La Revue des Ressources
Accueil > Idées > Michel Tarrier écogitations > La cécité écologique

La cécité écologique 

samedi 19 décembre 2009, par Michel Tarrier (Date de rédaction antérieure : 20 mars 2009).

« Le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux. »
Karl Marx

« Le capitalisme a le pouvoir de transformer en drogue, immédiatement et continuellement, le venin qui lui est lancé au visage, et de s’en délecter. »
Bertolt Brecht

Tout au long des trois derniers siècles, puis avec une acuité hors pair au fil des dernières décennies, prophète du progrès matériel, reniant toute connaissance intuitive et « illuminée », le mode occidental, l’américanisation et son image exportée, ont redéfini le monde autour d’eux. Si vivre, c’est in primis préférer et exclure, nous n’avons pas failli à cette interprétation. Le résultat est une désolation de la biosphère, une violation de ce monde et de nous-mêmes. Mais ceci n’est rien pour un système « mariole », fondé sur le déni, qui se gausse de tout parce qu’il a l’intime conviction que les richesses acquises dans un rapport de force des plus dégueulasses serviront de privilège à la survie. Par contre, une irréfutable leçon est donnée par le réchauffement climatique, plafonnement définitif de la notion de croissance, preuve par neuf de l’irréversibilité d’un développement empirique. C’est une claque bien méritée. Il en est donc fini de plastronner et Monsanto peut toujours envoyer sa police des gènes dans le champ du voisin qui n’avait rien demandé ! Au moment où un maître du monde allait s’approprier les semences de la vie et en finir avec les abeilles et les coccinelles, dites bêtes à bon dieu, nous faisant, une fois de plus, accroire que c’était pour sauver l’humanité, le ciel nous tombe sur la tête.

Originellement, toutes causes pouvant entraîner une crise écologique étaient évidemment naturelles. Présentement, la responsabilité anthropique se profile presque toujours à l’horizon, y compris dans ce que les journaux titrent complaisamment de catastrophes « naturelles ». Même quand la responsabilité humaine n’est pas le phénomène déclencheur, son influence suffit à conférer une plus grande amplitude au désastre. C’est un point de vue illustré par des exemples probants. Le 6 janvier 2007, une secousse de 3,1 sur l’échelle de Richter fut ressentie depuis la région suisse de Bâle jusqu’en Alsace. Elle faisait suite à un premier séisme de magnitude 3,4 datée du 8 décembre, suivi d’une réplique de magnitude 2,5 le 15 décembre suivant. Ces frémissements de l’écorce terrestre étaient liés à la construction d’une méga centrale géothermique. Les responsables ont reconnu que l’injection d’eau sous haute pression à 5000 mètres de profondeur avait provoqué ces secousses. Et reparlons des effets du dernier tsunami dans l’océan Indien, démultipliés par la dégradation côtière occasionnée par des activités spéculatives, spécialement la dommageable néantisation de la mangrove protectrice. Reparlons aussi des inondations meurtrières en Haïti ou à Madagascar, dont le déboisement et ses effets érosifs impliquent de violents lessivages ; sans omettre de citer les incendies forestiers répétitifs et sans commune mesure avec ceux naturels et sporadiques qui sont parfaitement salutaires aux écosystèmes. Il est ainsi très aisé de prédire les prochains cataclysmes favorisés par l’action humaine, et même d’en pronostiquer potentiellement l’impact de dangerosité. Nous avons tant l’habitude de jouer avec le feu que la politique de la terre brûlée est un symptôme chronique, presque familier. Stratégiquement, cette tactique de la terre brûlée est une solution de la dernière chance qui consiste à avancer en détruisant tout derrière soi, afin de ne donner aucune chance de ravitaillement à l’ennemi. Comble du crétinisme, notre ennemi est donc nous-mêmes ! On vient seulement de s’en apercevoir et de se rappeler que nous avons éthologiquement mal évolué depuis nos ancêtres les Gaulois. La sympathie que nous éprouvons pour Astérix tiendrait donc de l’effet nostalgique ?

