Dans un texte que publie Le Monde, le dramaturge Olivier Py nous offre une salutaire mise au point, à propos de la polémique récente orchestrée autour de la déprogrammation d’une pièce de Peter Handke :
"C’est par un article du Nouvel Observateur rédigé par Ruth Valentini que nous avons appris la présence de Peter Handke à l’enterrement de Slobodan Milosevic. L’importance symbolique de l’événement et le prestige du poète obligeaient la presse à traiter l’information. Nul ne s’est véritablement étonné de voir l’auteur autrichien dans le cortège funèbre de l’ancien dictateur accusé de crime contre l’humanité. Les positions de Peter Handke n’ont jamais été floues à ce sujet, sa défense du nationalisme serbe n’a pas été qu’un propos isolé de son oeuvre. Il y a consacré plusieurs livres, notamment Un voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina (Gallimard), qui portait en sous-titre Justice pour la Serbie, un très grand nombre d’interviews, ainsi que des prises de parole incessantes qui font de lui un héraut de la cause milosevicienne.
La Serbie elle-même tente d’en finir avec son passé nationaliste, mais Peter Handke persiste et signe en ajoutant à un corpus littéraire déjà conséquent une oraison funèbre de l’ancien dictateur qui se termine par ces mots : "Je suis auprès de la Serbie, je suis auprès de Slobodan Milosevic." N’est-ce pas Milosevic en personne qui a inscrit Peter Handke dans la liste des témoins pour sa défense au Tribunal pénal international de La Haye ?"