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Nous avions énoncé des principes sentencieux d’égalité mensongère  

jeudi 11 juin 2015, par Anne Paulet

Nous avions énoncé des principes sentencieux d’égalité mensongère et pendant que nous essayions de nous hisser sans grand succès en dessus d’un panier de crabes aux pinces d’acier, la vie passait et les rires aux mille éclats devinrent des denrées rares, et l’insouciante candeur se mut en revendications de bureaux où les despotes les plus coincés, les plus médiocres régnaient en seigneurs et maîtres, où la bonne âme de l’assistance s’occupait avec un timide effroi des élémentaires déchets sur le dos courbé desquels elle développait alors moult discours mais au fond si peu de présence effective ■ ■ ■
Les seuls sourires concédés étaient ceux vus au cinéma et adoptés souvent ai-je constaté par la jouissance des maladresses de l’autre qui n’était alors pas pris au sérieux ou au contraire les démons et les maudits étaient sacralisés dans des images, des symboles, sex and abstract symbols, ne laissant plus de place au sourire franc et à la spontanéité flamboyante devenus désormais suspects en la place publique. Place publique pourtant où se mélangeaient nos exceptionnelles silhouettes. Chacune était pleine de promesses. Elles enlaçaient alors sournoisement un bassin de jardin public ou dégrafaient la ceinture périphérique du cœur de la ville, roulaient une bonne pelle aux bouches des égouts, des métros
Et les cathédrales prenaient la tête tant elles donnaient vertige au promeneur lorsqu’il levait ses yeux pour contempler les nuages au fond très satisfait qu’elles soient encore là à gémir tout ce malaise si délicatement distillé – le fait divers faisant foi. Puis, nous fîmes tomber toutes les croix et entendîmes le chant de l’anonyme oiseau. Il prodigua les notes d’un bonheur fugace que nous croyions avoir perdu en route. Et recommença à voguer le navire sur l’éon. Dans cette double transition, les numérologues attendirent la suite au prochain numéro. Les autres s’en remirent aux hasards de la réjouissance vive, d’autres encore mirent les voiles ■ ■ ■
 

P.-S.

Un œil d’Anne Paulet nous regarde (photographiée à six ans par son frère Éric).

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