Les catastrophes naturelles doivent être interprétées afin de mesurer comment notre impact intentionnel y préside. Séismes, éruptions volcaniques, inondations, glissements de terrain, raz-de-marée, ouragans, tempêtes, incendies, canicules et tous phénomènes naturels de grande ampleur ayant une incidence destructrice, sont parties prenantes de nos actions, tant en amont qu’en aval. En amont, notre dégradation du milieu les induit ou les amplifie ; en aval, notre manque de prévoyance nous rend impuissants. Souvenons-nous, par exemple, des violentes et légitimes polémiques animées en leur temps par Haroun Tazieff, en matière d’absence de constructions antisismiques, ou de manque de prévision rationnelle en cas d’éruptions volcaniques. Maintenant que « nous savons », on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles nous nous acharnons allègrement à construire, puis reconstruire, des mégapoles en des sites exposés ? Si la pensée urbanistique des décideurs politiques se limite à la représentation du temps historique d’un mandat électoral, ou tout au plus de quelques générations, les géologues sont là pour les remettre dans la relativité géophysique. Si notre progrès à la fois détruit et ne permet pas de sauver par anticipation, il est vraiment délétère. L’habitude monothéiste à penser que la Nature est domesticable et domestiquée, taillable et corvéable à merci, a de lourdes conséquences. En matière de gouvernance environnementale, et de discrédit de l’autre sexe, de l’autre race, de l’autre espèce, le poids des religions fut vraiment celui d’une enclume. Quand ça tourne mal, c’est la légitimation morale de la sanction qui prend le relais de nos délinquances économiques et de nos coupables incompétences. On s’envole dans les égarements émotionnels, on se repend des fléaux que nous avons provoqués en invoquant malédictions et calamités d’une Terre en colère, on fait sortir de la trousse théologique un dieu courroucé et acariâtre comme s’il s’agissait d’une entité humaine ! Deus ex machina ! C’est l’Âge de fer, ou plus exactement un temps féodal et théocratique. Selon Michael Marcavage, directeur de l’organisation évangéliste Repent America, l’ouragan Katrina de 2005 était une « action de Dieu » visant à détruire « une ville pécheresse » où devait se tenir un festival homosexuel ! Quant à la vision du rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du parti religieux israélien Shass, elle portait sur un châtiment de Dieu consécutif à l’approbation par George W. Bush d’un démantèlement des colonies juives de la bande de Gaza ! Les pertes occasionnées par l’ouragan portaient essentiellement sur le fait que la Nouvelle-Orléans, encerclée de trois côtés par l’eau, a été construite en dessous du niveau de la mer et que sa protection contre les inondations permanentes est assurée par un système de digues et de pompes dont la prévention était rendue inefficace par un manque chronique d’investissements, notamment au niveau des quartiers nécessiteux, tel le Lower Ninth Ward. Lors de la catastrophe, la pesanteur des secours apportés et la sempiternelle ségrégation raciale furent au banc des accusés. La grande majorité des victimes était les déshérités d’origine afro-américaine, sans possibilité de s’échapper, voire refoulés des supermarchés des quartiers blancs qui pouvaient leur servir d’abris. Un vrai désastre basé sur le mensonge et amplifié par les règles iniques du capitalisme.

Le sentiment de la crainte de Dieu, garant inventé de notre vie, fut probablement l’un des thèmes magistraux de la philosophie. De Kierkegaard à Heidegger, les philosophes s’en défendaient, avouant même en cherchant à s’en affranchir qu’ils n’en n’étaient pas indemnes. « Avoir peur de Dieu, de la mort, de la maladie, de soi-même, n’explique en rien le phénomène de peur. La peur étant primordiale, elle peut être présente aussi sans ces objets » disait Cioran. Et si au moins cette théologie de la peur et d’une punition divine nous enseignait implicitement l’obéissance aux lois de la Nature. Mais il n’en est rien et nous continuons à faire nos « cochoncetés en toute quiétude sous prétexte qu’on nous a béni  », comme poétisait Léo Ferré. Spinoza argumentait déjà que, fondé sur l’opinion, l’objectif des religions était de tenir en respect les hommes. À l’aune d’une grande débâcle écologique, alors que la fête est finie, que les carottes sont cuites et que nous sommes tous perdants – y compris ceux qui, dans une espèce d’hébétude hilare et de prépondérance que leur confère le simple port d’un costard-cravate pensent encore tirer les ficelles - si l’on examine le comportement écologique, au moins des sociétés monothéistes, on constate que cette utilité sociale d’une règle collective a failli. On accepte donc de payer les pots cassés et on s’arrange avec la sanction. Nos recettes sont nulles et Homo sapiens credulus (et perfidus) a toujours fait un drôle de commerce, non seulement avec son dieu, mais aussi avec les lois naturelles. Il appréhende la catastrophe qu’il désigne comme naturelle sur le mode d’un pendant négatif du miracle, et fait la balance avec les deux. Mais à l’échelle de la Nature, la notion de destin, de fatalité bonne ou mauvaise, n’a aucun sens, les règles sont une constante. Il n’existe ni main de la providence, ni malheur, ni miracle, ni malédiction, ni bonne étoile, ni oiseau de mauvais augure, ni araignée du soir-espoir. Le déterminisme et son principe de causalités ne sont pas le fatalisme religieux. Les événements qui ont lieu dans la Nature et leurs conjonctures sont naturels, c’est tout !

