La Revue des Ressources
Accueil > Création > Poésie > LES POÈMES ARRANGÉS

LES POÈMES ARRANGÉS 

(Le fils du muet n’a pas la parole) - version 8 - EXTRAITS

samedi 29 octobre 2022, par Michel Gendarme

LES POÈMES ARRANGÉS

(Le fils du muet n’a pas la parole)

Version 8 — extraits

.

Cette poésie parle de ce qui est en lisière, de ce qui peut être vu depuis un refuge du point de vue d’un être indéfini, caché, par besoin, par survie Son refuge est une forêt dans laquelle il enfouit sa vie Dans laquelle il s’enfuit De laquelle il ne peut s’enfuir vraiment Alors il longe ce qui le sépare des hommes Les sons, les allures, les rires, les gestes, les mots séparent Voir sans être vu, entendre sans être écouté, jouer sans y être appelé L’être maudit a pour lui la confession intérieure et les actes de solitude Cette poésie exprime la crainte que le monde atteigne par trop de folie l’être démuni de naissance.

Avertissement : les mots entre parenthèses ne sont pas lus, mais leur présence est nécessaire, les mots en italiques restent ainsi.

.

…/…

21 et 22

un jour une fois maman puis éternité maman elle chantait à la lune c’était le vendredi elle elle chantait un hymne nouveau à chaque fois la fin (de) la semaine pour la joie de cette fin pour le renouveau pour les timbres de la gorge elle elle modulait à la lune des paroles musique des notes des mots ciel ils virevoltaient dans la pièce puis ils voguaient et ils s’envolaient vers l’astre blanc gris (l’astre) planètes du silence avalait les sons d’amour car ce n’était qu’amour elle elle cuisinait à la lune les mélodies savoureuses miel pain d’épices j’ai glissé sous la table les miettes elles me faisaient un bonheur contre le pied (du) le meuble je buvais les chants et j’attendais (le) du bonheur un jour cela disait ça le bonheur quand il n’y avait pas de lune (qu’) elle s’absentait dans le lointain universel les mélodies se taisaient la poitrine maman maman ne vibrait plus elle sanglotait une tristesse silence une lune noire elle disparue avalée par vide sidéral les creux du corps de maman de l’esprit de maman le vide d’amour de maman je pleurais la tristesse de maman

23

les bombes sentent bon
les bombes chantent
de grands airs
les bombes éclairent
les malheureux
les poisons nourrissent
les malheureux
(bis ad lib)

24

des sillons ligneux des chemins minuscules mènent une seconde une multitude d’horizons à portée

de drôles de serpents des serpentins de rêve des pétards de visages des confettis de gâteau de la marmelade d’escargot des marches gigantesques des frontières barbelées des fossés empoisonnés des tilleuls malades de la peste des sols mous collants des élastiques pièges des piqûres d’éléphants des chaussures brûlantes des yeux dedans des bras oreilles des bouches à culs des proulacrus des épaitrures des fornalomes des écurnantes des zémissores des zézépiles des zézézézézé zézézézézé zézézézézé zzzzzzzzzz zzzzzzzzzz zzzzzzzzzz zzzzzzzzzz

je deviens l’écorce

25

oui debout au milieu de l’océan de terre j’écarte les bras j’accueille les bruits du monde là-bas grouille souille dépouille jusqu’à moi les cris immondes la nuit debout (dans) le hurlement d’un monde seul je détraqué je suis potence je suis pendu ma propre semence je suis de moi le cri frayeur il n’y aura pas un pas de petit matin d’aurore silencieuse des oiseaux les corbeaux ils relaxent et fuient même je pends debout dans pas de lune au milieu à l’écart est à l’ouest complètement à ouais et je montre du poing et j’engueule la nuit qui fuit ne luit même pas je vois je la vois la monstre et si hideuse de ses gémissements

une absence un silence signifie l’aigle pourquoi l’aigle silence signifie le cri dans le vaste bleu des mondes parce que que lui dessine lui aussi les cercles sont lents les piqués et fusées une ébauche comme la possibilité du silence-son qui n’est pas le silence je moi moi reste au pied du tronc vers la montée verticalité de ce silence silence je ne suis pas du bleu ni bleu en vert je suis... puis le dessin du geste-son au ciel et … je fracasse ma tête contre le tronc sans mots

26

ville merde gaz flashs je la sais là-bas aux limites je tombe de ma pendule ramollie cadavre mou plash c’est une chute c’est minable une chute (de) plash caca

des mousses d’eau des lichens argent des brumes voiles des soleils rayon des fils d’Ariane des écorces genoux des lits feuilles

je m’affaisse diarrhée ça m’étale ça peste moi comprimé ça me mélange terre moite boue rouge violette marron je fonds (dans) dedans les interstices les failles écartements je ne suis plus que ça le liquide infâme boue d’écoulement

un bec me pousse à l’arrière du crâne je (fais) pique les vers écorce je suis l’oiseau tam-tam des bois au lointain des forêts réjouissance des enfants des enfants petits enfants qui tiennent la main (des) des parents en lisière

