La revue Action Restreinte fait paraître son quatrième numéro, sous le titre : (trans)fusions des genres.
C’est sur le travail du corps que nous invite à nous pencher ce dernier opus de la revue : voir comment le genre sexuel transpire dans la pensée, dans les usages. Comment les styles d’écriture, de création, digèrent ce qui se donne d’abord comme l’autre séparé, coupé, ainsi que l’étymologie du mot sexe le dit (secus, seco) : l’autre en soi, intimement mêlé, ou l’autre infiniment désiré, voilà matière à embrasser.
Partant, il faudra ajouter à la distinction habituelle féminin/masculin, par trop schématique, des écarts fertiles et des particularités qui ne se disent pas en creux, dans les manquements au modèle dominant, mais dans l’échange, le passage : guidés par l’analyse exigeante mais féconde d’Akiko Ueda contre l’évidence trompeuse du féminin, contre un langage qui habituellement résume, neutralise l’altérité, et reconduit un système moniste-mâle, il s’agit de comprendre le jeu de la différence sexuelle, des différences.
Mais doit-on être soit femme, soit homme, et s’y conformer à toute force ? Il va de soi que désormais on compte au moins quatre sexes, qui ne sont pas des avatars lacunaires des deux précités mais leur vérité, nous dit Nathalie Gassel. C’est en multipliant les genres possibles afin qu’ils ne soient pas à la périphérie mais au centre, références à part entière, et non moitiés tronquées, que l’on pourrait abolir les clichés de genre, et anoblir des pratiques qui sont encore cantonnées à des discours sur les minorités. Ainsi Virginie Lalucq et Isabelle Zribi, dans un échange passionnant, pointent-elles du doigt les limites des revendications de genre sexuel : parle-t-on d’une écriture masculine ? Un "film de femmes" peut-il prétendre à l’universel ?
Tantes, folasses, trans et bi, femmes phalliques et eunuques, hermaphrodites et gens extraordinaires, il ne vous reste plus qu’à lire de plaisir...
A.S.