Pour nous situer dans cette crispation écologique où nous sommes empêtrés, le mieux est de s’interroger sur la définition scientifique d’une telle crise. À la lettre, une crise écologique se manifeste lorsque le milieu de vie d’une espèce ou d’une population évolue sur un mode défavorable à sa survie. À la suite de modifications de facteurs abiotiques, par exemple d’ordre atmosphérique, l’environnement se dégrade, certaines ressources se tarissent. Ou bien ce sont les prédateurs dont la pression est trop marquée, ou bien encore la qualité de vie est hypothéquée par une acmé démographique (surpopulation). Spatialement, l’événement peut être local (marée noire, pollution d’un fleuve) ou global (réchauffement climatique). Son impact peut être parcellaire et restreint à un nombre de sujets, ou entraîner la disparition d’une espèce ou d’un groupe d’espèces (par exemple par anéantissement de l’habitat, comme c’est le cas pour les grands singes ou l’ours polaire ; ou encore par rupture de la chaîne alimentaire). Certaines grandes phases d’extinction ont vu l’éradication de la majorité des espèces vivant sur le globe. La biodiversité peut paradoxalement en sortir gagnante, lorsqu’une espèce territorialement exclusive libère sa niche écologique au profit d’une diversification. La durée d’une crise écologique est variable, d’un court laps de temps à des millions d’années. Sans produire une extinction finale, une crise écologique peut engendrer une vie difficile pour les survivants. Les affres que notre modernité impose aux peuples indigènes sont de cette catégorie. Un autre exemple est l’exode de populations ne jouissant plus des conditions adéquates de vie sédentaire ou souffrant de crises alimentaires (le cas d’école est le « suicide » collectif des lemmings). Ce sont les réfugiés de l’environnement, ou écoréfugiés, tels les Africains qui cherchent à accoster sur la rive européenne de la Méditerranée occidentale ou les Latino-américains que la pauvreté pousse, par le Mexique, à s’introduire aux États-Unis. Leur nombre est déjà évalué à 200 millions de personnes (Source : Division de la population des Nations unies), soit deux fois plus qu’en 1980. Il n’y en avait que 600 000 par an dans les années 1960 et leur augmentation sera exponentielle. Ils rejoignent d’autres migrants, ceux des pays en guerre, tels les 30 000 Somaliens qui, pour fuir les combats opposant les forces gouvernementales aux milices islamiques, accomplissent la périlleuse traversée du golfe d’Aden pour gagner, morts ou vifs, les côtes du Yémen où la mitraille des gardes-côtes yéménites les attend.

Notre crise offre le cumul de toutes les menaces d’ordres biotiques et abiotiques. Elle résulte d’une surpopulation, dominée par un système de castes et de caprices, d’une mainmise de technologies agressives et contraires aux moindres règles environnementales, d’un abus systématique d’usages illustré par une agriculture chimique et intensive qui décime les interdépendances qui nous régissent, le tout induisant une pollution à nulle autre pareille, un épuisement des ressources, une érosion galopante dont le corollaire est la désertification fatale. Il ne faut pas être très futé pour comprendre qu’un tel programme risque de faire la vie invivable à tous les Terriens, et participera à l’élimination progressive et sélective de la jeune espèce Homo sapiens. Comble de l’injustice pour les croyants de « bonne foi », ce seront les innocents qui se retrouveront les premiers dans la fournaise et ainsi, une fois de plus, un dieu reconnaîtra les « chiens ». La date inaugurale de ce point de non-retour pour la planète Terre serait 2050. Toutes les expertises aboutissent à cette période de milieu de notre siècle, prenant aussi en compte un événement aussi contraignant que celui de la fin de l’ère des énergies fossiles et de l’impossibilité de les remplacer à pareille échelle par des technologies alternatives. L’incontournable fascination de la croissance et du développement à tous crins, tout comme un mercantilisme porté aux nues, ont pavé le chemin qui mène au délitement planétaire. La locomotive économique sans rails écologiques n’ira pas beaucoup plus loin. Notre méconnaissance des équilibres de la Terre, nos désirs de conquêtes et d’expansion pour amasser, entasser, engranger avec cynisme et satisfaction, se retournent contre nous. Qu’avait-on appris à l’école, à l’université, au bordel, à la messe et devant le tube cathodique ? « L’homme a détruit un à un les systèmes de défense de l’organisme planétaire  » constate Jean-Marie Pelt. Un tel constat n’empêche pas certains de continuer, en rayant ces arguments qui ne sont que des faits avérés et dont une partie de l’humanité souffre déjà cruellement. L’économie traditionnelle s’est construite sur une modélisation uniquement sociale, faisant fi du milieu écologique de notre espèce. La Terre n’était pas un grenier inépuisable, nos gestions minières des écosystèmes et des ressources étaient pour le moins erronées. Avec notre logique inversée, nos prétentions dérisoires, nous sortons perdants, les bras ballants, les yeux hagards, d’un face à face constant avec la Nature. La Terre était une île vivante, la théorie Gaïa et la marche homéostatique de la planète bleue, foyer tellurique de l’humanité, n’était pas un conte pour endormir les enfants prodiges mais pour réveiller les adultes attardés. Tout était dans tout et nous avons procédé en tranches, comme le charcutier du coin. Et des milliards de charcutiers, ça peut faire du mal à la planète ! Aujourd’hui, nous avons fait sauter la plupart des thermostats et nous sommes perdus. Il y a, entre la Terre-mère et chacun de nous, comme un cordon ombilical sacré. Et les terriens qui l’ont coupé sont des extraterrestres. Mais : « L’homme a en lui le goût de détruire. Et ce n’est pas le prêchi-prêcha des bien-pensants qui mettra fin à cette malédiction que nous portons dans nos gènes... La saloperie humaine est la même partout. Fort de ce constat, je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre que d’injurier l’humanité, de dénoncer son absurdité et sa cruauté... », écrit Patrick Declerck.

