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Bruckner, Glucksmann et le Meilleur des mondes

dimanche 11 février 2007 (Date de rédaction antérieure : 28 mars 2024).

Le 15 avril 2003 écrivaient dans "Le monde". Aujourd’hui Pascal Bruckner et André Glucksmann mettent toute leur "crédibilité" pour voter Sarko. On est pas étonné. Relisons ce fameux texte :

"Quelle joie de voir le peuple irakien en liesse fêter sa libération et.., ses libérateurs ! Il y a quelques mois, la France prétendait canaliser les ardeurs belliqueuses des Etats-Unis dans la « légalité » onusienne. Loin d’éviter la guerre, le « parti de la paix » l’a précipitée en jouant Astérix contre l’Oncle Sam. La France s’est mise hors jeu, ridiculisée. On ne dirige pas une grande, nation, en s’enivrant de succès médiatiques et de joutes oratoires. A cet égard, Tony Blair, qui prit le risque d’affronter son électoral tout en restant fidèle à ses convictions, s’est révélé un véritable chef d’Etat. La ligne de conduite élyséenne s’est reflétée dans l’opinion publique. Il faudra raconter un jour l’hystérie, l’intoxication collective qui ont frappé l’Hexagone. [...] Il faudra étudier la couverture partisane de la guerre par les médias. A droite comme à gauche, ils sont rares ceux qui n’ont pas cédé à ce « nationalisme des imbéciles » qui est toujours un symptôme de ressentiment et de déclin. Quand Bagdad danse, Paris fait grise mine. Tandis que certains intellectuels et politiques [Emmanuel Todd] expriment publiquement leur désarroi face à la victoire, l’hebdomadaire Marianne titre « La catastrophe » le jour où Bagdad goûte les premières heures de sa délivrance. Il faut s’y faire : il existera toujours dans nos démocraties une portion importante de citoyens que la chute d’une dictature désespère. La deuxième guerre du Golfe est un formidable révélateur. Alliance à revers avec le peu ragoûtant Vladimir Poutine, insultes publiques adressées aux pays d’Europe de l’Est coupables de ne pas nous obéir au doigt et à l’oeil, notre grande nation n’est pas en train d’écrire une de ses pages les plus glorieuses ! Par ses choix, Paris s’est condamné à n’avoir qu’un rôle marginal dans cette région du monde. L’histoire continue, la France n’en fait-elle plus partie ?"

Depuis ils ont formé leur revue : "Le meilleur des mondes" . On y lit en guise d’introduction : "Cette revue est née de l’ennui, de la solitude et du malaise croissants de quelques-uns – journalistes, écrivains, philosophes, chercheurs ou militants des droits de l’homme – face à une vie publique française qui semble se complaire dans le ressassement de mythes intellectuels usés et de rancœurs politiques impuissantes.

La crise française est apparue au grand jour lors de la présidentielle de 2002, où la double percée lepéniste et gauchiste du premier tour a abouti au spectacle tragiquement ridicule d’un président réélu avec plus de 80 % des suffrages, un score jusque-là inédit dans une démocratie moderne.

L’une des lectures possibles de la crise franco-américaine, dès l’automne suivant, lors du débat sur la guerre en Irak, n’est-elle pas aussi à chercher dans ce chiffre, l’Élysée s’affichant ouvertement face au monde, et non plus seulement face aux électeurs français, comme l’ultime rempart à la violence – une violence non plus lepéniste cette fois mais américaine ? Loin de tenir le rôle d’un allié exigeant mais loyal qui aurait contrebalancé l’unilatéralisme de George W. Bush, la France, gauche et droite confondues, s’est alors abandonnée à ses vieux démons qui l’amènent, depuis longtemps, à se défier de tout changement dès lors qu’il s’accompagne d’une extension de l’influence des États-Unis ou de celle de l’économie de marché.

L’ivresse antiaméricaine culmina lors des manifestations pacifistes de février-mars 2003. Dans un climat de judéophobie sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, et alors que l’islamisme militant bénéficiait d’une certaine mansuétude, on vit des cortèges où des Juifs étaient agressés tandis que des militants d’extrême gauche brûlaient drapeaux israéliens et américains aux côtés d’islamistes exhibant, eux, des portraits de Saddam Hussein."

Drôle d’hommage à Aldous Huxley.

Au sommaire du dernier numéro on trouve : NICOLAS SARKOZY : « La France doit porter des valeurs universelles, et les faire vivre ». Entretien avec Pascal Bruckner, André Glucksmann, Michaël Prazan et Yasmina Reza.

Comme le soulignele nouvelobs.com : " Comment ose-t-il ? Après les quotas de sans-papiers, l’appel à la dénonciation des enfants étrangers dans les écoles, les rafles organisées par cette police que, depuis l’Occupation, le monde entier nous envie. Le ministre des rafles ! Comment Glucksmann, si soucieux par le passé des droits de l’opprimé, du dissident, du boat people, peut-il finir aussi courbé devant un discours obnubilé par la seule conquête du pouvoir, truffé de mensonges, de calculs, d’hypocrisies ? Quelle sinistre plaisanterie !".

R.H.

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