27

elle émet le liquide infâme c’est foutu

28

se nourrir de la mémoire elle donne (du la) de la musique de la fête oui la mémoire des manèges ça cingle les oreilles (le) un sucre rose les pommes d(el)’amour dégoulinent cingle la vitesse des tamponneuses mugissent couloirs des miroirs (atroces de) cauchemars ? pas grave(s) minis avions envols envols ah l’envol ah les lumières les sirènes ah ah ah les filles roses d(el)’amour les miroirs font des rêves des châteaux hantés se perdre dans les couloirs labyrinthe (d’espoir)

je hais (cette) la façon du temps de naître (pour) parce que je me souviens oui oui je me souviens maman une fois puis éternité

je remonte par les conduits la sortie ça n’est pas à l’entrée (en) une matière ni une naissance c’est un début (l’) une histoire

où vas-tu reviens il n’y a rien par là pas des myrtilles pas des framboises reviens-donc mais qui qui t’a mis le diable ? enfant des pauvretés elles verbales maîtrise le mot et toi tu toi tu seras sauvé la lettre est une clé

29

l’écorce-lit d’un arbre c’est sage au calme de la lisière j’attends la ville comme surprise c’est mieux ainsi une belle surprise j’invente elle comme un rêve château beau au moyen-âge aux créneaux d’or et je joue avec une brume

dans la cité des anges eux arrangés nous sommes sommes tellement c’est mieux ensemble non ? avec nos sacs eux vides avec nos sacs consciencieux nos sacs à peurs ne lâche pas (la) une poignée jamais ou le vide t’aspirera un jet d’aspirateur aux décibels chimériques tu verras des ombres de poussière des squelettes de verre

30

viens te blottir au mac-parade nous et eux nous nous caresserons (nos) les cheveux nous ferons des jeux-écrans ça ne glisse pas (pas) dans la boue végétale les racines t’attraperont les pieds et le grand trou trou t’avalera tout cru tu sais comme dans comme dans quoi déjà ? quoi déjà ? quoi ?

la vague sonore se retire sur une plage rien (qu’)une plage à peine un souffle fluet liseré une seule rumeur une sirène le chant (d’un)... poisson-femme dilué dans le champ d’écume de terre je recueille des larmes ses armes (des) femelles je recueille une mousse scintillement

mon corps se replie dans la mousse m’allonge à nouveau (toujours neuf ainsi) emmêlé aux (des) racines allonge jambes et (les) bras prends racine bien-être humus (le) natal corps attiré corps enraciné corps déraciné corps captivé près des sources d’eaux chaudes plusieurs eaux (les eaux) circulent secrètes cascades (eaux) entendues les fleuves rapides (les) lacs fontaines ça me calme me recueille au creux un bénitier un baptême dans la paume d’une huitre bébé moussu braillard flotte et ouvre les yeux d’une pensée

31

et les autres qui les autres qui et les autres qui eux les autres qui eux les autres eux qui ça

la nuit joie c’est bien ça attire comme l’est le sexe (d’une) de femme quand (les) le sexe chante il appelle à suivre des doigts la présence les lèvres différentes roses ondoiement paresse (du) dans le corps langoureuses prouesses mousses (libertaires) libertines aux mille filantes étoiles chatoyantes et bruissantes

au cœur de la mousse des dentelles fripons linges terrestres dessous sous-marins ruisselets bimbeloterie perles aguicheuses ça attire

tu me nommeras

32 & 33

nus assis comme des grecs de marbre dans la verdure l’océane de nos algues des bergères forestières sinueuses les tracés de baisers dans le sous-bois je connais une fille viens fille le champ ça meurt d’un vide dans un horizon désert de muets cailloux remontés en silence des sous-couches des sons en eux contiennent les époques anciennes (des pré-histoires) des terres aux secrets violés

mets-toi en boule et ça roule ça boule ça roule ça roule ça boule et le cœur chamboule le cœur s’enroule et le cœur et le cœur ça tambouille la chamade tam tam camarade de l’éclair de la vitesse le cri de la vérité silex des étincelles à l’intérieur de la peau

je donnerais les lumières toutes pour elle les mains liées les feuilles automnales la gravité de toute chose ça virerait de l’ocre à turquin maya céruléen l’azur la couleur bleu sans mélange (la) couleur mars carmin (couleur) la capucine et la framboise

34

ils s’en sont allés ’tits pas partis se cacher pour le long du temps pour longtemps ils peuvent toujours courir les autres autres ne sauront jamais jamais jamais où j’erre avec mes ’tits pas ici là là ici jamais là jamais ici mais là ou là ’tits pas (ils) m’abritent dans la cabane sous la fougère sous une écorce de terre avec des roches des racines et des planches de bric et broc avec branches et lianes (en) pneus et toiles sous les fougères ça glisse en catimini

j’attends je ramasse les grains quartz mire la joie intérieure dans son éclat millénaire elle adoucit la rage l’ombre à mes paupières range les reproches et met(s) le grain en poche

le ventre se tord ça fait mal au ventre ça se passe toujours à la lueur de la nuit la nuit douleur quand ventre hurle tempête des intérieurs ils (qui) rôdent ils chapardent ils pleurent des liquides mauvais ne sentent pas bon j’ai taché mes traces de douleur c’est elle qui fait ça pas moi je tords mon ventre ça dure la nuit conduits durs une plomberie de l’enfer

35

la douleur relâche s’allonge se velours ça s’orange (ça) s’arrondit s’éclipse de lune vaporeuse de brume soleil pour échauffer les forces de la vie les mains caressent mon ventre bébé mon ventre élan maman une fois puis éternité

au pied
d’argile
elle est

…/…

Michel Gendarme

© la revue des ressources : Sauf mention particulière | SPIP | Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | La Revue des Ressources sur facebook & twitter