez débute son essai sur Marguerite Duras, expliquant que cette survie extraordinaire a été pour lui (…)
Lorsqu’on découvre l’oeuvre d’Emmanuel Bove, on est frappé par une vision désespérée et désespérante de l’existence. L’homme apparaît comme une marionnette usée et désarticulée qui ne prend forme humaine qu’en s’agitant de façon absurde. Il se débat mais ne parvient jamais à se libérer de ses fils qui sont à la fois sources de vie et causes de souffrances. S’il est une constante chez Bove, (…)
Le polar nordique, qui se présente comme le porteur de mauvaises nouvelles dans les démocraties censément idylliques d’Europe du Nord, compte désormais un nouvel agitateur des consciences en la personne de Steinar Bragi. Le romancier a écrit Installation (Konur) juste avant la crise qui fit vaciller l’Islande, au moment où Reykjavik, devenue une véritable usine financière à l’écart du monde (…)
La neige est entrée dans le gymnase aussi mal refermé qu’une plaie. Elle a recouvert les hurlements des enfants. Une femme s’approche en titubant. Si elle est ivre, c’est de son malheur. Elle arrive sous le panneau de basket où la bombe la plus meurtrière avait été placée. Elle s’agenouille devant le mur, désormais décoré d’une petite fleur de sang, le caresse et lui parle. Elle balance (…)
Le lecteur familier des romans de John Burnside comprendra l’excitation et la terreur qui me saisirent lorsque je tins entre mes mains le dernier livre de l’écrivain écossais, Scintillation, avant même de l’avoir ouvert. Je pressentais des puits de noirceur et des abîmes de cruauté. Je ne fus pas déçue…
Le personnage principal du roman est une friche industrielle côtière d’Ecosse, dominée (…)
GABRIELLE LAGUIN
Samedi 12 juillet 1890
Depuis longtemps je désirais faire un journal et soit paresse, soit timidité, je ne l’ai pas encore commencé. Je m’y décide aujourd’hui. Je vais d’abord indiquer les circonstances dans lesquelles je me trouve et dans bien des années je relirai peut-être avec bonheur ce griffonnage commencé dans des jours de jeunesse et de joie.
(Gabrielle Laguin (…)