Le destin de l’île de la Natividad est un contre exemple à celui de l’île de Pâques, ou d’Haïti… À Trinidad, une modeste communauté autonome de 300 pêcheurs mexicains a pris les devants des quotas imposés par les autorités gouvernementales. Pêcheurs sous-marins à haut risque, ils ont aussi l’avantage d’exploiter l’ormeau, un coquillage univalve très rémunérateur parce que mets excellent et prisé. Après avoir, dans un premier temps d’aveuglement, surexploité son environnement, cette communauté a mis en place une politique de prélèvements régulés et de stricte préservation, créant ses propres réserves marines et une surveillance draconienne contre tout pillage. Par la sagacité de ses habitants, un site apparemment hostile est ainsi devenu un modèle de préservation environnemental et de gestion soucieuse des ressources, marines en l’occurrence. Il s’agit là d’une modélisation de ce que pourrait être une bienveillante dictature verte dont l’avènement (comment ?) serait le seul et unique recours pour mettre un terme à la gabegie mondiale. Mais un tel modèle ne nous intéresse qu’à la condition qu’il soit folklorisable, susceptible d’occuper le créneau télévisé d’un documentaire de bonne conscience entre deux pubs productivistes. Nous aurions trop à en craindre s’il venait à menacer globalement nos mauvaises manières.

Le constat n’est pas sans rappeler l’allégorie de la caverne de Platon, ces hommes immobilisés dans une grotte, tournant le dos à l’entrée et ne voyant que leurs ombres et celles projetées par des objets loin derrière eux. Écologiquement, cette impossible accession à la réalité, ce déni de l’évidence au nom des idées reçues, ne sont plus seulement métaphoriques, mais pure représentation. Plus les vitres de nos demeures sont grandes, plus nous sommes braqués sur un poste de télévision et moins nous percevons le paysage réel.

C’est de cette crise dont il est maintenant question. On peut toujours y ajouter un à-côté religieux et probabiliste, aller en chercher la prédiction dans une bible ou chez Nostradamus, cela ne change en rien que nous en sommes à la fois pleinement les auteurs et les victimes.

D’un point de vue social, le monothéisme engendre le fascisme, l’impérialisme et le capitalisme. D’un point de vue philosophique, il sous-tend la dichotomie, la dualité et l’absence de diversité. D’un point de vue psychologique, il génère des conceptions rigides, linéaires et figées. Et d’un point de vue agricole, il accouche de la monoculture et de la destruction de la diversité biologique. L’enseignement d’un anthropocentrisme révélé conduit donc, quelque part, à la négation même de la vie et d’un séjour pérenne de l’homme sur la Terre. On peut se questionner sur le pourquoi du succès des religions monothéistes !

P.-S.

Illustration de Veer Munshi : "Exhortation in red ring".

1 Message

  • La cécité écologique 27 mars 2009 12:56, par MAYLA

    En totale symbiose avec votre texte, tout comme je le suis avec votre livre 2050 et faire des enfants tue.
    Il est pour moi inconcevable que ceux qui prendraient la peine de réfléchir sur vos écrits dénonciateurs et si bien documentés (je parle des "Elites" qui nous gouvernent)soient incapables de mettre en place des solutions rapides ; encore faut-t’il que ces lectures leur soient connues et qu’ils soient aptes à les comprendre....
    Comme je ne veut pas leur faire affront, il ne reste qu’une option :
    ILS NE VEULENT PAS ; ILS DOIVENT AVOIR POUR EUX UNE SOLUTION DE RECHANGE, et je suis persuadée que la destruction de notre humanité est programmée.
    Encore merçi Michel de vos tentatives pour secouer les cocotiers, bien qu’à mon avis ils sont pour la plupart déjà désséchés.

© la revue des ressources : Sauf mention particulière | SPIP | Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | La Revue des Ressources sur facebook & twitter